..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

dimanche 3 août 2014

La vache, animal mystérieux



La vache est une énigme sur quatre pattes. Quoi d’apparemment plus paisible et bonasse que ce bovin ? Que seraient les campagnes normandes sans leur pluie, leurs pommiers et leurs vaches qui broutent, bousent et pissent dessous ?  Or, cet animal,  qui participe si activement à l’établissement d’un climat serein et bucolique, qui est supposé prendre plaisir à contempler le passage des trains quand les cheminots ne sont pas en grève,  doit avoir un côté bien sombre vu que son nom est utilisé dans de nombreuses expressions qui n’ont rien de flatteur quand elles ne sont pas carrément insultantes.

On m’objectera que le cochon (ou porc) connait le même sort vu qu’on le considère comme un glouton, un lubrique et qu’on lui attribue un goût très marqué pour la crasse. Le mouton s’en tire un peu mieux quand on ne lui reproche que son comportement grégaire. Le bouc, en revanche se voit, en dehors de son odeur, accuser d’être une créature du diable. Oies et poule sont, elles, réputées stupides (et elles le sont, les bougresses !) Mais ces animaux ne sont pas par ailleurs érigés en symboles de paix campagnarde souvent présentes sur des cartes postales où les autres animaux de la ferme sont rares ou absents.

Bien que très commun, ce ruminant est invoqué quand on assiste à un spectacle inouï « Ah la vache ! Quel beau cul sourire ! » s’écrie l’esthète surpris par tant de joliesse.  La « peau de vache », n’est pas qu’un cuir, elle désigne aussi une personne particulièrement mauvaise. « Mort aux vaches ! » proclame l’anarchiste. Dans le cas fort improbable où quelque aliéné traiterait  notre charmante garde des sceaux de « vieille vache », on ne le poursuivrait pas pour racisme mais pour irrespect et point ne serait besoin qu’on en saisisse le tribunal de Cayenne. Quant à « l’amour vache », ne désigne-t-il pas une relation où l’on échange plus de coups que de caresses ?   

Comment concilier l’image d’un paisible ruminant et ces expressions disgracieuses ? Son  côté débonnaire serait-il affecté ? Cacherait-il une nature foncièrement mauvaise ?  J’avoue ne pas savoir qu’en dire. Cependant, la présence d’une ferme dans mon immédiat voisinage me permet d’observer une spécialiste de la bête et le comportement qu’elle lui inspire. Arlette doit avoir une bonne cinquantaine d’années de fréquentation assidue du bovin en question. On peut donc lui en supposer une profonde connaissance. Je la vois passer chaque matin et chaque soir, grimpée sur son vélo tandis qu’elle convoie son troupeau vers un pré ou qu’elle l’en ramène. Eh bien force est de constater que le comportement de ses laitières met cette brave femme dans un état de rage folle. Avec pour conséquence un nombre de « nom de Dieu !», de « saloperie ! » de « merde ! » et de jurons divers au kilomètre à faire pâlir d’envie le plus rude des charretiers.  Ces gracieusetés s’accompagnent de force coups de bâton sur l’échine des indisciplinées.  Je n’ai jamais entendu cette habituellement gente, quoiqu’un peu rustre, dame traiter de la sorte son brave homme de mari ou ses enfants. Il doit donc exister  de solides raisons à son ire.

Ma notion de ce que pourrait être un comportement acceptable de la part de ses vaches étant très floue, je ne peux décider de la manière dont elles s’en éloignent. Il m’est arrivé de penser que le fait que certaines se mettent à bouffer ma haie au passage infligeant à celle-ci de graves dommages serait une des raisons de sa colère. Mais il n’en est rien : elle n’intervient que quand la ou les vandales saccagent mes arbustes en ma présence. Quand elle ne m’a pas vu, elles peuvent brouter tout leur saoul à condition de ne pas trop retarder l’avancée du troupeau.

La vache (je parle ici de l’animal et non d’Arlette) reste donc pour moi une énigme.

18 commentaires:

  1. a) Les vaches ont de beaux yeux.
    b) Les oies ne sont pas stupides
    c) Arlette, je ne sais pas mais le fait de donner des coups de bâton à ses vaches me fait soupçonner le pire.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. a) Pas frappant !
      b) Pas frappant non plus
      c) Frappante !

      Supprimer
  2. Pourquoi dit on, il pleut comme vache qui pisse pour les oies, elles ont l'ouïe fine, le romains en savent quelque chose.

    RépondreSupprimer
  3. Pour un éloge de cet aimable ruminant, lire "A propos des vaches" de Benoît Duteurtre.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il faudra que j'y pense. Reste à savoir si la vache mérite un éloge...

      Supprimer
  4. Je me souviens de ce vacher qui aimait tant une de ses vaches, que sa patronne - sans doute une sorte d'Arlette mal baisée (oh pardon !) - avait surpris, grimpé sur un escabeau, s'escrimant à la contenter, qui l'avait renvoyé illico, en racontant l'histoire à qui voulait bien l'entendre.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il n'y a pas si longtemps, un brave homme a été condamné dans l'Orne pour avoir abusé du mouton de son voisin.

      Supprimer
  5. Je me suis toujours posé la même question, qu'est-ce qu'on peut bien leur trouver de si vache, aux
    vaches? Mais il faut dire aussi que jusqu'à présent nous n'avions pas entendu parler d'Arlette, en
    cherchant bien on pourra peut être trouver un début de réponse de ce côté là...
    Amitiés.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il faudrait que j'interroge Arlette sur les raisons de sa fureur. Mais nous ne nous parlons que très peu.

      Supprimer
  6. quand on dit quelle vacherie, ce doit être pour tout le troupeau alors ? je ne fréquente que très peu ces ruminants, n'en voyant pratiquement jamais , sauf accident peu probable en ville, par contre, parfois dans le métro, certaines bonnes femmes , ruminant avec énergie leur gomme à mastiquer, m'y font penser

    RépondreSupprimer
  7. Sans compter la vache espagnole, qui parle l'anglais de façon désastreuse, paraît-il ! Et la vache qui rit, dont j'ai appris récemment (info ou intox ?) qu'elle riait à l'époque -vers 1913- pour se payer la bobine des Walkyries, les idoles teutonnes du même moment !

    Et la vache nantaise (qui boit beaucoup) ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et la vache-mille-temps .....sur le plateau des mille-vaches , une sinécure !

      Supprimer
    2. @ Al : Il est vrai que l'expression "comme une vache espagnole" laisse pensif. Je crains que la "Chevauchée des vaches qui rient" ne soit qu'un mauvais à-peu-près.

      @ Boutfil :Vous vouliez parler de "La vache à 1000 francs" de Poiret et Serrault (parodie de "La valse à mille temps" de Brel ?

      Supprimer
    3. tout a fait ! une antiquité bien sûr !!

      Supprimer
  8. Vous savez, peut être que votre Arlette traite ainsi ses vaches faute de pouvoir assaisonner de cette façon ses enfants et son mari. Ceci expliquerait cela.

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.