..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mardi 30 janvier 2018

Le défilé des cloportes

J'ai regardé ce soir un documentaire particulièrement passionnant sur BFM. Il posait la question de savoir qui avait tué François Fillon. Il va sans dire que cette chaîne est d'une objectivité exemplaire. Des journalistes d'exception ont interrogé le ban, l'arrière ban et l'arrière-arrière ban des élites LR. Ce défilé de cloportes avait de quoi soulever le cœur de toute personne un tant soit peu sensée. Faisons à ces répugnantes couilles molles de soi-disant-droite la charité de ne pas les nommer.

L'enquête était passionnante. On chercha d'où pouvaient bien venir les « fuites » qui avaient entraîné la chute du candidat favori. On entendit Trucmuche, Bidule et Machin-chose exprimer leurs réticences quant à l'opportunité de maintenir une candidature vouée, vue l'importance des accusations portées, à l'échec. On glissa sans insister sur l'incapacité où se trouvèrent MM. Trucmuche, Bidule et Machin-chose de susciter la candidature de remplacement dont ils avouaient avec bien du retard avoir rêvé. On interrogea un troisième couteau sur la machiavélique ruse qu'il utilisa pour « niquer » M. Fillon, lui payant des caleçons en pilou (ou quelque autre article textile) avant de révéler ce scandale à un organe de presse qui s'empressa de le porter à la connaissance du public. Ce qui fut la fameuse goutte qui mit le feu aux poudres ou l'étincelle qui fit déborder le vase !

Tout cela était bel et bon, seulement, dans cette affaire, on oublia deux acteurs majeurs : les media et la justice, piliers bien connus de la démocratie. Car c'est une évidence, les peccadilles que ces deux respectables institutions reprochèrent à un candidat dérangeant ne prirent d'importance qu'à cause du zèle que mirent les premiers à leur offrir un retentissement outrageusement disproportionné et la seconde à donner des suites à un dossier dont l'avenir nous dira (peut-être) l'exacte importance.

Cette fabuleuse enquête ne fait que confirmer la remarquable aptitude des media à faire passer l'anecdotique pour un fait majeur. Seulement, et c'est la seule chose qui compte, les conséquences de leur populisme exacerbé sont elles bien réelles : nous voici avec pour président un pantin ridicule et une « droite » bien abîmée qui s'entête à refuser la seule alliance qui lui permettrait d'accéder au pouvoir. Les lamentables cloportes qui la composent continuent de rêver d'une France gouvernée au centre (c'est à dire au milieu de nulle part) comme si ce genre de position n'était pas responsable du triste état du pays et surtout comme si la place ne leur avait pas été ravie par un triste guignol.

dimanche 28 janvier 2018

Hugophobes ou Hugolâtres ?


Je ne connaissais pas Yann Moix. J'avais entendu dire qu'il travaillait chez M. Ruquier en tant que préposé au harcèlement rageur des invités de droite mais comme je préfère m'endormir devant Columbo le samedi soir, je ne regarde pas On n'est pas couchés. C'est entre autres choses par honnêteté intellectuelle : vu que je suis couché bien avant que ne débute ce talk-show, il serait malvenu de ma part de prétendre que je ne le suis pas. D'autre part, de lointains souvenirs m'encouragent à penser que ce qui s'y dit ne m'enthousiasmerait qu'à moitié.

Mais revenons à notre Moix (prononcé Mwaks, ce qui le différencie, par exemple, des Leroux que personne ne songe à appeler Lerouks). J'ai lu quelque part qu'il était écrivain. Admettons. Il n'empêche que la phrase de ce brave homme citée par les Inrocks (périodique dont l'objectivité ne saurait être mise en doute tant il a les faveurs de France Inter) m'a laissé perplexe. Si je comprends bien, certains de ces Afghans de Calais (à ne pas confondre avec les Calaisiens de Kaboul) connaissent Victor Hugo « sur le bout des doigts », expression imagée signifiant « très bien » d'après M. Petit Robert. A peine ont-ils posé le pied sur le sol Français qu'on se met à les frapper. « On » désignant probablement les forces de l'ordre. De deux choses l'une : soit les CRS les brutalisent PARCE QU'Hugo n'a aucun secret pour eux, soit parce que cette connaissance approfondie du grand poète ne suffit pas pour qu'ils les épargnent. Dans ces deux cas l'Hugophobie est patente. Reste à en déterminer la cause.

On pourrait-donc penser que certains Afghans, lorsqu'ils rencontrent les forces de l'ordre, pensant les amadouer, se mettent à déclamer La Légende des siècles ou Les Contemplations à moins qu'ils ne leur récitent in extenso Les Misérables ou Quatre-vingt-treize*. Résultat : on les frappe. La haine de Hugo serait-elle au programme de la formation des CRS ? Ces derniers préféreraient-ils qu'on leur récitât du Ronsard, du Vigny, du du Bellay, du Mallarmé, du Lamartine, du Rimbaud ou du Verlaine ? Plutôt que vers les romans du grand Victor, leur préférences iraient-elles vers ceux de M. Moix ? Mystère !

Il se peut tout aussi bien qu'ignorant leur parfaite connaissance du bon Hugo, il ne les traitent que comme d'ordinaires fauteurs de trouble, chose qu'ils ne feraient pas si ce savoir leur était connu tant ils vouent un culte passionné à ce grand homme. On peut aussi imaginer que ces brutalités s'expliquent par le dépit : il semblerait en effet que la plupart de ces lettrés Afghans ne se rendent à Calais que dans l'espoir de rejoindre la perfide Albion. Réalisant la perte qu'un tel départ occasionnerait à la France et quel enrichissement ce serait pour l'ennemi héréditaire, ils deviennent violents.

Alors, ces CRS, Hugolâtres ou Hugophobes ? A ce moment de ma réflexion, je ne saurais trancher...

Et puis m'est soudain venue une idée : et si, en créant une corrélation entre des faits pas nécessairement avérés et sans rapport entre eux, M. Moix disait simplement n'importe quoi ? Je ne sais quel démon me l'a soufflée car comment une personne qui intervient sur une chaîne de service public pourrait-elle divaguer ?

*Ce qui, reconnaissons-le peut s'avérer lassant au bout de quelques heures.

jeudi 25 janvier 2018

Parité et diversité sont deux des mamelles de l'absurdité

En matière de télévision et de politique, nombre de voix s'élèvent en faveur d'une totale parité entre hommes et femmes et d'une meilleure représentation des « minorités visibles ». L'idée peut paraître excellente mais on est en droit de se demander pour quelle raison on ne réclame pas à cor et à cris que toutes les professions se voient appliquer ces soi-disant exigences.

En admettant que sexe et ethnicité soient des critères valables ils posent cependant des problèmes. Par exemple, la parité hommes-femmes n'est pas satisfaisante vu que d'après les derniers chiffres de l'INSEE il y aurait en Doulce France plus de femmes que d'hommes. D'autre part, étant donné que, dans sa grande sagesse, l'État interdit que soient établies des statistiques ethniques on ne voit pas comment ces fameuses « minorités visibles » pourraient être correctement représentées. Le risque de sur-représentation ou de sous-représentation est évident.

De plus, en cantonnant au sexe où à la race (qui n'existe pas) la nécessité d'une « juste » représentation, on ne tient aucun compte des autres différences créatrices de minorités. Les handicaps divers, les maladies, les couleurs des cheveux, la taille, l'âge, les préférences sexuelles, les opinions politiques, ne sont que quelques unes des différences qui font que la parité et la représentation ethniques sont insuffisants pour qu'on se reconnaisse dans les membres d'une assemblée ou dans le personnel d'une chaîne de télévision.

Sans compter que ces particularités peuvent se combiner à l'infini de manière à créer une multitude de minorités auxquelles on ne voit pas au nom de quoi on pourrait refuser d'être représentées. Pire encore, il se peut que malgré le partage de plusieurs particularités il soit impossible de s'assimiler à une personne. Par exemple, votre serviteur bien qu'homme, blanc, portant des lunettes et sexagénaire, ne se sent pas très bien représenté par M. Mélenchon même si nous ne sommes tous deux ni chauves ni unijambistes.

Au contraire, rien n'empêche un noir de représenter un blanc, un homme d'apprécier les idées d'une femme ou une rousse de ne pas rejeter une brune. L'idée que ceux qui nous parlent, nous gouvernent, nous offrent un quelconque service devraient nous ressembler est particulièrement absurde.

Dans nos pays où l'éducation et les fonctions sont ouvertes à tous, ne serait-il pas préférable de choisir d'offrir à la personne la mieux à même d'occuper le poste auquel il ou elle se porte candidat plutôt qu'à des gens sélectionnés en fonction de critères sans aucun rapport avec la fonction ?

dimanche 21 janvier 2018

Grandeur et décadence



En avril 1992, je pris la sage décision, après deux ans de services et quelques tentatives malheureuses d'obtenir un poste dans l'enseignement aux adultes, de démissionner du poste de professeur de français que j'occupais à la Woodside Community School. Je le fis sans parachute tant était intense le dégoût que provoquait en moi la totale absence d'envie qu'y avaient, à de rares exceptions près, les élèves d'apprendre quoi que ce soit et principalement des bribes de français. J'en sentis une soulagement teinté d'inquiétude car comme bien des humains, j'ai une certaine tendance à me nourrir, me loger et m'habiller. Certes, la jeune personne avec qui je partageais alors ma vie ne me menaçait pas de m'envoyer voir si des fois je ne trouverais pas certains charmes à la vie de sans-logis mais étant de tempérament conservateur, il me semblait difficile de vivre à ses crochets.

Il me fallait donc trouver au plus vite une source de revenus. Au Job Centre, un jeune homme enthousiaste autant qu'optimiste, après m'avoir confirmé que je n'avais droit à aucune aide me déclara ne pas s'en faire pour moi : vus mes diplômes et mon expérience je ne resterais pas longtemps sur le marché du travail. J'en sortis rasséréné car si j'éprouvais une certaine angoisse du moins celle-ci n'était pas contagieuse, ce qui, pour une âme généreuse, est toujours rassurant. Je me mis donc à faire du lèche vitrine. Plus que celles des magasins de vêtements ou d'électroménager, c'est surtout celles des agences d'intérim qui retenaient mon attention. C'est alors que j'avisai, dans l'une d'elle, une annonce demandant un professeur de français remplaçant. La paye annoncée était correcte et l'idée d'une mission limitée dans le temps me séduisit. J'entrai donc dans la boutique.

Un peu comme dans les films d'horreur, tout commença comme dans un rêve : m'étant rendu sur place, je pus constater que les bâtiments de l'Hackney Downs School, comme son environnement n'avaient rien d'inquiétant : pas de vitres brisées, des terrains de sport bien tenus : rien a redire. Je l'ignorais mais cette ancienne Grammar School* avait connu son heure de gloire : la liste des professeurs d'université, d'aureurs (dont un prix Nobel), de magnats de la finance, d'acteurs de talents, de politiciens etc. qui avaient usé leurs fonds de culottes sur ses bancs était impressionnante (voir ici). Seulement dans leur ordinaire folie, les Travaillistes voulurent la fin de ces établissements par trop élitistes et en 1969 Hackney Downs devint « Comprehensive » c'est à dire ouverte à tous. Suivit pour cet établissement fondé en 1876 un quart de siècle d'inexorable décadence.

Mais revenons au rêve. Le directeur me reçut. Un homme bien brave. Il m'expliqua qu'en fait, cette mission d’intérim pourrait se transformer en un poste fixe lequel serait accompagné d'un supplément de salaire tout a fait alléchant. Le voyant si bien disposé, j'en profitai pour lui glisser, que, sans attendre ces jours meilleurs, un petit coup de pouce au salaire proposé serait le bienvenu. Il s'empressa de l'accepter à condition que je lui promette de rester au moins jusqu'à la fin de l'année scolaire, ce que, dans ma grande innocence, je fis.

Seulement quand les monstres sortent des placards, toute demeure de rêve perd de son attrait. Ils étaient de deux sortes : enseignants et enseignés. Une prof me conseilla de ne pas laisser ma veste dans la salle des profs car certains collègues risquaient d'en vider les poches. Bonjour l'ambiance ! Très vite, je compris que faute d'être en mesure d'assurer une quelconque discipline dans ce foutoir à prétention scolaire, les enseignants avaient concédé le maintien d'un semblant d'ordre aux éléments les plus violents de leurs ouailles. Les premières semaines ma voix puissance et mes exigences assurèrent à mes cours un déroulement acceptable. Le directeur ne tarissait pas d'éloges sur moi. Mais voix ou pas, exigences ou pas, je n'étais qu'un pion comme un autre c'est à dire un être aux mains liées dans le dos, impuissant à dominer une horde de sauvages. Et cela parce qu'intervenir physiquement afin de séparer deux élèves se battant pouvait être assimilé à de la violence avec les conséquences légales que l'on devine. Quand à sanctionner un élève qui en aurait frappé un autre il n'en était pas question. Du coup, ils s'en donnaient à cœur joie. La goutte qui fit déborder mon vase, fut le cas d'un élève de sixième, chétif, pâle, à l'air hagard que ses camarades avaient pris pour souffre douleur. Dès que je tournais le dos, ils se précipitaient sur ce malheureux enfant et le rouaient de coups avant de prestement regagner leur place. J'en avertis le directeur qui me déclara que le changer de classe ne servirait à rien et qu'il subirait où qu'il aille les mêmes traitements. Assister à ce martyre m'était insupportable. J'étais de plus en plus tenté d'attraper ses bourreaux et de leur coller une volée bien méritée. Mais ce faisant, mes chances d'échapper à une lourde sanction pénale auraient été bien faibles.

J'en tirai la conséquence logique. Je descendis voir le directeur et lui annonçai qu'à la fin de la semaine il lui faudrait se passer de mes services. Cette école se vit décerner par le gouvernement le titre peu enviable de « pire école de Grande-Bretagne ». Trois ans plus tard, elle ferma définitivement.

* Ecoles publiques où les meilleurs éléments locaux étaient sélectionnés suite à un examen d'entrée

jeudi 18 janvier 2018

Pour que la peur change de camp...

« Il faut terroriser les terroristes », voilà ce que déclarait, il y a quelques décennies, le bon Charles Pasqua alors ministre de l'intérieur. Et, connaissant le bonhomme et son passé, on aurait été tenté de croire qu'il allait s'y atteler et pourquoi pas y parvenir. Seulement, les années quatre-vingts n'étaient pas les années soixante. Les gens avaient évolué, s'étaient laissés peu à peu gauchiser, avaient prêté l'oreille aux joueurs de flûte « progressistes » et « droits de l'hommistes » qui les entraînaient en musique vers un triste destin. On leur faisait croire que pour vivre en paix, il fallait tolérer toute différence, que la mansuétude mènerait les malfaisants à résipiscence, que les loups étaient, en plus doux, des chiens, que plus de droits renforcerait l'état de droit. Bref, qu'en étant mignons, en luttant contre toute autorité, on finirait par vivre dans un monde à la Walt Disney.

Curieusement, il semblerait que ça n'ait pas vraiment évolué dans ce sens. A quoi assiste-t-on ? On voit une école où l'on apprend de moins en moins, une police interdite de séjour dans bien des quartiers, des prisons où les gardiens craignent leurs pensionnaires, des pompiers caillassés lors de leurs interventions. On voulait une société de douceur et d'harmonie et on se retrouve avec une pétaudière violente et anarchique. Et les joueurs de flûte continuent, tel celui qui, ayant soigné son cancer à doses redoublées d'aspirine, meurt en se disant qu'il aurait dû prendre en davantage, de nous jouer une version de plus en plus démente de leur mélodie mortifère. Pourtant, ici et là, dans cet Occident où la folie fait rage, se font entendre de plus en plus de voix discordantes refusant de prendre pour argent comptant les âneries « humanitaires ».

Un de mes commentateurs écrivait il y a peu que nous vivions dans « un grand asile à ciel ouvert ». Je lui répliquai que le problème était plutôt que c'était les aliénés qui avaient monopolisé la parole. On blâme le laxisme des politiques. A juste titre. Mais que font-ils sinon aligner leurs mesures sur ce que prônent les hérauts de la bien-pensance ? Sinon calquer leur lâcheté sur celle d'une majorité de la population qui par paresse, instinct grégaire ou hébétude calquent leurs « opinions » sur ce qu'ils entendent dans le poste ? Les vrais démagogues ne sont pas ceux que l'on croit !

La peur ne pourra changer de camp que lorsque les aliénés bavards se verront privés de leur monopole et que leurs propos n'inspireront plus à la majorité qu'un rire franc. Lorsque la plupart des gens, pourtant toujours si prompts à se conformer aux plus insensées mesures qu'on leur impose, finira par réaliser qu'une société ne peut vivre harmonieusement qu'en respectant certaines autorités. A quoi bon multiplier le nombre d'enseignants si personne n'écoute leurs leçons ? A quoi bon plus de forces de l'ordre si on leur lie les mains dans le dos ? Pourquoi plus de prisons si les caïds y règnent en maîtres ?

On a inoculé dans l'esprit des gens, des années durant, les poisons des politiques de l'excuse et de la compassion et le refus de l'autorité. Si la peur ne change pas de camp, l'anarchie actuelle paraîtra un âge d'or aux yeux de nos descendants.

mardi 16 janvier 2018

Sélection

J'entendis, pas plus tard qu'hier, la présidente de l'UNEF se plaindre, dans une torrentielle logorrhée, de l'inadmissible sélection que le nouveau système d'admission post-bac ferait subir à une jeunesse méritante autant que studieuse. Je conçois que cette jeune personne ait des inquiétudes concernant l'avenir des jeunes et le sien plus particulièrement. En effet, diriger ce syndicat, c'était jusque récemment s'offrir la possibilité d'une brillante carrière d’apparatchik au PS. Seulement, vu le triste état de ce parti, il devient de plus en plus problématique d'espérer en obtenir un fromage. Mais bon, la verbeuse présidente en avait surtout contre la sélection dans le supérieur. Comment ne pas lui donner raison ? Est-il acceptable qu'un analphabète se voit refuser l'accès à des études littéraires ? Au nom de quoi refuserait-on d'admettre en faculté des sciences un nul en mathématiques ? Ce serait bafouer le droit imprescriptible qu'a tout jeune d'aller se vautrer pitoyablement dans un domaine pour lequel il n'a pas plus de dons que de goût !

Ensuite, si toute sélection est inadmissible pourquoi continuerait-on à lier l'obtention d'un quelconque diplôme à l'acquisition par l'impétrant d'un niveau de compétence ? Pour bien faire, ne faudrait-il pas inscrire chacun dans la filière de son choix puis lui garantir l'obtention d'un diplôme à son goût ? Voilà qui serait juste !

Seulement, une fois leurs études terminées, nos chers jeunes se trouveraient face à l'épreuve extrêmement sélective que constitue l'obtention d'un emploi. En effet, il est de coutume de ne retenir pour un poste qu'une seule personne quel que soit le nombre de candidats. C'est d'une cruelle injustice mais on ne voit guère d'autres solutions.

Et s'il n'y avait que l'emploi ! Mais en matière de sport, ne parle-t-on pas de sélection, qu'elle soit nationale ou autre ? Et même dans des domaines plus intimes, comme celui du choix d'un partenaire sexuel, ne voit-on pas la plupart des personnes se montrer plutôt sélectives sur la base d'une combinaison de critères tels que l'attrait physique, l'esprit, la fortune, la religion, les opinions politiques, etc.? Même pour une simple amitié, on sélectionne...

Curieusement, notre belle jeunesse ne semble pas être choquée par les sélections qui s'opèrent dans tant de domaines. C'est un peu comme avec les injustices : on ne s'indigne que de celles auxquelles on pense pouvoir remédier...

dimanche 7 janvier 2018

Les Bonheurs d'Alfred

Dans sa grande sagesse et afin d'alléger la tristesse qu'engendre en ce début d'année la prise de conscience de plus en plus évidente que l'élection de M. Macron à la magistrature suprême n'est pas un poisson de mai monté par des media facétieux mais bel et bien une réalité, France 3 nous a fait le cadeau, toute la semaine durant de diffuser, en début d'après-midi, des films de Sir Alfred Hitchcock. Alors que pluie et vent s'efforçaient de nous offrir un temps en harmonie avec l'horreur macronique, qu'il me fut doux, mollement allongé, de savourer les œuvres de ce grand cinéaste !

Vous prenez une intrigue rocambolesque, vous y incorporez force rebondissements improbables et qu'obtenez-vous, normalement ? Une merde infâme ! Sauf si vous avez du génie. Et il en avait le père Alfred ! Car pour faire de La Main au collet ou de Le crime était presque parfait des chefs-d’œuvre, il faut être quelqu'un. Pour nous faire oublier l'absurdité de certaines situations, il faut un magicien. Renouveler sans cesse le thème récurrent de l'innocent en voie d'être châtié, demande imagination et ténacité. Mêler mélodrame, tragédie et humour sans basculer dans le grotesque exige un funambule. Il avait et était tout ça le vieil Hitchcok. Et puis il savait bien s'entourer.

L'élégance de ses acteurs et actrices est frappante. Une élégance d'un autre temps. Grace Kelly dans sa robe bleue (La Main au collet ), laisse l'impression qu'en devenant princesse elle a renoncé à être déesse. Et d'Eva Marie Saint n'a-t-il pas su sublimer la grâce et la beauté ? Que dire de l'élégance à la fois impeccable et détendue d'un Cary Grant ou d'un Ray Milland ? A les voir on a, par contraste, l'impression d'être tombé bien bas.

Moi qui, sauf rares exceptions, me refuse à regarder les images qui bougent venues d'Outre-Atlantique, je parviens à pardonner à Sir Alfred d'avoir traversé l'océan car, mis au service d'un génie venu d'Europe, les moyens financiers américains ont permis des prouesses. Reste à savoir si aujourd'hui l'Europe est en mesure de fournir des talents exploitables par l'industrie Yankee, laquelle n'a généralement pour but que de décerveler pour mieux vendre.

mercredi 3 janvier 2018

Bilan prospectif 2018

En début d'année, on se contente généralement d'envoyer ses vœux. M. Macron, en garçon bien élevé qu'il est n'a pas manqué de sacrifier à cette aimable coutume mais, poussé par sa jovialité naturelle il les a assortis d'un train de menues plaisanteries propres à égayer les Français. Je n'en ferai pas une liste exhaustive et me contenterai d'envisager celles qui me touchent particulièrement.

D'abord il y a cette hausse du taux de CSG de 1,7 %. Sur un an, elle me contera environ 323 €. Une paille ! Aussi ennuyeuse est la hausse prévue en mars des cigarettes à raison de 1,10 € du paquet. En admettant que sur les 300 jours restants je me contente de ne fumer qu'un paquet par jour (ce qui n'est, hélas, pas souvent le cas, voici mon budget amputé de 330 € supplémentaires. Ensuite, le gazole va connaître une hausse de 7,6 centimes par litre. Une misère ! Pourtant, parcourant 17 000 km par ans, à raison de 8 litres aux cent, cette bénigne mesure me coûtera tout de même 103 €. Ainsi, sans tenir compte des multiples autres augmentations (coût de la vie, mutuelle, timbres, etc.)je vais payer un supplément de taxes de 756 €. Ce qui, si pour obtenir de ma part la même contribution, notre bon gouvernement avait utilisé le seul impôt sur le revenu, aurait équivalu à une hausse de 168 %. Présenté comme ça, ça aurait eu du mal à passer ! Il est vrai que si je ne fumais pas, cette hausse n'aurait été que de 94 %  !

Mais, me direz vous, vous pleurez la bouche pleine ! De plus, vous êtes malhonnête car votre taxe d'habitation devrait se trouver amputée de 30 %, imaginez l'économie ! Plutôt que l'imaginer, je l'ai chiffrée. J'ai ainsi appris que ladite réduction ne concernerait pas ma résidence secondaire. De plus, vivant par choix dans des communes rurales peu dépensières, cette fameuse réduction, en supposant qu'elle ait bien lieu, ne se montera dans mon cas qu'à la faramineuse somme de 61,20 € ! Ça ne compense pas vraiment.

Ainsi, comme pour beaucoup de Français, l'ère Macron est pour moi placée sous le signe de la tonte. Mais une tonte en douceur, de celle qu'on ne sent pas trop. Car la plupart de nos concitoyens comptent peu ou mal. Oh, les retraités vont bien voir que leurs revenus ont baissé mais se lanceront-ils pour autant dans mes calculs d'apothicaire ? Les carburants vont augmenter mais n'est-ce pas à ce prix qu'on sauvera la planète ? Quant au tabac, les non fumeurs diront que ce n'est que justice et ils auront d'autant plus raison que les milliards ponctionnés sur les fumeurs sont autant qu'ils n'ont pas à payer. Les accros à la nicotine ne moufteront pas plus : des campagnes savamment orchestrées font qu'ils rêvent tous d'arrêter et qu'ils se sentent coupables de ne pas le faire. A partir de ce moment, il est normal qu'on les punisse !

Avec M. Macron, on allait voir ce qu'on allait voir ! Je suis d'accord : je vois ce que je vois ! Mon pouvoir d'achat va être réduit de 3,4 % (une fois déduite la réduction de la Taxe d'habitation). Et ce n'est qu'un début... Notre bon président nous encouragea à réfléchir chaque matin à ce qu'on pourrait faire pour la France. Moi je sais : je peux casquer ! Et encore si c'était pour le bien du pays...

Le général de Gaulle avait eu à l'égard des Français des mots flatteurs : ils auraient été des veaux. C'était oublier que quand on emmène un veau à l’abattoir, il se débat et braille tout ce qu'il sait. Le Français, lui, s'y rend tout seul, avec le sourire et trouve le boucher plutôt sympathique.

mardi 2 janvier 2018

Incipit (s)

Bien des auteurs ont du mal à trouver la (ou les) première(s) phrase(s) de leur œuvre. Un excellent exemple en est donné, si ma pauvre mémoire ne me trahit pas, Par M. Camus dans un de ses hilarants romans intitulé La Peste (ou était-ce Le Choléra?). Eh bien figurez vous que j'ai le problème inverse. Si je ne rencontre aucune difficulté à trouver un titre et un incipit susceptibles de capter l'attention du lecteur le plus réticent, je ne trouve ensuite plus rien à dire. C'est pourquoi la Bibliothèque de la Pléiade me boude. L'âge venant, je me suis résigné à ne jamais parvenir à mener à bonne fin la rédaction du moindre roman ou d'une quelconque nouvelle. Cependant, vue leur qualité, je m'en voudrais de disparaître sans avoir publié quelques unes de ces phrases. Je le fais donc aujourd'hui. Peut-être qu'un de mes lecteurs, pourvu d'un souffle épique supérieur au mien, saura leur donner une suite digne d'elles...

Du quai d'une gare de Châteauroux dont la façade brillait de mille feux en cette période de Noël Sébastien Choumard, portant une valise en peau de porc fatiguée par les voyages, monta dans le wagon numéro quatre de l'express Paris-Limoges. (Retour à Limoges)

Une Juvaquatre noire dont les portières avant portaient, peinte à la hâte en blanc, une croix de Lorraine s'arrêta dans un crissement de freins suraigu devant le domicile du chef local de la Milice. Trois hommes en bondirent, mitraillette au poing. (Libérer Limoges)

En cette année 1897, la rue de La Roussette, était encore de celles où les hommes se rendaient seuls la nuit venue, non sans jeter alentour force regards furtifs de crainte qu'on ne les y surprît. Quelques lanternes rouges dissipaient les derniers doutes qu'aurait eu un étranger à la ville quant aux activités qui s'y pratiquaient. (Dans les rues chaudes de Limoges)

« Alors comme ça, petit saligaud, tu couches avec ma nièce ? » Léonce Traverteau tenta de se faire tout petit dans le fauteuil que lui avait prié d'occuper, une minute auparavant, d'un air faussement bonhomme, le père Chartier dont la physionomie avait soudain pris une apparence bien moins amène. (L'oncle de Limoges)

Longtemps, je me suis levé de bonne heure. Parfois, à peine mes yeux ouverts, j'allumais ma bougie si vite que je n'avais pas le temps de me dire : « Je me réveille. » (Matins limougeauds)

Certaines femmes réfléchissent longuement avant d'oser pousser la porte d'une boulangerie. « Achèterai-je une baguette ? Un pain de deux ? Un bâtard ? », ces questions les paralysent. Babette savait ce qu'elle voulait et d'une voix musicale mais ferme, elle commanda deux croissants. (Viennoiseries de Limoges)

« Mais que ferais-tu à Limoges, bougre d'âne ? Tu crois qu'on y manque de traîne-savates dans ton genre ? Non, crois-moi, reste à Romorantin ! Là est ta vie ! » Ces paroles de son père le hantaient. En fait, elles avaient constitué un puissant frein à ses ambitions. Alors que la dépouille de cet homme bourru venait d'être descendue en sa dernière demeure et qu'il jetait la première pelleté de terre sur son cercueil il réalisa que la mort de cet être cher était pour lui synonyme du début d'une vie nouvelle. (L'appel de Limoges)

Certains auront remarqué que bien des titres font allusion à la ville de Limoges. Il ne s'agit aucunement d'un hasard mais du désir délibéré d'encrer mon œuvre dans un terroir et ceci parce que l'enracinement local est un moyen d'atteindre l'universel comme l'ont montré Pagnol, Faulkner et bien d'autres. Vu qu'à ma connaissance peu de romans majeurs avaient pour cadre Limoges, j'avais décidé d'en faire mon comté de Yoknapatawpha. Si d'éventuels continuateurs lui préféraient une autre ville ou une autre région, je ne leur en tiendrais pas grief.

lundi 1 janvier 2018

Ah les salauds !

Quand je pense aux salopards qui déforestent à tout va que ce soit en Afrique, en Asie, en Amérique, comme tous les bons occidentaux, ça me fout les boules ! Est-ce qu'on déforeste, nous ? Non, Môssieur, on ne déforeste pas. Nous sommes des gens biens, nous. Bien sûr, on a déforesté à tour de bras mais c'était il y a longtemps, il y a prescription. Mille ans qu'on s'est mis à essarter comme des fous, ça a pris du temps mais on est parvenu à récupérer, au Moyen Age Central, les terres que cultivait l'Antiquité. Et puis on avait une excuse : la population était en expansion. Plus de bouches à nourrir, ça demande plus de terre arable et plus de terre arable ça permet de nourrir davantage de bouches. Cycle infernal s'il en est ! Heureusement que de temps à autre une mauvaise saison provoquait de salutaires famines. Sans compter les épidémies dont la formidable Peste qui au milieu du XIVe siècle vint débarrasser L'Europe de 40% des canailles qui encombraient son sol. Et puis il y avait cette merveilleuse absence de médecine efficace qui faisait qu'on pouvait faire plus d'enfants qu'un curé n'en saurait bénir, il en mourait tant que c'était sans trop de conséquences.De plus, les gens avaient le bon goût de mourir jeunes. Et cela qu'on soit roi ou serf. Évidemment, la médecine moderne (celle qui, au contraire de la bonne médecine traditionnelle, a tendance à guérir les malades) est venue foutre le bazar dans ce merveilleux équilibre. Mais, malins comme des singes, les Européens ont remarqué qu'ils perdaient moins d'enfants. Du coup, ils en ont fait moins. Ça s'appelle la transition démographique.

Ce qui se passe sur les autres continents est différent. Parce que figurez vous que la rencontre entre l'Occident et le Tiers-Monde a foutu la pagaille. Les Occidentaux sont de bien tristes personnages. Non seulement ils ont exploité leurs frères exotiques mais, comble de méchanceté, il leur ont imposé leur médecine. En plus, quand une famine y sévit, arrivent avions et bateaux chargés jusqu'à la gueule de vivres. Du coup, la population explose littéralement car cela s'est produit très vite, pas petit à petit comme chez nous et la transition démographique s'y fait attendre. Au début des années 70, quand j'étais au Sénégal, on y comptait 4 millions 300 mille habitants. 45 ans plus tard, les voici rendus à 15,4 millions. Si on avait fait pareil, on serait 192 millions en Doulce France. On commencerait à se marcher sur les pieds comme de vulgaires Néerlandais... Vous me direz qu'au Sénégal, la forêt c'est réduit. Mais beaucoup de pays connaissent une démographie comparable. Ne serait-ce que pour faire la soupe, ça demande du bois. Et puis pour nourrir tout ce petit monde, il faut des sous, alors en plus de l'essartage en vue de culture vivrières, on défriche pour cultiver des produits exportables afin d'acheter vivres et autres commodités. En conséquence, tout plein de braves animaux sauvages voient leur terrain de jeux se réduire au point qu'ils n'ont plus le cœur à jouer et meurent de langueur. Nous, en Europe, on n'a pas ce problème : il y a bien longtemps que les bêtes sauvages, on les a liquidées. On tente bien d'en réintroduire un peu mais l'enthousiasme est faible.

Pour bien faire il aurait fallu que nous laissions épidémies et famines jouer leur rôle régulateur, mais non, au risque de nuire aux forêts et aux animaux qui les hantent, on s'y est opposé en envoyant médecins et nourriture. Un peu comme l'apprenti sorcier dépassé par les conséquences de sa magie, nous voici réduits à les déplorer. Et qui paie les pots cassés ? Les malheureux orangs-outangs, les pauvres tigres, les tristes éléphants, les jolis perroquets amazoniens et tout plein de fascinantes bestioles. Voilà ce qui arrive quand l'action brouillonne prend le pas sur la sereine réflexion.

NB : Cette année point besoin de bons vœux vu que grâce à M. Macron toutes nos attentes seront satisfaites.