..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

samedi 30 avril 2022

Gary, encore et toujours !

 


Je ne me souviens pas plus de ce que j’écris que de ce que je lis. Ce qui me permet de découvrir avec le même plaisir des livres naguère ou jadis lus. Ayant entamé la relecture des Mangeurs d’étoiles de Romain Gary, j’ai, afin de vérifier si je n’avais pas consacré à ce roman un précédent article, effectué une recherche dans le dossier qui regroupe mes bavardages et constaté qu’à douze reprises j’avais cité ou fait mention du double lauréat du prix Goncourt. Il faut dire que, si j’étais tenté d’établir un palmarès de mes écrivains favoris, il y occuperait la première place et que L’Angoisse du roi Salomon est, de loin mon roman favori. Je l’ai lu, relu, j’y ai surligné ou souligné tant de passages, corné tant de pages, que mon exemplaire Folio, acheté en 87, menace ruine.

Dire que je placerais Les Mangeurs d’étoiles au rang de mes favoris serait exagéré. Il ne manque cependant, malgré des longueurs, pas d’intérêt. N’étant qu’à la moitié de sa lecture, je ne saurais vous en narrer le dénouement.

Tout commence lorsqu’un cortège de Cadillac vient chercher à l’aéroport quelques invités du dictateur José Almayo. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils forment un groupe disparate : le composent un télévangéliste américain de renom, un « virtuose » du violon qui, vêtu en clown joue d’un minuscule instrument debout sur la tête, un agent artistique, un jongleur dévoré par l’ambition de réussir l’exploit qu’aucun de ses collègue n’a pu réaliser, un ventriloque et sa marionnette, un « virtuose » des spectacles porno et la « fiancée » d’Amayo, jeune américaine aussi alcoolique qu’idéaliste. Sur son chemin, le convoi s’arrête pour que se joigne à eux une vieille indienne, abrutie par la mastication de feuilles feuilles hallucinogènes (une mangeuse d’étoiles) qui s’avère être la mère du dictateur. On est en bonne compagnie ! Soudain des militaires viennent bloquer le convoi. Le responsable de la sécurité du groupe apprend par un entretien téléphonique qu’Almayo lui donne l’ordre d’immédiatement fusiller tout ce joli monde et de transporter les cadavres à l’écart de la route dans un endroit où il sera facile de les retrouver. Le capitaine n’en croit pas ses oreilles. Il finit par avoir confirmation de l’ordre par le dictateur lui-même et s’apprête à exécuter l’ordre quand il apprend par radio que l’armée s’est soulevée contre l’autocrate et que son trône risque de vaciller. Cela explique l’ordre donné : Almayo compte faire porter la responsabilité de ce crime barbare sur les insurgés afin que les Américains volent à son secours et écrasent la rébellion. Seulement, au cas où ce plan échouerait, l’homme de la sécurité redoute d’avoir à porter le chapeau pour ce massacre et décide d’annuler l’exécution et d’aller cacher les « otages » dans la montagne…

Au fil des pages, nous en apprenons davantage sur le dictateur et sa fiancée. Almayo, jeune indien misérable (pléonasme), a, depuis toujours, ambitionné de devenir un personnage important. D’abord apprenti torero subventionné par son riche amant, il réalise qu’il manque de talent. Or, sans talent, point d’avenir. Comment l’obtenir sans l’aide de Satan ? Car son manichéisme simpliste le pousse à penser que la terre est dominée par ce dernier, Dieu régnant sur le ciel sans s’occuper des hommes. Pour réussir, il faut donc séduire le diable en se montrant digne, par des crimes odieux, de bénéficier de ses faveurs. D’abord petit voyou,trafiquant de drogue, il organise ensuite des milices sanguinaires qui défendent « l’ordre » et ainsi finira par arriver au pouvoir.

Sa « fiancée » est tout autre : idéaliste invétérée, elle cherche à faire le bien, voudrait sortir le peuple de la misère crasse où il survit « en mangeant des étoiles ». Sous son influence, Almayo sans croire un instant à leur utilité, dote le pays, grâce à l’aide américaine, d’une université, d’un très bon réseau téléphonique et d’autres foutaises censées sortir la plèbe de sa terrible condition. De manière à peine dissimulée, Gary dresse un portrait physique et mental de Jean Seberg son épouse d’alors que son idéalisme ingénu conduira à la déchéance et à la triste fin que l’on sait. Il reviendra d’ailleurs sur ce thème quelques années plus tard dans Chien blanc. Sa première rencontre avec Almayo plante d’ailleurs le décor : alors qu’elle vient de se faire violer par un chauffeur de taxi qui prétendait lui faire découvrir la beauté des ruines d’une pyramide sous la lune, elle se réfugie dans la boîte de nuit qu’il possède. « Elle parlait d’ailleurs sans cesse d’une grand-mère qu’elle avait dans l’Iowa et d’un diplôme de langues qu’elle avait obtenu dans une Université là-bas, en le regardant d’un air pitoyable et en pleurant dans son mouchoir. Elle voulait probablement dire que ce n’était pas elle que le chauffeur de taxi aurait dû violer, mais quelqu’un d’autre qui n’avait ni grand-mère ni diplôme. José et le barman se regardaient en rigolant. ».

Du Gary pur sucre,mélange de cynisme, d’humour et de dérision qui me fait l’aimer. Je sens que je vais en relire beaucoup d’autres .

mercredi 27 avril 2022

Qui perd perd !

Le 28 octobre dernier, terminant la revue de son dernier livre, voici ce que j’écrivais ici au sujet d’Éric Zemmour : « Loin d’être son ennemi, saluant son talent et son engagement sans faille, j’apprécie l’écrivain comme le débatteur et n’aurais à aucun prix raté ses éditos de Face à l’info. De là à penser qu’il a l’étoffe d’un président, il y a un pas que j’hésite à franchir. J’y reviendrai peut-être. ».

Six mois ont passé et j’y reviens. Ma religion et faite : Non seulement M. Zemmour n’est pas taillé pour occuper la magistrature suprême mais il ne me semble pas avoir les qualités nécessaire pour devenir un politicien fût-ce de second plan. De cela, il a donné une preuve éclatante au soir du 24 avril. En déclarant que c’était « la 8e fois que la défaite frapp[ait] le nom de Le Pen » avant d’appeler à l’union du bloc national, il a démontré non seulement qu’il manquait de sens politique mais aussi du plus élémentaire bon sens. Comment pouvait-il rêver qu’en fustigeant pour la Énième fois l’incapacité à gagner de Mme Le Pen au lieu de saluer sa progression, il pouvait appeler à une quelconque alliance avec celle, que ça lui plaise ou non, ralliait le gros des troupes « nationales » autour d’elle ?

Il ne faudrait pas que M. Zemmour oublie que s’il a pu un temps mobiliser une partie non négligeable de l’opinion française autour des thèmes de l’immigration ou de l’identité française, c’est qu’avant lui, depuis 50 ans, les Le Pen père et fille lui avaient préparé le terrain en « lepenisant » les esprits comme aiment à le dire les « de gauche ». Il ne faudrait pas non plus qu’il oublie qu’au plus haut de sa popularité, quand la mode était, chez les cadres du RN, à la trahison, les sondages lui prédisaient cependant une défaite bien plus cuisante face à M. Macron que la concurrente qu’il méprise tant. Il faudrait encore moins qu’il oublie qu’il fait partie des élites qu’il fustige, qu’il ne peut regrouper autour de lui que des droitards CSP+, qu’on le voit mal enthousiasmer les cités ouvrières du Pas-de-Calais, bref que sa base est trop réduite pour ne serait-ce que s’approcher d’une forte minorité.

Les jolis meetings, les enthousiastes adhésions qui font passer votre parti du néant à la première place c’est excellent pour vous développer le melon mais ça ne suffit pas pour vous donner une assise populaire.

Marion* Maréchal-pas-Le-pen, se voit contrainte de voler au secours du petit Éric en arguant, sondage à l’appui, que faute d’union du bloc national, le RN n’obtiendrait que quelques sièges alors que dans le cas contraire ce serait le succès que voici :


Comme si les électeurs de DLF et Reconquête ! risquaient de voter Mélenchon ou Macron. Je crains que l’avenir politique de M. Zemmour ne soit sombre et qu’il doive songer à une reconversion vu qu’en tant que « polémiste » M. Bock-Côté a pris sa place avec un brio qui devrait rendre un retour délicat.

Espérons qu’un sort cruel et ironique ne le contraindra pas à se faire poissonnier sur les marchés du 9-3 !

*Probablement ainsi prénommée en l’honneur de sa chère tante Marine dont c’est le véritable prénom. 


lundi 25 avril 2022

Ils ont voté et puis après ?

 

Sur cette photo : un leader et un insignifiant. Saurez-vous les identifier ?

On en reprend pour 5 ans. Et je n’y suis pour rien, comme pour la fois d’avant. Bien sûr, j’habite ce que l’on appelle la « France périphérique » mais c’est par choix. Je n’en retire aucune frustration ni amertume. Bien sûr, nous ne bénéficions pas des embouteillages et des problèmes de stationnement qui font le charme des plus ou moins grandes villes. Bien sûr nous n’avons aucun théâtre, aucun cinéma et encore moins d’opéras où aller s’endormir devant de coûteux spectacles soporifiques. Bien sûr, quand je sors faire des courses, il est rare que je ferme ma porte à clé par crainte d’une effraction vu que si nous avons des délinquants ceux-ci doivent être bien paresseux. Bien sûr, nos commerces n’offrent pas le choix qu’on trouve dans les métropoles. Bien sûr, nous ne bénéficions pas de l’enrichissement qu’entraîne une forte immigration. Bien sûr les transports publics sont quasi inexistants et nous privent des joies ineffables de la promiscuité. Bien sûr les services publics offrant les aides qui ne m’intéressent pas ou auxquelles je n’ai pas droit ne se bousculent pas.

Malgré tous ces handicaps, j’y suis heureux et j’ai voté Marine. C’est d’autant plus étonnant que je suis un « Boomer » (ce qui impliquerait que l’on vote Macron des deux mains), que loin d’être totalement analphabète j’ai fait 6 ans d’études supérieures et obtenu deux maîtrises avec des mentions plutôt flatteuse, que dans les cases des CSP , je coche la case plus, qu’à la différence de bien des « citoyens  du monde » autoproclamés, j’ai vécu et travaillé des années à l’étranger et je n’ai aucun problème de fin de mois. Je n’ai donc aucune excuse.

Sauf que… J’aime la France, non comme un simple territoire ouvert à tous les vents, vague province de l’Union Européenne mais comme un pays et une culture millénaires où plongent mes racines, le seul où je me sente vraiment chez moi et dont, quand je m’en suis éloigné, je me suis senti exilé. En résumé je suis patriote. Comme le sont tous les Français conscients qu’ils ne sont pas de la Matière Humaine Indifférenciée, pour reprendre l’expression de Renaud Camus, mais que la patrie est pour eux une richesse et une protection.

Contrairement à ce qu’on entend dire un peu partout, il n’existe pas deux France mais une seule : celle des territoires, la France profonde et fidèle à son identité. A côté de cela coexiste, dans les grandes agglomération une sorte de magma composite regroupant des gens riches ou aisés, des CSP+ fiers d’un statut qui leur inspire un contentement de soi pas toujours accompagné d’opulence, des cassos et des allogènes qui savent de quel côté leur tartine est beurrée et des nostalgiques de la dictature communisme. Ces gens votent extrêmement différemment de la France. Sans eux, M. Macron aurait pu aller planter ses choux.

Mais qu’on le veuille ou non ces gens existent et ils nous en ont recollé pour 5 ans. J’en suis triste. M. Macron, de nouveau, ne sera aucunement mon président. Je ne supporte pas d’entendre ses interminables autant qu’insipides et creuses harangues (quand elles ne sont pas nocives) et cela depuis le début de sa campagne de 2017. Je coupe le son quand il intervient. Cinq années qui s’annoncent donc éprouvantes pour ma télécommande.

vendredi 22 avril 2022

Autopsie d’un suicide

 

J’ai longtemps cru que le refus d’alliance entre LR (et ses précédents avatars) et le RN (et son précédent avatar) n’était dû qu’à une stratégie consistant à éviter la confusion entre les deux partis et de voir, selon la formule de Jean-Marie Le Pen , les électeurs préférer l’original à la copie. Et cela uniquement pour sauver ses fiefs et prébendes. Mais ça, c’était avant. Du temps où le parti de « la droite républicaine » comptait dans ses rangs une forte proportion de gens réellement de droite. Ce n’est plus le cas aujourd’hui où les ralliements croissants à M. Macron débutés il y a cinq ans se sont amplifiés pendant et après la dernière campagne. Les 20 % obtenus par M. Fillon se seraient , le 10 avril répartis comme suit : 32 % pour M. Macron, 18 pour M. Zemmour, 16 pour Mme Le Pen, et 22 se sont abstenus ne laissant à Mme Pécresse que des miettes.

Ces transferts ne risquent-ils pas de réduire LR au statut de coquille vide et de réduire le nombre de ses représentants à l’assemblée ? Certains barons locaux, fortement implantés dans leur territoire conserveront peut-être leur siège mais quid des nouveaux venus qui auront bien du mal à mobiliser les électeurs autour d’un projet précis ? Si voter LR est ressenti comme apporter son soutien à une force d’appoint à M. Macron, pourquoi ne pas voter directement pour ce dernier ?

A un légèrement moindre degré, LR, comme le PS est tombé dans le piège macroniste et son avenir, s’il lui en reste un, semble bien sombre.

Il me paraît tout à fait aventureux de présager de ce que pourrait être le résultat des prochaines législatives. Il dépendra probablement du résultat de la présidentielle et du rapport de forces qu’il instaurera. Une chose est cependant évidente : il existe un bloc plutôt homogène de droite dure, un bloc « macroniste » par conviction ou par défaut et une bloc de gauche que M. Mélenchon n’est pas certain de rallier à son panache rouge.

Dans ce contexte, quelle place pourrait occuper LR ?

mardi 19 avril 2022

Le « grand débat »

 


Demain soir aura lieu un débat. On nous le présente comme décisif. Cependant, il est probable que comme d’habitude une large majorité d’électeurs ne le regarde pas. Il se contenteront, dans le meilleur des cas, d’écouter ce qu’en diront les enculeurs de mouches commentateurs médiatiques Vu l’objectivité de ces braves gens à qui leur cécité à géométrie variable a interdit depuis plus de cinq ans déjà de réaliser que leur idole n’était qu’une baudruche verbeuse et nocive en perpétuelle contradiction avec lui-même, on peut s’attendre à des comptes-rendus fidèles.

Quoi qu’il en soit, je trouve ces débats foncièrement inutiles. On tente d’en faire un haut moment de la démocratie mais ce n’est souvent qu’une occasion pour les candidats de glisser la petite phrase qui tue dont leur partisans continueront de se gargariser des décennies durant du genre «  Vous n’avez pas le monopole de la choucroute », « Moi président, je mangerai du cassoulet, moi président, j’irai à la messe à vélo , moi président, j’etcoeterai », « Mais vous avez tout à fait raison, M. le chef de gare... » *

M. Macron est une nouvelle sorte de guignol : pas de petite phrase qui tue, mais d’interminables périodes engendrant une stupéfaction teinté de lassitude et que ses thuriféraires trouvent géniales faute d’êtres compréhensibles. Comme disait à propos d’un sénateur Eurélien la Mère Plateau qui logea mes 18 ans « Ah ça, il parle mieux qu’un lièvre mais il court pas si vite » ! C’est tout ce qu’on peut en dire.

A ces parlottes inutiles, la sagesse exigerait qu’on ne se rende point. Mais ce serait considéré comme une dérobade…

Franchement, je me fous de savoir qui « gagnera » ou « perdra » lors de cette pantalonnade. J’en dirai autant du résultat du deuxième tour. La victoire de ma candidate n’est ni probable, ni inconcevable. Les urnes parleront.

Ce qui compte vraiment à mes yeux, c’est la progression du camp national : plus de 32 % au premier tour. C’est l’élimination du candidat de gauche, c’est le fait que dans plus de 20 000 communes de France Marine arrive en tête, c’est qu’il en est de même dans 206 (sur 566) des circonscriptions législatives et qu’elle obtient plus du tiers des voies dans 63 d’entre elles, c’est que le « FRONT RÉPUBLICAIN » est moribond. Ces progrès ne sont pas négligeables, il faut qu’ils se poursuivent et mènent finalement à une victoire indiscutable.

Le reste n’est que bavardage.


*Je cite de mémoire mais ça doit être à peu près ça.

dimanche 17 avril 2022

« Macron ! » -c’était Jadot !

 

Le candidat Jadcron juste avant la fusion

Mon titre parodie, vous l’aurez deviné, le pompeux Hugo narrant Waterloo. C’est ce que je me suis dit en entendant des extraits du discours du foutriquet qui nous tient lieu de président (suivre l’intégralité de ses verbiages était d’une part au-dessus de mes forces et d’autre part inutile vu qu’il s’est fait une spécialité de dire n’importe quoi puis son contraire qui reste du n’importe quoi pur sucre).

Il n’empêche que, s’ils étaient capables d’un embryon de réflexion, ceux qui l’ont placé en tête au premier tour seraient en droit de s’interroger sur le sens de leur vote. Ils avaient cru voter pour on ne sait quoi, il se retrouvaient avec les élucubrations d’un écolo. Je suppose que si M. Poutou avait obtenu un meilleur score, c’est son discours qu’il aurait repris, devenant un fervent marxiste. Par delà l’opportunisme systématique du personnage, la nouvelle bannière sous laquelle il prétend se placer et rassembler le peuple me semble sujette à caution.

Bien sûr, le dernier rapport du GIEC tire la sonnette d’alarme. Comme les précédents. Bien sûr, il est urgent d’agir. Bien sûr, sans cela, la vie va devenir totalement impossible sur la planète d’ici quelques années voire moins. Mais, hélas, il est également certain que nous n’y pouvons rien. Nous sommes en effet très mal placés en matière de pollution : Nous n’apparaissons même pas dans la liste des 15 premiers pollueurs de la planète. Notre cher voisin, l’Allemagne y figure en bonne position, elle, nous battant à plate couture comme d’habitude : 7eme derrière la Chine, Les États-Unis, l’Inde, la Russie, le Japon et l’Iran ! Pour ce qui est de la pollution par habitant, nous faisons là encore piètre figure : 18èmes devancés en Europe par la Russie, l’Allemagne (encore!), la Pologne, l’Espagne, le Royaume-Uni et l’Italie.

On pourrait se dire qu’au moins nos efforts nous permettraient de bénéficier d’une meilleure qualité de l’air. Pas vraiment, car malheureusement les vents ignorent les frontières. En cas de vent de Nord-Est, des micros particules viennent s’ajouter à la production locale, elles sont certes minoritaires mais non négligeables, même si la majorité des vents nous viennent de l’Ouest.

Faire croire que la France en réduisant ses déjà relativement faibles émissions pourrait à elle seule influencer l’évolution climatique générale est une totale illusion. Sans une réaction énergique des principaux états pollueurs, le sort de la planète (ou plutôt de son habitabilité par certaines espèces) restera scellé. Y sont-ils prêts ? Rien n’est moins sûr. N’en déplaise au candidat Jadcron et au nouveau lapin qu’il vient de sortir de son chapeau.

samedi 16 avril 2022

Pensées guillerettes du samedi matin

 

Il paraît évident que M. Mélenchon, même s’il a pu bénéficier d’un vote « utile » d’éléments gauchisants, a peu de chance d’être jamais président de la France. Cependant, il est une contrée, que M. Macron compara le 15 septembre 2017 à la Silicon Valley californienne, où il a obtenu lors du premier tour une quasi-majorité-absolue (49,09%): la Seine-Saint-Denis. En ajoutant à ce score les reports de voix trotskistes, socialistes, communistes et écologistes il y serait triomphalement élu. A l’heure où autonomie et indépendance sont à la mode, ne serait-il pas concevable, afin d’assurer la tranquillité et la prospérité des vieux jours du bon Jean-Luc, de proclamer l’indépendance de ce territoire ? Nul doute que sous sa sage gouvernance la RIGSD (République Islamo-Gauchiste Séquano-Dionysienne) deviendrait un nouvel Eden !

Une élite de l’intelligentsia estudiantine a occupé temporairement et accessoirement vandalisé la Sorbonne afin de protester contre les inacceptables résultats du premier tour des présidentielles. Nous ne pouvons que nous incliner devant un comportement aussi démocratique que citoyen. Que seraient des élections dont les résultats ne seraient pas violemment dénoncés ? J’espère qu’une prochaine occupation par cette belle jeunesse viendra protester contre la loi de la pesanteur, le principe d’Archimède ou le théorème de Pythagore.

Ce que d’aucuns appellent l’extrême-droite a connu depuis la dernière élection présidentielle une progression notable passant de 8, 01 millions de suffrages en 2017 à 11, 34 millions en 2022 (en pourcentages on passe de 22,2 % à 32,3). Cette carte montre à quel point la marée bleue progresse :

Plus c’est bleu, pus la vague est forte. Notez qu’ici ou là, au milieu d’une mer plus ou moins bleue, on distingue des îlots quasi-blancs : il s’agit des grandes agglomérations. Quel que soit le résultat du deuxième tour, faudra-t-il que la carte devienne (hors grandes agglomérations) totalement bleu foncé pour qu’au lieu de traiter les électeurs comme d’imbéciles et dangereux égarés on prenne en considération leurs préoccupations ?

M. Poutine, quand il parle de dénazifier l’Ukraine, déconne à plein tube. Tous les gens sensés vous le diront. Cependant, quand on étudie un peu l’histoire de ce pays, on y aperçoit des choses un rien inquiétantes. Par exemple qu’existent à Lviv et à Ternopil un monument à la gloire de Stepan Bandera , qu’une avenue de Kiev porte son nom, qu’il fut proclamé « Héros de la Nation » en 2010 et que la poste Ukrainienne émit un timbre à son effigie à l’occasion du centième anniversaire de sa naissance alors que l’UPA qu’il avait fondée se distingua, entre autres lors des massacres des Polonais en Volhynie. De même, le régiment Azov, qui défendit si courageusement ces temps derniers, la ville martyre de Mariupol n’est pas sans soulever des questions quant à son intégration dans les forces ukrainiennes. Mais pourquoi se renseigner quand prendre pour argent comptant la propagande est si pratique et rassurant ?

Sur ce, JOYEUSES PÂQUES !

mercredi 13 avril 2022

Limites et dangers de la diabolisation

 


Ça y est : la machine à diaboliser est remise en marche. Elle est même passée du point mort à la surmultipliée ce qui la rend un peu poussive. Il faut dire que les efforts fantastiques qu’on lui a demandés en 2002 l’avaient déjà bien fatiguée, au point qu’en 2017 elle commençait à montrer des signes de faiblesse. On peut donc penser que cinq ans plus tard son fonctionnement sera encore moins performant. Le pire serait qu’elle tombe irrémédiablement en panne.

Faute d’avoir des arguments sur les sujets qui fâchent (insécurité, immigration) ou de convaincre sur la croissance fabuleuse du pouvoir d’achat qu’on lui doit, le foutriquet qui nous tient lieu de président n’a pas d’autre choix que de la redémarrer, un peu comme un automobiliste qui faute d’avoir les moyens de s’en acheter un autre se ruine en réparations d’un véhicule moribond. Évidemment, ministres et godillots de service lui emboîtent le pas et vitupèrent le danger fasciste qui menace notre pays « ruisselant de lait et de miel » et le ramener aux HLPSDNH. Chef et larbins font ça avec une touchante ingénuité dont seul un cœur de pierre ne saurait s’émouvoir. Ça ne convainc peut-être pas tout le monde, ça manque de nouveauté mais ne pas saluer leur effort serait mesquin.

Le problème, quand on radote, c’est que dans un premier temps on lasse et qu’ensuite on n’écoute plus. Les illusionnistes qui font sempiternellement les même vieux tours dont tout le monde connaît les ficelles finissent par être boudés.

Ce sera difficile mais les diabolisateurs sont condamnés au succès. Car s’ils ne parviennent pas à réduire leur cible à un score très faible, si leur ennemie gagne ou même s’approche peu ou prou de la moitié des suffrages, ils se décrédibiliseront et, plus ils se seront montrés offensants vis-à-vis du vote qu’ils honnissent, plus les électeurs qui ne les auront pas suivis leur tiendront rigueur de leurs attaques.

De plus, il ne faudrait pas oublier que la présidentielle sera suivie de législatives où, en cas d’échec de leur manœuvre, dans bien des endroits, pour faire front à l’« ennemi », on se trouvera contraint à nouer des alliances non seulement entre la carpe et le lapin mais où l’asticot et la carotte devront les rejoindre. Les différentes parties y sont-elles prêtes ? Si oui, y régnera-t-il l’harmonie ? Seront-elles seulement crédibles ?

Nous verrons tout cela dans un proche avenir, toutefois, je me permets d’émettre des doutes quant à l’efficacité de ce choix stratégique.

mardi 12 avril 2022

Un pet dans la toundra !

 


Antiphrasons un peu :L’univers tout entier en est bouleversifié ! Au quatre coins du monde les téléphones s’affolent dans les chancelleries ! Il s’est exprimé sur Facebook ! Sarkozy va voter Macron ! Quel événement ! Quelle surprise surtout ! Qui, il y a quelques heures seulement aurait pu envisager pareille nouvelle ?

J’entends une « responsable » LREM déclarer dans le poste qu’il s’agit de rien moins qu’une « déflagration ». Et si ce n’était qu’un discret pet dans la toundra avec toutes les conséquences que peut engendrer un jour de grand vent une modeste flatulence dans ces immensités glacées ?

Ce ralliement me semble en effet insignifiant. Et cela pour plusieurs raisons. D’abord parce que depuis avant le deuxième tour de 2017, des membres éminents des LR qui furent dûment récompensés par des postes éminent avaient rejoint M. Macron et que nombre d’autres leur avaient ensuite emboîté le pas. Ensuite parce que l’électorat Macron-compatible de LR avait pratiqué le vote utile dès le premier tour, réduisant leur candidate à la mendicité. Enfin parce qu’en un quinquennat, l’influence de M. Sarkozy sur la droite s’est grandement réduite.

C’est avec enthousiasme que j’avais, au soir du 6 mai 2007, accueilli la nouvelle de sa victoire . Mon père et ma fille m’avaient d’ailleurs téléphoné pour partager une commune joie (dans la famille, le gauchisme est généralement tempéré !). On allait voir ce qu’on allait voir ! La racaille n’en mènerait pas large ! Le kärcher, peut-être même la kalach, allaient entrer en action ! Finie la rigolade !

Pour ce qui est de voir, on a vu ! Suppression de la « double peine », gouvernement d’ouverture, il nous a gâtés-pourris, le salopard ! Du coup, en 2012, comme beaucoup, je suis rentré au bercail. Il avait bien tenté de nous refaire le coup de 2007 lors de sa campagne, mais comme, pour citer Émile*, « On peut tromper une personne mille fois, on peut tromper mille personne une fois mais on ne peut pas tromper mille personnes mille fois ». Et encore moins des millions de personnes mille fois. C’est à reculons, histoire de faire barrage au ridicule Hollande, que je suis allé voter pour lui au deuxième tour.

Que représente M. Sarkozy aujourd’hui ? Aucune division. Quelques maigres bataillons peut-être. Qu’incarne-t-il ? Pas grand-chose si ce n’est l’opportunisme et la trahison.

* Dans La Cité de la peur

lundi 11 avril 2022

Français, ressaisissez vous !

 


Tout lecteur voyant dans ce qui suit une série d’antiphrases serait malicieux.


Notre pays vit des jours paisibles. Ce n’est pas en Douce France que l’on verrait quotidiennement des affrontements entre des « jeunes » et la police dans nos pimpantes banlieues , des émeutes gauchistes pour un oui, un non ou un p’t’êt’ ben qu’oui, p’t’êt’ ben qu’non, l’arrivée par millions d’éléments allogènes ne cherchant aucunement à s’assimiler à sa population d’origine, qu’on verrait dans la capitale des regroupements de drogués rendre la vie des riverains insupportable, des écoles dont le niveau des savoirs de base baisse inéluctablement et où l’indiscipline règne en maîtresse, du chômage de masse, une précarité grandissante, les théories les plus absurdes venues d’Outre-Atlantique envahir l’espace médiatico- « culturel », des jeunes et moins jeunes suppliant à genoux les joueurs de flûte de les conduire à la noyade, des gens s’étant enfuis de pays de misère cracher sur celui qui les accueille, un peuple où se perd tout respect de toute autorité, une délinquance en croissance durable, etc.

Rien de tout ça dans cet Eden à ciel azuréen qu’est devenu notre cher pays grâce à des gouvernants sages et efficaces que le monde entier admire et nous envie.

Hélas, une terrible menace plane sur notre félicité,  portée par une personne ayant tous les maux énumérés ci-dessus et même de plus honteux pour seuls projets. Curieusement, il arrive qu’un excès de bonheur tranquille corrompe les esprits faibles et que nombre d’entre eux quittent la raison pour la folie, le confort pour l’aventure, l’harmonie pour la discorde, les sages gouvernants pour les apprentis sorciers, bref choisissent le chaos. Il faut empêcher à tout prix que cette menace sorte des urnes !

Ce chaos que nous promettent les sages politiciens avec d’autant plus d’assurance qu’ils sont prêts à tout pour l’organiser, les gens sensés de ce pays ne sauraient en vouloir ! Il faut à tout prix l’éviter.

Luttez pour que votre bonheur comme celui de vos enfants perdure ! Réveillez vous, braves gens ! Vous aurez dans les mains le 24 de ce mois une arme salutaire, un billet gratuit vers le bonheur  durable :

VOTEZ MACRON !

dimanche 10 avril 2022

Le commandant S.

 En prolongement de mon article d'hier, je recycle ce texte publié le 5 décembre 2011. Il montre clairement, je pense, que la guerre n'est jamais une affaire de boy-scouts et de jolis sentiments.

Quand il est entré au Canari, ma cantine d’alors, nous étions en train de prendre l’apéro avec Susan, mon amie. De taille moyenne, la quarantaine robuste, le gaillard portait un stetson d’un blanc immaculé comme son costume trois pièces, cravate noire et tenait à la main une canne à fin pommeau d’or. Une élégance rare, celle d’un gentleman sorti tout droit de Dixieland. A un détail près cependant : il était noir. Ce qui n’avait rien d’étonnant, vu que nous étions à Thiès, au Sénégal.

Il salua à la cantonade, et je ne sais comment, s’invita ensuite à notre table, s’enquit de savoir si nous déjeunerions ici et nous proposa de partager notre repas avec sa compagne, jolie métis afro-asiatique qui venait de le rejoindre et sur la profession de laquelle ne s’interrogeraient que ceux qui pensent que les filles qu’ont voit court-vêtues au bord des routes sont tombées en panne avec leur fourgon et font du stop. L’homme m’intriguant, j’acceptai volontiers.

Il se présenta : Commandant S. De naturel rigolard, avant de nous raconter sa vie, il nous demanda qui nous étions, ce que nous faisions, et chacune de nos réponses déclenchait son hilarité. Il ponctuait ses rires d’un « Décidément, je suis formidable !» sans que nous voyions clairement ce qui pouvait justifier ces envolées d’autosatisfaction. Cette phrase allait au fur à mesure de l’avancement du repas et de nos libations, devenir un véritable leitmotiv. Il l’accompagnait parfois d’une pression de la main sur le genou de ma compagne, ce qui me m’agaçait un peu. J’étais très jeune.

Le commandant nous raconta, avec moult éclats de rires, qu’il avait été dans l’armée française avant que l’indépendance lui fasse rejoindre celle du Sénégal. Tout cela était bougrement réjouissant. Il avait bien entendu fait la guerre d’Algérie. C’est à ce point que son récit se fit rude. Il nous raconta qu’il lui arrivait, avec ses hommes de traverser des villages. Les femmes sortaient pour voir passer l’armée et poussaient des youyous. Seulement, sous leurs amples robes qu’est-ce qui garantissait que ne se cachait pas un terroriste prêt à faire feu ou à lancer une grenade sur le convoi ? Prudence étant mère de sûreté, il nous expliqua, hilare, que sa troupe tirait dans le tas !

Décidément, le commandant S. était formidable !

samedi 9 avril 2022

Crimes de guerre (2)

 Le monument dont je parle. A noter à droite, inexplosée, une des centaines de bombes 

qui tombèrent sur la ville

Une chose m’étonne : la façon dont les commentateurs se montrent horrifiés par les nouvelles venant d’Ukraine. On parle de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, le président ukrainien va jusqu’à utiliser le terme de génocide. On assimile le président russe aux pires dictateurs de l’histoire du XXe siècle et l’ukrainien à Saint François d’Assise. Tout ça me paraît bien ingénu, comme si une quelconque guerre pouvait être une promenade de santé, ne faisant que quelques victimes militaires et parmi celles-ci uniquement les plus cruels, les plus fanatiques partisans de dictateurs fous.

Or, si on y réfléchit un tant soit peu, une guerre ne peut être qu’une boucherie criminelle même si elle se borne à massacrer des soldats. C’est un peu comme si on considérait ces derniers comme des volontaires pour la mort qui méritaient amplement leur triste sort. Que des milliers ou des millions de soldats y meurent, c’est de bonne guerre. Que 50 civils en soient les victimes, c’est horrible.

Malheureusement, le massacre d’innocents civils est une constante de toute guerre. Je me souviens des récits entendus il y a bien longtemps de la bouche d’un mien oncle et d’un ami de mon père volontaires en Indochine ayant trait à leur participation à des massacres de civils. Les raconter serait déplacé : j’imiterais l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours. Sachez seulement que ces hommes, ensuite devenus bon citoyens et bons pères de famille, n’y allèrent pas avec le dos de la cuiller.

Mardi dernier, je me rendis à Vire chez M. SFR afin d’y régler un problème de contrat. En retournant à mon véhicule, mon attention fut attirée par un monument que jusqu’alors je n’avait pas remarqué : je m’arrêtai devant ce mur où, sur sept plaques de marbre noir, étaient gravés en lettres d’or les noms des victimes des bombardements de la ville le 6 juin 1944. J’en comptai plus de 400, avec souvent plusieurs homonymes laissant penser que des familles entières avaient été définitivement libérées de tout souci terrestre. La ville ne fut libérée par le 116e Régiment d’infanterie US que le 8 août soit 2 mois et 2 jours après son débarquement car la progression dans l’enfer du bocage n’était pas aisée : sur les 19 chars du régiment, 15 furent détruits par les Allemands dans des chemins creux où les manœuvrer s’avéra difficile. Lorsqu’ils traversaient sur leur route des villages libérés, l’accueil y était enthousiaste on acclamait les soldats, on leur offrait du Calva. Toutefois, le 5 août quand ils atteignirent Vire, l’accueil fut différent : dans une ville quasiment rasée dont les rues étaient encombrées de monceaux de ruines ne restaient que des soldats de la Wehrmacht. Il fallut 3 jours de combats acharnés et une centaine de morts de chaque côté pour en venir à bout.

A-t-on jamais parlé de crime de guerre ou contre l’humanité à l’occasion de cet épisode ? Non, bien sûr. Plus de 400 morts victimes civiles lors d’un déluge de bombes dont certaines incendiaires, si c’est pour la bonne cause…

Mais tout cela est si loin… Les survivants se font rares. On a oublié. Aussi, quand une guerre éclate pas trop loin de chez nous (quand c’est loin, on s’en fout!), on prend parti, on s'émeut, on s’étonne, on s’offusque, on blâme, on voue au gémonies, on rêve d’une guerre fraîche et joyeuse et on fournit des armes pour qu’elle dure…

Je n’ai pas de solution, et ça tombe bien, vu que si j’en avais une qui m’écouterait ? Je déplore simplement le sort des victimes mais à la différence de certains (pas toujours jeunes) ingénus, rien ne m’étonne. Tout ce que je souhaite c’est que la boucherie et les inévitables atrocités commises de part et d’autre cessent au plus vite. Ce qui me fait la jambe belle.


mercredi 6 avril 2022

Parlons moussette

 

Je me suis régalé de cette jolie moussette hier soir.

La moussette est de retour ! La moussette est enfin là ! Les Manchois (ou Manchots) ont le cœur en fête ! On va se régaler ! Toutes ces exclamations peuvent surprendre ceux qui vivent loin de Granville et c’est bien normal. La première question qu’ils sont en droit de se poser est : qu’est-ce que la moussette ? La photo ci-dessus peut les mettre sur la voie. Ne dirait-on pas une araignée de mer (Maja brachydactyla)  ? On ne peut rien leur cacher ! En effet, la moussette n’est autre qu’ une araignée juvénile de moins de deux ans. On la pêche au casier sur les côtes de la Manche de Barneville-Carteret à Saint-Malo ainsi que sur celles des îles Anglo-Mormandes et cela uniquement d’avril à juin quand elle revient sur les côtes après la migration hivernale. Si on cherche en vain ce substantif dans les dictionnaires, c’est qu’il s’agit d’un mot du patois manchois. Et pour cause : ce délicieux animal voyage mal et n’est donc consommé que localement. C’est triste mais c’est comme ça !

Qu’est-ce qui fait l’intérêt de ce crustacé ? Pourquoi la préférer à l’araignée adulte ? Il y a à cela deux raisons : d’abord, sa chair est meilleure, plus « sucrée », ensuite, ses cartilages encore mous permettent de la décortiquer sans problèmes.

On la prépare vivante, la plongeant dans une grande quantité d’eau froide très salée (30 g/l) que l’on chauffe et où on la laisse 15 minutes après l’ébullition. On l’en sort alors pour l’égoutter et la refroidir. La méthode, valable pour les gros crustacés (homards, tourteaux, araignées) est certes cruelle : à partir d’une certaine température, l’animal souffre en effet de la chaleur et se débat avant de mourir. Certains préfèrent précipiter la bête dans l’eau bouillante, ses souffrances durant alors très peu de temps. Un problème cependant : elle perd ses pattes. C’est dû à l’autotomie, c’est à dire à la capacité qu’ont les gros crustacés d’abandonner volontairement ou par reflexe leurs membres en cas d’agression. C’est ce qui se produit quand on les plonge dans l’eau bouillante : attaqués de toute part (mettez vous à sa place ou plutôt ne vous y mettez surtout pas) ils abandonnent tout ou partie de leurs membres. On peut éviter les souffrances causées par la chaleur montante en le tuant préalablement par le froid : on le met 30 minutes durant dans le congélateur. Est-ce une mort plus douce ? Pour des raisons évidentes, personne ne saurait le dire…

Mais, me direz-vous, à quoi bon s’étendre sur un sujet qui concerne seulement les proches d’une partie des côtes de la Manche ? Eh bien, outre mes conseils sur la cuisson des gros crustacés, je pense utile d’exciter votre gourmandise et vous inciter à visiter mon beau département au printemps, saison qui y ressemble souvent aux autres mais qui pour ceux que trop de chaleur incommode est l’endroit rêvé.

lundi 4 avril 2022

Référendum (s)

 


On ne s’est jamais autant abstenu et pourtant on parle de convier plus souvent les électeurs à se rendre aux urnes. Le but de la manœuvre serait de remplacer, du moins en partie, la démocratie « représentative » par la démocratie « directe » par le biais du RIC (Référendum d’Initiative Citoyenne) ou RIP (Référendum d’Initiative Populaire). Quoi de plus beau en effet que de voir le peuple souverain-ain s’a-avancer vers les bureaux de vote (Chant du départ vers les urnes), y prendre deux bulletins (un oui, un non), glisser l’un d’eux dans l’urne et ainsi décider des orientations majeures (ou pas) de la politique nationale.

Le référendum n’est pas en lui-même une nouveauté. Pour ne parler que de ceux s’adressant à l’ensemble du pays, la première république en organisa 7 entre 1791 et 1802. Le premier empire 2, le second 3, la 3e république 1 seul, la 4e 2, et la 5e 10 dont 5 sous la présidence de Charles de Gaulle. Le problème de ces référendums dont le gouvernement ou le Chef de l’État avaient l’initiative était leur tendance à se transformer en plébiscites c’est à dire en manifestation de l’adhésion ou non à la politique du ou des gouvernants qui l’ont organisé. En démissionnant, suite au rejet de son projet de création de régions et de réforme du Sénat, de Gaulle illustra la confusion référendum/plébiscite, confusion qui perdure et peut amener l’électorat à voter pour ou contre le ou les gouvernants plutôt que de répondre spécifiquement à la question posée.

Je ne reviendrai pas sur le dernier en date qui vit un projet rejeté par les Français adopté d’une autre manière, envoyant la souveraineté populaire se faire voir chez Plumeau.

Pour toute ces raisons, les gouvernants ont, depuis bientôt dix-sept ans prudemment évité d’avoir recours à ce genre de scrutins.

Maintenant, le RIC ou RIP pose une foultitude de questions sur bien des points entre autres sur ses domaines d’application, sur le nombre de signatures à réunir pour le déclencher, sur la forme de la question, sur l’examen de constitutionnalité du texte soumis par le Conseil constitutionnel ou sur sa compatibilité avec les règles européennes, sur le quorum à réunir pour en valider les résultats, sur le temps du débat précédent la consultation, sur le temps pouvant séparer la remise en question d’un texte et son remplacement, etc. Si la question vous intéresse tous ces sujets et bien d’autres sont développés ici.

En bref, ce qui paraît à première vue une mesure simple et susceptible d’améliorer le fonctionnement de la démocratie s’avère en fait un véritable sac de nœuds. Surtout qu’il n’est pas assuré que le peuple soit enthousiaste à l’idée de (ou ait les compétences nécessaires pour) se prononcer raisonnablement sur les questions posées. La moindre des choses serait que le RIC ou RIP soit préalablement adopté par référendum, lequel, étant proposé par les gouvernants, pourrait se transformer en plébiscite… ...et le serpent se mordrait la queue.

Pour reprendre (en lui ajoutant l’adjectif en gras) je ferai mienne la formule de de Sir Winston Churchill : « On a pu dire que la démocratie représentative était la pire forme de gouvernement à l’exception de toutes celles qui ont été essayée au fil du temps », la démocratie « directe » via le RIP ou RIC me semblant, sauf si on l’entoure de conditions très précises susceptibles d’en garantir l’acceptabilité, risquerait de poser plus de problèmes qu’elle n’en résoudrait et pourrait même ouvrir la porte à la dictature de minorités agissantes et motivées.