M. Dupont est malade. Pas dans son assiette. 38.5 de fièvre !
Le nouveau médecin qu’il a choisi lui dit de ne pas s’en faire : dans
quelques jours il courra comme un lapin. Le lendemain, sa température monte à
39. Le médecin revient et lui prescrit de l’aspirine. Il va voir ce qu’il va
voir ! Un jour passe et sa température atteint les 39.5. Appelé de nouveau,
cette fois le praticien va lui donner des anti-inflammatoires non stéroïdiens
(AINS) et lui garantit qu’avec ça sa courbe de température va s’inverser. C’est
une madame Dupont affolée qui le lendemain téléphone au médecin pour lui annoncer
que son mari, au bord du délire fiévreux, affiche une température de 39 .9.
Le généraliste a l’air satisfait : 0.4 degré seulement en un jour, il y a
du mieux ! On continue le traitement ! Le lendemain, Dupont atteint
les quarante. Le Médecin exulte. Seulement 0.1 de plus ? La courbe est
inversée ! On tient le bon bout !
Curieusement, Mme Dupont, dont le pauvre mari claque des
dents et sue en se plaignant du froid, est inquiète. Elle met en doute les capacités du
praticien et l’efficacité de son traitement. Allez savoir pourquoi…
Trêve de métaphore. Venons-en au cher M. Hollande et à sa
fameuse « inversion »
Il se peut qu’ « inverser la courbe du chômage »
ne soit pas synonyme de « faire baisser
le nombre des chômeurs » mais signifie simplement « ralentissement du
rythme de son augmentation ». Dans ce cas et dans ce cas seulement on peut
en effet dire que nous assistons à une inversion de la courbe du chômage.
Seulement, je crains que les Français, dans leur grande
simplicité, n’aient pas tous un sens des nuances aussi développé que celui dont
bénéficient M. Hollande, les membres du ministère Ayrault et un blogueur de gouvernement à l’esprit subtil.
Pour le français de base, il est à craindre que ce ne fût compris comme une baisse
pure et simple des inscrits à Pôle Emploi.
Dans ce cas, M. Hollande, ses ministres et son blogueur risquent d’être
pris pour de tristes rigolos.
Que le chef de l’État n’ait pas de baguette magique dans sa
célèbre « boîte à outils » n’a rien
d’étonnant. Il n’a que des contrats aidés pour tout remède. Malheureusement,
leur montée en puissance est insuffisante pour enrayer l’augmentation du nombre
de chômeurs. Il est vrai que sans eux il n’y aurait même pas de ralentissement
du rythme de cette augmentation. Il lui
faut faire avec une crise dont il n’est, pas plus que ne l’était son
prédécesseur, nullement à l’origine. On peut émettre des doutes sur les remèdes
qu’il lui applique. S’est-il privé de critiquer ceux de M. Sarkozy ?
Il a cependant, en répétant sans cesse un engagement qu’il n’était
pas assuré de tenir, commis une faute
qui risque de miner définitivement le peu de crédit que lui accorde l’opinion.
Sa promesse de septembre 2012, s’il ne l’avait réitérée sans cesse eût été
oubliée, comme tant d’autres, depuis belle lurette. Seulement, il s’est
enferré. Même en admettant que les chiffres de décembre donnent à son
engagement un semblant de crédibilité, il sera bien difficile d’assurer, sans
une forte croissance, la pérennité de l’ « embellie ». Les emplois aidés ont leurs limites …
Une fois de plus, M. Hollande sera allé au-devant
du ridicule. Sauf à avoir les yeux d’une Chimène bourrée d’aphrodisiaques (ou d’un
blogueur de gouvernement), il sera de plus en plus difficile de ne pas le
rejeter.