Hier soir, j'ai encore fait une crise : alors que Didier Goux dédiait un billet au bon président Chavez qui accuse plus ou moins les Américains d'inoculer le cancer aux dirigeants de la partie sud du nouveau monde, ça m'a repris.
En fait, il y a bien quarante ans que ça ne m'a pas vraiment quitté. Il y a eu des périodes d'apparente rémission, certes. J'ai étudié à l'université dans le cadre de ma maîtrise d'anglais (consacrée à Erskine Caldwell) les fondements idéologiques de cette société. Un temps fut, j'ai beaucoup lu de littérature Etats-Unienne : Caldwell, Faulkner, Dos Passos, Hemingway, Miller (les deux).... J'ai même failli aller vivre aux Etats-Unis!
Et pourtant, je dois le confesser : mon anti-américanisme est primaire, profond et incurable. Au point qu'il me suffit de savoir qu'un film est américain pour ne pas le regarder.
La raison de ce rejet total est simple : pour moi tout ce qui est socialement mauvais nous vient d'outre-atlantique : melting-pot, politiquement correct, théorie du genre, approche puritaine du politique, consommation effrénée, "humanisme" dégoulinant, etc.
Ces poisons sociétaux, ils ne nous sont pas imposés par la force, à la totalitariste, non. C'est plus habile, plus insidieux. Ça se fait au charme. Il n'est de pire bourreau que celui qui obtient le consentement de sa victime. Comme le charmeur de rats du conte amenait les enfants, séduits par sa musique, à la noyade, les américains nous mènent à notre perte en nous faisant rêver. Le rêve américain ! Une nation qui a inscrit le droit à la poursuite du bonheur dans sa constitution ! Qui dit mieux ? Personne apparemment.
Et cet "americain way of dreaming" nous est inculqué par ces images qui bougent dont ils inondent le monde entier. Y'a pas à dire, pour ce qui est de faire bouger les images, ils ont le coup : le rythme avant tout. Pas de temps mort. Efficace. On jurerait des films ! Mais ce qui compte, c'est le subliminal, le message implicite qu'ils colportent et qui s'insinue au profond des esprits jusqu'à paraître l'unique manière de penser...
Américanoïaque*, direz-vous. Peut-être. Je l'assume.
* Pour reprendre un terme de Rezvani.