J’apprends ici,
avec consternation, qu’un gang de
tsiganes serbes récemment démantelé dans l’agglomération lilloise achetait à
leurs parents de jeunes cambrioleuses. Vous vous rendez compte ? Pour une
poignée d’Euros (une grosse poignée, certes) de braves gens laissaient s’éloigner
d’un foyer aimant celles que leur talent
de voleuses rendait utiles dans notre
beau pays de France où, il faut bien l’admettre, la voleuse est souvent
indolente. Quel déchirement ce dut être !
Imaginez : vous élevez des enfants dans le culte de la
belle ouvrage, du cambriolage fignolé, et voici que les vicissitudes de l’existence
vous contraignent à les céder à de louches individus.
Mais au-delà du crève-cœur que vivent ces parents, ce fait
divers souligne également le triste état de notre système éducatif. Voilà messieurs-dames où nous en sommes :
à cause d’un manque de formation efficace nous sommes contraints d’aller recruter
à l’étranger non seulement nos voleuses
mais aussi nos chefs de gangs !
Que fait l’Éducation Nationale ? Des années de laxisme
ont mené à la quasi-disparition de l’école française de cambriolage qui, un temps
fut, nous valut l’admiration du monde entier. Où sont les Arsène Lupin, les
Cartouche, les Fantomas, les
Mandrin ou plus près de nous les Spaggiari
ou le gang des postiches qui ont su porter
vols et braquages à des sommets dont nous n’osons plus rêver ?
Il y a visiblement un problème : les succès en matière
de violence scolaire illustrés par le tout récent massacre de deux lycéens à
Grenoble ne doivent pas nous cacher la
triste réalité. En matière de violence aveugle, de règlements de comptes à la kalachnikov pour une poignée de haschisch
(et quelque barrettes de plus) la France
se maintient et même progresse. C’est encourageant mais insuffisant.
L’affaire de Lille est
un avertissement et minimiser son importance pourrait avoir de graves
conséquences. Comment ne pas y voir le signe que dans ce domaine aussi nous perdons des parts de marché au profit de l’étranger ? Ne
serait-il pas préférable, quitte à perdre du terrain dans le domaine de la
violence gratuite, que notre système éducatif favorise davantage ce secteur
primordial du banditisme que constitue le
vol avec effraction ? Sans compter
que cette activité suppose de développer l’esprit d’équipe et le sens de l’organisation,
toutes vertus utiles dans un pays démocratique.
Nous ne pouvons qu’espérer que, conscientes de l’avertissement
reçu, les autorités sauront mettre en œuvre les mesure nécessaires au
rétablissement d’une école française du vol en bandes organisées digne de notre pays.