..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

vendredi 30 juin 2023

Je serai bref.

 

Après 2 mois et demi de silence, je crains de ne plus désirer continuer ce blog. J’y ai pris plaisir. Ce plaisir s’est vu annihilé par d’anonymes importuns. J’espère que dans leur morne vie de connards masqués cette victoire apportera un rayon de soleil.

Je tenais à remercier de leur fidélité ceux que mes bavardages ont pu distraire.

A part ça, tout va bien : je bouquine, je bricole, je jardine, je cuisine… La vie vient de me faire cette nuit même un cadeau magnifique : un mignon petit-fils qui, malgré les menaces qui pèsent sur ce pays que j’aime tant, pourra, je l’espère, y mener une vie heureuse. Que demander de plus ?

mercredi 12 avril 2023

Quand t’es dans le désert…

 


Cette chanson de M. Capdevielle, dont les paroles me paraissent toujours aussi sibyllines qu’il y a 44 ans quand elle sortit, fait allusion à une autre sorte de désert que celui qui m’inquiète aujourd’hui et qui lui n’a rien de fantasmé.

Revenons en arrière : il y a 3 semaines, je vous narrai l’épisode douloureux que me fit connaître une rage de dents et qui m’amena à constater le côté ennuyeux que présentait le fait de vivre dans mon désert médical. La rage vaincue, se présenta un nouveau problème : le lundi 27, me levant pour aller aux toilettes, j’eus une surprise plutôt désagréable. Au lieu de clopiner vers mon but, je retombai d’un bloc sur le lit que je pensais quitter. J’avais été victime d’un vertige inattendu. Je me relevai avec précaution et ne tombai pas.

Consultant au matin Internet, j’appris que ce genre de choses se produisait quand on souffrait d’hypotension orthostatique (une brutale chute de l’hypertension occasionnant des pertes d’équilibre lorsqu’on quittait la position horizontale pour la verticale) Je m’empressai de prendre ma tension grâce à l’appareil que je possédais à cet effet et constatai des résultats inquiétants, voire aberrants. Craignant avoir mal utilisé ledit tensiomètre j’en relus la notice qui m’apprit qu’en cas d’arythmie cardiaque ses mesures n’étaient pas fiables. Souffrant de ce problème, je décidai, pour en avoir le cœur net de consulter. Et (miracle !) j’obtins un rendez-vous pour le vendredi auprès de la remplaçante de mon praticien référent  ! Elle me prit la tension et le résultat fut sans appel : une tension de jeune homme (en bonne santé) ! Cette piste écartée, elle me fit faire des tests afin d’écarter celle d’un AVC en préparation et parvint à la conclusion que cela pouvait venir d’un problème de l’oreille interne, me prescrivit un médicament anti-vertige et m’engagea néanmoins vivement à consulter au plus vite mon cardiologue.

Je suis de nature obéissante ou résignée. Je fis donc les analyses prescrites dont, week-end pascal oblige, je reçus hier les résultats,lesquels furent globalement rassurants. Je téléphonai au cabinet de cardiologie et la secrétaire me dit de retéléphoner… ...en juillet ! Cette demande me parut curieuse. J’insistai un peu, car quel que soit le délai, j’étais prêt à l’accepter. Quel serait-il, ce délai, au mois de juillet ? Je raccrochai, perplexe.

Ce matin je me sentis pas dans mon assiette. J’en fus inquiété. Que faire ? Appeler le Samu pour lui annoncer que je me sens barbouillé ? Aller à la pharmacie pour une téléconsultation ? Aller aux urgences sans motif précis ? Attendre un malaise afin d’avoir quelque chose de concret à raconter à ces braves gens (en admettant que ce dernier ne me rende pas incapable de les joindre) ? Ma fille à qui je m’ouvris de ces interrogations m’indiqua, recherches faites, qu’un seul médecin avait des disponibilités à 50 km de chez moi…

Une nouvelle fois, je m’aperçois à quel point l’impéritie de nos administrations et de nos dirigeants successifs a pu rendre inopérant un système de santé qui nous coûte cependant si cher. Selon l’INSEE, il y a eu en 2022 une surmortalité conséquente. Ne serait-ce pas dû, au moins en partie, à ses défaillances ? Il est vrai que nos gouvernants ont d’autres mouches à enculer chats à fouetter. Le pays craque de partout (école, hôpital, ordre public, immigration incontrôlée, etc) et, à l’instar des Byzantins, on nous rebat les oreilles de débats oiseux. Pauvre France !

dimanche 2 avril 2023

Notes, notules, notulettes et notulinettes

 

Je relis dans le journal de mars de l’ami Goux, l’article qu’il avait, dans le blog, une fois de plus consacré à ces notes de bas de page dont de « luisants » universitaires (les qualifier de « brillants » serait souvent exagéré) se croient contraints d’écrire lorsqu’ils établissent une édition d’un « grand » texte. Il semble que le blogueur de choc qu’il a été, est et demeure soit incapable de les traiter par le mépris ! Il est vrai que les précisions qu’elles apportent ne sont pas toujours très éclairantes ni d’une grande pertinence. Mais bon, je suppose que s’ils n’en écrivaient aucune, ils seraient pris pour des fumistes.

S’il en a un, le but de ces notes est de permettre au lecteur une meilleure compréhension du texte et de son contexte qu’il serait capable d’obtenir sans elles. Toutefois, en les écrivant, le ou les éditeurs supposent que leurs notes ne nécessitent elles-mêmes aucune précision afin d’être bien comprises par l’ignare lecteur (mon semblable, mon frère). Rien n’est moins certain ! Aussi, des notules, pourraient venir préciser les notes, des notulettes éclairer les notules et des notulinettes expliquer les notulettes. Je m’en tiendrai là mais on pourrait poursuivre…

Prenons un exemple :

M. Baudelaire, surnommé par ses potes Charlie la déconne, écrivit un poème intitulé Spleen dans lequel s’exprime toute sa joyeuse bonhommie d’inlassable boute-en-train. Prenons-en le premier vers :

Quant le ciel1 bas et lourd pèse comme un couvercle 2

1 Le ciel est tantôt l’espace visible limité par l’horizon*, tantôt le fond sur lequel on observe les astres. Dans le cas présent, vu que le poète le qualifie de « bas et lourd » on peut le supposer peu propice à l’observation des astres, impression confirmé par la mention postérieure faite au « cercle de l’horizon ». A noter que le côté déprimant du ciel bas fut évoqué par Jacques Brel dans Le Plat pays.

*Limite circulaire de la vue dont l’observateur est le centre et où ciel et terre (ou mer )semblent se rencontrer**

**Cette « rencontre » est bien entendu une illusion comme nombre de voyageurs l’ont constaté empiriquement, vu que l’horizon recule à mesure qu’on avance.

2 le couvercle est une pièce mobile destinée à fermer un récipient (pot*, marmite, casserole etc.). On voit d’ailleurs mal comment le ciel pourrait jouer ce rôle sur quelque cerveau que ce soit. Mais bon, la poésie est propice aux comparaisons hardies.

*« A chaque pot son couvercle » dit Thérèse à Zézette dans Le Père Noël est une ordure voulant dire par là que chacun finit par trouver l’âme sœur. La sagesse populaire ajoute que « C’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe** » signifiant que rien ne vaut l’expérience, que les vieilles méthodes sont supérieures aux nouvelles. Cette expression peut être également employée par de jeunes gens pour justifier leur préférence des femmes mûres aux plus jeunes.

** Nom donné couramment au potage***

*** Au départ, la soupe était la tranche de pain sur laquelle se versait le potage. Ainsi s’explique l’expression « Trempé comme une soupe » qui sinon serait redondante.

J’espère que ces notes, notules, notulettes et notulinettes auront éclairé vos lanternes et que se trouveront des émules avides d’enrichir les textes par d’indispensables précisions.

vendredi 31 mars 2023

Va te faire créoliser chez Plumeau !

 


M. Mélenchon est une homme remarquable. Très remarquable. C’est d’ailleurs pour cela qu’on le remarque. Tout le monde s’accorde à lui reconnaître une culture immense et un talent de tribun sans pareil. Les discours que lui et les penseurs qui l’entourent et lui apportent un soutien indéfectible (ou presque) ne saurait donc nous laisser indifférents.

Durant son débat avec M. Zemmour ( le 23 septembre 2021sur BFM), à l’« assimilation » prônée par son opposant qui selon lui ne marche pas, il opposa la « créolisation », solution-miracle aux problèmes que serait censé provoquer le « changement de population »* qu'entraîne une immigration aussi massive qu’inéluctable et enrichissante.

« Créolisons nous ! » serions nous tentés de nous exclamer, tant il est tentant de suivre les conseils de ce phare de la pensée universelle. Toutefois, les plus méfiants d’entre nous seraient amenés à se poser la question : « Qu’est-ce que la créolisation ? ». 

Le concept fut créé par M. Édouard Glissant, écrivain antillais. Voici comment il la définit dans un entretien accordé au journal Le Monde : « L’apparition de langages de rue créolisés chez les gosses de Rio de Janeiro, de Mexico, ou dans la banlieue parisienne, ou chez les gangs de Los Angeles. C’est universel. Il faudrait recenser tous les créoles des banlieues métissées. C’est absolument extraordinaire d’inventivité et de rapidité. Ce ne sont pas tous des langages qui durent, mais ils laissent des traces dans la sensibilité des communautés. » Créolisation linguistique mais également civilisationnelle et « raciale » (via le métissage) chez M. Mélenchon, les diverses cultures se mêlant en s’enrichissant. C’est ce qu’on appelait aux États-Unis le Melting pot à ceci près que cette « fusion » était censée se faire autour des valeurs et de la langue des Anglo-saxons. On peut d’ailleurs constater que le succès de ce « creuset » est très relatif car aux États-Unis on voit davantage des communautés se juxtaposer que se fondre en une communauté unique et parfaite.

Au niveau linguistique, s’il y a apparition de créoles dans nos jolies banlieues, cela ne signifie pas qu’ils soient homogènes et compréhensibles de tous d’une extrémité de l’Hexagone à l’autre. Ils s’agirait donc plutôt de l’émergence de nouveaux patois. Il aura fallu aux rois puis aux républiques des siècles pour imposer une langue et une orthographe commune à notre pays ce qui impliqua la quasi-disparition des patois et langues régionales à son profit. Il faudrait donc, pour maintenir un semblant d’unité nationale qu’émerge un « créole de synthèse standardisé » qui viendrait remplacer le français dans les écoles. En admettant que ce soit souhaitable, qu’adviendrait-il de notre littérature? Faudrait-il la traduire en « créole standardisé » ?

Si l’on suit ce bon Jean-Luc, l’intégration devrait précéder la créolisation. Le concept d’intégration est souvent un peu fumeux. Basons nous donc sur la définition simple et claire, comme celle qu’en donne Le Robert : « Assimilation (d’un individu, d’un groupe) à une communauté, à un groupe social ». A la différence de nos gauchistes, M. Robert (à croire que c’est un esprit simpliste) ne fait pas vraiment de différence entre l’impossible assimilation de M. Zemmour et l’indispensable intégration de M. Mélenchon ! Quoi qu’il en soit, on voit mal comment on pourrait s’assimiler ou s’intégrer à un groupe et a fortiori à la société française sans en assimiler la langue ce qui aurait pour corollaire l’inutilité de la créolisation linguistique.

Pour ce qui est du métissage « racial » auquel M. Mélenchon semble trouver d’immenses mérites, pour qu’il se généralise (comme ce n’est le cas aujourd’hui que dans les spots publicitaires), encore faudrait-il qu’il soit précédé par le « vivre-ensemble » spatial et que les mariages endogames (géographiques, sociaux, professionnels ou religieux) s’atténuent. Ce qui n’est pas pour demain et que la créolisation gênerait voire empêcherait.

En résumé il me semble que, malgré l’admiration et le respect qu’il m’inspire, M. Mélenchon a tout de même une légère tendance à, comme m’en accusait dans ma jeunesse mon oncle Charles, en jouant sur les mots « raisonner comme un coup de marteau dans la merde ».

Vu que la société qu’il nous propose que ce soit au niveau économique ou civilisationnel ne m’attire que très peu, je lui conseillerai d’« aller se faire créoliser chez Plumeau » si ça lui chante.

*Ne pas confondre ce « changement » avec un « remplacement » auquel seuls de mauvais esprits croient. Ça n’a absolument rien à voir.

mercredi 29 mars 2023

Être black bloc, c’est pas de la tarte !


Les black blocs sont souvent mal considérés. C’est indéniable. On ne relève que le côté négatif de leurs actions. Personne ne se penche sur la difficulté de leur condition. Et pourtant, ils n’ont pas la vie facile…

D’abord, il faut bien le reconnaître, ce n’est aucunement une activité à plein temps. Pour agir, il leur faut qu’un certain nombre de circonstances soient réunies. D’abord, il faut qu’il y ait une manifestation d’une certaine ampleur, c’est à dire, à de rares exceptions près (École privée, mariage pour tous), organisée par des partis ou des syndicats de gauche. Les gens de gauche que ce soit par hygiénisme ou pour toute autre raison, adorent se promener dans les rues des villes en braillant des chansons ou des slogans rigolos. Leur faible ampleur numérique interdit aux BB d’organiser leurs propres marches. De plus, leur impopularité leur interdit de rallier grand monde à leur panache noir. Sans une foule nombreuse où ils peuvent de fondre et qui leur sert de bouclier humain, ils ne peuvent rien faire : on les neutralise rapidement. Leur entrée en action dépend donc totalement de celle de gens qu’ils considèrent comme incapables d’atteindre leurs buts. L’absence d’indignation sociale ou sociétale les réduit au chômage technique. Dieu merci, la gauche a une capacité à s’indigner plutôt développée.

Je me pose une question : que peut bien faire un black bloc lorsque aucun mouvement d’ampleur ne vient animer les artères de nos riantes cités ? Occupe-t-il un emploi stable ? Poursuit-il, sans grand espoir de jamais les rattraper, des études ? Dispose-t-il de rentes qui lui permettent de subsister ? Dans ce dernier cas, à quoi passe-t-il les nombreux loisirs que lui laissent des émeutes hélas trop rares ? J’ai entendu dire qu’il existait des camps où ces braves jeunes gens s’entraîneraient en vue de leurs futurs exploits. En admettant leur existence, disposent-ils du matériel nécessaire à reconstituer des affrontements crédibles avec des « forces de l’ordre » dont partie d’entre eux aurait du mal, vue leur idéologie, a tenir le rôle avec conviction (canons à eau, blindés, quads, grenades lacrymogènes, tenues de combat, matraques, etc) ? Tout cela est bien coûteux et peu discret. Ajoutez à cela les frais de déplacement induits par le déplacement des lieux d’exercice et que l’augmentation des carburants peut rendre prohibitifs !

Un des problèmes, et non des moindres, auquel doivent faire face ces jeunes gens est le vieillissement. Vient un moment où, perclus d’arthrose, le BB est facilement rattrapé par des policiers qui peuvent prendre leur retraite à 52 ans*, où, en changeant de tenue, il risque de s’emmêler les pinceaux et de se faire arrêter le pantalon sur les chevilles, ce qui est humiliant. En dehors du vieillissement physique, le vieillissement mental lui est également nuisible. L’idée de base du BB est que la révolution est au coin de la rue, qu’il suffit d’une étincelle pour faire déborder le vase (ou d’un goutte pour mettre le feu aux poudres). Il se rêve être cette étincelle ou cette goutte. Ses provocations entraîneront une répression qui amènera le soulèvement général. Malheureusement, il a beau brûler des trottinettes électriques ou casser des abribus et des vitrines de quincailliers, ce fameux « coin de rue » a une singulière tendance à ressembler à l’horizon : plus on tente de s’en approcher plus il recule . On finit par s’en lasser. N’est pas Mélenchon qui veut.

Je ne cherche pas à vous faire verser des larmes sur ces pauvres jeunes gens, simplement à souligner qu’ils n’ont pas choisi une vie facile, animés qu’ils sont par une idéologie vouée à l’échec, permettant tout au plus des changements marginaux et jamais ceux qu'ils souhaitent...

* Ils la prennent généralement à 57 ans. Toutefois, on comprend mal comment les BB peuvent s’opposer à l’augmentation de l’âge de départ à la retraite de leurs opposants.




mardi 28 mars 2023

Montée spectaculaire du niveau !

 

Dire que certains osent dire que notre école est en totale décadence ou que l’on y apprend peu de choses !

Comment ajouter foi à de tels racontars ? En cette énième journée d’action contre la réforme des retraites, je vois et entends un jeune collégien (pléonasme, vu que ces élèves sont rarement âgés) se déclarer bouleversifié par l’utilisation de l’article 49.3 pour faire passer la réforme des retraites. Un de ses enseignants se déclare tout ému face à la maturité politique de son élève. Comme je le comprends !

D’abord parce qu’il y aura bientôt 58 ans, quand j’ai quitté le premier cycle de l’enseignement secondaire, si mes souvenirs sont bons, l’âge du départ à la retraite (à l’époque 65 ans) n’était pas plus un de mes sujets de préoccupation principaux qu’il ne semblait inquiéter particulièrement mes condisciples. De plus, à l’époque, le droit constitutionnel était, force est de le reconnaître, souvent négligé, nos braves enseignants se bornant à nous enseigner des rudiments d’orthographe, de grammaire, de mathématiques, de sciences naturelles, de physique, de chimie, d’histoire, de géographie, d’instruction civique, de langues vivantes (voire mortes) entre autres foutaises. Eh oui, voilà ce dont on tentait de farcir les jeunes esprits en ces temps obscurs. Aucun cours dédié au système de retraite par répartition ou au droit constitutionnel. Étonnez-vous après ça que notre niveau d’implication citoyenne ait à cet âge été quasi-inexistant !

Les temps ont changé, bien heureusement ! Aujourd’hui, si on a peut-être un peu laissé de côté les matières poussiéreuses ci-dessus évoquées, on se préoccupe davantage de l’éducation citoyenne de notre jeunesse, ce qui la prépare bien plus efficacement au rôle moteur qu’elle sera appelée à jouer dans l’évolution démocratique de notre belle république.

Il n’est que de voir avec quel sérieux nos collégiens suivent en permanence sur leurs téléphones les évolutions sociales et sociétales pour mesurer le chemin parcouru et envisager avec confiance l’avenir radieux qu’ils nous préparent !

mercredi 22 mars 2023

Rage !

 


Rassurez vous, je ne vais pas vous parler de cette réforme des retraites qui, nous dit-on, provoque l’ire des Français. Ne serait-ce que parce que, à la différence de la majorité de mes concitoyens, je ne suis pas un spécialiste des systèmes de retraite par répartition. Non, il s’agit d’une rage que je viens d’expérimenter ces derniers jours : celle des dents. Bien sûr, il m’était, au cours de ces soixante-douze dernières années, arrivé d’avoir mal aux dents. Mais rien de bien méchant. Des abcès, j’en ai connus beaucoup mais ils avaient le bon goût de ne provoquer que des douleurs supportables. Je ne les soignais pas, prenais mon mal en patience et, en quelques jours ils disparaissaient, ne laissant qu’un souvenir un peu désagréable.


Et puis, samedi dernier, j’ai commencé à ressentir une légère douleur à une prémolaire. Tiens, me dis-je, encore un de ces foutus abcès. Je n’y prêtais guère attention. Le lendemain, la douleur s’accentua. Je commençai à prendre du paracétamol sans que son effet soit notable. La nuit qui suivit fut difficile. Les douleurs s’accentuèrent m’empêchant de dormir jusqu’à 1 heure et me contraignant à me lever à 6 heures. A neuf heures, j’appelai mon dentiste. Hélas la secrétaire m’annonça qu’aucun rendez-vous n’était possible avant plusieurs mois. Je lui rétorquai que d’ici là, d’une manière ou d’une autre, le problème serait résolu. J’insistai cependant, pensant qu’entre deux patients, le praticien pourrait me consacrer quelques minutes pour confirmer la présence d’un abcès et éventuellement me prescrire de quoi lutter contre. Elle me dit qu’elle allait lui en parler et me rappellerait. Je passai la journée dans un état second à attendre son message. Deux jours ont depuis passé et pas plus d’appel que de beurre en broche. Et le pire était à venir.


La nuit du lundi au mardi me donna une idée de ce que pourrait être l’enfer. Je pris un demi Lexomil afin de dormir, complétai ma médication par du paracétamol mais jusqu’à 3 heures pas question de fermer l’œil, la douleur, malgré de nouvelles prises de médicaments, alla croissante, se répandant de la mâchoire inférieure à la pommette et s’accompagnant de fièvre. J’en fus à penser que la solution serait peut-être d’aller chercher une pince dans mon atelier et d’arracher la dent ! Seulement, le risque d’une hémorragie me retint. Je finis par dormir de temps à autre entre deux réveils douloureux. Je me levai à onze heures. J’étais à ramasser à la petite cuillère. Ma fille m’ayant indiqué que dans tout le département il n’y avait aucun dentiste pour les urgence disponible dans l’ensemble du département avant 5 jours (ils n’interviennent que le week-end, le reste du temps ce sont leurs collègues qui refusent de vous recevoir), je ne savais plus que faire. J’appelai Nicole qui me conseilla de me tourner vers la pharmacie qui possède une cabine de téléconsultation. Renseignements pris, j’appris que je pouvais bénéficier de ce service rapidement et m’y rendis, bien que, vu mon état, prendre le volant me paraissait risqué. Tout se passa bien. Antibiotiques et analgésiques me furent rapidement prescrits. De plus, mes douleurs s’étaient un peu calmées. Cette dernière nuit se passa bien et une forme relative est revenue. Tout est donc bien qui finit bien.

Au delà de mes petits malheurs, ce que cette expérience m’a fait réaliser avec une certaine acuité, c’est le triste état de notre système de santé : j’ai du prendre un médecin à 15 km de chez moi. Les soignants ne se déplacent plus et ne font plus de gardes. Ils ont autre chose à faire que de soulager les douleurs de leurs patients. Que nous reste-t-il en dehors des urgences surchargées où en cas d’incapacité pourraient nous conduire pompiers ou SAMU à condition qu’on soit prioritaire et qu’ils soient disponibles. PAUVRE FRANCE !

dimanche 12 mars 2023

Peur de manquer…

 


J'ai lu ce matin l’émouvant billet de Fredi M. qui m’amène a réaliser à quel point les expériences enfantines divergent et nous marquent. Il y est question de fins de mois difficiles, de frigo vide. Choses que je n’ai jamais connues. Débarqué de sa Bretagne natale à la fin des années quarante, mon père, ex-sous-officier de la Marine Nationale, dégagé des cadres, arriva le premier à Paris tenter l’aventure. Une fois un emploi trouvé, ma mère et mon frère ainé l’y rejoignirent et ils réalisèrent leur dessein de toujours, investissant leurs économies dans une épicerie à Puteaux. Je survins quelque temps plus tard. L’appartement du commerce étant très exigu, on m’expédia en Bretagne en nourrice chez une amie de ma mère dans son village natal. A deux ans et demi, j’en revins car la situation avait changé grâce à leur travail sept jours sur sept et un sens de l’économie pour le moins développé, le commerce était fini de payer, mis en gérance et ils avaient également pu faire l’achat d’un petit pavillon de banlieue à Sartrouville qu’ils payèrent comptant.

Ma mère, en dehors de celui de l’épicerie qui la plongea dans d’horribles angoisses, n’a jamais fait un crédit de sa vie. Nous n’avons jamais, malgré le salaire, au départ médiocre, de mon père, manqué de rien. Ma mère y veillait. La voiture (une 4 CV), le frigo, la machine à laver, toujours payés avec l’argent d’hier et jamais celui de demain, nous en fûmes vite équipés. Pour la télé, il fallut attendre 1960, vu le peu d’enthousiasme que ressentait ma mère vis-à-vis d’un achat non-essentiel à ses yeux. Le frigo était toujours rempli mais son contenu excluait toute coûteuse fantaisie. Un congélateur vint bientôt compléter nos capacités de stockage.

Dire que l’ambiance familiale était joyeuse serait exagéré. Austère conviendrait mieux mais en dehors de la fantaisie et de la spontanéité, nous ne manquions de rien. J’en sortis bien décidé à vivre autrement.

Entré dans la vie professionnelle à dix-huit ans, mes débuts financiers furent hasardeux. Je rejoignis, par réaction, ceux à qui, selon l’expression maternelle « il manque toujours 20 sous pour faire un franc » mais en cas de coup dur, je pouvais compter sur le parachute parental…

 La vie continua avec des hauts et des bas que j’ai ailleurs narrés. Selon le proverbe que j’ai forgé pas plus tard qu’hier sur Facebook « Radotage et ronchonnage sont les deux mamelles de la sénilité », j’éviterai donc d’en refaire mention.

Toujours est-il que voici bientôt douze ans un héritage vint compléter mes maigres économies. Rien de mirifique mais suffisant pour me mettre à l’abri de toute angoisse du lendemain à condition de se montrer raisonnable. Ayant bazardé ma résidence secondaire et les frais inhérents à la rejoindre et à l’entretenir , les ressources que me procurent mes sept retraites (rançon d'une carrière variée), même si je demeure un « foyer modeste » sont bien supérieures à mes dépenses courantes. Dans cette France où la misère est censée galoper, je dois être un des rares à ne pas se plaindre. Il n’empêche que me reste un soupçon de peur de manquer qui fait que j’ai en permanence un stock de nourriture et de boissons qui conjure toute angoisse du frigo vide tout en oblitérant les petites joies que peut connaître Fredi en revivant un manque que je n’ai de fait jamais connu.

samedi 25 février 2023

N’est-ce qu’un au revoir ?

 

Certains, dotés d’un sens de l’observation particulièrement développé, l’auront remarqué : l’activité de ce blog s’est notablement réduite ces derniers temps. Une photo publiée en presque deux mois, c’est peu.


Serais-je à court d’inspiration ? Pas vraiment. Des sujets d’articles, il en pleut à verse. Pas plus tard que ce matin l’actualité fourmille d’événements propres à stimuler la réflexion : M. Macron inaugure le Salon de l’Agriculture, un mineur isolé s’est fait écrabouiller par un TGV, M. Zelensky envisage la victoire, M. Palmade aurait été vu traverser en dehors des clous, des manifestations sont prévues un peu partout (histoire de protester), hier, ma voiture a été recalée au contrôle technique, comme souvent en Normandie, le ciel bas et lourd fait rien qu’à peser comme un couvercle sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis, une pénurie de nouilles menace, le prix du rutabaga repart à la hausse, etc.


On a l’embarras du choix ! Que de belles pages seraient à écrire sur chacun de ces sujets ! Le seul hic, c’est que je préfère laisser ce plaisir à d’autres qui sauraient mieux (ou moins bien) que moi en extraire la substantifique moelle. Il se trouve simplement que je n’en éprouve aucune envie. Le plaisir que j’éprouvais (ou aurais pu éprouver) à traiter des questions qui occupent la France et le Monde comme le choix d’un NAC, les pays où ne foutre les pieds sous aucun prétexte, l’âge optimum où prendre une retraite méritée (ou pas) en fonction de son signe astrologique et du degré d’hygrométrie moyen de son lieu de résidence, le juste prix du kilo de topinambours bio, en quels termes adresser une demande en mariage à Mme Sandrine Rousseau et/ou à M. BHL, comment sauver à peu de frais la planète sans être malade le lendemain, les désagréments que peut entraîner une surconsommation de cassoulet en intraveineuse, ce plaisir donc, « s’en est volé ». Exactement le même coup que fit le temps de sa jeunesse au bon François Villon.


Comme disait l’autre, avec le temps…


C’est sans amertume aucune que je crains d’écrire ce jour mes dernières fariboles. Il se peut cependant qu’un temps vienne où l’envie me reprenne de futilement discourir, vu qu’il ne faut jamais dire jamais. On verra bien.


Étant dans un bon jour, j’ai également décidé de rouvrir un temps les commentaires. Que ceux que j’ai pu distraire un instant et qui en auraient l’envie ne se privent pas d’en profiter.

dimanche 1 janvier 2023

Voeux

 


Comme le veut la tradition, je présente à tous mes lecteurs mes meilleurs. Une chose me paraît sinon assurée du moins probable : au train où vont les choses, 2023 sera meilleure que 2024. A moins, bien entendu, qu’un conflit nucléaire vienne empêcher toute comparaison.

Cela dit, j’ai vaguement entendu les vœux que nous à adressés notre bien aimé président. Nous prenions l’apéro du soir (espoir). Mon oreille fut pour le moins distraite. Cela me rappela les temps déjà anciens où je travaillais comme prof de français dans une célèbre œuvre secourant les enfants en grande difficulté et plus précisément certain banquet de Noël qui regroupait le personnel. J’étais assis près d’une collègue et de son mari. Nous étions plus d’une centaine attablés sous la verrière de la grande cour vitrée du château. Le vacarme des conversations et des bruits de couverts était plus ou moins dominé par les propos de l’animateur que relayaient une puissante sonorisation. Un petit problème cependant : l’enthousiasme et la bonne volonté du brave homme qui s’époumonait au micro ne parvenait pas à contrebalancer le fait qu’atteint d’une malformation du palais, ses paroles étaient totalement incompréhensibles. Se penchant vers sa femme, le mari de ma collègue lui demanda : « Qu’es-ce qu’il raconte ? » à quoi elle répondit : « Les mêmes conneries que l’année dernière ». Ces propos peu charitables reflètent ce que je ressens lorsqu’il m’arrive d’entendre une des multiples interventions de notre vénéré président.

Dieu qu’il est chiant ! Comme le brave animateur que j’évoquais, comment ne se rend-il pas compte qu’il est à un orateur ce qu’est le climat normand à celui d’une île paradisiaque ? Qu’à part provoquer la somnolence de son auditoire ses propos sans intérêt n’ont aucun effet ? Il nous parle du redressement de la France, des bienfaits incommensurables de l’Union Européenne, des efforts à fournir et des sacrifices à consentir, de la nécessaire union à maintenir au sein d’un peuple dont il ne semble pas remarquer la profonde archipellisation, des problèmes qu’entraîne le contexte international que nous ne manquerons pas de résoudre en se ralliant à son panache plus ou moins blanc, du contrôle des frontière qu’il assurera un jour... Et il n’en finit pas, il se répète, son trop long discours se fait interminable. On espère que chaque phrase sera la dernière mais c’est comme les cheveux d’Éléonore : quand y’en a plus, y’en a encore ! On a envie de lui dire, comme à un enfant attardé qui, à vingt-cinq ans passés placerait ses espoirs dans Papa Noël, que l’Europe, ou plutôt L’UE, n’est pas la solution à tout, que 27 glandeurs maladroits abattent moins d’ouvrage qu’un seul habile bosseur. Et puis on se retient par crainte qu’il n’écoute pas ou par cette pitié qui nous fait répugner à briser un rêve de gosse si chimérique soit-il. Ne voit-il pas qu’il n’a été par deux fois élu que par défaut ? Qu’il n’est que le triste produit d’un pays peuplé de vieillards frileux ?

Finalement il s’arrête. On en est soulagé. C’est rassurant, ça rend optimiste : les pires choses ont donc une fin ! Hélas, thuriféraires et ergoteurs stipendiés prennent le relais pour louer son génie ou blâmer le vertigineux abîme de son absence de vision. Heureusement, un autre événement dérisoire viendra sous peu renvoyer ce dernier pet dans la toundra au néant qu’il n’eût jamais dû quitter...