Comme le veut la tradition, je présente à tous mes lecteurs mes meilleurs. Une chose me paraît sinon assurée du moins probable : au train où vont les choses, 2023 sera meilleure que 2024. A moins, bien entendu, qu’un conflit nucléaire vienne empêcher toute comparaison.
Cela dit, j’ai vaguement entendu les vœux que nous à adressés notre bien aimé président. Nous prenions l’apéro du soir (espoir). Mon oreille fut pour le moins distraite. Cela me rappela les temps déjà anciens où je travaillais comme prof de français dans une célèbre œuvre secourant les enfants en grande difficulté et plus précisément certain banquet de Noël qui regroupait le personnel. J’étais assis près d’une collègue et de son mari. Nous étions plus d’une centaine attablés sous la verrière de la grande cour vitrée du château. Le vacarme des conversations et des bruits de couverts était plus ou moins dominé par les propos de l’animateur que relayaient une puissante sonorisation. Un petit problème cependant : l’enthousiasme et la bonne volonté du brave homme qui s’époumonait au micro ne parvenait pas à contrebalancer le fait qu’atteint d’une malformation du palais, ses paroles étaient totalement incompréhensibles. Se penchant vers sa femme, le mari de ma collègue lui demanda : « Qu’es-ce qu’il raconte ? » à quoi elle répondit : « Les mêmes conneries que l’année dernière ». Ces propos peu charitables reflètent ce que je ressens lorsqu’il m’arrive d’entendre une des multiples interventions de notre vénéré président.
Dieu qu’il est chiant ! Comme le brave animateur que j’évoquais, comment ne se rend-il pas compte qu’il est à un orateur ce qu’est le climat normand à celui d’une île paradisiaque ? Qu’à part provoquer la somnolence de son auditoire ses propos sans intérêt n’ont aucun effet ? Il nous parle du redressement de la France, des bienfaits incommensurables de l’Union Européenne, des efforts à fournir et des sacrifices à consentir, de la nécessaire union à maintenir au sein d’un peuple dont il ne semble pas remarquer la profonde archipellisation, des problèmes qu’entraîne le contexte international que nous ne manquerons pas de résoudre en se ralliant à son panache plus ou moins blanc, du contrôle des frontière qu’il assurera un jour... Et il n’en finit pas, il se répète, son trop long discours se fait interminable. On espère que chaque phrase sera la dernière mais c’est comme les cheveux d’Éléonore : quand y’en a plus, y’en a encore ! On a envie de lui dire, comme à un enfant attardé qui, à vingt-cinq ans passés placerait ses espoirs dans Papa Noël, que l’Europe, ou plutôt L’UE, n’est pas la solution à tout, que 27 glandeurs maladroits abattent moins d’ouvrage qu’un seul habile bosseur. Et puis on se retient par crainte qu’il n’écoute pas ou par cette pitié qui nous fait répugner à briser un rêve de gosse si chimérique soit-il. Ne voit-il pas qu’il n’a été par deux fois élu que par défaut ? Qu’il n’est que le triste produit d’un pays peuplé de vieillards frileux ?
Finalement il s’arrête. On en est soulagé. C’est rassurant, ça rend optimiste : les pires choses ont donc une fin ! Hélas, thuriféraires et ergoteurs stipendiés prennent le relais pour louer son génie ou blâmer le vertigineux abîme de son absence de vision. Heureusement, un autre événement dérisoire viendra sous peu renvoyer ce dernier pet dans la toundra au néant qu’il n’eût jamais dû quitter...
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