L’Irlande est, comme sa voisine la Grande-Bretagne, une île.
Ensemble, elles forment ce que l’on nomme communément les Îles Britanniques et que
les Irlandais, toujours prompts à contrarier leurs voisins, appellent Îles
Anglo-Celtes. L’Île se divise en deux parties : au Nord-Est l’Irlande du
Nord (ou, pour les unionistes, l’Ulster) peuplée en majorité de protestants, au
sud la République d’Irlande, peuplée d’ivrognes à qui on ne saurait jeter la pierre
vu qu’ils ont généralement épousé des Irlandaises. C’est à cette dernière
partie que nous nous intéresserons.
Une île donc, ou du moins sa majeure partie. D’une
superficie de 70 000 km2, ce qui pour un pays insulaire n’est pas si mal,
elle est entourée de tout côté d’étendues d’eau saumâtre que l’on nomme à l’est
Mer d’Irlande, au sud Mer Celtique et à l’ouest Océan atlantique sans que cela
change quoi que ce soit à sa salinité. Le nord et le sud sont collineux, voire
montagneux tandis que le centre serait plutôt plaineux mais tout cela avec
modération vu que le point culminant, le Carrauntoohil avec ses 1038 m est moins
difficile à escalader qu’à prononcer et que les plaines y sont au-dessus du
niveau de la mer comme il sied. Des fleuves sans grande importance parcourent
le pays en y formant de ci-de là des lacs nommés loughs car les Irlandais ont
un fort accent . Le plus long d’entre eux, le Shannon traverse le pays du nord
au sud et mesure 386 km, ce qui en fait le plus long des Îles Britanniques au
grand dam de l’Angleterre. Le climat y est de type pourri (ou océanique). Avec
250 jours de pluie par an, la Verte Erin n’a rien à envier à la Bretagne ou à
la Normandie qui, elles, pourraient jalouser ses tourbières si posséder des
tourbières était enviable. La population y est d’environ 4 700 000 habitants,
c’est peu penseront certains, mais quand ils se mettent à chanter en s’accompagnant
à la harpe, la flute, au banjo ou au tambourin, cette impression se dissipe
rapidement.
Les premiers occupants humains de l’île seraient arrivés au
9e millénaire avant Jésus-Christ et sont donc probablement tous
morts. Il faudra attendre le VIe siècle d’avant notre ère pour que s’y
installent les Celtes ce qui constitue un délai d’attente plutôt long. Les Romains
n’occupèrent jamais le pays qui fut christianisé par Padraig (ou Patrick) au Ve siècle. Il est à noter qu’ayant fait
des disciples certains d’entre eux, comme Saint Ke ou Saint Burdoc sont réputés
être venus évangéliser l’Armorique, traversant la mer sur des auges de pierre
(technique de navigation que nous ne saurions trop déconseiller à ceux dont la
sainteté est douteuse). Au IXe siècle, les vikings viennent s’y adonner à leur
sport favori, le pillage, comme un peu partout en Europe. Ils y installent même
des comptoirs côtiers afin de mieux piller l’intérieur. Après que Brian Boru,
empereur des Irlandais ait vaincu les scandinaves en 1014, le pays va connaître
une courte indépendance car les Anglais vont commencer à l’envahir dès la fin
du XIIe siècle. Ce sera chose faite en 1494 et, en 1541, le bon roi Henry VIII se
proclamera roi d’Irlande. Mettant à profit les troubles provoqués par la révolution
anglaise, les Irlandais se révolteront en 1641 mais c’était mal connaître le
caractère sévère, revanchard et rancunier de M. Cromwell qui viendra les
châtier en 1649 massacrant pour ce faire entre un tiers et la moitié de la
population. Pour leur apprendre à vivre, on leur confisque des terres dans le
nord que l’on distribue à des colons venus d’Angleterre et d’Écosse. Une
éphémère république s’y établit dans le sillage de la révolution française,
mais elle sera écrasée dans le sang par les Anglais comme il convient en ce genre de cas. Au
XIXe siècle la population après avoir notablement augmenté, se verra rapidement
réduite par la grande famine des années 1846-48 et l’émigration qui la suivra.
Il faudra attendre 1916 pour qu’ait lieu un nouveau soulèvement contre l’Anglois,
ressenti, allez savoir pourquoi, comme oppresseur. Ayant horreur d’être ainsi
calomnié, l’Anglois y mettra dûment fin par un nouveau bain de sang. L’Irlandais
ayant du mal à comprendre les choses les plus élémentaires, enverra en 1918 une
majorité indépendantiste au parlement, lequel proclamera l’indépendance. La dissolution
de ladite assemblée par l’Angleterre provoquera un nouveau soulèvement à la
suite duquel une certaine indépendance sera reconnue en 1921 qui entraînera la
partition du pays et une guerre civile bien sanglante. Il faudra attendre 1937
pour que la République d’Irlande soit établie et au moins la Saint-Glin-Glin
pour que cessent les troubles en Ulster.
Du point de vue économique, l’adhésion à la Communauté
Européenne a bougrement profité à l’Irlande, vu qu’en 36 ans elle y est passé du
camp des plus pauvres à celui des plus riches. Cela grâce à l’installation de
nombreuses firmes étrangères attirées par un environnement fiscal favorable et
aussi à une spéculation financière accompagnée d’un important surendettement.
Du coup, la crise de 2008 y fit des ravages. Les activités traditionnelles
irlandaises sont le tourisme (de riches Américains originaires de l’île
viennent y voir ce à quoi ils ont échappé), la chanson, la fabrication de stout
(bière quasi-noire dont la marque la plus connue est la Guinness) et de harpes
celtiques, les industries pharmaceutique, chimique et informatique.
L’Irlandais est jovial, buveur, rougeaud et aime chanter.
Son épouse est catholique. Sa réputation d’extrême stupidité (la plupart de nos
histoires belges ne sont que des adaptations d’histoires irlandaises qui font rire
les Anglais), est largement usurpée et probablement due à l’accent avec lequel
il s’exprime dans un anglais qui le rend
incompréhensible à l’honnête homme (privilège qu’il partage à un moindre degré
avec l’Écossais de Glasgow). Si vous habitez le Sahara et que vous êtes en
quête d’un réel dépaysement, la verte Erin est ce qu’il vous faut. De même si
une nuit à boire une bonne quinzaine de pintes de Guinness en reprenant en chœur les tubes des
Dubliners ou des Wolfe Tones, est votre tasse de thé, n’hésitez pas :
votre séjour ne vous laissera aucun
souvenir si ce n’est un mal de crâne et la réalisation que la merveilleuse
Irlandaise du soir est nettement moins tentante le matin venu (dernière expérience
réalisable à Romorantin avec une Solognote comme à Châteauroux en compagnie d’une
Berrichonne).
Plus grave encore que l'omission du rugby et de l'irish coffee, celle de l'irish stew !
RépondreSupprimerSympathique et de bon aloi la chute avec Châteauroux (quin) ...
Mes billets, quoique scientifiques ne sont JAMAIS exhaustifs : ils ne vont qu'à l'essentiel !
SupprimerCela donne envie de voir de plus près cette île et d'assister à des matchs de football gaélique.
RépondreSupprimerAllez, ne soyez pas hypocrite, c'est la Guinness et les (plus ou moins) belles Irlandaises qui vous motivent !
SupprimerOui, ce sont des choses qui se vérifient à peu près partout mais bon, l'Irlande par vos yeux
RépondreSupprimerdonne envie d'aller voir ailleurs s'il s'y trouve moins d'ivrognes abrutis et moins de mochetés
confites en dévotion bigote.
Amitiés.
Oh,ce n'est pas si mal quand on aime les hivers doux : on en profite toute l'année...
SupprimerLes plus belles photos de de Gaulle, sont celles de son voyage en Irlande, prises en 1969 après qu'il ait quitté le pouvoir. Il y avait une puissante poésie qui se dégageait de ses images. La beauté des plages irlandaises, le général marchant droit comme un"i", accompagné de tante yvonne.
RépondreSupprimerJe m'en souviens, oui...
SupprimerMais et les O'Hara et les O'Timmins ?
RépondreSupprimerJe vois que vous connaissez vos classiques!
SupprimerA ne pas confondre avec O'Driscoll et O'Gara !...
SupprimerNe généralisons pas! J'ai très bien connu une irlandaise qui était une merveille de la nature. Et pourtant je ne bois pas.
Supprimer@ Dominique : Ces gars de chez Morris et Goscinny avaient dû fuir la misère et la famine de le Verte Erin...
Supprimer@ Pangloss : Je ne généralise pas. J'ai moi-même rencontré une très belle Irlandaise qui malheureusement sortait avec un copain (ce qui ne plaisait qu'à moitié à la femme de ce dernier). Hélas, elle était dotée d'un caractère épouvantable...
SupprimerEt rien sur les films made in Ireland et les réalisateurs irlandais ! Un oubli ou une lacune ?
RépondreSupprimerEn matière de cinéma Irlandais, je n'ai pas de lacunes mais un gouffre : j'ignorais jusqu'à son existence !
SupprimerJe n'ai rien contre le livre et le film consécutif "Jamais sans ma fille", mais je préfère "Jameson une Guinness" !...
SupprimerEt attention aux ires landaises !
RépondreSupprimerParfois appelées 40ème rugissantes.
A propos des Landes, ne pas confondre un aigrefin landais et un nègre finlandais ...
Qui ferait cette confusion ?
Supprimer3 films beaux et/ou sympathiques tournés en Irelande:
RépondreSupprimer- La fille de Ryan
- Taxi mauve
- Vieilles canailles (peut-être les Beaux de Provence ?)
La tourbe c'est utile pour fabriquer du whiskey et chauffer les maisons à peu de frais.
RépondreSupprimerEt le foot gaélique est le vrai et digne héritier de la soule.
Ah, L'Irlande... J'y ai naguère passé un peu plus d'un an et demi; je travaillais alors dans la banlieue de Dublin dans une grande société américaine. Quelle déception, pour moi dont les lointains aïeux ont émigré de Cork vers la Bretagne au XVIème siècle ! La vie sur place m'a furieusement rappelé les descriptions que ma mère m'avait faites de ses débuts professionnels dans l'intérieur du Morbihan à la fin des années 1950 (elle était institutrice), avec ses histoires de poivrots analphabètes signant leurs mandats postaux d'une croix. J'ai gardé de mauvais souvenirs de la plupart des locaux qu'il m'a été donné de rencontrer: bigots, chauvins jusqu'à la xénophobie, âpres au gain et portés sur la boisson à un niveau qui m'était alors inconnu. Des ploucs tout droit sortie de la série télévisée britannique "Father Ted". L'image de ces immenses lotissements bâtis à la va-vite au milieu des champs, avec leurs maisons moches et fissurées au bout de trois ans, et des alarmes déclenchées par les corbeaux à longueur de journée - le tout sous un ciel de plomb en toutes saisons - est restée gravée dans ma mémoire. Finalement, les seuls Irlandais avec lesquels je me suis lié d'amitié avaient tous vécu, à un moment ou à un autre, à l'étranger et étaient rentrés au moment du boom économique des années 90.
RépondreSupprimerL'inflation incroyable qui régnait à cette époque (10%) et le niveau déraisonnable de la plupart des prix pratiqués dans ce petit pays où la concurrence n'existait, en pratique, pas, l'immense ennui dont j'ai fini par souffrir après avoir fait le tour du pays en long, en large et en travers (j'avais l'impression d'être une mouche dans un bocal), et d'autres aspects de la vie irlandaise peu connus du public français - en particulier une criminalité quasiment impunie valant tous jours celle des quartiers nord de Marseille ou des ZUP de Seine-Saint-Denis: trafic de crack, cambriolages, vol de véhicules, meurtres et agressions diverses - ont rapidement fini par avoir raison de mon rêve irlandais. C'est alors que j'ai décidé de mettre fin à mon expérience d'expatrié et de rentrer en France, que j'avais quittée presque 6 ans auparavant.
Il est d'ailleurs assez amusant de constater que ce récit m'attire généralement des réflexions incrédules, voire hostiles de la part des Français. La plupart n'ont jamais passé plus de 2 semaines sur place, en vacances sur la côte ouest pour la plupart (alors que j'y ai vécu, travaillé, payé mes impôts, possédé une voiture etc.). C'est simple: ils ne me croient pas.
Intéressant point de vue ! Mais dont je doute qu'il facilite jamais votre embauche au Service du Tourisme Irlandais !
SupprimerEh oui. L'Irlande de mes souvenirs est assez bien décrite dans "Comme à Ostende", la chanson de Léo Ferré, mais sans "les vitrines remplies de présences féminines", hélas. Depuis, je lis les rapports enthousiastes qui paraissent régulièrement dans les journaux sur les "pays émergents", "BRICS" et autres "tigres celtiques" avec un certain scepticisme.
SupprimerComme le conclut une blague fameuse, "il ne faut pas confondre tourisme et immigration".
J'adore cette chanson et ses magnifiques paroles de Caussimont. Une de mes nièces, bien à gauche, disait qu'au cas où Chirac serait élu, elle émigrerait en Irlande ! Ça m'a bien fait rire. Heureusement, quand il est arrivé au pouvoir elle n'en a rien fait. L'ignorance est une sure alliée du rêve...
SupprimerIntéressant sauf que ce genre de tableau merdique est transposable à la quasi totalité des pays de la planète, seul le climat change.
RépondreSupprimerLa quasi-totalité des pays arriérés, je suppose. J'ai vécu bien plus longtemps au Royaume-Uni, sous un climat et dans des conditions économiques plus défavorables, mais je n'ai jamais vu cela. On avait vraiment l'impression que tous les Irlandais valant quelque chose avaient quitté le pays pour chercher fortune ailleurs, et que les gens restés sur place étaient (vraiment) employés au-delà de leur capacités. La Bank Of Ireland est le seul organisme bancaire dont je vérifiais scrupuleusement les relevés de compte après y avoir trouvé des débits dupliqués. Ou au contraire des paiements jamais débités. L'Irlande est le seul coin d'Europe où on m'a répondu au restaurant que mes moules contenaient du sable parce que c'était comme cela qu'on les trouvait. Des anecdotes comme ça, j'en ai pas mal; et j'ai quand même pas mal voyagé. Au début ça fait sourire, mais au bout de quelques mois c'est pénible.
SupprimerDu reste, si vous relisez mon post initial, mon tableau merdique n'est pas transposable aux autres pays de la planète: il correspond très exactement à une expérience personnelle vécue à un moment historique très précis (un peu moins de 10 ans avant la grande dégringolade) dans un pays de petite taille situé à la périphérie de l'UE, propulsé de l'extrême pauvreté à un état de "développement" économique artificiel en une génération grâce aux vertus d'une politique irresponsable et des subventions européennes. Quand je suis allé en Pologne à cette époque, le pays n'avait pas attendu son entrée dans l'Union pour se doter de fossés le long des routes et de panneaux indicateurs. En république d'Irlande, je naviguais encore avec un jeu de carte de l'Ordnance Survey et j'évitais certaines routes pour aller... à l'aéroport de Dublin en cas de pluies subites, pour y avoir déjà mouillé ma voiture jusqu'au carter.
SupprimerJe suis rentré en 2001 et j'ai déjà largement eu le temps de faire la part des choses.
Je ne dis pas que ce que décrivez est faux, c'est la stricte vérité, du reste les irlandais eux mêmes ne sont pas avares de vannes sur leur propre compte et pas peu lucides non plus sur leurs propres travers.
RépondreSupprimerJ'ai largement moins vu le vaste monde que vous et même si je la connais pas trop mal (des banlieues pas belles de Coolock au Kerry touristique), je n'ai pas pratiqué ce pays comme vous, mais une vision aussi noire et calamiteuse de l'Irlande et de ces habitants relève du traumatisme, je ne peux pas le dire autrement, je vous affirme qu'on peut transposer ça pratiquement mot pour mot pour beaucoup d'endroit.
J'ai vu l'Irlande d'avant le boom, celle de pendant et celle d'après et le pays est passé de nos années 50 à notre ère en moins d'une décennie,l a fameuse décennie que vous évoquez.
Ce qui me surprend c'est que je ne lis pas un mot de tendresse à l'égard de ce pays, et malgré tous ces authentiques aspects pourris très bien décrits, c'est ça que j'ai le plus de mal à comprendre.
C'est une expérience personnelle que je décris là, du vécu. Du reste, nous avons été assez nombreux à partir au bout de quelques mois, un an, deux à trois ans pour les plus courageux. Derrière le "village Potemkine" du soi-disant tigre celtique, j'ai trouvé un pays sous-développé, habité par des gens qui semblaient avoir vécu dans un bocal depuis la fin de la guerre. C'est rigolo pendant un temps; mais je ne me vois absolument pas à la place de certains de mes copains qui se sont fixés sur place (généralement pour raisons matrimoniales) et qui se sont endettés pour 50 ans pour une méchante bicoque à 40 kms de Dublin. Je ne sais pas s'ils sont restés après 2008.
SupprimerAprès, oui, les vacances dans le Donegal ou dans le Kerry, c'est sympa aussi. Les gens du coin sont d'ailleurs beaucoup plus affables que les Dublinois moyens. Bien sûr, j'ai aussi rencontré des gens agréables et intelligents pendant mes 19 mois sur place; mais j'ai été surpris d'en trouver aussi peu. Ce n'est globalement pas un bon souvenir.