Contrairement à ce que croient bien des gens, l’Angleterre n’est
pas une île mais seulement une partie de la Grande-Bretagne. Ce n’est même pas
un état mais une composante parmi d’autres du Royaume Uni. On se demande donc
pourquoi on a au cours de l’histoire fait tant de cas de ce bout de machin. Une
chose est pourtant certaine : en dehors de l’Irlandais ou de quelqu’un qui
se serait malencontreusement trouvé prisonnier sa vie durant dans sa douche, L’Anglais
est l’être le mieux arrosé d’Europe au point qu’il vient s’installer dans mes
vertes collines afin d’y expérimenter les joies d’un climat aride et qu’il
considère M. Hollande comme un homme tout à fait normal quoique un peu distrait
puisqu’il sort souvent sans parapluie.
Le climat y est adapté à des êtres capables de
se mettre en T-shirt dès que la température avoisine les 15 ° Centigrades.
Sa « montagne » la plus élevée, le
Scafell Pike, culmine à 978 m et le plus long de ses fleuves, la Tamise, ne
parcourt que 346 kilomètres Vraiment pas de quoi être fier ! Borné au nord
par l’Écosse et à l’ouest par le Pays de Galles, terres maigrement peuplées par
les rares celtes que les germains n’ont pu ni exterminer ni déloger, le reste
de son territoire, exigu autant que surpeuplé, est entouré de diverses mers comme la Manche (que dans leur jargon ils
nomment avec une impudente ignorance « English Channel »), La Mer du
Nord, la Mer d’Irlande, la Mer Celtique et L’Océan Atlantique, toutes mers que
je soupçonne fort de communiquer entre elles quand on ne les surveille pas
attentivement. Ils sont 53 millions d’Anglais, d’Anglaises et de gens venus d’un
peu partout à s’entasser sur ses 130 000 km2 ! 407 au km2 ! Plus que la Hollande !
Soyez sur vos gardes, voisinophobes surtout que la plupart habitent dans des
villes. Sa capitale, Londres (allez savoir pourquoi « London » dans
leur patois) compterait dans son aire urbaine 15 millions d’habitants, soit
plus d’un Anglais sur quatre.
L’histoire de l’Angleterre est si longue et complexe qu’en
dresser un résumé sommaire serait une gageure. Nous n’en donnerons donc que
quelques dates et faits importants. Vers
9000 avant Jésus-Christ, à neuf heures moins le quart, le niveau des mers s’éleva
et sépara la Grande-Bretagne à la fois de l’Irlande et du continent, en faisant
une île. L’Angleterre ne put que suivre le mouvement. Les habitants
préhistoriques du pays connurent successivement le paléolithique, le
néolithique, l’âge de bronze et l’âge du fer. Rien de bien original. Entre -2 800
et – 1 100, ils bâtirent l’ensemble de cercles de pierres érigées de
Stonehenge. 1700 ans pour un truc qui ne ressemble pas à grand-chose, c’était pas
des rapides !
En l’an 43 de notre
ère, les Romains conquirent l’Angleterre qui s’appelait alors la Bretagne et
que la Bretagne s’appelait Armorique (de l’Arabe al mouriq = Chapeau rond* et
non pas « pays des armoires », vu que le pays des armoires, c’est la
Normandie). Malgré trois cent soixante années de colonisation, les Bretons ne
se mirent jamais sérieusement au latin. Ils
continuèrent de baragouiner leur breton jusqu’à ce qu’aux Ve et VIe siècles
diverses peuplades germaniques, dont les Angles et les
saxons, viennent les importuner au point que beaucoup d’entre eux préférèrent
quitter leur pays pour l’Armorique que l’on appela désormais « Bretagne ».
Les Angles donnèrent leur nom au pays et leur côté anguleux à certaines Anglaises
(bien que d’autres soient dotées de généreuses rondeurs).
En 1066, un certain
Guillaume le Bâtard, duc de Normandie de son état, suite à la victoire d’Hastings, conquit le pays ce qui lui permit de se
surnommer « le Conquérant », ce qui fait plus sérieux. Les seigneurs
normands qui l’accompagnaient firent main-basse sur les terres et pendant près
de trois siècles firent du français la langue de l’élite et du commerce. Nous y
reviendrons. La Peste Noire de 1348 vida le pays de la moitié des croquants qui
l’encombraient dont l’essentiel des francophones. Pour des raisons dynastiques,
la perfide Albion et la douce France** s’affrontèrent durant plus de cent ans
aux XIVe et XVe siècles. Vers la fin de ce conflit, les Anglais brûlèrent une
sainte sans laquelle les militants du Front National ne sauraient pas trop quoi
faire le 1er Mai (comme quoi à quelque chose malheur est bon).
Petit
à petit, les rois Anglais unirent sous leur autorité le Pays de Galles, l’Écosse
et l’Irlande en un Royaume que leur manque d’originalité les fit baptiser « Uni ».
Parallèlement leur flotte leur assura une suprématie maritime que vante l’excellent hymne
patriotique « Rule
Brittania » (que seul un angliciste médiocre traduirait par « roule
ma poule » ou « en voiture
Simone»). Après quelques malentendus avec l’Empire Napoléonien qu’elle
contribua à abattre, elle continua de se constituer un empire colonial à faire
baver d’envie (s’il avait alors été en mesure de baver) le Roi Philippe II d’Espagne.
La Révolution Industrielle lui permit de devenir la première économie mondiale
avant de se voir détrônée par ses cousins Étasuniens au début du siècle
dernier.
Durant la dernière guerre, un certain Winston Spencer-Churchill, têtu comme
une bourrique, refusa de s’incliner devant M. Hitler et continua de mener un
combat un temps solitaire contre l’Allemagne.
Le monde libre lui doit donc beaucoup.
Ensuite suivit la décolonisation, un déclin certain puis un relatif
redressement sous la férule d’un Dame de fer nommée Margaret Thatcher (en
français : Marguerite Couvreur en chaume) qui malgré son nom ridicule
parvint à devenir premier ministre dans les années quatre-vingts. En 1997, la
mort de Lady Diana Spencer (eh oui, encore une Spencer !), ex-épouse du Prince de Galles (nom que partagent un
tissu et le prince héritier du royaume) bouleversa bien plus le monde entier
que celle qui fut sa belle-mère. Depuis, à part le 50e puis le 60e
anniversaire de l’accession au trône de la reine Elizabeth II, et les jeux
olympiques de 2012, rien de bien saillant.
Fin du premier volet. Nous évoquerons prochainement l’économie
et la culture anglaises.
*Cette étymologie nous a été communiquée par Mme R., professeur
de philologie comparée in partibus infidelium
**Les qualificatifs accolés à chacun des pays montrent avec
clarté de quel côté se trouvait le bon droit
J'ai dû, dans ma vie, lire deux ou trois histoires de l'Angleterre ; eh bien, c'est la première fois que j'y comprends enfin quelque chose !
RépondreSupprimer(Et je me retire, chapeau à la main, devant votre génie.)
Chapeau melon, of course ?
SupprimerToujours heureux de rendre service !
SupprimerMerci pour ces compliments mérités.
Goux est poli... wtf !
RépondreSupprimerTout le monde l'est ici.
SupprimerJ'attends avec impatience de savoir si les Grands Bretons sont thons, comme les Portugols sont gols et les Espagnais niais -ou l'inverse, je ne sais jamais.
RépondreSupprimerJe n'aborderai pas cette épineuse question.
SupprimerAllez-vous passer en revue successivement le pays de Galles et l'Ecosse?
RépondreSupprimerC'est une possibilité. Mais je le ferai éventuellement de manière plus sommaire.
SupprimerOn ne s'en lasse pas ! Encore !
RépondreSupprimerC'est chose faite !
SupprimerPresque aussi instructif (et bien renseigné) qu'Astérix chez les Bretons. C'est dire !
RépondreSupprimerDe tels compliments flattent ma vanité.
SupprimerBon sang, avec cette histoire d'Armorique et d'arabe, j'ai failli l'avaler, mon chapeau rond... et rendre mon abonnement à ce blog, tout frais (l'abonnement).
RépondreSupprimerJe n'ai fait qu'emprunter une miette de son encyclopédique savoir à une star de la linguistique comparée...
SupprimerTexte qui mérite d'^tre dans les manuels d'histoire de l'Education Nationale!
RépondreSupprimerEt comment !
SupprimerJe suppose que c'est parce que vous n'avez pas voulu attirer notre attention sur les instincts sanguinaires de vos amis les Angles que vous avez passé sous silence le massacre que fut la bataille de Towton en 1461, dans cette si romantiquement nommée "Guerre des deux roses" ?
RépondreSupprimerSi on devait évoquer tous les massacres de l'histoire, on ne serait pas sortis de l'auberge...
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RépondreSupprimervotre résumé est au petit point identique à la tapisserie de Bayeux, cette merveille de broderie que sans ces hargneux de saxons , nous n'aurions pu admirer , ce qui pour une fois, me les rendrai presque sympathiques
Il faudra que je retourne la voir, la tapisserie, car je devais avoir à peine dix ans la dernière fois...
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