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dimanche 24 août 2014

Abus de langage



L’autre jour dans un de ces excellents billets dont il a le secret, Didier Goux  évoquait la curieuse  idée qu’avaient nos contemporains de mêler  la notion de justice avec ce phénomène universel qu’est la mort. Je crains que notre époque n’accole artificiellement bien des termes qui n’ont pourtant rien à voir entre eux.

Si nous prenons la fameuse justice sociale (ainsi que les nombreuses injustices que son non-respect impliquerait) si chère à nos amis de gauche, il me semble qu’il s’agit d’une simple vue de l’esprit. Je ne vois pas en quoi elle pourrait consister. Qu’il existe des inégalités sociales est une évidence, comme il existe des inégalités en tous domaines. Mais en quoi découleraient-elles d’un manquement à la justice ?  Une société est-elle susceptible d’être juste ?  Certes, l’idée d’une société visant à réduire, voire à annihiler les inégalités  économiques, car il ne s’agit généralement que de ça, paraît généreuse mais en se limitant à ce seul domaine elle n’effacerait aucunement d’autres inégalités (en matière de culture, de beauté, d’intelligence, de talent, de santé mentale et physique, de patrimoine génétique, etc.) que personne ne songe à qualifier d’injustices. Du moins pour l’instant.

Suite à un glissement sémantique aberrant privilégié  est lui-même employé à tout bout de champ. On est privilégié d’avoir un climat agréable, de pratiquer telle ou telle profession, d’être à l’abri de telle ou telle calamité. Je ne vois pas en quoi il peut s’agir là de quelconques privilèges lesquels sont des avantages octroyés à des individus ou à des groupes en dehors de la loi commune.

La chance  est elle-même mise à toutes les sauces. En quoi interviendrait-elle dans le fait que l’ont soit Français ou que l’on parte en vacances dans des lieux supposés enchanteurs ? Il ne s’agit en fait que du résultat d’un enchaînement de causes logiques.

Quand aux  catégories défavorisées  elles seraient privées d’avantages (ou privilèges) consentis à autrui.

Tous ces abus de langage participent d’un sentiment d’irresponsabilité personnelle. C’est la faute à pas de chance, à une société injuste, à d’indues privations si certains ne bénéficient pas des  privilèges de ceux qu’ils envient. Ça ne saurait aucunement découler d’un manque d’effort, de talent, de ténacité, de volonté, de capacités ou de courage. Cette vision amène bien des gens à rêver d’une société égalitaire sans se rendre compte qu’une telle société ne pourrait se concevoir qu’au cas où tous ses membres seraient des clones parfaitement identiques en tout domaine. On se demande quel genre de culture et d’arts celle-ci produirait…

25 commentaires:

  1. Je crois que l'homme n'a jamais supporté les événements sans cause identifiables (surtout les événements pénibles…). Donc, depuis qu'il pense avoir éliminé Dieu, qui était une cause multifonctions, si je puis dire, il se tortille en tous sens pour évacuer le "sans cause", pour escamoter l'inintelligible ; ce qui donne les ridicules que judicieusement vous pointez.

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    1. Il semble qu'ils aient également de plus en plus de mal à accepter les événements heureux. Du coup, ils se déclarent "privilégiés" ou "chanceux".

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  2. Même dans un monde clones, il y aurait des différences comme des clones foncés ou claires, on serait quand même dans la chienlit surtout gouverné par des clones de "Bouffi 1er"

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    1. Je parle de clones ABSOLUMENT identiques et en TOUS domaines. Ce qui est évidemment impossible.

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  3. Quand l'inégalité naturelle entraîne l'iniquité sociale, on peut parler d'injustice.

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  4. Ne serait-ce pas de la faute à Caliméro ?

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    1. Probablement, par mimétisme, il y a de plus en plus de Caliméro.

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  5. M'enfin, tout de même, mourir à 25 ans tué par un projectile lancé par un souteneur à la fin d'un match de foot, c'est plutôt moche.

    A part ça, je me demande si Modernoeud n'a pas le dos large dans cette histoire d'injustice de la mort. J'ai lu des textes médiévaux où le poète engueulait la Mort (allégorisée) et lui faisait déjà ce reproche. Ne blâme-t-on pas Modernoeud pour de petits ridicules humains qui sont de tous les temps ? Et qui ne sont même pas si ridicules que cela si l'on consent à regarder les pauvres mortels avec un peu d'indulgence ?

    Je vais peut-être en faire un billet, quand j'aurai rassemblé la force et le courage de me remettre aux blogs.

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    1. L'âge idéal pour mourir et la manière la plus acceptable de le faire n'ont pas encore été déterminés avec précision. Toutefois, les jeunes sont doués pour la mort, c'est pourquoi on les envoie à la guerre et que certains même y vont de leur plein gré.

      Sur votre second point, je dirais que s'il a toujours été possible de se révolter contre une mort jugée prématurée, l'augmentation de l'espérance de vie n'arrange pas les choses. Les gens n'ayant pas compris que les statistiques ne s'appliquent pas aux individus ils s'imaginent, comme le disait Didier, avoir une sorte de droit à la longévité et de voir ce "contrat" rompu intempestivement leur apparaît de plus en plus injuste.

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  6. Nous y arrivons peu à peu. La nouvelle génération dite "Y" me semble préfigurer cette société de clones,
    tout égaux devant le mini-écran. Comme quoi ça progresse bien.
    Amitiés.

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    1. Ceux qui ne se coueront pas dans le moule s'en sortiront d'autant mieux...

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  7. Cette vision amène bien des gens à rêver d’une société égalitaire sans se rendre compte qu’une telle société ne pourrait se concevoir qu’au cas où tous ses membres seraient des clones parfaitement identiques en tout domaine.

    Ben quoi ? C'est le rêve socialiste depuis A Conte non ?
    Sauf pour les salaires et autres émoluments qui restent à déterminer selon...selon quoi ? Le mérite peut-être ? C'est pas socialiste ça.
    Quant à l'art l’effondrement a commencé avec, pour ne parler que de la peinture, l’impressionnisme et Van Gogh peignant des tournesols puisqu'il n'y a plus rien d'autre à peindre.
    En 2014 on inaugure le musée Soulages...circulez il n'y a plus rien à voir.

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    1. Oui, une sorte de rêve impossible...
      Quant à l'art c'est en effet au passé plus qu'au présent que je pensais. Une société égalitaire ne nous aurait probablement pas laissé grand chose à visiter ou sur quoi d'émerveiller.

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  8. depuis A Conte non

    Avec un "m" j'aurai eu le bon Comte...

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  9. Mon commentaire va tomber comme un cheveu sur la soupe mais je retombe sur votre blog avec grand plaisir ! Ça faisait un bon bout d'éternité que je me cassais les dents sur l'ancienne adresse... à tel point que j'ai craint le pire (les derniers billets de l'époque évoquait un médecin...).
    A deux doigts d'allumer un cierge (un comble pour un athée (re-un comble pour un Breton))...

    Bref, j'ai de la lecture en retard.

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  10. Heureux de vous retrouver, Ronan. J'espère qu'ils ne sont pas trop nombreux à errer dans les ténèbres comme vous l'avez fait depuis presque un an.
    Merci de votre fidélité et bonne lecture !

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    1. J'espère que dans sa douloureuse errance, Ronan n'a pas raté le billet sur la Mongolie ?

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    2. Mildred (tiens, je vois que les fidèles ont suivi sans encombre), j'ai bien peur que si.
      Un peu d'archéologie littéraire m'attend donc.

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    3. Il a été publié le 27 février 2014 et n'est que le début d'une longue série d'articles géographiques très instructifs.

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    4. Un billet sur la Mongolie, j'espère en cette période commémorielle quatorzedixhuitesque qu'il y fut question de l'uhlan Bator ?...

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  11. Ah, le plaisir coupable de glousser sur le pédalage dans la yourte et de rikahner des frères Kahn (ce dont je ne me lasse guère)...

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  12. (si maintenant je réponds au mauvais endroit sur un sujet datant de 6 mois...)

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