Le texte qui suit m’a
été communiqué par un lecteur Mongol
suite à, je cite, « l’excellente synthèse que vous avez écrite sur mon pays ». Titulaire de
la chaire de géopolitique et de biniou à
l’Université Jean-François Kahn* d’Oulan-Bator, mon correspondant a, en quelques lignes empreintes d’une
science profonde, brossé un tableau si
fidèle de notre cher pays qu’il serait dommage de ne pas vous en faire profiter
quitte à donner à ce blog une orientation géographique de plus en plus marquée.
S’il arrivait que vous n’approuviez pas certains passages, n’hésitez pas à
exprimer vos critiques.
La France est un pays largement surpeuplé. 64 millions
d’hommes, de femmes et de transgenres s’y bousculent sur un territoire
d’environ le tiers de la Mongolie où pourtant le voisin est déjà une nuisance. Seules l’Espagne, l’Italie, la Suisse,
l’Allemagne le Luxembourg et la Belgique l’empêchent d’être une île en se
collant à elle, attitude que les Français déplorent amèrement. La déploration
amère est le sport favori de ce peuple qui le pratique en toute saison que ce
soit en extérieur, en salle ou dans l’intimité.
Judicieusement situées aux frontières, ses plus hautes montagnes
tiennent certains étrangers (pingouins
et ritals) à l’écart. Les fleuves y coulent
jusqu’à la mer, les rivières, plus raisonnables, se contentant de couler jusqu’aux
fleuves.
Le pays est si humide qu’on comprend difficilement que les
Français ne s’y noient que rarement. Le record de précipitations régulières y
est tenu par la Bretagne et la Normandie
(province en outre célèbre pour ses vaches, ses fromages, son cidre, son
alcool de cidre et sa concentration exceptionnelle de blogueurs réactionnaires
de talent). Sinon, hiver et été y sont
d’une chaleur étouffante (certains mois de janvier y dépassent allègrement les
0°C de moyenne !) Les cultures y sont variées en fonction du climat (blé au
nord, vigne au sud, arabe et africaine à Marseille et en Seine-Saint-Denis).
L’industrie y fleurit : aviation, automobile, parfumerie, armes, fanfreluches, articles de luxe, sabots
et lunettes assurent sa prospérité et
son prestige dans un monde où acheter français est un must pour l’homme et la
femme de goût. Les services y sont souvent publics quand les filles le
deviennent de moins en moins suite à de récentes lois.
Mais ce qui fait l’intérêt principal de ce fascinant pays
est son peuple et sa culture.
Le Français est volontiers ivrogne et bougon. Si son goût
marqué pour l’ivrognerie tend à s’atténuer, celui qu’il entretient pour le mécontentement semble aller croissant. Plutôt
satisfait de lui-même, ce sont les autres qui le chagrinent. Cette tendance
naturelle à râler est savamment stimulée par un système scolaire (dont le nom, « Éducation Nationale », indique
clairement qu’il n’est aucunement destiné à instruire) qui apprend avant tout aux
jeunes à identifier les multiples tares de leur pays. Riche d’une longue
histoire de crimes aussi divers qu’impardonnables, c’est pourtant à la période
des années trente à quarante-cinq du XXe siècle qu’on s’y intéresse
essentiellement, vu qu’elles virent succéder à un moment de bonheur total
(appelé Front Populaire) les heures les plus sombres de [leur] histoire (ou
HLPSDNH) avant que n’arrive la Libération. Le Français a une telle tradition de
méchanceté que, malgré des décennies de rééducation, il continue trop souvent de
cultiver ses mauvais penchants. Entre autres caractéristiques spécifiquement françaises,
il faut mentionner un goût certain pour les grèves, les manifestations, les
émeutes et les longues pauses déjeuner.
La culture française est mondialement appréciée. Elle est d’une
richesse inouïe et particulièrement féconde grâces aux êtres d’exception qu’elle
produit. Nommés « intellectuels » (=très intelligents), ils sont de
gauche, et, quand leurs moyens le leur permettent, vivent à
Saint-Germain-des-Prés (quartier de Paris où malgré son nom on ne rencontre que
peu de vaches ou de moutons). Bien qu’ils ne soient pas à proprement parler des
« manuels » (= andouilles) les soi-disant penseurs de droite sont en
fait des fascistes (=criminels) n’ayant pour but que de ressusciter le HLPSDNH (cf
supra). Une liste exhaustive des étoiles qui illuminent le firmament de la
culture française étant trop longue à établir, je ne citerai que la plus
glorieuse d’entre elles, M. Bernard-Henri Lévy (ou BHL), un milliardaire dont
le brushing et les chemises immaculées ont révolutionné la pensée mondiale.
Du point de vue politique, on assiste de temps à autre à une
alternance entre la gauche et la gauche. Mais qu’ils soient de gauche ou de
gauche, les élus demeurent impopulaires. A la droite de la gauche se trouvent
des très méchants (=fascistes) qui soulèvent des questions imaginaires et à la
gauche de la gauche des très gentils qui cassent tout pour le bien général.
Voilà ce qu’on peut dire de la France, pays des droits de l’homme
et du camembert.
*il arrive aux Mongols de faire les mêmes confusions que je
signalais hier
L'article France de cette géographie universelle me semble digne des précédents. Il est presque exhaustif. Presque car il y manque le point qui rapproche la Mongolie de la France. Vous nous avez rappelé que la Mongolie avait une frontière commune avec la Chine. C'est aussi le cas de la France qui est frontalière du XIIIème arrondissement de Paris. Voilà qui crée des liens et explique sans doute le nombre élevé de lecteurs de ce blog originaires d'Oulan-Bator.
RépondreSupprimerIl est vrai que des frontières communes peuvent resserrer les liens entre deux peuples. Il se peut toutefois que mon correspondant, afin de paraître plus objectif ait choisi de ne pas faire mention de ce point commun.
SupprimerRemarquable portrait de notre beau pays. Manifestement cet homme (femme? transgenre?) connais bien son sujet.
RépondreSupprimerIl faudrait de toute urgence lui offrir une chaire dans l'une de nos universités qui rayonnent sur le monde (tiens, ça il a oublié de le dire).
Je crains que mon ami ne soit que moyennement intéressé par un poste de professeur dans une université française si prestigieuse soit-elle. La seule chaire qui lui eût convenu était celle de Biniou et bombarde en Basse-Bretagne du Collège de France mais celle-ci fut supprimée en 1897 suite au comportement jugé douteux de son titulaire, Robert-Tugdual Le Squirniec (Philosophe Breton) qu'on accusa, selon lui à tort, d'avoir transformé ses leçons en orgies arrosées au chouchen.
SupprimerArf!
RépondreSupprimerNous en feriez-nous un sur la Suisse?
Il n'y a aucune raison pour que la géographie universelle à laquelle je travaille ne consacre pas un chapitre à la Suisse. Mais chaque chose en son temps.
SupprimerJe serai donc patient. Merci!
SupprimerMille bravos : aussi spirituel que juste!
RépondreSupprimerMerci !
SupprimerUn peu gros mais très fin en même temps !
RépondreSupprimerJe vois que vous cultivez l'oxymore !
SupprimerVotre correspondant semble être quelque peu limité sur ses connaissances de notre pays, hormis quelques souvenirs de foot (Marseille) et quelques échanges épistolaires avec une collégienne Rennaise.
RépondreSupprimerD'abord il a fait l'habituelle confusion entre la Métropole (le Continent) et la France historique avec toutes ses poussières d'empire... Ainsi, géographiquement, la terre Adélie me semble pouvoir en remontrer en matière de température ou densité de population avec n'importe quelle région de Mongolie. D'autre part, la matérialité du territoire est une notion dépassée dans la société moderne française. Car la gloire de la France, c'est d'avoir offert au monde la République : son principe est que tout ceux pouvant se réclamer soit par sa langue soit par son histoire coloniale peuvent en devenir ses enfants ; ainsi cela rend vain toutes ses contingences de population totale, localisation et densité...
De même que les habitants des USA se nomment exclusivement Américains sur leur continent, la France est La République de ce monde !
Amike
Mais Amike, il s'agit là de synthèse d'un scientifique qui va à l'essentiel en faisant abstraction des particularités et autres modes contemporaines.
SupprimerAh! Mais non, la métropole ce n'est pas le continent ! La métropole c'est surtout la Corse et aussi le continent. Je vous rappelle que la France a été rattachée à la Corse il y a plus de 200 ans !
SupprimerJ'espère pour vous que vous avez préféré Oulan-Bator aux calanques de Piana...
Par l'empereur,
Monge
Notre ami Mongol a oublié de parler du fameux modèle social que tout le Monde nous envie. Vous savez, ce truc hyper solidaire et obligatoire qui réduit à néant les inégalités, au nom de la justice (dite sociale) en faisant payer les riches. Réduire les impôts est inadmissible, car ça s'appelle faire des cadeaux aux riches. Et il ne vous parle pas des salauds de patrons qui délocalisent en Mongolie Intérieure (Province Chinoise).
RépondreSupprimerPenthièvre
Disons qu'étant diplomate et vivant dans un pays qui fut communiste, il a voulu passer sous silence ce qui, dans notre pays, rappelait trop son ancien régime.
Supprimerje viens de rire comme une folle en lisant les deux derniers articles...j'ai passé une soirée la semaine dernière avec un ami et son pote Mongol ...et bien il apprécie énormément une de nos spécialités inconnue chez lui, la pétanque ! et après trois parties d'apprentissage il nous a mis fanny !
RépondreSupprimercommentaire de mon ami;" bon un Mongol et trois gogols"
ceci dit vos billets sont excellents !
Bienvenue dans mes commentaires, Josette ! Heureux d'avoir su vous distraire.
SupprimerExtraordinaire description de notre merveilleux pays!
RépondreSupprimerLe Mongol est bourré de talent quand ce n'est pas de lait de jument fermenté !
SupprimerJe n'ai jamais douté de vos compétences en géopolitique mais maintenant vous avez en plus l'aval d'un Mongol de souche (si l'on peut s'exprimer ainsi chez eux, chez nous pas, comme nous l'avons appris récemment.)
RépondreSupprimer"Titulaire de la chaire de géopolitique et de biniou". Je vois qu'ils ont pris exemple sur les IUFM que-le-monde-entier-nous-envie-aussi.
Un billet réjouissant!
Merci. La polyvalence des universitaires est requise en Mongolie, et c'est tant mieux : ça évite que les mandarins y soient de barbants monomaniaques dont on s'éloigne prudemment dans les salons.
Supprimer