L’Ukraine est un bien beau pays. Du moins je le suppose. Il
est probablement parcouru de jolies rivières coulant entre de frais vallons
quand ce n’est pas au milieu de plaines qu’il est raisonnable d’imaginer
fertiles. Les montagnes y sont relativement élevées, en tout cas leur altitude
est supérieure au niveau de la mer. Les paysans s’y adonnent à l’agriculture
tandis que les ouvriers de l’industrie travaillent dans des usines et les employés dans des bureaux ou des commerces.
Le pays est habité à parts plus ou moins égales par des
hommes et des femmes (respectivement nommés Ukrainiens et Ukrainiennes) que l’on
peut imaginer raisonnablement travailleurs et fiers (les peuples sont souvent qualifiés de fiers mais on nous dit rarement
de quoi). Le pays étant plutôt étendu, il est permis de les supposer assez nombreux bien
qu’au début des années trente ils se soient livrés sans beaucoup de retenue à
leur passion pour la famine.
L’Ukrainien doit être
de nature soupçonneuse, frivole, fourbe et ingrate, vu qu’il accusa M. Iossif Vissarionovitch Djougachvili (dit
Staline) d’avoir organisé les famines histoire de leur dresser le poil et qu’il
n’hésita pas, après des siècles de bonheur parfait, à se séparer de la Russie dès que ce beau pays
se trouva suffisamment affaibli. Une caractéristique amusante de ce peuple est
sa mauvaise écriture. Par exemple, au lieu d’écrire le nom de son pays Ukraine, comme nous le faisons tous, voici
comment il l’écrit : Україна ! En dehors de ça, il est difficile de décider
si l’Ukrainien (et sa femelle) sont d’une drôlerie irrésistible, vu qu’on ne
comprend rien à ce qu’ils disent. On
peut imaginer qu’il leur arrive de rire, de pleurer d’être soucieux ou gais.
Bien que, pour la raison que je viens d’évoquer, on ne soit pas en mesure de l’affirmer,
on peut supposer qu’ils le font à bon
escient.
Vous voilà donc, chers lecteurs, aussi bien
renseignés que moi sur ce pays et ses habitants. Il se trouve que ces derniers
temps l’Ukraine est secouée par des troubles qu’on nous décrit plutôt graves. Si
j’ai bien compris, le peuple ukrainien, considéré comme assez gentil, est dans
la rue parce qu’il est fâché comme tout contre un certain M. Viktor Fedorovytch Ianoukovytch (nom qu’il
écrit Віктор Федорович Янукович, je vous en prie, cessez de rire, nous
sommes dans un billet sérieux) qui est méchant comme tout. Il parait même qu’il
serait plus ou moins copain avec Влади́мир
Влади́мирович Пу́тин (mince, c’est contagieux leur dysgraphie, je
voulais écrire Vladimir Vladimirovitch Poutine !) un homme si méchant qu’on
s’étonne qu’il soit Russe. Donc, l’ensemble du peuple ukrainien est dans la
rue. M. Ianoukovytch, a pour
seul soutien des policiers aussi voire plus méchants que lui.
M. BHL (ne pas
confondre avec M. BHV qui, lui, a un rayon bricolage particulièrement
intéressant en son sous-sol), qui connaît tout et qui a déjà sauvé, entre
autres, la Bosnie et la Libye, a pris
fait et cause pour le peuple Ukrainien. Il serait étonnant qu’il se trompe.
Voilà. Maintenant que
vous savez tout, vous devriez pouvoir prendre position en toute connaissance de
cause sur cette épineuse question.
Étonnante correspondance des grands esprits. Nous avons mis en ligne nos billets traitant de l'Ukraine avec une presque parfaite synchronisation. Le vôtre à 11h08, le mien à 11h11.
RépondreSupprimerEn effet. Quoique j'aie tenté d'être plus synthétique que vous, l'idée n'en est pas moins la même.
SupprimerCher Oncle Jacques,
RépondreSupprimerVous oubliez d'évoquer les deux principaux courants religieux en Ukraine, les orthodoxes dépendant de Moscou et l'église uniate reconnaissant Rome et son Pape comme patron.
Églises uniates, fractions d'Églises de la communion orthodoxe qui ont rétabli la communion avec l'Église catholique romaine, la plus ancienne (XVIe s.) et la plus importante étant celle des Ruthènes ukrainiens, dont la plupart des membres ont dû quitter l'U.R.S.S. (On dit aussi Églises grecques-catholiques, grecques-unies.)
Une guerre de religion, pourquoi pas, je ne vois pas pourquoi seules les musulmans auraient le droit de se massacrer, c'est un droit inaliénable de l'égalité, non mais!
Ecoutez, cher Grandpas, vous nous embrouillez avec de pareils détails. Ne voyez-vous pas qu'ici on vaà l'essentiel ?
SupprimerMaître Jacques, votre érudition n'a d'égal que votre sagacité politique. Merci pour ce billet si éclairant, et qui me semble d'autant meilleur qu'il traduit exactement ma pensée (évidemment bien mieux que je n'aurais su le faire) au sujet de cette affaire ukrainienne.
RépondreSupprimerHeureux d'avoir pu conforter vos convictions !
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RépondreSupprimerBHL veut une Europe de Brest à Vladivostok. Ca passe par l'Ukraine non ?
RépondreSupprimerMais les russes veulent une Russie de Vladivostok aux frontières de la Pologne....C'est compliqué.
Les ukrainiens eux sont partagés.
RépondreSupprimerJe résume bien non ?
RépondreSupprimerMais je suis d'accord avec le citoyen Aristide : que serions nous sans les lumières de votre blog cher J-E ?
Ne me remerciez pas ! Il serait égoïste de ma part que je disparaisse sans avoir fait bénéficier mes lecteurs du résultat de longues années d'études et de réflexions.
SupprimerExcellent billet, qui nous dit enfin que penser sur une région exotique ( et l'on peut remplacer Ukraine par OubanguiChari ou Syrie, et autres contrées sur lesquelles BHL déserve son ignorance encyclopédique).
RépondreSupprimerTiens , du coup, je jette à la poubelle le billet que j'avais fait
RépondreSupprimerNon, non ! Publiez-le ! Divers éclairages sur un même sujet permettent d'y voir plus clair, surtout la nuit.
SupprimerOn en apprend des choses chez vous! Avez-vous songé à rédiger une géographie universelle?
RépondreSupprimerC'est un de mes projets en effet. Merci de vos encouragements !
SupprimerQuel talent, Monsieur Étienne ! Vous êtes le digne successeur d'Emmanuel de Martonne, et de Schrader et Gallouédec. Votre billet a égayé ma journée.
RépondreSupprimerJe vous suis reconnaissant de signaler mes mérites et heureux qu'au-delà de leur côté austère mes travaux scientifiques aient pu vous apporter un peu de cette gaité qui se fait rare en nos temps hollandistes.
Supprimeril est permis de les supposer assez nombreux bien qu’au début des années trente ils se soient livrés sans beaucoup de retenue à leur passion pour la famine.
RépondreSupprimerHolodomor, ça sentait fort la mort aussi dans ces coins là en ces temps là.
Génocide oublié, devoir de mémoire négligé, crime contre l'humanité sans accusés ni jugement.
Ils seraient aujourd'hui 46 millions dans un pays un peu plus grand que la France. Autant dire qu'ils ne se marchent pas sur les pieds et que BHL serait bien inspiré, s'il peut l'être, de leur foutre la paix.
Un mémorial pour eux..
RépondreSupprimerA Berlin, sur la Place Rouge ou celle du Trocadéro.
Ils le méritent.
@ fredi : on n'insistera jamais assez sur les crimes de Staline, de Mao, de Polpot et de quelques autres. J'y reviendrai.
RépondreSupprimerJe suis très en retard pour venir dire que je suis contre, complètement contre !
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