Le Président voyait approcher les élections avec une
appréhension certaine. Sa popularité était bien basse. Son adversaire
potentiel, Bonnot-Beau grimpait dans les sondages . Il l’écraserait
probablement sauf que, connaissant le
lascar, le Président lui avait préparé un coup de Jarnac de derrière les fagots.
Tandis qu’il se trouverait dans un hôtel aux USA où il exerçait de hautes fonctions, on
ferait passer des soubrettes dans sa chambre
dès qu’on le saurait sous la douche, il leur sauterait dessus, elles
porteraient plainte en cas de conclusion et adieu Bonnot-Beau… Tout se déroula
comme prévu. Il craqua même à la première
ce qui entraîna une hausse du chômage technique chez les soubrettes et l’élimination
du Sauteur de la Patrie…
La phase deux du plan consistait à sélectionner l’homme d’élite
qui remplacerait Bonnot-Beau… Il lui en fallait un beau, un grand, un
incontestable. On passa donc tous les possibles impétrants en revue. Choix difficile. Pas un pour racheter l’autre :
médiocrité bouffonne, médiocrité sévère, médiocrité hargneuse, médiocrité
loufoque, médiocrité placide, médiocrité médiocre… Mais allez savoir. Avec le mécontentement croissant
tout était à craindre. C’est alors qu’un jeune conseiller, avança un nom :
Belgique, Léonard Belgique ! Un silence gêné suivit. Belgique ? Non,
pas crédible. Tout juste bon à éviter les conflits. Jamais exercé de
responsabilités…. « Un total irresponsable… » murmura, songeur
le Président…
Il tenait son homme. Un adversaire si pathétique qu’il n’en
ferait qu’une bouchée ! Seulement, il fallait qu’il fût choisi, vu que ces rigolos organisaient des
primaires… Belgique était déjà entré en lice et recueillait jusqu’à l’élimination
du Grand Sauteur relativement peu d’intentions de vote. La disparition du
favori amena l’outsider en tête pour deux raisons. D’abord, il était, comme
toute huître peut l’être, très peu clivant. Ensuite le Parti du Président avait
donné à ses militants pour consigne de se déclarer de Gauche en cas de sondage
et, de plus, chauds partisans de Belgique. Ils passèrent le mot aux sympathisants. Il monta donc et arriva en tête du
premier tour grâce aux votes des militants du PP qui s’étaient inscrits sur les
listes de la primaire. Au deuxième tour rebelote. Ce n’est pas au QG de Belgique que coula le
plus de Champagne ce soir-là.
Seulement, si le Président était un fin manœuvrier, il ne
connaissait pas bien son peuple. Plutôt que dans sa flamboyance, les citoyens
se reconnurent dans cet être falot aux airs de sous-chef de bureau à la mairie
de saint-Flour. Le Président eut beau dire et beau faire, même en tentant de
rameuter la droite de la droite, Belgique continua de mener dans les sondages,
sa piètre performance lors du débat d’entre deux tours fut saluée comme un succès par les media et au
soir du second tour Belgique fut élu d’une courte tête, mais élu quand même. Ce
qui lui permit bien vite de faire preuve de toute l’incompétence que chacun lui
reconnaissait.
Dieu merci, ce n’est pas en France qu’une telle fiction
pourrait se réaliser !
Ouffff !!! on l'a échappé belle !
RépondreSupprimerLa suite risque d'être moins drôle. Une impression ...
RépondreSupprimerCette histoire est trop absurde pour connaître une suite...
SupprimerJ'adore quand vous êtes dans cette verve-là !
RépondreSupprimerHeureux de vous divertir.
SupprimerElle ne "pourrait pas " car elle est...
RépondreSupprimerEt ce billet joliment troussé est fort drôle.
Merci.
SupprimerBonneau-Beau ? Vous risquez l'accusation de racisme sur ce coup-là !!! Il est interdit de comparer quiconque avec un singe, voyons...
RépondreSupprimer(Par contre, pour les huîtres, je ne sais pas, il n'y a pas encore de précédent).
Il est vrai que Bonnot-Beau grimpant dans les sondages avant de se prendre une banane pourrait paraître tendancieux. On finira par ne plus pouvoir rien dire sur rien.
SupprimerQue vous on fait les belges mais c'est moins risqué que zimbabwéens.
RépondreSupprimerJ'ai dit Belgique parce que Luxembourg était déjà pris par Mme Rosa...
SupprimerTrès amusant.
RépondreSupprimerEnfin, en un certain sens...
Je m'empresse d'en rire pour n'en pas pleurer.
SupprimerDieu merci...
RépondreSupprimerOh sacré nom de coquin de sort!
Amitiés.
Il nous protège !
SupprimerBelle fantaisie, la soubrette n'était pourtant point si gironde, il fallait bien de la perversion pour lui sauter tout de go dessus, à moins que Bono Beau soit un vrai pervers masochiste.
RépondreSupprimerLe président connaissait les goûts (et l'inextinguible ardeur) de M. Bonnot-Beau. Et, soucieux des deniers de l'État, il savait que les canons coutent plus cher...
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