De nos jours le bougre n’a d’autre alternative que d’être
pauvre ou bon. Tout au plus peut-il encore ambitionner de ne pas être mauvais.
Avant de devenir un synonyme de type, gaillard ou
gars, il en a parcouru du chemin, le bougre !
Dérivé du bas latin bulgarus,
il forme un doublet insoupçonné avec bulgare. Faut-il en déduire que le Bulgare
a une réputation séculaire de brave homme, de pauvre type ou de sacré gaillard ? Ce
serait errer. En fait, le terme ancien français de Bogre désignait bel et bien un Bulgare mais un bulgare bien
particulier. Il s’agissait d’un Bogomile, membre d’une hérésie bulgare proche
du catharisme. En ces temps ou l’ignorance le disputait à l’intolérance on n’hésitait
pas à calomnier ceux qui s’éloignaient de l’orthodoxie, qu’elle fût romaine ou
byzantine. Ainsi, ces pauvres dissidents se virent-ils accusés de pratiquer la
sodomie, ce qui en ces âges obscurantistes, contrairement à nos temps éclairés,
n’avait rien de flatteur. C’est ainsi
que le terme finit par désigner non plus un hérésiarque bulgare mais tout
simplement un sodomite, un pédéraste, synecdoque basée sur la calomnie.
Le terme bougre conserva ce sens jusqu’au XVIIe siècle
puisqu’un raconte que Ravaillac vit son fanatisme exacerbé par des prêtres
dénonçant en chaire le « bon » roi Henry comme un bougre et un bâtard bien qu’à la même époque il ait
commencé à désigner de manière familière et péjorative un individu. Bougre,
édulcoré en bigre devint simultanément un juron que le pudibond M. Littré qualifiait
de rien moins que « très grossier ». Mais le temps érode tout et ôte aux mots leur
force. D’auteur de crime sexuel, le
bougre devint personnage anodin. On pourrait en dire autant du crime qu’il
impliquait. O tempora ! O mores !
Sauf que la langue anglaise qui fonctionne parfois pour les
mots d’ancien français comme un congélateur pour la nourriture lui a conservé
son sens ancien. Même si ce sens est considéré « old fashionned », le
substantif Bugger n’en continue pas moins de désigner un pédéraste, le verbe to bugger signifie encore « se
livrer à la pédérastie » et buggery garde
le sens de « sodomie ». Il faut cependant reconnaître que
substantifs et verbe voient leur sens original s’estomper pour, via des
expressions très familières, prendre de nouvelles acceptions dénuées de ces connotations
sexuelles.
Suivant le même schéma évolutif, ne pourrait-on pas
considérer qu’une des pires insultes qui soit de nos jours, l’abhorré fasciste, s’édulcore avec le temps et
fasse qu’une phrase comme «Ce Robert, c’est pas le mauvais fasciste, mais il
nous saoule avec son Trotsky » n’ait plus rien de paradoxal (ni de
choquant) ?
IMPORTANT : Toujours à l’écoute de
notre lectorat et désireux de mieux connaître ses motivations et ses attentes,
nous vous proposons de participer à un SONDAGE que vous trouverez en haut de la
colonne de gauche.
J'ai voté, et je me retrouve dans la majorité des 70%. J'avoue que ça m'embête un peu d'être dans une majorité quelconque... ;)
RépondreSupprimerOn se fait à tout, Jean-Jacques !
SupprimerJe suis fan de M. Hollande, bien sûr !
RépondreSupprimerJe m'en doutais depuis longtemps, Rémi !
SupprimerDe même que jadis le bougre était édulcoré en "b... " , peut-être faudrait-il commencer par écrire " f... ".
RépondreSupprimerDans un premier temps, ce serait préférable en effet.
SupprimerC'est bigrement intéressant tout ça ...
RépondreSupprimerIriez-vous jusqu'à bougrement, dans un élan d'enthousiasme ?
SupprimerJ'hésite... ce serait bougrement fort !
SupprimerBigre!
RépondreSupprimerPour accéder à votre blog "nouvelle formule", je suis obligé de passer par internet explorer, de là, aller chez Corto et vous trouver dans ses liens. Juste pour que vous sachiez que je ne répugne à aucun effort pour vous lire.
Je suis allé sur votre blog et j'ai vu que le lien vers mon blog "nouvelle formule" fonctionnait parfaitement ! L'auriez-vous modifié depuis ce commentaire ? Quoi qu'il en soit je vous remercie pour tous les efforts déployés !
SupprimerIl fonctionne mais je ne peux poster de commentaires élogieux et pertinents qu'en parcourant le labyrinthe que je vous décris.
SupprimerJe suis arrivé ici par votre lien et je parviens à écrire. Vous aurait-on jeté un sort ? Recommencez le lien ou essayez avec un commentaire injurieux, on ne sait jamais...
SupprimerJe ne comprends toujours pas pourquoi vous semblez vouloir -vos accointances avec la perfide Albion, je présume- pourquoi le terme de bougre renverrait plus à sodomite qu'à Bulgare. Êtes-vous tant dénué de cœur que vous refuseriez de parler de Leonarda comme d'une... bougresse ? (Je sais, c'est pas la Bulgarie mais la Rrrroumanie, mais c'est un peu bonnet gris et gris bonnet, non ?)
RépondreSupprimerCe n'est pas moi qui le dit mais nombre de dictionnaires. On peut d'ailleurs penser qu'apprenant que le roi de France était Bulgare, Ravaillac en eût été tout aussi contrarié.
SupprimerBeaucoup de Rroms venant de Bulgarie, les décrirait-on fidèlement en les appelant des bougres ou de pauvres bougres ?
Pour ce qui est des Anglais, je ne peux rien à leur conservatisme...
De nos jours sous la tutelle du grand françois, les bougres seraient les bienvenus!
RépondreSupprimerDifficile de vous trouver même en passant par Google qui nous renvoie sur l' ancienne formule, bougre de Dieu.
Mettez ce lien dans vos favoris ou sur un document word, ça devrait marcher !
Supprimerhttp://vudescollines.blogspot.fr/
... et "Bougresse" alors ? ... sodomite aussi ?
RépondreSupprimerOn peut supposer que la bougresse est l'infortunée épouse du bougre qui non seulement se voit humiliée par les mœurs pédérastiques de son conjoint mais se voit contrainte de subir elle même ses pratiques contre nature.
SupprimerIl est également possible d'envisager le cas où la bougresse serait la complice volontaire du bougre, prenant plaisir à ses débauches ou même qu'elle bat la campagne à la recherche de bougres susceptibles de satisfaire ses appétits pervers.
On ne plaindra jamais assez la première ni ne blâmera suffisamment la seconde.
Excellent!
RépondreSupprimerD'ailleurs j'ai toujours considéré M. le Maire de Paris, notamment, comme un bon bougre.
Amitiés.
Est-il si bon que vous le dites ?
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