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mercredi 13 novembre 2013

Les apprentis-sorciers



Une candidate FN compare Mme Taubira à une guenon. Une gamine se croit maline en proposant une banane à la guenon au passage de Mme Taubira. Un hebdomadaire d’extrême droite reprend ces mots sur le mode humoristique. Trois conneries qui déclenchent l’indignation à gauche, à droite, devant, derrière, au-dessus et en dessous. Trois conneries qui offrent à une gauche en pleine déroute l’occasion de réclamer qu’on musèle une parole qui se serait libérée et d’appeler  à sauver la République.

Autant de tempêtes dans le verre d’eau « politique ».

Qu’une candidate FN à des municipales soit une conne n’a rien d’étonnant en soi (c'est également fréquent dans les autres partis). Qu’on la vire est normal.

Qu’une gamine mal élevée sorte une sottise n’est pas rarissime. Que des parents débiles n’y trouvent rien à redire ou même s’extasient sur la précocité de leur progéniture quand celle-ci sort une connerie est tristement banal.

Qu’un journal s’empare d’âneries en les détournant plus ou moins habilement  pour attirer le chaland, certaines premières pages de Libé ou de Charlie Hebdo  nous y ont habitués.

Eh oui, mais attention, là on touche au sacré ! Il s’agit de racisme, le pire crime qui soit ! Soyons clair : je ne suis pas raciste. Pour moi, une couleur (ou la nuance) de peau (de quoi d’autre pourrait-il s’agir ?) n’a jamais été en soi un signe de supériorité ou d’infériorité.  Simple, non ?

Des racistes, il y en a eu, a et aura. De même qu’il y a eu, a et aura des assassins, des violeurs  ou des voleurs. Si la loi était une solution, il y a beau temps, vu l’ancienneté de celles réprimant le meurtre et l’assassinat, qu’on le saurait. On pourra légiférer et punir à tour de bras, tout au plus arrivera-t-on à faire taire.

Et puis je crois que si la parole « se libère », les antiracistes n’y sont pas pour rien.  Ces « braves » gens en faisant des constats les plus évidents d’impardonnables dérapages racistes banalisent le racisme. Prenons un exemple : un ministre pour avoir dit que Les Roms sont «des populations qui ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui sont évidemment en confrontation». Le MRAP le poursuit pour « incitation à la haine raciale ». J’avoue ma perplexité.  Si remarquer que le mode de vie des Roms présente d’évidentes différences avec celui du Français moyen et que celles-ci mènent  à des conflits de voisinage est assimilable à un appel à la haine, on est en droit de se demander  comment on qualifiera de véritables appels au meurtre visant tel ou tel groupe.

Voir du racisme partout revient à créer la confusion. Si tout est plus ou moins raciste, rien ne l’est vraiment. Si un ministre socialiste prononce des propos « racistes » on ne voit pas pourquoi le raciste de base, au nom de l’ « égalité républicaine », se priverait d’exprimer des propos qui le sont sans guillemets.

Et puis qui, sinon les antiracistes, montent en épingle de tels non-événements ? L’exclusion pour la candidate, une calotte pour la gamine et ses parents eussent dû suffire. Du coup, pas de Une à scandale.

Seulement, une gauche aux abois, rejetée par trois quarts des électeurs, a besoin d’un combat où il conserve un minimum de crédibilité. Elle pense avoir  tout à y gagner. Soit elle parvient à convaincre le bon peuple que tout ce qui est à droite de Mélenchon ou de la gauche du PS est un ramassis de fascisto-racistes (ce qui n’est pas bien du tout) et il revient vers elle, seul rempart de la République. Soit ça aggrave l’agacement que de plus en plus de Français ressentent face à la bien-pensance et ça renforce le FN, fournissant en 2017 au candidat socialiste une adversaire facile à battre.

Ce qu’elle n’envisage peut-être pas, c’est que ces deux stratégies échouent et que le seul résultat tangible du « combat anti-raciste » soit l’exacerbation des passions des extrémistes de tout poil et que ça clive encore davantage une société qui n’a pas besoin de ça.

Le problème avec les apprentis-sorciers est qu’ils se prennent souvent pour des maîtres et cela d’autant plus qu’ils perçoivent mal les conséquences de leurs actions.

17 commentaires:

  1. Raisonnement impeccable… même si ce billet manque cruellement de zombis.

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    1. Il est vrai que mes billets se caractérisent par une totale (et coupable, je dois l'admettre ) absence de zombis. Il faut dire que je regarde en général très peu de films et que je n'en ai jamais vu un où les zombis jouent le moindre rôle. De plus, le zombi est si rare dans le bocage que je n'en ai pas rencontré un seul en bientôt six ans.

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  2. En tout cas, vous allez voir, il va désormais falloir se déshabituer à
    user de l'expression "malin comme un singe", sous peine de poursuites pénales, tout de même.
    Seulement, quoi dire à la place? Malin comme un Socialiste? Hum, je ne le sens pas, celui-là. Tant pis, bien malin qui pourra trouver la solution...
    Amitiés.

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    1. On pourra cependant, et ce faisant on se rapprochera de la réalité, que tel ou tel politicard est bête comme une oie ou con comme une valise sans poignée. Pour fou, il n'y a pas de comparaison mais c'est l'impression que me laisse le discours de bien des socialistes.

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  3. C'est très bien, sauf que je vous trouve bien dur envers la charitable fillette qui, émue par la détresse de ... (censuré).

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    1. Je ne vois pas de discours caché dans le billet de Jacques.
      Il dit assez simplement que c'est bête de crier au loup pour une histoire pareille.
      Votre commentaire sous-entendrait-il qu'on dit ça parce qu'il faut le dire, mais qu'au fond... on n'en pense pas moins, gare aux censeurs et aux commissaires politiques aux pieds de plomb ?

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    2. @ Michel : Il faut parfois savoir se monter dur;

      @ Suzanne : Mon ami Michel n'a rien d'un commissaire politique, rassurez-vous : c'est de l'humour.

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  4. Vous devez, vous aussi, être malin comme un singe car je me demande ce qui vous permet d'écrire, qu'en 2017, la candidate FN sera "une adversaire facile à battre" ?

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    1. J'ai écrit au paragraphe suivant que ces deux stratégies pouvaient échouer. Par là, j'envisageais que même confrontés à MLP, ils pouvaient échouer.

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  5. Et bien moi je les trouve un peu tarés chez Minute. Quelle mouche les a piqués ?
    Du mauvais Hara Kiri, qui ne méritait que le dédain.

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    1. Plutôt que de s'interroger sur le type de la mouche et d'évaluer les mérites comparés d'une "plaisanterie" de Minute et de Charlie Hebdo, je pense qu'on devrait s'interroger sur ce qui pousse la gauche à en faire un tel plat et la droite (FN compris) à lui emboiter le pas.

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    2. " [...] ce qui pousse la gauche à en faire un tel plat ". Ne cherchez pas plus loin, c'est encore un coup de la gauche cardiaque (©Didier Goux), qui transforme un boudin antillais en banana split.

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  6. Pendant ce temps là on ne parle pas des problèmes qui fâchent vraiment..

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  7. Maintenant quand je parlerais à ma tendre moitié, je vais devoir exclure de mon vocabulaire beaucoup de mots et surtout ne plus acheter de bananes.

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  8. Je n'ai pas compris pourquoi traiter quelqu'un de singe serait une insulte
    raciste. C'est une insulte mais pourquoi raciste. Si quelqu'un me traite de singe je comprendrais qu'il me considère comme un crétin sous-développé mais il ne fait pas référence à ma race.

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