Il faut le reconnaître, je lis de moins en moins. Ou plutôt
je lis moins de livres car pour ce qui est du Net, j’y lis beaucoup. Des
statuts FB me mènent à des articles. Ma Liste de blogs vers des billets.
Toutefois, j’ai du mal à lire articles ou billets, dès qu’ils dépassent une
certaine longueur. Je me lasse vite, sauf quand leur style ou leur contenu m’encourage
à persévérer. C’est rare.
Je me souviens de cette phrase de mon professeur de
littérature comparée à l’Université de Tours, M. Pierre Citti : « Dans
une thèse, il y a au mieux deux ou trois idées, le reste c’est du remplissage ».
Ce bon maître (il fut bien le seul à se voir applaudi en fin de cours par des
étudiants enthousiastes) était un homme brillant, cultivé et honnête. Il se
montra sceptique sur la valeur de l’Agrégation qu’il nous avoua un jour avoir
passé de nombreuses fois avant de l’obtenir. Ironiquement, il se trouva présider
le jury de ce même concours plus de trente ans après ces propos iconoclastes. S’il
y a si peu d’idées dans tant de pages, à quoi bon les lire toutes ? Un
résumé suffit. Sans compter qu’il est tout à fait envisageable d’écrire une
thèse défendant un point de vue diamétralement opposé et de même volume. Voilà
pour les ouvrages « sérieux ».
Pour ce qui est de la fiction, si elle peut être le vecteur
d’une, de plusieurs ou d’un fourmillement d’idées, pour que je parvienne à en
lire, encore faut-il que le style, le rythme, la manière de maintenir le suspens (par cela j’entends
simplement « l’envie de connaître la suite »), la capacité à faire
naître un sourire ou éclater un rire soient au rendez-vous. Sinon, je m’ennuie
et y mets fin bien vite. Car
contrairement au temps de ma lointaine jeunesse où il m’eût semblé sacrilège de
ne pas mener à son terme toute lecture entamée, si ennuyeuse fût-elle, je n’hésite
pas à abandonner rapidement un auteur
qui me lasse. Peut-être ai-je perdu cette forme d’espérance qui fait croire qu’à
force de persévérance on finira bien par trouver des pépites dans un filon manifestement peu aurifère.
Une chose m’apparaît de plus en plus clairement : je ne
lis que pour le plaisir et pour passer le temps agréablement. Je n’attends que
peu d’enrichissement de cette activité. Ne serait-ce que parce que ma mémoire sélective a tôt fait de
rejeter connaissances, intrigues et personnages dans ce
même trou noir d’oubli où disparaît tout ce qui ne m’est pas essentiel. C'est-à-dire
beaucoup de choses. N’ayant plus grand-chose à prouver, vivant en quasi-ours en
un quasi-désert, à quoi me servirait de tenter de retenir d’évanescentes « émotions » ?
Je relis plus que je ne lis. J’envie à certains grands
lecteurs de mes amis leur capacité à conserver intacte cette curiosité (soif de
savoir qui, selon les Anglais, a tué le chat) envers la nouveauté. Seules des rencontres fortuites ou des
recommandations me mènent à des découvertes qu’elles soient heureuses ou
décevantes. Dans le premier des cas,
comme ici,
là,
ou là
je les partage mais les savoure plus que je ne les dévore. Le glouton que j’étais
s’affinerait-il en gourmet ? Vienne
le jour où cette même tendance m’amènera à préférer, en matière de whisky comme
d’autres boissons fortes la qualité à la quantité… Mais c’est une autre
histoire.
Il est vrai que le temps passé sur le web s'impute en négatif sur la lecture. Le mieux consiste à ne taper qu'à coup sûr en évitant d'essuyer les plâtres, si vous voyez ce que j'essaie maladroitement d'exprimer.
RépondreSupprimerJe relis beaucoup, aussi...
Amitiés.
Je n'ai pas bien saisi ce que voulait dire "ne taper qu'à coup sûr en évitant d'essuyer les plâtres".
SupprimerA part M.Pierre Citti, j'aurais pu écrire à peu près le même article si j'en avais eu le talent. Car en plus de ne plus beaucoup lire, je suis incapable de dire pourquoi je ne lis plus, sauf à reconnaître que plus rien ne m'intéresse assez.
RépondreSupprimerSe pourrait-il qu'il y ait un temps pour lire et un temps pour écrire, chacun écrivant dans son âge mûr à la mesure de la qualité (et peut-être aussi de la quantité) de ce qu'il a pu lire dans son jeune âge ?
Et quand vous écrivez : "... il m'eût semblé sacrilège de ne pas mener à son terme toute lecture entamée..." cela me fait me souvenir que vers dix ou douze ans j'avais lu d'un bout à l'autre "Les Grandes Espérances" sans avoir rien compris à ce que je lisais. J'étais mue par une espèce de fascination pour ces personnages que je ne comprenais pas.
Je ne suis jamais retombée sur ce livre, si bien que je me demande l'effet qu'il me ferait aujourd'hui ?
Great Expectations est un très bon livre. Dire que vous prendriez plaisir à le lire aujourd'hui serait cependant s'aventurer...
SupprimerParfait billet ( qui a regardé "là" soupçonnera la pureté de mon enthousiasme) mais je pense , Jacques , que ce sont les lectures qui font sourire qui sont les plus enrichissantes (enfin, souvent)....
RépondreSupprimerQuestionner la pureté de votre enthousiasme ne viendrait qu'à l'esprit d'êtres mesquins et dépourvus d'objectivité. Je partage votre avis sur le côté enrichissant des lectures qui font sourire. Trop de "sérieux confine à l'austérité laquelle engendre bien vite l'ennui.
SupprimerJe constate que moi aussi en vieillissant, je lis de moins en moins et que je passe beaucoup (trop ?) de temps sur le net.
RépondreSupprimerComme vous également, j'aime les billets courts et précis. En littérature, je me tourne de plus en plus vers les nouvelles.
C'est comme si j'avais besoin d'aller à l'essentiel.
Les nouvelles sont en effet de lecture agréable pour les impatients lecteurs que nous sommes en passe de devenir.
SupprimerJe lis mais souvent dans les transports, la tête des gens me deviendt insupportable.
RépondreSupprimerJe lis souvent le même genre d' ouvrage, sur l'histoire souvent celle des armes, des armées et des campagnes militaires.
J'ai bien essayé d'autres styles mais au bout de quelques pages , je me lasse, la BD m'offre parfois d'excellentes surprises comme la dernière que j'ai lue " A bord de l'étoile matutine" me fit passer un bon moment sinon la Sf lais là, il y a tellement de bouse que c'est joué à la roulette russe.
Je crains que la SF (que je ne lis pas) n'ait pas le monopole des bouses...
SupprimerJe me suis fait avoir par Finkelkraut, Neuhoff et Beigbeder qui me recommandaient chaudement la lecture de James Salter "Un bonheur parfait" lors de l'émission Réplique. En fait, la chose est inouïe, toute l'émission était consacrée à ce livre.
RépondreSupprimerJe lis. Bon, c’est la sempiternelle histoire d’un intellectuel bourgeois américain en pleine crise maritale et existentielle. Pour le style, rien qui ne me procure du plaisir. C’est de l’anglais traduit en français.
Abandon à la page 200( quand même). Incompréhension totale.
Au fait dans les romans américains les héros ont toujours des professions du genre, prof d'université, avocat, écrivain, médecin,journaliste, mais l'artisanat par exemple n'est jamais représenté.
Je suis échaudé mais vous m'avez convaincu d'acheter puis peut-être de lire Steve Tesich.
J'espère que non seulement vous lirez mais apprécierez ce livre. Après tout, mon anti-américanisme primaire aurait dû m'éloigner de cette lecture...
SupprimerBillet un peu long, je ne l'ai pas fini, j'ai préféré lire des brèves sur 20minutes.fr
RépondreSupprimer:)