Ce matin, quand je me suis réveillé,
j’ai vu qu’il s’apprêtait à faire jour. Je ne fis ni une ni
deux pour me lever car j’étais bien décidé à me rendre au
cabinet de soins infirmiers afin qu’on m’y fasse une prise de
sang histoire de voir si, après avoir cessé de prendre le
médicament contre l’hyperthyroïdie et celui qui était censé
l’avoir provoquée, mes TSH, T4 libres et d’autres bestioles de
ce genre étaient revenues à de meilleurs sentiments.
Je
dus me hâter car ma montre indiquait 7 heures 35 et que la
permanence des infirmières prenait fin à 8 heures. Encore à moitié
dans le coaltar, je parvins cependant à m’habiller, à retrouver
mon ordonnance, à remplir l’attestation et d’un coup de voiture
à me retrouver au cabinet à 7 h 50. Je fus un peu surpris de voir
que le bureau d’accueil était vide alors que d’ordinaire tous
les sièges y sont occupés jusqu’à 8 h et plus. Une personne était
cependant dans le cabinet de l’infirmière. J’attendis donc un
peu et échangeai quelques mots avec la secrétaire.
Conversation
intéressante ! La bonne dame (j’allais dire brave, mais son
discours m’indiqua que sa bravitude était en bien piètre état)
me tint des propos qui donnaient à ceux que nous tiennent les plus
alarmistes commentateurs médiatiques l’impression de refléter un
optimisme exagéré. Selon elle, il suffisait qu’un membre d’un
foyer soit contaminé pour que tous ses membres se retrouvent
illico-presto en réanimation. Je lui exprimai mon scepticisme quant
à ses affirmations. Elle me répliqua que ce qu’elle disait était
basée sur des observations locales, des cas réels et non sur ce
qu’on disait à la télé. Qu’elle s’empressa de me dire ne pas
regarder. J’en restai pantois.
Car,
si on en croit la carte en temps réel de la progression de
l’épidémie, il n’y avait au 7 avril dans l’ensemble du
département de la Manche que 66 personnes hospitalisées dont 23 en
réanimation et qu’on n’y déplorait depuis le début de la crise
que 17 morts. Le département comptant 500 000 habitants, ces
chiffres sont tout de même très faibles. A croire que l’essentiel
des intubés venait de Sourdeval ou de son canton qui seraient un
mini-cluster départemental. Ce qui serait étonnant vu le faible
peuplement et la faible densité de notre coin du Sud-Manche. J’eus
beau lui dire que la plupart des diagnostiqués positifs n’étaient
pas hospitalisés, que moins d’un tiers de ces derniers étaient en
réa, rien n’y fit : c’était ce que racontait la télé
qu’elle n’écoutait pas, point barre.
J’avoue
qu’une telle réaction me laisse songeur, moi qui pensais que la
cause essentielle des frayeurs qui parcourent notre beau pays était
le battage médiatique autour de l’épidémie. Et puis je me suis
souvenu que lors de ma précédente visite, le 27 février, cette
même personne m’avait annoncé qu’un cas de Covid-19 avait été
diagnostiqué à Vire. Renseignements pris, il s’agissait seulement
d’une employée de la poste qui, ayant passé des vacances en
Italie, s’était vue prescrire une période d’isolement. Ainsi,
pour certains, un isolement devient cas, un infecté et tous ses
proches se transforment en quasi-mourants. Pas étonnant que le
cabinet soit moins fréquenté !
Ça
me rappelle une expérience que je fis, adolescent : un camarade
de lycée m’annonça être passé devant chez moi la veille. Ma
fantaisie me dicta de lui demander s’il avait vu l’accident. Bien
sûr, qu’il l’avait vu ! Il fut même en mesure de me
fournir des détails précis sur cet événement totalement
imaginaire…
Nous
sommes dans un pays cartésien, tout le monde le sait. Il me semble
cependant qu’en matière de rationalité certains ont encore de
menus progrès à accomplir.
Tiens, cela me rappelle un camarade qui se mettait à raconter, à voix haute, les conneries les plus monstrueuses qui lui passaient par la tête, mais du ton le plus sérieux et sentencieux, lorsque nous étions assis dans un wagon du métro.
RépondreSupprimerTout le plaisir de l'exercice était de voir nos voisins de banquette tendre l'oreille pour suivre la conversation...
Vendémiaire.
C'est un exercice amusant en effet.
SupprimerJe ne trouve pas très malin de votre part d'expliquer urbi et orbi qu'il y a très peu de contaminés dans votre coin, alors que tout le monde sait que les Parisiens sont encore à l'affût de la première occasion de quitter leur capitale contaminée au-delà du descriptible puisqu'on n'a pas de tests.
RépondreSupprimerVous savez, Mildred, depuis qu'à Paris ils on l'internet, ils ont accès aux cartes de l'épidémie.
SupprimerLa personne à laquelle je dédie cette chanson saura se reconnaître :
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=sxzlkQnG-No
Personnellement je ne vois pas qui vous inspire cet amour destructeur. Ressaisissez vous !
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