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mardi 28 avril 2020

Shopping


Ce matin, je me suis rendu au magasin de bricolage-jardinerie du village. J’avais vérifié leur ouverture hier, avant de tenter de m’y rendre. Tentative avortée suite, je suppose, à la contamination de ma batterie par le Covid-19 qui la laissa dans un état de faiblesse extrême la rendant incapable de faire fonctionner le démarreur. Tôt ce matin, pour rendre un peu de ses forces à l’accumulateur défaillant, je le branchai sur un réanimateur (aussi nommé chargeur). Deux heures plus tard, requinqué, il répondit à ma sollicitation et permit au moteur de démarrer. Je le laissai tourner quelque temps avant d’aller faire mes courses.

Arrivé au magasin, je vis que pour y accéder, il fallait passer par la réserve, l’entrée étant réservée à la sortie comme il convient dans un monde où on marche sur la tête et réfléchit avec ses pieds. Sur ma liste d’achats, des graines de haricots, des tuteurs pour mes pieds de tomate, un paquet de colle à papier peint et un pot de peinture. J’aperçus dès l’entrée une affiche expliquant que pour pouvoir acheter d’autres articles, il fallait auparavant en acheter de « première nécessité ». Doutant que tuteurs, colle et peinture en fassent partie, je me le fis confirmer par un employé qui m’expliqua que mes haricots pouvaient être considérés comme tels ainsi que tout plant de légume. Pour faire bonne mesure j’achetai donc, en plus, quatre plantules de choux-fleurs. Bien qu’ayant rarement connu le succès avec ce légume, je me dis que ça ferait toujours plaisir aux piérides que j’en cultive. Je pus donc passer à la caisse sans encombre, sortis par l’entrée, mis piquets et colle dans le coffre et me rendis à la station-service acheter une bouteille de gaz.

Peut-on considérer un achat de plus extrême nécessité que le gaz ? Ça se discute. Après tout, est-il essentiel de manger chaud et de cuisiner ? De plus, cette bouteille était destinée à servir de réserve au cas où mon autre bouteille viendrait à se vider. Possédant par ailleurs une plaque électrique, un four du même métal et un micro-ondes, une rapide enquête aurait permis à tout gendarme un brin consciencieux de vérifier que cet achat n’avait rien de vital. N’écoutant que mon courage, je courus le risque.

Avant de rentrer, je m’arrêtai au bureau de tabac. Le buraliste dès qu’il me vit plongea sous son comptoir afin d’y trouver une de ces cartouches que je lui achète depuis plus de dix ans. Je mis fin à ses recherches en lui expliquant que ma visite n’avait pour but que de m’enquérir du moment où il recevrait des masques. A quoi il me répondit qu’il n’en avait pas la moindre idée et que personne ne l’avait contacté à ce sujet. Je pus ainsi constater que tout était sous contrôle et qu’au cas où le masque serait déclaré obligatoire, nous serions fin prêts pour le déconfinement.

Nous vivons une époque formidable dans un pays qui ne l’est pas moins !

8 commentaires:

  1. Plaignez -vous, Oncle Jacques, au lieu de vous réjouir de n'avoir, en aucune façon, besoin de serviettes hygiéniques qui, comme vous le savez, sont considérées comme n'étant pas de première nécessité. A la réflexion c'est dommage, parce que je suis sûre qu'avec votre inventivité vous auriez eu tôt fait de trouver le moyen de transformer les dites serviettes en masques !

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    1. Je pensais qu'on était sur le site de Nicolas J et allais écrire: "Avant ou après usage la transformation ?". Mais vu le haut niveau de rigueur de ce site, je ne me permettrai pas de l'écrire... Dont acte.

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    2. @ Mildred : le défi me parait facile à relever.

      @ Alix : Merci d'avoir respecté la haute tenue des lieux, fût-ce au prix d'une prétérition.

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  2. Monsieur des Collines

    En cette période difficile (où la "star" de l'année n'est autre qu'une saloperie de virus) il est beau de constater que des personnes ont la grandeur d'âme d'acheter des plants de choux-fleurs pour "faire plaisir aux piérides".
    Quelle conscience des besoins d'autrui ! Quelle générosité ! Quelle grandeur d'âme !

    Les piérides vous remercient (même si ce ne sont que des saloperies de nuisibles, comme notre virus "star")

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    1. Merci pour ce fervent hommage qui me va droit au cœur !

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  3. L'encre pour imprimante qui permet d'imprimer des permissions de sortie est-elle considérée comme un bien de première nécessité...
    répondez-moi, s'il vous plait, mon dernier stylo-bille est déjà presque vise.

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    1. Amazon et consorts ayant été autorisés à en livrer, je suppose que oui.

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  4. Je comprends les attentes des Français dont vous vous faites le héraut. Seulement, suite au trouble créé par ces curieuses disposition, j'ai oublié de la présenter !

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