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mardi 20 mai 2014

Légiférez, légiférez, il en restera toujours quelque chose…



Devant un hémicycle quasi-vide, on défend une proposition de loi sur la famille qui semble ne pas faire l’unanimité. Des associations, féministes ou de papas frustrés, la trouvent insuffisante. Il y serait question de définir un statut des beaux-parents, d’établir une double domiciliation. Que de bonnes idées ! C’est vrai, ça doit être extrêmement pénible pour un parâtre ou une marâtre de ne pas avoir de statut.  Je suppose que le beau-frère, la tante par alliance et le cousin à la mode de Bretagne doivent connaître les mêmes affres. Pas de statut, vous vous rendez compte ?  Quant à  la double domiciliation, elle serait censée apporter aux enfants d’époux séparés le confort inouï d’être chez eux chez leurs deux parents. Comme le proverbial charbonnier, ils se trouveraient donc maîtres en deux lieux. Si avec ça ils n’atteignent pas une parfaite félicité, on se demande ce qu’il leur faudrait…

J’ai moi-même divorcé deux fois. De mon premier mariage est née une fille qui a été, continue d’être et sera pour moi une source de multiples satisfactions. Lorsque sa mère et moi nous sommes séparés, elle n’avait que cinq ans. S’ensuivit un divorce réussi, du moins aussi réussi que peut être un événement ayant pour origine une profonde déchirure… Le jugement ne stipula aucun droit de visite pas plus qu’il ne fixa la moindre pension alimentaire. Ce qui pouvait s’expliquer par le fait que j’habitais alors à Londres et que mes moyens ne m’auraient aucunement permis de venir chercher ma fille un week-end sur deux. Je crois que pour le reste, mon ex-épouse savait que je ferais mon possible en fonction de mes rentrées. Et il n’y eut jamais le moindre problème. Ma fille me rejoignait par avion lors de vacances. Elle vint même passer un trimestre dans l’école de mon quartier ce qui lui permit d’atteindre très jeune un niveau d’anglais courant. De retour en France, je venais la chercher puis la ramener chez sa mère ce qui me permettait de parcourir mille kilomètres par week-end et de fatiguer mes automobiles. La philosophie était simple : je pouvais voir ma fille tant que je voulais. Et comme je le voulais beaucoup…  Quand à la pension, elle varia en fonction de mes vicissitudes mais grosso-modo fut  en hausse permanente, ne serait-ce que parce qu’être étudiante à Paris coûte davantage qu’aller à la communale.

De tout cela, il ressort qu’entre ma fille et moi, le lien ne fut jamais rompu. Elle va fêter cette année ses trente ans. Nous nous téléphonons longuement de temps à autre, vivant assez éloignés l’un de l’autre nos rencontres sont espacées mais très agréables.

Tout cela me conforte dans l’idée que, du point de vue de l’intérêt de l’enfant,  la « réussite » d’une séparation ne saurait trouver sa source dans un quelconque article de loi. J’irai même jusqu’à dire que c’est le contraire qui se produit : plus les détails seront précisés, plus cela créera de possibilités de conflits. La seule chose qui puisse y aider est  que les parents n’aient en vue que le bien de leur(s) enfant(s) et soient dotés d’un minimum de rationalité. Si, pour une raison ou pour une autre, ils font de leur progéniture l’enjeu de conflits mal réglés, les seuls bénéficiaires des nouvelles règles seront les avocats chargés de défendre les intérêts de l’une et l’autre partie.  Quant à déléguer via un « mandat d’éducation quotidienne » un semblant d’autorité parentale au nouveau conjoint, je n’en vois pas l’utilité. Là encore, le simple bon sens devrait présider.   


Mais que faire pour des gens qui après de  longues années de distraction, s’aperçoivent soudain qu’ils ont épousé un (e) parfait (e) ahuri(e) dont il est urgent de limiter la néfaste influence sur les chères têtes blondes ?  A moins que l’on ne promulgueune loi prohibant  d’épouser, de cohabiter et surtout de procréer avec  de complets  abrutis ?

26 commentaires:

  1. Ce besoin de plus en plus répandu des gens d'avoir un "statut", reconnu par la loi est à la fois inquiétant et pathétique.

    Un beau-père est beau-père dans les faits, quoiqu'en dise la loi. Y-a-t-il sérieusement des gens qui ne se sentent pas complètement beau-père, grand-père, belle-mère ou que sais-je parce qu'aucun article du Code civil ne leur donne un statut ? Se rend-t-on compte de la profonde absurdité de telles réflexions ?

    Très bon article en tout cas, vous avez parfaitement raison en expliquant que la multiplication des textes et des détails va multiplier les occasions de conflits.

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  2. Parfaitement inutile en apparence, le statut de beau-parent fait pourtant l'objet d'un projet de loi.
    Il y a donc une base idéologique, mais je n'arrive pas à voir clairement laquelle. Vous n'avez pas une petite idée?

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    1. Je crois que la "base idéologique" est d'inscrire dans les faits la multiparentalité.

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    2. L'hypothèse de Mildred est vraisemblable.

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  3. Mmh il y a des cas où la loi peut aider : hospitalisation de l'enfant (C'est parfois très dur de faire entendre à un personnel tête de mule en blouse blanche que le beau-papa/la belle-maman est à même de prendre des décisions). En dehors de ça, j'aime toujours autant votre façon de voir la vie...

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    1. Merci pour votre appréciation.
      Maintenant, pour ces histoires d'hospitalisation, de deux choses l'une : soit le gamin ou la gamine est en état d'urgence et dans ce cas je doute qu'on demande l'avis de qui que ce soit pour le soigner, soit c'est plus bénin et on a le temps de solliciter l'autorisation du parent "responsable".

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    2. Eh si, on demande,n croyez-en une maman hélas bien concernée

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  4. haha j'adore le ton! :) ceci dit, je pense que cela fait plus réference à la paranoia des écoles qui ont peur de faire une boulette en confiant un enfant à n'importe qui et que l'on puisse se retourner contre eux. C'est donc plutôt à ce dernier état de fait qu'il faudrait remedier, et non à légiférer davantage!

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    1. Une manière comme entre autres d'ouvrir le parapluie...

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  5. Je crains qu'une loi de cette nature ne sonne définitivement le glas du mariage. Le jour où il sera interdit d'épouser des abrutis, nos concitoyens et surtout nos concitoyennes se trouveront fort dépourvus...en revanche cela pourrait bien résoudre le triste problème du divorce.
    Amitiés.

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    1. Je crains qu'il soit difficile de déterminer qui est abruti et qui ne l'est pas : on ne nait pas abruti, on le devient. Voir ma réponse à La Mouette.

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    2. Allons, allons, il y a des gens qui naissent abrutis... Moi je crois à la génétique....

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  6. "Mais que faire pour des gens qui après de longues années de distraction, s’aperçoivent soudain qu’ils ont épousé un (e) parfait (e) ahuri(e) dont il est urgent de limiter la néfaste influence sur les chères têtes blondes ?"

    Bin fallait y réfléchir avant d'épouser ou de vivre en couple avec.
    Et ne pas se laisser faire un enfant dans le dos (oubli de pillule et toussa...)

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    1. J'ironisais : ça m'a toujours amusé de voir des gens transformer en abruti(e) congénital(e) la personne avec laquelle elles avaient vécu de longues années, parfois heureuses. Il me semble que le temps fait que dans un couple on peut évoluer différemment. Les circonstances (économiques, professionnelles etc.) jouent également un rôle. N'empêche que cracher sur ce qu'on a adoré me paraît ridicule.

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  7. Une histoire de cornecul! Faut-il ou non envoyer l'enfant en stage linguistique à Düsseldorf (un exemple)? La mère hésite, le beau-père est contre, le père est pour et sa nouvelle femme (la belle-mère) préfèrerait l'envoyer à Edimbourg. On n'est pas sorti de l'auberge! Et ce n'est pas le statut officiel de tous ces gens qui va permettre de statuer.

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  8. Je crois que beaucoup de gens pourraient vous envier la manière dont s’est passé votre premier divorce, maître Jacques. Il est à craindre que ce soit souvent beaucoup moins paisible.
    Bien sûr vous avez raison sur le fait que toutes les lois du monde ne seront jamais qu’un substitut très imparfait au bon sens et à la bonne volonté des individus. Mais dans le même temps, il est inévitable que la plupart des séparations ne soient pas aussi paisibles que la vôtre.

    Par conséquent plus les divorces ou les séparations se multiplient et plus les pouvoirs publics seront amenés à intervenir et à multiplier les lois maladroites et intrusives pour essayer de régler les problèmes posés par ces séparations que les intéressés eux-mêmes ne parviennent pas à régler.

    C’est le paradoxe : plus on prétend « libérer » les individus en facilitant divorces et séparations, en réduisant les obligations légales liées au mariage, et plus les pouvoirs publics seront interventionnistes ex post pour régler les problèmes liés aux ruptures.
    Sans compter que l’effondrement de la structure familiale conduira inévitablement au développement de l’Etat-providence qui tentera, là aussi avec peu de succès, de prendre en charge les diverses fonctions que jouaient la famille.

    Quant à la loi qui prohiberait de procréer avec de parfaits abrutis, elle ne saurait bien évidemment jamais exister, mais la difficulté de divorcer est un substitut plausible à une telle loi. Parce que la difficulté de se séparer devrait vous inciter à réfléchir à deux fois avant de convoler en juste noces.

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    1. Figurez vous que la mère de ma fille et accessoirement votre serviteur ne sont pas de complets imbéciles. C'est même pour ça qu'ils se sont choisis et qu'ils ont vécu ensemble d'heureuses années. La dixième de celles-ci les amena à concevoir un enfant. Et puis des événements extérieurs firent que les choses se détériorèrent. Les circonstances sont une chose, les personnes en sont une autre.

      Sur la facilitation du divorce, je suis d'accord avec vous pour reconnaître qu'elle ne fait que compliquer les choses. Je suis assez ennemi du divorce. Si ça n'avait tenu qu'à moi, je n'aurais pas divorcé. D'ailleurs, selon l'Église, je ne le suis pas.

      De là à ce que l'état providence se sente en charge du bien être des victimes des lois qu'il promulgue, il y a un pas. Ne pourrait-il pas se contenter de ses fonctions régaliennes ?

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    2. "Les circonstances sont une chose, les personnes en sont une autre."

      Oui, bien sûr. C'est bien pourquoi interdire le divorce ne serait pas sage (je laisse de côté l'aspect religieux de la chose pour parler uniquement à la lumière naturelle, comme disaient les philosophes). Il faut laisser une possibilité aux couples qui ne se supportent réellement plus de se séparer. Mais nous sommes certainement allés beaucoup trop loin dans cette voie du divorce facile.

      Quant à ce que l'Etat se contente de ses fonction régaliennes, ce serait sans doute le mieux, mais lorsque les familles sont détruites il faut nécessairement qu'une institution prenne le relais pour remplir les fonctions qu'elles assuraient. Les pouvoirs publics vont donc intervenir. Mais bien sûr ils ne sont qu'un très pauvre substitut aux familles - et plus ils interviennent, plus ils fragilisent les familles. C'est le cercle vicieux dans lequel nous nous trouvons.

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  9. certaines idées dans cette loi sont parfaitement stupides ! par exemple, demander la permission à l'ex conjoint de déménager, quand à la garde partagée elle n'est pas toujours applicable facilement quand on sait que cela veut dire ne jamais déménager ...ne jamais changer de pays où de boulot et en plus menacer de représailles et amendes n'a pas fini de faire travailler avocats et juges !
    déjà prendre de bonnes mesures pour les pensions alimentaires et les ex défaillants en se rendant insolvables ( j'ai bien connu ) serait beaucoup plus intelligent

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    1. Se rendre insolvable pour éviter d'entretenir ses enfants me paraît moralement condamnable et accessoirement stupide. A moins bien entendu de considérer que les enfants sont une charge plus qu'une source de bonheur voire une raison de vivre...

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  10. Pendant que les députés légifèrent sur ces faits de société, on ne parle pas de chômage et autres sujets qui pourraient amplifier la future raclée aux européennes que le PS va se manger.

    Sur le fait qui doit s'occuper des enfants après un divorce, normalement les parents devraient être assez aimant pour faire taire leurs différents mais là je suis en plein rêve.

    Imaginons simplement une famille multi-recomposée dont les enfants sont plusieurs parents différents, les deux premiers enfants de l' épouse du nouveau couple, de deux pères différents, les deux enfants du maris de ce couple aimant de deux mères différentes, vous suivez toujours si ce dernier couple au bout de trois années se sépare, on est pas dans la mouise.

    Docteur deux alka-zeltzer.

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  11. En lisant ces commentaires j'ai l'impression d'être au pays des bisounours. La loi sur la famille a quand même été réclamée par des pères qui sont restés des jours entiers perchés sur des grues. On fait quoi avec ces pères là. On les ignore au pays des bisounours et du saint mariage religieux.....

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  12. et si ce sentiment soudain de mieux reconnaitre les conjoints nouveaux du parent divorcé ne cachait que le prochain grand pas , rendre vraiment parent la femme de maman et le mari de papa...

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