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vendredi 28 juin 2013

Tout pour être heureux !



Je vis dans un endroit un peu rude au climat versatile mais toujours frisquet qui pour moi est un paradis. Peu de voisins, pas d’autres bruits que ceux des engins agricoles, des ruminants et de ceux qui les escortent, peu de circulation, pas d’insécurité. Je n’ai que cinq kilomètres à parcourir pour atteindre une petite ville pimpante où se trouvent les commerces essentiels et quinze pour  rejoindre Vire où l’on trouve tout (et le reste).  Je dispose de moyens tout à fait adaptés à mes besoins réduits. Je possède une charmante petite maison bien confortable entourée d’un jardin qui fait mes délices. La retraite me permet ce luxe inouï qu’est l’absence d’horaires (ce n’est pas moi qui irais m’imposer les contraintes qu’implique l’appartenance à  une quelconque association !). J’ai,  depuis dix ans, à mes côtés une compagne avec qui je ne partage que les meilleurs moments et qui m’accepte tel que je suis. Ma fille, bien que je la voie peu pour cause d’éloignement, m’apporte touts les satisfactions qu’un père peut espérer. Ma santé est correcte (surtout pour quelqu’un qui ne s’est jamais soucié d’une quelconque hygiène de vie).  Le Net me permet, outre le plaisir d’écrire,  d’agréables contacts virtuels avec des gens dont je chercherais en vain les pareils dans mon environnement. Bref que demander de plus ?

Et malgré tout ça, au lieu de ronronner calmement en affichant des convictions « généreuses » comme fait le bon hypocrite, je suis un affreux « Réac » !  Au lieu de me réjouir du changement de population et du fabuleux enrichissement qu’il implique, au lieu de saluer l’émergence de nouveaux droits, au lieu de pleurer sur les immenses fautes historiques de mon pays, au lieu d’envier les riches et de prétendre aimer les pauvres, au lieu de nier l’insécurité croissante, j’ose affirmer que l’ancienne population me suffit, qu’accorder certains droits à certaines personnes est absurde, que porter des jugements moraux sur l’histoire est ridicule, que je me fous de l’égalité économique, que ce qu’on nomme pudiquement des « incivilités » pourrit la vie de ceux qui en sont victimes !

On se demande bien pourquoi. Surtout que mes conditions de vie et mon environnement me mettent à l’abri des turbulences du monde réenchanté qu’on nous concocte.  A cette objection, je répondrai que mon bonheur est choisi. Rien ne m’a prédisposé, sinon mon caractère solitaire et mon histoire personnelle, à  vivre en des lieux écartés. Que ce qui fait mon bonheur conduirait maintes personnes à l’ennui et à la neurasthénie.

C’est donc par pur altruisme, parce que je pense que ceux qui n’ont ni la possibilité ni l’envie de partager mon style de vie ont eux aussi le droit de vivre paisiblement que je m’oppose à ce qui, selon moi, mène notre civilisation à des catastrophes  plutôt qu’aux joies ineffables d’un paradis bisounoursique.  Je pourrais m’en foutre, me dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, que tant que les conséquences de choix désastreux n’affectent pas ma tranquillité, peu m’en chaut. Je pourrais également me taire ou faire semblant de hurler avec les loups tout en n’en pensant pas moins.

Seulement, si j’exprime certaines positions, c’est que je suis bavard et qu’attendre d’avoir le feu chez soi pour « lutter » contre, ou simplement constater l’incendie me paraît le signe d’une grande légèreté voire d’une totale inconscience.

17 commentaires:

  1. J'aimerais bien vous envier, malheureusement j'adopte -du moins ai-je la chance de pouvoir adopter- la même philosophie. C'est mal, c'est assurément très très mal. Heureusement que la poutre dans mon œil me le rappelle régulièrement. Ceci dit, je n'ai pas l'impression que la paille dans celui des chantres du progrès, du vivrensemble et du mariagepourtousse soit plus confortable :'-(

    Ni moins déformant -)

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  2. Réponses
    1. Merci M. Desgranges. Je ne sais si ce compliment est mérité mais il m'aura au moins permis de découvrir votre blog dont je viens de lire et d'apprécier tous les textes.

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    2. Et puis, vous êtes bas-normands tous les deux : ça crée forcément des liens…

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    3. Bas-normands ? Presque voisin ! A quand le café et les discussions autour des fleurs et du jardin ?

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    4. @ Didier : La Basse-Normandie regorgerait-elle de réacs iconoclastes ?

      @ Blandine : N'allons pas trop vite en besogne : je suis un ours, ne l'oubliez pas !

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  3. C'est tout à votre honneur, assurément.
    Et dire que votre altruisme désintéressé apparaît totalement nauséabond à l'aune de la bien-pensance politiquement correcte qui nous engloutit dans sa
    viscosité guimauvéenne!
    Raison de plus pour persister dans une saine réaction,
    d'autant plus qu'elle ne vous empêche aucunement de cultiver votre jardin.
    Amitiés.

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    1. Tout ça est logique : ces gens-là ne comprennent rien aux écrits, vous accusent de soutenir ce que vous condamnez, prennent les loups pour des chiens et de manière générale mélangent tout.

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  4. À chaque fois que je pense à vous j'éprouve une assez basse envie en songeant que, contrairement à moi, vous n'êtes plus contraint d'aller faire le guignol social pour pouvoir vous offrir votre flacon vespéral…

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    1. C'est en effet un avantage essentiel et qui met en échec la malédiction originelle : "Tu gagneras ton flacon à la sueur de ton front" !

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  5. Ah bah bravo ! Et c'est qui, hein, qui se tape les anciens élèves qui ne vous écoutaient pas ? Pff méchant !

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    1. Oh, ils avaient tendance à m'écouter les bougres, je ne leur en laissais pas trop le choix, ce qui n'allait pas sans quelques menus conflits. Je suppose que celle qui me remplace est plus cool...

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  6. Ils veulent nous faire boire un jus d'orange ouvert il y a 5 ans, on rétorque que ce jus sent le rance, qu'on n'a pas envie d'en boire et de suite nous deviendrions des bêtes nauséabondes?

    Ou encore ils veulent nous convaincre qu'un poisson surgelé aura la même saveur qu'un poisson frais. Pas de bol pour eux, ils n'ont plus de goût alors que nos papilles fonctionnent, elles, encore à plein régime.

    Quelle bande de branquignols.. Le pire étant quand même le côté moralisateur. Je crois que ça, je ne m'y ferai jamais.

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    1. Le problème est que l'on ne soulignera jamais assez à quel point leur soi-disant "morale" est nocive et ne peut se concevoir que dans une société en décadence dont elle ne fait que précipiter la chute.

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  7. Comment ne pas admettre ce bonheur que nos pires amis nous vendent, le peur d'être trop heureux tout le temps.

    Cette morale à deux kopeck, ils peuvent se la rouler rn cône et se la mettre profond et puis c'est dans l'air du temps avec leur mariage pour tous.

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