Les captures du jour (300g, et ce n'est qu'un début!) |
Dans un billet
d’une drôlerie sans pareille paru il y a juste un an et que je ne saurais trop
recommander à mes lecteurs de lire ou relire, j’exprimais ma juste colère
contre cet immonde salopard de merle qui déshonorerait l’ensemble de ceux qui portent plumes (à part
bien entendu les écrivains, les girls des music-halls et nos amis des Gay-prides) si ceux-ci avaient
quelque honneur. Devant une telle attaque, on aurait pu penser que, pris de
remords suite à un examen de conscience, le merle aurait amendé sa conduite.
Que nenni ! Il continue de boulotter mes fraises comme si de rien n’était.
Vous me direz que les merles ne me lisent pas. Qu’en savez-vous ? Je vous
trouve bien péremptoire !
Mais revenons à notre sujet. La fraise est un fruit
délicieux, qui, cueilli à pleine maturité, a un goût sucré et un arôme sans
pareil. Dans ma jeunesse, à Marcoussis, avant que l’agglomération parisienne ne
vienne s’amalgamer le village, de nombreux maraîchers entreposaient devant leur
porte leurs récoltes du jour avant que des transporteurs ne les emmenassent aux
halles de Paris. Les soirs de chaleur le village entier embaumait la fraise. Combien de livres en mangeais-je par jour
quand j’aidais le vieil Albert à leur
cueillette ? Mais foin de nostalgie.
La fraise présente sur ses cousins le haricot et le petit
pois un avantage important : sa couleur rouge vif évite qu’elle ne se
confonde avec son feuillage. J’ai souvent pensé que si Dieu avait réfléchi
sérieusement à la question il aurait fait pois et haricots rouges de manière à en
faciliter la récolte. D’un autre côté,
en les faisant de cette dernière couleur, peut-être seraient-ils devenus la proie des merles ? Il est toujours
aisé de critiquer les Créateurs …
Les fraises ont cependant le défaut majeur de pousser au ras du sol, ce qui demande au
récoltant de se pencher bien bas pour les ramasser. C’est ce qui donnait tout
son sel à cette plaisanterie que se voyait adressé tout porteur d’échelle « Alors,
on va aux fraises ? ». Dieu qu’on savait rire en ce temps-là !
Comme tout être un peu raisonnable la fraise n’aimait pas
trop voyager. Elle avait tendance à vite tourner. Mais ça, c’était avant. On a mis au point des variétés qui supportent
le voyage. Elles sont grosses, insipides, mais quand elles vous arrivent du fin
fond de l’Andalousie, seule la moitié inférieure de la barquette que vous
achetez est pourrie. Il faut attendre le lendemain pour que toutes le soient. C’est
ça le progrès !
L’idéal est donc de cultiver des espèces traditionnelles
dans son jardin et d’attendre leur parfaite maturation pour les déguster sans
apport de sucre. Encore faut-il avoir un jardin. Et cette condition remplie, le
fruit mûr attire le merle et d’autres prédateurs comme ces saletés de fourmis et les répugnantes
limaces. Alors, si on se refuse à ne manger que les miettes de ces sagouins,
mieux vaut les cueillir avant qu’ils n’attaquent.
Pour terminer, et sans vouloir la flatter, je voudrais
signaler que grâce à ses qualités multiples, la fraise a su conquérir, entre
autres, le cœur de nos bons rois Henri III et IV (qui en ornèrent leur cou), du
tourneur-fraiseur, du dentiste (qui en firent un outil), du veau et de l’agneau
(qui s’en enveloppent les intestins) avant que les gourmets ne la récupèrent
pour la déguster en blanquette.
P.S. : En ce jour de grand massacre auditif, soulignons que la fraise ne participe pas à la fête de la musique. Je ne saurais donc trop conseiller à Didier Goux de se réfugier dans un carré de fraises afin de profiter des avantages de la vie au grand air sans subir d'agressions sonores.
P.S. : En ce jour de grand massacre auditif, soulignons que la fraise ne participe pas à la fête de la musique. Je ne saurais donc trop conseiller à Didier Goux de se réfugier dans un carré de fraises afin de profiter des avantages de la vie au grand air sans subir d'agressions sonores.
« J’ai souvent pensé que si Dieu avait réfléchi sérieusement à la question il aurait fait pois et haricots rouges de manière à en faciliter la récolte. »
RépondreSupprimerD'abord, les haricot rouges, ça existe ! Ensuite, je pense que, pour les petits pois et les haricots d'chez nous, il a dû sous-traiter avec un larbin quelconque, parce qu'à ce moment-là il était occupé à inventer le piment.
Si vous avez raison, cela rend sceptique quant aux vertus de la délégation ou de l'externalisation des services. Les choses réellement importante devraient être décidées par le patron.
SupprimerimportanteS !
SupprimerIl y avait une très jolie chanson qui disait :
RépondreSupprimer"Si j't'envoies des fraises de mon fraisier
C'est pour que t'oublies pas le goût de mes baisers...
Si j't'envoies des fraises de mon fraisier
C'est pour que t'oublies pas la mienne dans tes pensées."
Je vous souhaite d'avoir beaucoup de fraises à envoyer par le vaste monde !
Je ne connaissais pas ce petit chef-d’œuvre ! Bien sympathique au demeurant. Hélas (ou heureusement ?) pour moi est passé le temps d'envoyer des fraises à la ronde.
SupprimerLes fraises des bois prospèreront entre vos fraisiers. Elles seront plus grosses que celles que vous trouverez dans la nature. Et le mélange des deux est délicieux.
RépondreSupprimerVoulez-vous dire que par les stolons se développeront des fraisiers retournés à leur nature première ?
SupprimerNon. Fraises des bois et fraises "cultivées" sont deux espèces différentes. Chaque fraisier produira ses stolons identiques aux pieds mères. Stolons nécessaires pour renouveler ou étendre votre rangée de fraisiers. Cultivées et à l'abri de la concurrence des mauvaises herbes, les fraises des bois seront plus nombreuses, plus grosses et meilleures (plus sucrées).
SupprimerMerci de votre réponse. Je vous posais la question car j'avais entendu dire que peu à peu les fraisiers dégénéraient... Bien que je n'aie pas constaté ce phénomène.
SupprimerEn attendant, le merle vous en aura toujours laissé au moins 300 grammes et elles sont superbes. Finalement il n'est pas si terrible que cela, cet oiseau.
RépondreSupprimerAmitiés.
C'est avec de tels raisonnements qu'on finit par aimer le fisc ! S'il,m'en reste tant, c'est parce que je les ai mises à l'abri à temps !
Supprimer"C'est avec de tels raisonnements qu'on finit par aimer le fisc !" Et c'est au détour de tels commentaires que l'on envisage les tréfonds de votre âme torturée, cher Jacques -)
SupprimerAïe ! Je me suis encore trahi ! Je crains le qu'en-dira-Léon !
Supprimer".. Du dentiste, du veau et de l'agneau". Cherchez l'intrus.
RépondreSupprimerTrès drôle ce billet senteur fraise pour agneau avec une rage de dent!
Merci.
SupprimerMais où est la crème fraîche ?
RépondreSupprimerMême en photographie, on les mangerait!
Veinard!!!!
De la crème ? Avez-vous pensé au mal que cet ajout ferait à "mon" cardiologue ?
SupprimerJe les mange nature. Même pas besoin de sucre !