Un certain Desmond Morris publia en 1967 un ouvrage intitulé The Naked Ape qui connut un succès mondial (plus de 10
millions d’exemplaires) et fut traduit en français sous le titre Le Singe
nu. Dans ce livre, l’auteur, titulaire d’un doctorat en zoologie de l’Université
s’Oxford, considère l’humain d’un point de vue éthologique, c'est-à-dire en lui
appliquant les méthodes qu’on utilise pour étudier le comportement animal.
La quasi-disparition de la pilosité corporelle serait une
caractéristique essentielle du primate humain, d’où le titre. Le deuxième
chapitre de l’ouvrage consacre une quarantaine de pages au sexe. Entre autres
considérations intéressantes, Mr Morris évoque le développement des seins chez
la femelle du singe nu. Je résumerai sa thèse : si ces protubérances
hémisphériques qu’on ne retrouve pas chez ses cousins velus, se sont
développées ce serait dû à son évolution vers la station verticale. Chez les
autres primates l’accouplement se fait par l’arrière aussi les organes féminins
susceptibles de provoquer l’excitation du mâle se trouvent-ils situés dans les régions postérieure. En se
redressant, ces zones auraient « migré » vers l’avant et les seins
joueraient dans l’excitation sexuelle du mâle le rôle auparavant dévolu aux
fesses. Les seins seraient donc des substituts de fesses aptes à faire naître
le désir sexuel.
Si on admet que Desmond Morris n’est pas un imbécile
délirant, cela peut changer notre point de vue sur certaines évolutions
récentes ou anciennes. Aussi, si la dissimulation de ces organes mammaires a
jusque récemment été considérée comme
une règle de décence et leur exhibition comme aguichante, au moins dans nos
sociétés pudibondes, n’est-ce peut-être
pas totalement dû au hasard. Mes lecteurs de sexe masculin et hétérosexuels qui ne
cultivent pas une hypocrisie exacerbée reconnaîtront probablement que la vision
d’une opulente poitrine féminine ne les
pousse pas automatiquement à de profondes pensées sur le devenir de l’industrie
métallurgique en basse-Lorraine mais plutôt à des considérations plus frivoles.
Seulement, notre société évolue. Au nom de l’égalité
homme/femme (si tant est que l’on puisse encore utiliser des termes si
rétrogrades) j’apprends
que dans la ville de New York, il sera désormais permis aux femmes de se
promener seins à l’air dans les rues. Les hommes le font bien… Certes.
Seulement, si l’on suit le vieux Desmond, une telle exhibition de stimuli sexuels
pourrait se révéler problématique : tous les mâles n’ont pas le degré de sophistication
du féministe convaincu. Il se peut que quelques êtres frustes, encore un brin gouvernés par leur cerveau reptilien
aient face à cet étalage les réactions incontrôlées du singe nu qui somnole en
eux…
Ne rêvez pas trop.
RépondreSupprimerJe ne sais pas si vous vous êtes promené sur une plage l'été dernier (je parierais que non, donc croyez moi sur parole) mais ce ne sont pas les jolies p'tites pépées bien en chair seulement là où il faut, les adolescentes aux petits seins émouvants, les Vénus alanguies, les Raquel Welch somptueuses qui prennent le soleil torse nu.
En ville, ce sera pareil.
Ne comptant pas me rendre à New York, je ne vois pas pourquoi je rêverais.
SupprimerLe propos me semble devoir être modulé, dans la mesure où les déclencheurs érotiques varient selon les époques. Au XVIIIe siècle, les robes des femmes de l'aristocratie laissaient pratiquement les trois quarts de leur poitrine à l'air et aux regards sans que personne n'y fasse plus attention que cela. En revanche, apercevoir furtivement une cheville (je ne parle même pas d'un genou !) mettait ces messieurs en grand émoi.
RépondreSupprimerEn dehors du sexe lui-même, de l'organe, peut-être, pour l'homme, tout ce qui se dissimule devient-il excitant pour cette raison même.
Modulez si vous voulez mais, si mes souvenirs sont bons, votre histoire de cheville me semble plutôt remonter au XIXe, période où l'on cachait tout. M. Tartuffe, au XVIIe demandait que l'on cachât ce sein qu'il n'eût su voir. Le rôle de stimulant sexuel des seins me paraît, quoi qu'il en soit indéniable.
SupprimerNB : Je parle de mes souvenirs littéraires, n'étant pas malgré mon grand âge de ce monde en ces siècles (plus ou moins) heureux.
SupprimerMais Tartuffe était précisément un… tartuffe ! Et je vous parle bien du XVIII, avec ses robes dépoitraillées mais traînant à terre : au XIX, les gorges étaient de nouveau recouvertes, en effet.
Supprimer"Mes lecteurs de sexe masculin et hétérosexuels..."
RépondreSupprimerVous avez l'air de croire qu'il en reste encore.
Bon, admettons, mais pour combien de temps ?
Je pense que ça durera encore un certain temps.
SupprimerVous ne lisez pas de blogs féministes on dirait. Aucun stimulus n'excuse aucun geste déplacé si j'ai bien compris.
RépondreSupprimerEn effet, je n'en lis pas. je ne dis pas que ça excuse mais comme il n'est pas prudent (du moins pour l'agneau)d'enfermer agneau et tigre dans la même cage, il n'est pas recommandé de mettre certains appâts sous le nez de certains déséquilibrés.
SupprimerOh, vous savez, la mode est à l'anthropophagie...
RépondreSupprimerCertes, mais de là à la suivre...
SupprimerOn a ses apports en viande comme on peut !
SupprimerJ'ai du resté à l' époque animale, je suis un adorateur de popotins aux formes aguichantes, pour les "Robert", ,ouiach, bof.
RépondreSupprimerLes deux ne sont pas incompatibles, bien au contraire !
SupprimerOn remarquera que cet édit suppose que les hommes ont le droit de se promener torse nu dans les rues de New York, ce qui est presque aussi incongru que pour les femmes.
RépondreSupprimerJe parie une caisse de mouton-rothschild contre un chewing-gum usagé que si l'on enquêtait sur les origines de cette surprenante tolérance des hommes torse nu en pleine ville, dans un pays plutôt rigoriste sur ce genre de choses, on s'apercevrait qu'elle se trouve dans le fait que ce sont les Noirs, et eux seuls, qui ont l'habitude de déambuler dans cet accoutrement.
Il serait donc "raciste" de les en empêcher.
Rappelons aussi que la présentation unanime de tous les médias, consistant à dire qu'il était maintenant autorisé de se promener les seins nus à New York, est évidemment fallacieuse, car elle ment par omission.
Il n'y a aucune chance d'assister prochainement à une floraison de nibards à l'air à Manhattan. Ce rappel officiel fait simplement suite à un jugement, lequel est consécutif aux excentricités d'une unique "artiste" qui, elle, fait des happenings à demi-nue dans la rue, et a fait valoir son droit de l'homme de se ridiculiser en public.
Ce qui change un peu la portée de la nouvelle, même si cela n'atténue pas la connerie de la justice et de la police américaines sur ce point.
Merci de ces précisions qui ne changent cependant rien aux problèmes que peut poser ce genre d'exhibition quel que soit l'endroit.
SupprimerCette coquine de Holly possède une sacrée paire de loches.
RépondreSupprimerJe ne verrais donc, personnellement aucun inconvénient à ce qu'elle les montrât en pleine rue, sauf qu'à New York, cela me fait, à moi, une belle jambe.
C'est toujours ça, me direz vous...
Amitiés.
Je ne saurais qu'approuver votre appréciation.
Supprimer"à ce qu'elle les montrât..."
RépondreSupprimerLe subjonctif imparfait est-il juste, là ?
Je ne vois aucun inconvénient à ce qu'elle les montre
Je ne verrai (futur) aucun inconvénient à ce qu'elle les montre
mais avec "je ne verrais" ? Moi j'aurais mis le subjonctif présent, mais j'hésite.
Ma Grammaire du français classique et moderne (Wagner et Pinchon, Hachette, 1962) indique pp.336, 385.2, que lorsque le verbe principal est au conditionnel présent "Dans ce type de phrase l'imparfait du subjonctif demeure néanmoins de mise, sans affectation d'archaïsme, à la troisième personne du singulier et du pluriel pour souligner le caractère éventuel du fait pris en considération :
SupprimerJe voudrais bien qu'on ne me parlât plus de cette affaire (A. Gide)"
Il semblerait donc que l'ami Nouratin eût raison.
Nouratin a raison.
SupprimerOui.
SupprimerJ'aurais dû me réciter ce passage que j'aime beaucoup de "La Mort et le mourant", de La Fontaine:
.... je voudrais qu'à cet âge
On sortît de la vie ainsi que d'un banquet,
Remerciant son hôte, et qu'on fît son paquet
Merci de m'avoir fait découvrir cette fable.
SupprimerJacques, votre blog mérite plus que jamais de figurer dans la catégorie cul, si je me fie au titre du billet et aux considérations -turelles qu'il suscite.
SupprimerMerci de le reconnaître !
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