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lundi 24 octobre 2011
Hommage à Tonton Georges
Le propre des esprits supérieurs est d'être en avance sur leur temps. J'en donne une preuve nouvelle en rendant hommage à Georges Brassens 5 jours avant le trentième anniversaire de sa mort. Des esprits chagrins diront que je le fais 2 jours après le quatre-vingt-dixième anniversaire de sa naissance : je les ignorerai avec superbe.
Georges Brassens, donc. Qu'en dire ? Rien. Je me contenterai de le laisser parler.
J'ai choisi pour ce faire un texte profond. Je m'imagine la scène : un pauvre vieux sur une place de Paris exprime la douleur qui le ronge, une femme généreuse (ne le sont-elles pas toutes, chacune à sa manière ?) vole à son secours mais trop tard : ambitions avortées, douleur de l'obsession mais aussi solidarité et dévouement, enfin dénouement tragique. Tout l'absurde de la condition humaine résumé en quelques strophes.
Il n'existe malheureusement pas de vidéo disponible montrant le grand George la chantant. Pour vous consoler, en voici une où il chante "Carcassonne" sur le même air. Tâchez de faire avec...
LE NOMBRIL DES FEMMES D'AGENTS
Voir le nombril de la femme d'un flic
N'est certainement pas un spectacle
Qui, du point de vue de l'esthétique,
Puisse vous élever au pinacle...
Il y eut pourtant, dans le vieux Paris,
Un honnête homme sans malice
Brûlant de contempler le nombril
De la femme d'un agent de police...
"Je me fais vieux, gémissait-il,
Et, durant le cours de ma vie,
J'ai vu bon nombre de nombrils
De toutes les catégories:
Nombrils de femmes de croque-morts, nombrils
De femmes de bougnats, de femmes de jocrisses,
Mais je n'ai jamais vu celui
De la femme d'un agent de police..."
"Mon père à vu, comme je vous vois,
Des nombrils de femmes de gendarmes,
Mon frère a goûté plus d'une fois
De ceux des femmes d'inspecteurs, les charmes...
Mon fils vit le nombril de la souris
D'un ministre de la Justice...
Et moi, je n'ai même pas vu le nombril
De la femme d'un agent de police..."
Ainsi gémissait en public
Cet honnête homme vénérable,
Quand la légitime d'un flic,
Tendant son nombril secourable,
Lui dit: "Je m'en vais mettre fin
A votre pénible supplice,
Vous faire voir le nombril enfin
De la femme d'un agent de police..."
"Alléluia! fit le bon vieux
De mes tourments voici la trêve!
Grâces soient rendues au Bon Dieu,
Je vais réaliser mon rêve!"
Il s'engagea, tout attendri,
Sous les jupons de sa bienfaitrice,
Braquer ses yeux sur le nombril
De la femme d'un agent de police...
Mais, hélas! il était rompu
Par les effets de sa hantise,
Et comme il atteignait le but
De cinquante ans de convoitise,
La mort, la mort, la mort le prit
Sur l'abdomen de sa complice:
Il n'a jamais vu le nombril
De la femme d'un agent de police...
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Yen a tellement qui se contentent de voir leur nombril ^^
RépondreSupprimerMerci pour Brassens et pour nous !
Tiens, pour la peine (et le bonheur) :
http://www.youtube.com/watch?v=wRdXZRZ5lkE
A rapprocher de la notion d' "idéious" chère à Jean-Pierre Chabrol (les Rebelles).
Je me fais sortir si je dis que ce qu'il y a de bien avec Brassens , ce sont les paroles, parce que question musique... je ne l'ai jamais supporté.
RépondreSupprimerBonne journée et bonne semaine !
Brassens perd énormément à ne nous montrer que ses vers, à y ôter sa voix et sa guitare.
RépondreSupprimerNon, ce n'était pas un poète, mais un délicieux chansonnier, celui que je préfère entre tous.
Pascal Labeuche:
RépondreSupprimerEntièrement d'accord avec vous.
Et oserai-je ajouter que même sa voix ne suffit pas. Il faut le voir pour mieux l'entendre, étrangement.
Voir ses clins d'oeil et ses sourires complices au moment où il dit "elle m'emmerde" par exemple, comme s'il s'excusait de dire des "gros mots" ajoute à sa bonhomie et à sa pudeur.
Ce Tonton Georges est un grand pudique.
Corto: essayez de chanter du Brassens et vous m'en direz des nouvelles.
C'est horriblement difficile. Ses mélodies semblent toute bêtes et sont inchantables pour beaucoup.
Et ne dites pas "même par lui" hein !
Il est le meilleur interprète de ses chansons, même si Le Forestier s'en sort très bien, à mon avis.
A tous : sans la musique et la voix de Brassens, je trouve que c'est moins bien. Un excellent chansonnier plus qu'un poète, comme vous dites, Pascal. Les rimes pour l'oreille et les élisions font que, sans l'offenser, on pourrait parler de vers de mirliton. Mais quel talent et quelle hardiesse... S'il n'était pas promu au statut d'incriticable combien de ses chansons provoqueraient, écrites aujourd'hui, le scandale ?
RépondreSupprimerBien sûr je ne partage pas toutes ses opinions. Il reste cependant le seul chanteur du panthéon de mes admirations juvéniles à y demeurer en gloire...
Brassens, ses mots chantent comme du Verlaine:
RépondreSupprimerTantôt venant
d'Espagne et tantôt d'Italie,
Tous chargés de parfums, de musiques jolies,
Le Mistral et la Tramontane,
Sur mon dernier sommeil verseront les échos,
De villanelle, un jour, un jour de fandango,
De tarentelle, de sardane.
C'est pas magnifique ça ?
Très beau, en effet.
RépondreSupprimerSuperbe émission sur France 3, ce soir !
RépondreSupprimerJ'espère que vous avez eu la possibilité de la voir, Jacques et Pascal !
Moi j'en suis encore tout émue et admirative.
Oui, Carine, je l'ai suivie moi-même. J'en reste tout ému.
RépondreSupprimerJe vais faire tache dans ce concert de louanges, je ne supporte pas Brassens, voilà c'est dit!
RépondreSupprimerSa musique, ses paroles de chansons et le personnage, tout, tout me donne la nausée.
Seul Brel est une icône.
Eh bien voyez-vous, grandpas, moi c'est tout le contraire : je ne supporte plus Brel (après l'avoir beaucoup apprécié). Mais nous ne pouvons pas être d'accord sur tout...
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup Brel aussi, mais comme j'ai eu l'occasion de le dire ailleurs, écouter Brassens me rend heureuse tandis qu'écouter Brel, que j'admire et que j'aime (je me répète) me file le bourdon.
RépondreSupprimerJe ne sais pas moi, mais on ne sort pas indemne "des vieux" ni de "chez ces gens-là", deux magnifiques chansons mais que je ne peux plus écouter.
Tous les témoignages sur Brassens étaient beaux, sincères et émouvants. Même le saccage de "Putain de toi" par Olivia Ruiz était sympathique (bon, oui, je sais…). Mais l'émotion d'un Christophe était contagieuse. Il l'a dit aussi lui, qu'écouter Brassens tous les jours lui faisait du bien, l'aide à vivre. Ils ont tous dit aussi combien les chansons de Tonton Georges sont difficiles à chanter, sous leur apparente fluidité.
J'étais toute contente ^^.
Quant à ses gros mots, vous avez vu ?
RépondreSupprimerIls ont parlé de sa gêne à les prononcer.
Grandpas, c'est vrai ? La nausée ?
Comprends pas.
Carine,
RépondreSupprimerOui, même si cela peut être incompréhensible pour les aficionados de ce personnage.
Pour Brel, c'est exact qu'il faut éviter de l'écouter quand on est morose mais entendre le plat pays quand on est à 7 fuseaux horaires de la France, ça vous remonte le moral.
Ecoutez donc la statue: "J'aimerais tenir l'enfant de Marie qui a fait graver sur ma statue...."; c'est du bonheur.
Il n'est pas du tout dans mes intentions d'opposer l'un à l'autre:
RépondreSupprimerils étaient frères dans le talent. Et presque aussi dans la vie (des frères choisis).