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jeudi 24 décembre 2015

Voyage en Terres Nauséabondes

Suite à une devinette de M. Goux, je suis tombé sur « Les Décombres »* de Lucien Rebatet, journaliste collabo de son état qui vit son action en faveur de l'hitlérisme récompensée par une condamnation à mort en 1946, commuée en travaux forcés à perpétuité, avant qu'une libération n'intervienne en 1952. Je n'entrerai pas dans le détail de ce livre. Disons simplement qu'écrit en 1942, il livre les états d'âme que connaît, entre 1938 et la débâcle de 40, un antisémite patriote et pacifiste qui passant par la case fasciste finira dans les bras d'Hitler.

Que les analyses de M. Rebatet l'aient mené à de graves erreurs d'appréciation- n'avait-il pas lu Mein Kampf pour imaginer possible une entente pacifique entre France et Allemagne nazie ?- , que son antisémitisme rabique ait fait de lui, comme de Céline et de bien d'autres, un soutien objectif des génocidaires hitlériens est incontestable. Malgré cela, on ne peut dénier à l'écrivain un talent certain. Son évocation de l'impéritie militaire, sa description de la débâcle et de l'exode sont des morceaux de choix, comme le sont certains de ses portraits de contemporains.

Au fil des pages, se rencontrent des noms plus ou moins connus qui, suite à des recherches googleuses, m'ont amené à mieux connaître les destinées de la fine fleur de l'extrême droite d'avant- et de pendant-guerre. Itinéraires divers sinon surprenants menant du communisme, de la gauche modérée, de la droite nationaliste et/ou monarchiste au fascisme, voire à l'hitlérisme et parfois même à une plus ou moins tardive résistance suivie ou non d'un pardon des erreurs passées. De manière générale, les condamnés de l'après-guerre, après un séjour plus ou moins prolongé dans les geôles de la république, se verront absous et continueront leur petit bonhomme de chemin souvent honteusement droitier. Ces incursions en Nauséabonderie, furent enrichissantes en ce qu'elles me firent découvrir de petites merveilles comme les portraits au vitriol de Léon Daudet et tout un monde révolu où l'idéalisme mena bien des intellectuels de l'erreur au crime (de plume certes, mais crime cependant).

J'y ai vu confirmée l'inanité des comparaisons que des ignares totaux établissent entre cette époque et la nôtre : Les élites, les puissances mondiales, les enjeux, les aspirations, les mentalités n'y ont rien de commun avec celles d'aujourd'hui. Seules demeurent d'actualité les piètres manigances des politicards.

* Que l'on peut trouver ici

12 commentaires:

  1. Pour beaucoup il n'y a qu'un pas de l'illettrisme à l'hitlérisme ...

    Plus sérieusement, quoique, entièrement d'accord avec vous cher Hôte, d'autant qu'il m'est déjà arrivé par le biais d'une recherche "googlesque" de faire de telles découvertes, entre autres sur votre sujet du jour.

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  2. Belle analyse de livre comme j'aurais aimé savoir faire.
    Pour les adeptes des comparaisons pour jeter aux gémonies les personne qui ne pensent pas comme, on ne peut leurs en vouloir, il ne leurs reste que ce courant de pensée et encore.

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  3. Eh oui, la lecture de ceux qui contribuèrent à assombrir les HLPSDNH est souvent fort instructive, c'est bien connu "qui n'entend qu'une cloche..." Cela dit, des cloches nous en entendons pas mal par les temps qui courent!
    Joyeux Noël et amitiés.

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    1. Merci pour vos vœux, quant aux cloches, leur tintamarre est assourdissant : on finira par ne plus les entendre !

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  4. Le portrait de Maurras n'est pas mal non plus..!

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  5. D'aucuns d'entre les fidèles et attentifs lecteurs de ce fort sympathique blog penseront que je radote, mais hélas l'histoire récente et l'actualité donnent raison à ce texte de Charles Maurras (un autre grand Charles ...):

    "Quelques rues du centre de Paris sont égayées par les très belles robes de nos visiteurs marocains. Il y en a de vertes, il y en a de toutes les nuances. Certains de ces majestueux enfants du désert apparaîtraient « vêtus de probité candide et de lin blanc » si leur visage basané et presque noir ne faisait songer au barbouillage infernal. Que leurs consciences soient couleur de robe ou couleur de peau, leurs costumes restent enviables ; le plus négligent des hommes serait capable des frais de toilette qui aboutiraient à ces magnifiques cappa magna, à ces manteaux brodés de lune et de soleil. Notre Garde républicaine elle-même, si bien casquée, guêtrée et culottée soit-elle, cède, il me semble, à la splendeur diaprée de nos hôtes orientaux. Toute cette couleur dûment reconnue, il n’est pas moins vrai que nous sommes probablement en train de faire une grosse sottise.

    Cette mosquée en plein Paris ne me dit rien de bon. II n’y a peut-être pas de réveil de l’Islam, auquel cas tout ce que je dis ne tient pas et tout ce que l’on fait se trouve être aussi la plus vaine des choses. Mais, s’il y a un réveil de l’Islam, et je ne crois pas que l’on en puisse douter, un trophée de la foi coranique sur cette colline Sainte-Geneviève où tous les plus grands docteurs de la chrétienté enseignèrent contre l’Islam représente plus qu’une offense à notre passé : une menace pour notre avenir. On pouvait accorder à l’Islam, chez lui, toutes les garanties et tous les respects. Bonaparte pouvait se déchausser dans la mosquée, et le maréchal Lyautey user des plus éloquentes figures pour affirmer la fraternité de tous les croyants : c’étaient choses lointaines, affaires d’Afrique ou d’Asie. Mais en France, chez les Protecteurs et chez les Vainqueurs, du simple point de vue politique, la construction officielle de la mosquée et surtout son inauguration en grande pompe républicaine, exprime quelque chose qui ressemble à une pénétration de notre pays et à sa prise de possession par nos sujets ou nos protégés. Ceux-ci la tiendront immanquablement pour un obscur aveu de faiblesse. Quelqu’un me disait hier :– Qui colonise désormais ? Qui est colonisé ? Eux ou nous ?J’aperçois, de ci de là, tel sourire supérieur. J’entends, je lis telles déclarations sur l’égalité des cultes et des races. On sera sage de ne pas les laisser propager, trop loin d’ici, par des haut-parleurs trop puissants. Le conquérant trop attentif à la foi du conquis est un conquérant qui ne dure guère. Nous venons de transgresser les justes bornes de la tolérance, du respect et de l’amitié. Nous venons de commettre le crime d’excès. Fasse le ciel que nous n’ayons pas à le payer avant peu et que les nobles races auxquelles nous avons dû un concours si précieux ne soient jamais grisées par leur sentiment de notre faiblesse."

    Publié pour l'inauguration de la grande mosquée de Paris le 13 juillet 1926 (veille de Fête Nationale ...)

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    1. Texte qui n'a fait, depuis, que gagner en vérité !

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    2. Maurras a été un immense penseur politique dont les travaux dépassent largement la sphère royaliste dans laquelle il s'inscrivait. En fait, ses ouvrages pourraient aisément servir de manuel politique tant la médiocrité du personnel actuel est insondable. La seule chose que je pourrais lui reprocher est son fameux nationalisme intégral. C'est à mon sens la seule erreur de cet homme. Quand on est royaliste, on est patriote, pas nationaliste, cette idéologie est une passion de républicain.

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  6. Ben oui, j'ose dénoncer l'évidence. Ce qui à notre époque est dangereux, je sais.

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