Je viens de finir la lecture de ce roman d’Éric-Emmanuel
Schmitt. Du point de vue du style, il n’y a pas grand-chose à dire, c’est
plutôt plat. Les personnages manquent de relief ou d’épaisseur ou des deux.
Mais bon, ça se laisse lire. C’est le sujet qui fait, s’il en a, l’intérêt du
livre.
De quoi s’agit-il ? Il s’agit d’une double biographie d’Adolf
Hitler. L’une basée sur l’histoire, l’autre imaginaire qui narre ce qu’aurait
pu être la vie du dictateur allemand au cas où il aurait été reçu au concours d’entrée
de l’Académie de peinture de Vienne.
Schmitt fait de cet événement un point de rupture. Le but de l’auteur
est, il l’explique dans un journal tenu durant la rédaction de son roman et annexé à l’ouvrage, de montrer qu’entre ce
qu’il appelle un salaud et un homme « normal » il n’existe pas de
différence majeure. Il n’y a pas d’un
côté le monstre et de l’autre le saint mais des circonstances qui font basculer
l’homme d’un côté ou de l’autre de manière plus ou moins marquée. Les deux
récits sont menés de front, chronologiquement du moins jusqu’à la mort du
dictateur en 1945. Le peintre, lui continue…
Évidemment, l’histoire s’en trouve bouleversée. L’artiste
peintre Hitler connaît succès, éclipses, amours, joies et peines mais il ne joue
aucun rôle majeur. Le parti nazi, n’ayant pas trouvé de leader charismatique, demeure
quasi-inexistant, la deuxième guerre mondiale est remplacé par un court conflit
avec la Pologne, l’Allemagne devient pacifiquement la première puissance
mondiale, envoie le premier homme sur la lune, les sionistes échouent à créer un état en Palestine, bref un tout autre monde émerge.
Au-delà de la soumission de l’homme aux circonstances, et bien
davantage, ce qui ressort de ce roman
est une conception de l’histoire où l’individu joue le rôle central. Cette
vision est totalement en opposition avec la théorie marxiste. Je me souviens
comme si c’était hier de ce que nous disait le délégué du Komintern qui nous
servait de prof de philo au lycée de Rambouillet: « Si la mère de
Napoléon avait fait une fausse couche, la seule différence aurait été qu’à la
place d’un « N » sur les ponts de Paris il y aurait l’initiale du
prénom d’un autre général ». Entre effacer totalement le rôle de l’individu
dans l’histoire et en faire un acteur déterminant, il y a place pour bien des
conceptions, toutes illusoires, vu que l’histoire a un défaut majeur : on
ne la refait pas. On peut tordre les faits, les taire, les interpréter selon
mille grilles idéologique mais on ne peut pas les changer.
En fin de compte, ce roman est basé sur la fameuse formule « Si
ma tante en avait… »
Que faut-il en retirer ? Que les jurys d’admission
aux académies d’art devraient se montrer
plus indulgents avec les jeunes hommes timides à tendance paranoïaque afin d’éviter
d’éventuelles apocalypses ? Que
nous sommes des balles de flipper rebondissant de manière plus ou moins aléatoire
au gré des obstacles ? Que si
newton s’était reposé sous un enclumier, on ne saurait toujours rien du mouvement des planètes ? Allez savoir…
Un enclumier, cet arbre pousse t il à côté des coucoussiers?
RépondreSupprimerLe fruit est il goûteux, lourd à digérer certainement.
Ma fille aînée a lu ce livre, je devrais lui demander ce qu'elle en a pensé, ce genre de livre me fait penser à de l' uchronie.
De mon côté , je suis en plaine conquête musulmane de l'Egypte, histoire de comprendre en partie un futur qui j’espère sera hypothétique.
Bonne journée.
L'enclumier, ou arbre à enclumes ne pousse que dans les collines du Sud-Manche. Son fruit n'est pas comestible.
SupprimerPlus je lis de comptes-rendus de romans et mieux je comprends que je ne puisse plus lire un seul roman.
RépondreSupprimerEt que lisez-vous d'autre ?
SupprimerDieu merci qu'il y a bien d'autres choses à lire que des romans !
SupprimerJ'aime les récits historiques, les biographies, et je suis en train de relire "La grande parade" essai sur la survie de l'utopie socialiste, de Jean-François Revel.
Je pense que c'est bon de nous remettre les idées au clair sur ce dont nos adversaires politiques ont la tête farcie.
"Ce qu’il y a de plus admirable dans l’ordre universel des choses, c’est l’action des êtres libres sous la main divine. Librement esclaves, ils opèrent tout à la fois volontairement et nécessairement : ils font réellement ce qu’ils veulent, mais sans pouvoir déranger les plans généraux." (Joseph de Maistre)
RépondreSupprimerOn ne saurait mieux dire. Les individus ont un rôle déterminant dans l'histoire (Napoléon, Hitler, Lénine, etc.) mais ils ne conduisent rien. Ils ne sont que des jouets entre les mains de Dieu.
Tout le monde sait que le Newton africain a été tué par la chute d'une noix de coco.
RépondreSupprimerLe problème de l'Oumma en général et de l'Arabie heureuse en particulier, c'est que ça manque de pommiers, cocotiers et enclumiers chez eux.
SupprimerOups! c'est vrai qu'il n'y a pas non plus de Newton chez eux...
On ne va pas se laisser arrêter pour si peu. J'ai bien un copain négrophile qui appelle "régime africain" le régime amaigrissant à base d'ananas.
SupprimerNewton ou pas, faire la sieste sous un cocotier ou un enclumier est hasardeux. Le petit F H, sourd aux mises en garde de ses parents, en est la triste preuve.
Supprimerenvoie le premier homme sur la lune
RépondreSupprimerPuisque vous le citez sans autre, j'en déduis, cher Jacques Etienne, que vous faites partie de ceux qui croient qu'on a marché sur la lune.
Non seulement je crois qu'on a marché sur la lune mais je pense que ça n'a aucune espèce d'intérêt.
SupprimerIl faut comprendre aussi, c'est dur de trouver des sujets
RépondreSupprimerpour rentabiliser une notoriété d'écrivain. Alors, celui
là, pourquoi pas. Et puis, selon la formule célèbre, "ce
n'est pas parcequ'on n'a rien à dire qu'il faut fermer sa
gueule".
Amitiés.
Je pense qu'il y a de ça !
SupprimerAmicalement.