Venons-en à notre seconde stratégie
que je nommerai celle « du parti » par opposition à la
première qui est « de terrain ». Cette méthode peut se
scinder en plusieurs sous-méthodes. Nous consacrerons un paragraphe
à chacune.
Celle qui, sans être assurée, est la
plus prestigieuse requiert de vous que vous soyez une bête à
concours, ce qui n'est pas donné à tout le monde, Dieu merci, car
sinon la concurrence serait plus rude. Donc vous en êtes. Après
avoir intégré Sciences-Po, vous entrez à L'ENA en sortez avec un
rang honorable qui vous ouvre les portes de la haute administration,
laquelle offre,à son sommet des postes bien plus lucratifs que ceux
de parlementaire ou de ministre. Vous pouvez, au passage devenir
agrégé de quelque chose, ça vous pose en homme de culture et fait
joli sur un CV. Intégrer une administration, même si tel n'est pas
votre rêve, vous permettra toujours d'assurer la matérielle en
attendant mieux. Ce n'est pas M. Hollande, qui
déclara jadis pouvoir être payé à ne rien foutre à la Cour
des Comptes, qui me contredira. Parallèlement à vos études, il
vous faudra militer dans un parti de gouvernement et dans le
syndicalisme étudiant. Il vous faudra vous y faire remarquer d'un
ténor de votre parti, ministre ou ministrable et parvenir à ce
qu'il accepte que vous le secondiez gratuitement, voire moyennant
finance. Ce n'est pas forcément une sinécure ! Le politicien
arrivé tend à se prendre pour un roi. Flattez-le, endurez sans
broncher ses sautes d'humeur, laissez-lui la paternité de vos
projets : votre fin justifie ces moyens. Avec un peu de chance,
au bout de quelque années vous vous retrouverez bien conseiller d'un
ministre ou du président. Bombardez-le alors de rapports et de notes
sur des questions diverses et variées. Ils ne seront que rarement
lus, mais mettront en valeur votre capacité de travail et de
synthèse et vous feront apparaître comme un homme d'avenir. Si ça
marche, il n'est pas impossible qu'à l'occasion d'une législative
on vous parachute dans une circonscription où un cochon portant la
casquette de votre parti ne saurait qu'être élu (quitte à ne pas
renouveler son investiture au politicien de terrain qui depuis
quarante années y a œuvré pour le parti). Cette méthode est la
plus rapide, mais non la plus facile.
Admettons que vous n'ayez ni les
capacités ni l'ardeur à étudier que requiert le plan ci-dessus
exposé. Vous avez toujours, en étudiant bien mollement, la
possibilité d'arriver par le parti. Pour cela, il faut, en plus d'y
adhérer, parvenir à se hisser à la tête d'un syndicat étudiant
afin de fomenter au sein des universités des troubles aptes à vous
propulser sur le devant de la scène. L'étudiant, ou du moins
certains étudiants, sont volontiers partants pour des troubles,
quels qu'en soient les motivations et leur pertinence car ils
permettent de longs débats plus animés que les cours ou TP auxquels
d'ailleurs ils n'assistent en général pas. Chacun peut y prendre la
parole (sauf les muets, ça va de soi) et s'y faire applaudir à
condition d'y sortir des énormités et de faire preuve d'un total
irréalisme. Seulement, se hisser à la présidence du syndicat prend
du temps , aussi vous faudra-t-il rester longtemps sur les bancs
de la fac. C'est ainsi que M. Bruno Julliard, après huit ans de
longues et laborieuses études, s'il parvint à faire son chemin à
l'UNEF n'alla pas jusqu'à décrocher un mastère. Il est tout de
même parvenu à devenir adjoint à la maire de Paris.Est-ce un
début ? Est-ce une impasse ? L'avenir nous le dira.
Toutefois, certains de ses prédécesseurs ont montré qu'ainsi on
pouvait obtenir une place au parlement ou au gouvernement. Le nombre
en est toutefois réduit.
Reste le syndicalisme et les
associations. Je ne le conseillerai pas. Trop lent, trop hasardeux,
peu glamour.
Je ne mentionnerai que pour mémoire la
voie héréditaire, celle ou fils ou fille viennent remplacer leur
vieux père car elle est réservée aux membres d'un cénacle réduit.
Choisis ta méthode, mon gars !
Si j'en crois le philosophe Jean-Pierre Friedman, voilà comment il explique le succès politique de Hollande : "Sa grande force aura été de ne faire peur à personne alors qu'il aurait dû faire peur à tout le monde."
RépondreSupprimerMalin, le Flanby ! Il y en a qui le voient déjà président du Conseil européen !