Tu cherches un boulot super cool et
bien payé ? Comme je te comprends, mon petit !Tonton
Jacquot a trouvé quelque chose qui te conviendra : politicien !
Tu t'en foutras plein les fouillettes sans trop te fatiguer.
Malheureusement, il n'y a pas d'école spécialisée qui y mène
suite à un concours. Alors, comment s'y prend-on ?
Il y a deux méthodes, la
traditionnelle et l'autre. Commençons par la traditionnelle. Elle
prend du temps, et franchement, je ne saurais te la conseiller.
D'abord tu t'inscris à un parti. Un parti qui a des chances de
gouverner. S'il y en a un qui correspond à tes éventuelles idées
vérifie tout de même que ses militants ne présentent aucune menace pour ta progression, sinon, choisis-en un autre offrant de meilleures
perspectives. Participe activement à la vie associative locale.
Fais-toi remarquer par ton zèle et ton dévouement. Si un siège se
libère, n'hésite pas à en briguer la présidence. Sois sympathique
avec tous.
Sois souvent à la mairie. Que ton parti soit dans la
majorité ou dans l'opposition, sois assidu aux séances du Conseil
Municipal. Félicite chaudement ceux de ton parti pour leurs
interventions. Ton énergie, ton souci du bien public, feront, si tu
t'y prends bien, qu'on te sollicitera pour une place éligible au CM.
Si tu es dans la majorité et qu'on te la propose, n'hésite pas à
accepter une délégation d'adjoint. Prends la parole chaque fois
que l'occasion se présente et même quand elle ne se présente
pas. Si tu es dans l'opposition, dénonce la politique du maire avec
véhémence.Si tu es dans la majorité, promeus des projets, de
préférence démagogiques mais sans outrance. Aux prochaines
élections, si le maire jette l'éponge tu pourras ainsi prendre sa
place. Sinon, tu n'auras qu'à attendre cinq ans pour le prochain
scrutin. Ne te décourage pas. La route peut être longue...
Admettons que tu parviennes à conquérir la mairie : si tu es
de droite, montre-toi pingre sans trop d'excès. Si tu es de gauche,
dépense sans compter dans des équipements collectifs plus ou moins
utiles. Dans les deux cas investis-toi, si ce n'est déjà fait, dans
l'intercommunalité. C'est essentiel pour la prochaine étape :
être élu conseiller pour le département ou la région. A chaque
niveau montre-toi dynamique, innovant et sympathique. Commence à
serrer la main d'inconnus dès que l'occasion se présente. C'est à
ça qu'on reconnaît le politicien. Les marchés du dimanche se
prêtent à l'exercice (les autres jours il n'y a que des
vieux). Semble intéressé par les radotages des vieux, les
élucubrations des bavards, promets à chacun tout ce qu'il veut et
son contraire.
Maintenant, tu dois choisir ta voie : la
présidence d'une assemblée territoriale ou la députation. Celle
que tu as le plus de chance d'obtenir fera l'affaire. Il sera
toujours temps de te présenter à celle qui t'attire vraiment quand
la situation sera plus favorable. Député ou président
départemental ou de Région, il faudra continuer à être partout :
on t'invitera à toutes sortes d'inaugurations, de fêtes, de
manifestations de tous ordres. Vas-y, quitte à ne passer qu'en coup
de vent en cas de concomitance des manifestations. A tes yeux,
l'inauguration d'un garage à vélos doit être aussi importante que
l'assemblée générale de l'amicale des goitreux de progrès. Et
elles le sont : tu te tamponnes de l'une comme de l'autre. Mais
elles sont l'occasion de serrer maintes louches, de te montrer « pas
fier », préoccupé de tout et de boire des canons (n'en abuses
pas trop quand même).
Avec un peu de chance tu seras réélu à
moins qu'une vague rose ou bleue (plus ou moins foncée) ne te mette au chômage pour au
moins cinq ans. A moins aussi que tu ne te voies contraint de céder
ta place à un adepte de la seconde méthode qui fera l'objet de
notre prochain billet.
Vous auriez pu ajouter : "A moins que tu ne te voies contraint de céder ta place... mais ne t'inquiètes pas, si tu meurs, tous ceux qui auront eu ta peau seront là pour chanter tes louanges et dire comme tu étais un type formidable !"
RépondreSupprimerJ'écris cela en connaissance de cause parce que lundi j'ai assisté aux obsèques d'un de ces hommes politiques formidables, lâché en son temps par les siens, qui sont tous venus verser leurs larmes de crocodiles.
Tout à fait d'accord avec vous sur la triste fin que connaissent certains politiciens. Pour ce qui est la sainteté post-décès, elle est presque de règle. De là à rêver une prompte mort pour voir ses mérites (toujours éminents) enfin reconnus, il y a un pas que je ne franchirai pas.
SupprimerExplication parfaite d'une carrière évolutive.
RépondreSupprimerMais la réussite n'est pas assurée.
SupprimerAprès avoir utilisé la première méthode, j'ai terminé ma carrière politique en tant que chef d'équipe de colleurs d'affiches. Le deuxième procédé va peut-être me donner des regrets.
RépondreSupprimerJe pense que votre cas est loin d'être unique. Là j'envisage un parcours réussi. Mais il y a beaucoup d'appelé et peu d'élus. Il arrive que l'on se trouve doublé par quelque sournois et qu'on finisse dans une impasse...
SupprimerLe deuxième procédé ne mène pas plus surement au succès...
Et le Sénat? Ce serait ballot de faire l'impasse sur cette carrière. C'est discret, bien payé et la cantine a une excellente réputation. Quand au système de retraite, il est plus avantageux que celui de plombier.
RépondreSupprimerAttention, les élus du Sénat sont généralement des élus élus par des élus. Tenter de devenir sénateur à partir de rien est donc aléatoire.
Supprimer