Autant l'avouer tout de suite, ces
vacances ne furent pas à la hauteur de mes attentes. Disons plutôt
qu'après un début médiocre elles connurent une triste fin.
D'emblée, je fus déçu par ma chambre : s'il y avait bien une
salle d'eau privative, la télé et le wifi, pas plus de mini-bar que
de beurre au tribunal. Quand je pense à ce que, pour un prix
moindre, j'aurais pu avoir dans la plupart des villes de province,
franchement, c'était plus que limite. La seule chose positive, c'était le personnel : nombreux aimable et serviable.
Quoique un peu bizarre. Ainsi, celle qui me conduisit à ma chambre
m'annonça qu'à son prochain retour elle me raserait. Curieux rite
de bienvenue ! D'autant plus curieux que j'étais déjà rasé.
Mais bon, comme disent les Anglais « When in Roma, do as the
Romans do ». Je suppose que cela s'applique également à Caen.
S'ils ont pour coutume de raser leurs clients, laissons-nous raser...
Seulement quand elle revint munie d'une
petite tondeuse, elle me demanda de me déshabiller. J'eus beau lui
signaler que nous ne nous connaissions qu'à peine, elle insista et,
en garçon poli, je finis par céder. Elle se mit en devoir de me
raser d'abord le torse puis des parties que je n'oserais nommer.
Avouez que c'est curieux. Ayant perdu ma toison, elle me conseilla
d'aller prendre une douche et me donna un flacon pour ce faire. Je
vis plus tard qu'il contenait un liquide jaune-brun. Ne voulant pas
trop montrer mon peu de connaissance des mœurs caennaises, je
m'exécutai tout en me demandant où elle voulait en venir... Quand
je sortis de la douche, l'oiseau s'était envolé. « Souvent
femme varie, bien fol qui s'y fie » disait le bon roi
François...
Elle revint un peu plus tard, chargée
d'un plateau-repas. Puis, toujours mystérieuse, disparut comme elle
était venue, me disant à demain. Le repas fut médiocre. J'eus
ensuite la visite d'un jeune homme qui se présenta comme étant
médecin. Très gentil et pas excentrique pour un sou dans son
comportement. Il le fut ensuite par de curieuses exigences : mes soins
auraient lieu le lendemain en début d'après-midi et il faudrait,
mis à part un frugal petit déjeuner pris avant sept heures, que je
sois à jeun et que je n'aie pas fumé depuis la veille à minuit.
Ces Caennais, que ne vont-ils pas chercher ? Fatigué, je me
couchai quand deux jeunes femmes firent irruption dans ma chambre et
me mirent au bras une sorte de bracelet qu'elles s'amusèrent à
gonfler puis à dégonfler avant que l'une ne dicte à l'autre des
chiffres que cette dernière enregistra sur un ordinateur.
Je dormis plutôt bien, sauf que vers 6
heures, les deux espiègles de la veille revinrent et me firent à
nouveau le coup du bracelet gonflable. On s'amuse d'un rien dans le
Calvados ! La matinée passa comme elle put. Après une douche au jaune-brun et ayant revêtu la tenue que ma blonde (car elle était blonde) amie m'avait offerte en vue de ce que je pensais devoir être nos ébats, vers une heure,
vêtu d'une sorte de pyjama vert et toqué de la même teinte, un
homme vint me chercher et, m'ayant demandé de monter sur une sorte
de lit muni de roues, m'emmena à travers de froids couloirs vers une
salle où un autre toqué me dit qu'il allait m'anesthésier. Je
m'attendais à quelque chose de léger qui me permettrait de suivre
les soins mais il n'en fut rien. Je perdis immédiatement conscience
pour ne la retrouver que plus d'une heure plus tard dans une salle
remplie de brancards à roulettes semblables au mien occupés de gens
léthargiques. On me ramena à ma chambre dans un état
semi-comateux. Ma raseuse de la veille, passant par là, me demanda
où était passée ma bonne humeur. Que répondre ? Ce qui
restait d'après-midi consista à lutter contre le sommeil en vue
d'une nuit reposante. Le temps me semblait comme figé. J'attendis la
visite du médecin mais point de visite il n'y eut.
Suivit enfin un repas moins mauvais que
celui de la veille, sans pousser l'audace jusqu'à être bon. C'est
ensuite que les choses se gâtèrent. Car tandis que je m'apprêtais
à m'endormir bien qu'il ne fût que vingt heures, un couple de
sadiques vint m'importuner, se déclarant être l'ÉQUIPE DE NUIT.
La torture allait commencer...
Mise en garde : Il
est fortement déconseillé aux âmes sensibles de lire ce qui
suivra.
Mais que s'est-il passé ? on t'as coupé les coucougnettes ? Vitement la suite !
RépondreSupprimerC'est plus insidieux !
Supprimer"où était passée ma bonne humeur. Que répondre ?"
RépondreSupprimerVous avez bien fait de ne pas répondre. Il se dit que les réveils post-anesthésiques sont parfois douloureux, et que les sujets l'ayant vécu ne maîtrisent pas pleinement leurs émotions ou leur vocabulaire. Cela aura peut-être évité à votre brave raseuse d'entendre des douceurs du style "viens donc la chercher dans mon slip" ou "dans ton c.. vieille p...".
On n'est jamais trop prudent.
Je n'étais pas d'humeur libidineuse ou vulgaire. En fait, je n'étais pas d'humeur du tout.
SupprimerEt Alors? J-J S
RépondreSupprimerZorro est arrivé-é-é
SupprimerSans s'presser-é-é...
Un peu de patience !
SupprimerCompte tenu de la localisation de cette résidence hôtelière, êtes vous certain que le liquide jaune-brun était bien pour la douche et non pas un café-calva de bienvenue ?
RépondreSupprimerÉquipe de nuit, celle du château de Caen serait-elle aussi terrible que celle qui sévissait aux alentours du Castelul Bran (Transylvanie) ?
Le suspense est insoutenable !
Droopyx
Droopyx
Rien qu'à l'odeur, je peux vous assurer qu'il ne s'agissait aucunement d'un café-calva.
SupprimerPour ce qui est de l'équipe de nuit, vous en connaîtrez bientôt la nature.
De la torture, du sadisme, du sexe, de l'angoisse et du style, félicitations Jacques Etienne ! Vous reléguez Michel Brice au statut de maçon en écriture. (ou un truc de ce genre)
RépondreSupprimerMichel Brice est un ami que je ne saurais égaler dans mes rêves les plus fous !
SupprimerJ'suis désolé de vous le dire JE mais quand on rentre de vacances on est dans le partage : on met des photos. J'suis sûr par exemple que quelqu'un comme Mildred aurait été intéressé par certains clichés.
RépondreSupprimerVous prêtez à Mildred de bien salaces pensées. Quoi qu'il en soit, faute d'appareil, je n'ai pris aucune photo de ces moments mémorables.
SupprimerS'il m'arrive, en ce moment, d'avoir des pensées grivoises (et non salaces que je récuse absolument) c'est de la faute de Philip Roth ! Hélas, je crains que, malgré la réelle affection que j'ai pour lui, quelles que soient les photos que Jacques eût pu nous faire parvenir elles n'eussent pu, en aucun cas, rivaliser avec la prose de Roth, qui même traduite, reste des plus réjouissantes !
SupprimerQuand je pense que j'ai passé un innocent séjour dans cette clinique ! Naïve que j'étais ! Blague à part, les repas étaient très bons, mais je ne faisais qu'accompagner mon fils, je n'étais pas malade.
RépondreSupprimerMême sur la qualité des repas, j'émettrai des réserves...
Supprimerquelle aventure ! du sexappeals , du liquide, des femmes et même de charmants jeunes hommes, franchement du hot ! on attends la suite avec gourmandise
RépondreSupprimerElle arrive, Boutfil, elle arrive !
SupprimerVous vous accommodez plutôt bien de nos coutumes caennaises. Si vous voulez, j'échange volontiers (sauf pour la gastronomie) avec les us aquitains, beaucoup moins riches.
RépondreSupprimerHâte de lire la suite de vos tribulations médicales normandes.
La suite (et fin) vient d'être publiée.
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