Il ne se passe rien de bien saillant de par le vaste monde.
Un avion se crashe de ci-de là, diverses guerres opposent deux camps dont il est
difficile de dire lequel est le plus gentil vu qu’ils ont raison tous les deux
et ne veulent que la paix, ; le président Hollande fait ses deux ou trois
déclarations définitives mais révisables sur des sujets aussi cruciaux qu’inintéressants,
bref la routine. Plutôt que de donner mon avis sur des sujets qui me dépassent
autant qu’ils m’indiffèrent, je vais donc poursuivre, avec tout le sérieux
scientifique que le sujet requiert, mes études éthologiques. Comme me le
suggéra M. Ygor Yanka, blogueur trop rare,
pas plus tard qu’avant-hier, c’est du mouton dont je vais aujourd’hui vous
entretenir.
Ce ruminant se distingue par la variété des termes qui
servent à le désigner selon son sexe ou son âge. S’il est mâle et entier c’est
un bélier (où en Normandie un belin* (prononcer blin)), s’il est femelle, c’est
une brebis et s’il est jeune, c’est un agneau ou une agnelle. N’aurait-il pas
pu, à l’instar du lion avoir pour femelle un moutonne et pour petit un moutonceau ?
Non, ce serait trop simple pour Môssieur, il faut que Môssieur se distingue ! Vous m’objecterez que l’être humain (homme, eunuque,
femme, trans, garçons, fille) fait pire. Que le porc (verrat, truie, porcelet),
la chèvre (chèvre, bouc, cabri ou chevreau) que le cheval (cheval, hongre,
jument, poulain), la poule (coq, chapon, poule, poussin) et même certaines
espèces sauvages comme le lièvre, le cerf ou le sanglier ne font pas mieux. C’est
l’argument d’une âme faible. On n’établit
pas sa vertu par comparaison avec le plus grand vice des autres.
Le mouton est répandu un peu partout sur terre. A la différence
du chien, du lion, du veau, du léopard ou du vieux loup, il n’en existe pas de
variété dite « de mer »*. Admettons qu’entre autres tares il n’ait pas
le pied marin. Je crains plutôt qu’il ne soit pleutre.
Domestiqué de longue date, il donne à l’homme son lait (pour
les fromages), sa laine pour les chandails, sa peau pour un cuir nommé basane
ou pour le parchemin et sa viande pour le ragoût et d’autres plats dont le
gigot. Vu comme ça, l’animal paraît généreux mais ce n’est qu’une façon de
parler. En fait, si l’homme ne lui prenait pas ces produits il ne lui donnerait
rien du tout. Alors que l’homme le nourrit et l’héberge gratuitement. C’est
donc un égoïste doublé d’un ingrat.
Qu’il soit jeune, mâle ou femelle, le mouton bêle. On aurait
pu s’attendre à ce que la femelle brèbe et que les petits agnent, mais non, ils
bêlent tous car une de leurs caractéristiques principales est le conformisme. Pas
étonnant qu’on qualifie de moutonnier tout comportement consistant à imiter
sans discernement ce que fait autrui.
La bêtise de l’animal est proverbiale. Il paraîtrait même qu’elle
soit contagieuse et se transmette au berger comme à la bergère. Ce qui
exprimerait le goût des princes pour ces dernières : une femme pas trop
futée leur permettant de se livrer à leur goût inné pour diverses débauches
sans qu’elle ne se doute de rien.
Le bon Jean de La Fontaine était un habile versificateur.
Hélas, à la différence de votre serviteur, c’était un bien piètre éthologue. Et
qu’il fût débauché et corrompu n’arrangeait rien. Ainsi s’explique l’absurde
récit de la fable Le Loup et l’agneau
qui nous montre un agnelet d’une douceur angélique se faire dévorer par un loup
sanguinaire. Souvenir d’un âge obscur où
l’inversion des valeurs était la règle !
Nos amis écologistes nous l’ont clairement montré : il n’est pas
animal plus doux et représentant moins de menace pour les ovidés que le loup.
La vérité est que lassé de se voir accusé à juste raison de cruauté envers les
canidés (des bandes d’agneaux attendaient dissimulés dans les buissons à
proximité d’une onde pure qu’on loup vînt s’y désaltérer et, se ruant sur lui, le
projetaient d’un coup de tête dans le courant où la pauvre bête se noyait
souvent) le puissant lobby ovin paya grassement
le fabuliste pour qu’il écrivit cette histoire que les citadins, peu au
fait des choses de la nature, gobèrent sans sourciller.
Une liste exhaustive des vices de cet animal serait
interminable. Les quelques traits ci-dessus évoqués suffisent à se faire une
idée du personnage : couard, égoïste, ingrat, dépourvu de personnalité,
stupide, violent, cruel, menteur et corrupteur**, cette bête ne saurait
inspirer à l’honnête homme que le plus profond mépris. A bon entendeur salut !
*Nom donné au mouton du Roman de Renart, par un auteur
paresseux
**Ne venez pas m’objecter que la mer fait des moutons :
il s’agit là d’une métaphore et non de mammifères.
***toute ressemblance avec un (ou des) homme(s) d’état existant
ou ayant existé serait purement fortuite.
Voilà enfin une mise au point que nous attendions depuis longtemps et qui s'imposait!
RépondreSupprimerIl conviendrait même d'éradiquer carrément cette sale bête...oui, sauf qu'après ils boufferaient
quoi, nos pauvres loups?
Amitiés.
Ben, de cette herbe dont ils sont si friands et dont les moutons (et les bovins), ravageurs d'alpages et de prés les privent indûment !
SupprimerJe viens de lire Yanka, mais revenons à nos moutons : comment s'appelle la femelle du dromadaire ?
RépondreSupprimerEh bien, paraît-il, qu'elle ne s'appelle pas !
On la siffle ?
SupprimerMême que cet animal a une fête religieuse, l'Aïd al-Adha (en arabe عيد الأضحى, « fête du sacrifice ») ou Aīd al-Kabīr (العيد الكبير , "grande fête")
RépondreSupprimerJuste remise au point sur le loup, merci oncle Jacques.
On commémore ainsi le sacrifice d'Abraham. C'est un pas dans la bonne direction, mais pour bien faire il faudrait sacrifier tous les moutons...
SupprimerEt pas un mot ni sur le mouton à cinq pattes, ni sur le mouton noir ?
RépondreSupprimerVous allez décevoir nombre de lecteurs !
Décevoir mes lecteurs m'est insupportable. J'y remédierai.
SupprimerMerci cher Jacques pour cet aperçu -donc non exhaustif, mais aurait-il pu l'être ? Je déplore cependant que vous ayez omis, peut-être à dessein, de citer Maurice, bébé de l'agneau -raison pour laquelle il s'appelle Agnelet- donc petit-fils du mouton, et le mouton élevé sous la mer, ce qui prouve que s'il n'a pas le pied marin, il l'a quand même sous-marin. Là encore, c'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup.
RépondreSupprimerEt pardon d'avoir été si long.
Eh oui, j'ai oublié tout ça ! Je vais tâcher d'y remédier...
SupprimerLe mouton a un avantage sur le loup: son nom rime avec téton. Ce qui nous permet de chanter des chansons rigolotes.
RépondreSupprimerL'avantage est en effet considérable !
SupprimerEt avez-vous noté qu'un mouton qui bêle à proximité de vous donne toujours plus ou moins l'impression de vous engueuler ?
RépondreSupprimerCe n'est hélas pas une impression : le mouton déteste l'homme et dès qu'il l'aperçoit il l'abreuve d'injures dont la décence m'interdit de révéler la teneur. Mme R. a d'ailleurs consacré un billet à la question selon lequel seul le mouton gazaoui serait poli et courtois.
SupprimerUne solution originale pour apaiser les tensions religieuses. Pas bêêête !
RépondreSupprimerhttp://voixdupeuple.files.wordpress.com/2011/09/le-mouchon.jpg
Une bien belle bête !
SupprimerIl aurait aussi 5 pattes selon Henri Verneuil
RépondreSupprimerC'est assez exceptionnel...
Supprimermalgré tout, compter les moutons comme une conne pour m'endormir ai lieu de m'empoisonner avec un médicament m'incite à trouver quelque utilité à cet animal
RépondreSupprimerCertes, mais on pourrait aussi bien compter des kangourous ou des lemmings...
SupprimerMerci, mais quel rapport avec le mouton ?
RépondreSupprimerCeci n'est pas un mouton, pourtant il fait tout pour lui ressembler;
RépondreSupprimerhttp://www.lebonchien.fr/chien/komondor.html
Ce n'est pas komondor, mais kommando : Votre chien suit parfaitement la consigne FOMEC !
SupprimerAmike