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samedi 12 juillet 2014

Faut-il un Thomas More à la France ?



Avant de répondre à cette poignante question qui m’est venue à l’esprit suite à un débat chez M. Goux et afin de déblayer le terrain, je vous conterai une blague qui circulait en Angleterre dans les années soixante-dix. Elle concernait la presse quotidienne.

« Le  Financial Times (quotidien financier)  est lu par ceux qui gouvernent le pays
Le Times (conservateur) est lu par ceux qui croient gouverner le pays
Le Guardian (gauche) est lu par ceux qui pensent qu’ils devraient gouverner le pays
Le Morning Star (communiste) est lu par ceux qui pensent que c’est un autre pays que devrait gouverner le pays
Le Sun (gutter press) est lu par ceux qui se foutent bien de qui peut gouverner le pays du moment qu’elle a de gros nibards » (Pour ceux qui l’ignoreraient, en dehors de titres-chocs et d’un goût marqué pour le French bashing, la grande spécialité du Sun est la photo d’une belle fille dénudée en page 3)

Évidemment, et de très loin, c’est le Sun qui était (et demeure) le plus lu… Quel rapport me direz-vous avec Thomas More ? Nous y viendrons. Mais auparavant, pour les rares lecteurs à qui ce nom ne dirait rien, je signalerai qu’il s’agit d’un humaniste britannique du XVIe siècle, juriste, théologien, historien, philosophe (il fut élève puis ami d’Érasme), Bref d’un homme de culture que la faveur du roi Henri VIII éleva à la plus haute charge du royaume avant que, tombé en disgrâce, il ne se trouve condamné à mort et décapité pour « trahison ». Catholique fervent, il fut béatifié puis canonisé. Un homme complet (sauf à l’extrême fin) en quelque sorte. Il fut un temps où, pour ministre, le roi d’Angleterre n’hésitait pas à choisir un grand humaniste, quitte à le faire raccourcir en cas de contrariété.  Certains se plaignent qu’une telle pratique ait disparu (le choix d’un dirigeant cultivé, pas nécessairement sa décapitation). C’est du moins ce qu’il m’a semblé en lisant certains commentaires chez le bon Didier. Il semblerait qu’à leurs yeux seul un homme de profonde culture (littéraire, ça va sans dire) ait sa place à la tête d’un pays. D’où ma question. Seulement, les temps ont changé. Que le peuple ait été largement aussi inculte au XVIe siècle que maintenant, je n’en doute pas un seul instant. Seulement, à la différence des lecteurs du Sun, il n’avait pas le droit de vote. Point n’était besoin de le séduire.

De nos jours, pour être élu, il faut soit séduire le peuple soit s’opposer à un adversaire que ce dernier rejette pour des raisons bonnes ou mauvaises. Je doute qu’une culture encyclopédique puisse être le principal atout de séduction de nos modernes politiques. Je doute également que ce soit suite à une étude profonde de la littérature et de l’histoire que l’on devienne un « animal politique » ou qu'on soit capable de gouverner un pays. Être un honnête homme (au sens classique du terme) compte moins qu’une bonne maîtrise du jeu politique et que l’art de la démagogie. Si le plus habile politicien que nous ait fourni l’actuelle république avait un goût certain pour la culture, c’est plutôt sa rouerie et sa pratique du système qui l’ont amené à être si souvent ministre sous la quatrième avant de devenir président suite à une interminable quête de pouvoir.

En fait, il me semble que seule une poignée de gens seraient séduite par un homme de pouvoir lettré. Malgré leur exigence en ce domaine, je crains que nombre de mes amis « réacs » en soient (de la poignée, bien entendu), ne serait-ce qu’à cause d’une haine viscérale de tout homme politique (corrompu jusqu’à l’os par définition), de l’extrême diversité et de l'intransigeance de leurs opinions…

Au risque de me répéter, ce que je demande à un politique, c’est d’avoir un programme en accord avec mes aspirations et de le mettre en œuvre. Qu’il partage ou non mes centres d’intérêt est secondaire.

18 commentaires:

  1. Les humanités affinent l'intelligence et ouvrent l'esprit.

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    1. Je n'en doute pas mais elles ne sont pas seules à le permettre.

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  2. La conclusion me paraît donc s'imposer d'elle-même : mettons fin à la démocratie.

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  3. Un Pinochet ou un Franco me sembleraient plus appropriés. Rien de bon ne peut sortir des urnes, sinon ça se saurait.

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    1. Toujours aussi démocrate à ce que je vois !

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    2. On ne se refait pas !

      Et puis quand on voit ce qu'ils en font de la démocratie, tous ceux qui s'en réclament à grands cris, je me dis qu'on ne perdrait pas au change.

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  4. Robert Marchenoir12 juillet 2014 à 17:06

    Moi je vote pour Reagan (acteur) ou Thatcher (chimiste).

    Halte à l'insupportable dictature des rats de bibliothèque.

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    1. Mme Thatcher a toujours eu ma sympathie, sauf quand elle a institué la "Poll tax".

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  5. je trouve que ces mœurs du temps passé où l'on raccourcissait joliment un ministre, fût-il lettré, avait tout de même quelques avantages pour la suite, et je serai assez pour rétablir cette mesure, nous pourrions faire l'économie de la large retraite et de tous les avantages payés à vie à tous ces anciens ministres et députés, et nous n'aurions même pas le regret d'avoir raccourci un intellectuel brillant, vu le niveau des nos élus et en plus, la certitude de ne pas les voir revenir plus tard

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    1. C'est frappé au coin du bon sens, tout ça, Boutfil !

      Jacques, ne pourrions-nous pas constituer un comité de soutien Boutfil Présidente ? Nous la tenons, notre Maggie. Boutfil Présidente !

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    2. Ça me paraît être une bonne idée. Seulement, pourquoi diable quitterait-elle ses chères broderies pour une tâche si ingrate ?

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  6. J'ignore s'il nous faudrait un Thomas More mais je suis certaine qu'il nous faudrait un Président Plus !
    (Oui, je sais, mais bon, c'est la fin de la semaine !)

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  7. Il nous faudrait Renaud Camus président, pardi !

    Mat, anonyme car sur ordinateur d'emprunt.

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    1. Bien qu'ignorant presque tout du lascar (je doute que ce terme, accolé à son auguste personne lui plaise) le peu que j'en connais me pousse à douter que votre suggestion soit bonne.

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    2. Pour raccourcir un ministre , je propose la hache, l'épée serait bien trop noble pour ces ruffians.

      Pour sortir ce pays de la chienlit, un homme comme Rodrigo Díaz de Vivar aussi connu sous le nom" El Cid Campeador " serait parfait mais le méritons nous ?

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  8. Bien sûr, vous avez tout à fait raison d'autant plus que le lettré fleurit de moins en moins sur
    les bancs des hautes écoles de la République. Maintenant c'est la communication qui tient le
    haut du pavé...il s'agit de bien autre chose!

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