Je viens de terminer la lecture du roman de Daniel Boulanger La mer à
cheval. Ce curieux ouvrage me laisse
une impression pour le moins mitigée. Si vous rêvez d’action, de péripéties
échevelées, vous serez bien déçu : Charles, un gentleman plus ou moins
farmer qui exploite les bois qui entourent son château et élève des faisans
constate la fugue de sa femme, Jeanne. Celle-ci finit par revenir avant de
disparaître à nouveau… Ajoutez à cela un
fermier voisin qui rêve de s’approprier les terres de Charles, une vieille
domestique qui veille sur lui comme ferait une mère bougonne, la curieuse manie
qu’a le châtelain d’attraper des insectes qu’il retient prisonniers sous divers
verres, de longues promenades en compagnie d’un Bas-rouge et d’étranges dialogues
entre un mari et sa femme retrouvée : pas de quoi inspirer Hollywood !
Le roman n’étant plus disponible que d’occasion, il ne dut
pas rencontrer un succès fabuleux. Et ça se comprend. Le problème avec
Boulanger c’est la richesse de son style. Richesse qui confine à l’obscur. Prenons
une phrase au hasard : « Les arbres sont d’un grand secours à l’âme
feuille. » Ouais, je veux bien. Si jamais je me sens l’âme feuille, il
faudra que j’aille vérifier auprès des arbres la taille du secours qu’ils procurent. En fait bien des passages me sont resté
hermétiquement clos. Ne l’oublions pas, Boulanger est un poète, et c’est
peut-être ce qui gène : un langage poétique est-il bien adapté à une longue
œuvre de genre narratif ? J’ai eu
comme une impression d’indigestion, du genre qu’on ressentirait à manger une portion surabondante de
nourriture trop riche.
J’en suis à me demander si le roman est un format qui
convient au style précieux de cet auteur. Autant j’ai pris plaisir à lire ses
recueils de nouvelles, autant je sors de ce livre avec une sensation de
malaise. Comme si la mince intrigue n’eût
été digne que d’un bref récit…
PS : Il semble que mon blog, comme ceux de mes amis ait recouvré aux yeux de M. Facebook sa sûreté première...
PS : Il semble que mon blog, comme ceux de mes amis ait recouvré aux yeux de M. Facebook sa sûreté première...
Personnellement à la première phrase du genre : "Les arbres sont d'un grand secours à l'âme feuille", que je rencontre, le livre me tombe à l'instant des mains.
RépondreSupprimerCela m'évite bien des indigestions.
La tentation est grande, en effet. Seulement, par ses phrases absconses, Boulanger parvient à créer une ambiance étrange et originale qui font de ses nouvelles un régal...
SupprimerPersonnellement, je me méfie des poètes. Leur combine leur permet de planquer le flou de la pensée et l'approximatif du style.
RépondreSupprimerEnfin, je ne parle que de nos contemporains, bien sûr, je ne me permettrais pas de m'en prendre à Baudelaire à Hérédia ni à Verlaine. Il en existe peut être encore de ce calibre mais on ne les voit guère.
Amitiés.