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mardi 19 mars 2013

Sentiments



S’il y a une chose dont il faut se méfier, c’est bien des sentiments.  M. Gainsbourg nous avait mis en garde contre eux il y a des décennies déjà :
« Laissez glisser
Papier glacé
Les sentiments
Papier collant
Ça impressionne
Papier carbone
Mais c'est du vent »
Saurait-on mieux dénoncer leur manque de fondement comme l’embarras qu’ils provoquent ?

Aussi n’y a-t-il rien d’étonnant à ce que ceux de nos compatriotes qui pensent correctement dénoncent à longueur de temps l’un d’entre eux  à savoir le « sentiment d’insécurité » qu’éprouveraient  certains mauvais Français, manipulés par une extrême droite désireuse de voir renaître les heures les plus sombres de notre histoire. Ce sentiment, n’est, comme le disait si bien le beau Serge, basé que sur du vent. Il ne résulte d’aucune réalité.

On n’est ni plus ni moins en sécurité qu’à n’importe quelle époque.  Plus qu’à certaines même. Et c’est indéniable. Je n’en prendrai qu’un exemple : vous courez, en 2013, nettement moins de risques, en vous promenant sur le Chemin des Dames, d’y être déchiqueté par un obus ou haché par la mitraille qu’au printemps 1917.  Celui qui penserait le contraire souffrirait donc du fameux « sentiment d’insécurité ».

En fait, ce « sentiment » n’est qu’une manifestation paranoïaque. N’était le complot conjoint des assureurs, des serruriers et des marchands d’équipements de sécurité, personne n’achèterait ces digicodes, alarmes et autres portes blindées  qui sont venus équiper les immeubles de nos cités ces dernières décennies et que rien ne saurait justifier.  Comme beaucoup de ses collègues bijoutiers, M. Collier, exerçant ce noble métier à Albertville, a eu le sentiment que des braqueurs brisaient ses vitrines et qu’un d’entre eux lui tirait dessus.Transporté à l’hôpital il eut même le sentiment de mourir, sentiment d’ailleurs partagé par le personnel soignant, ses proches et ses amis.

Et si tout n’était que sentiment ? Le cancéreux au stade terminal a un sentiment de souffrance, le noyé un sentiment d’humidité, le gouvernement un sentiment d’impopularité, le condamné un sentiment d’emprisonnement (pas toujours), le contribuable un sentiment de spoliation, le pauvre un sentiment de misère, le gauchiste un sentiment de sécurité, le cypriote un sentiment de confiscation, le cardinal le sentiment d’être vêtu de rouge, etc.  Nous ne saurions qu’y gagner !  Ravaler au niveau de « sentiment » tous les problèmes que peut connaître la société ne serait-ce pas la meilleure des solutions qu’on puisse leur apporter ?

19 commentaires:

  1. Les voyageurs du R.E.R D ont eu un sentiment d' attaque de diligence en voyant une vingtaine de joyeux drilles encapuchonnés se livrer à une sarabande pour leurs ôter port-feuilles, bijoux et autres objets dont ils s’étaient impudemment alourdis lors de leur voyage.

    C'est beau cette douceur dans le choix des mots, on se sent tout de suite plus en sécurité, c'est cela le changement.

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    1. Faut dire aussi… Quelle idée de porter des bijoux pour prendre les transports en commun ! Et un porte-monnaie !
      Faut porter un truc à même la peau, comme au Brésil. Rien dans les sacs sauf un mouchoir. Et encore.
      Mais si vous laissez vos bijoux chez vous, vous vous les faites voler quand même.
      Mais Muchielli a dit que c'était normal.

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    2. Eh oui... Mais si Muchielli trouve ça normal n'est-il pas en proie à un sentiment de normalité ?

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  2. Nous vivons dans une immense salle de shoot, mais j'ai le sentiment de n'avoir pas saisi votre propos et je pressens que vous vous en foutez et moi aussi.

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  3. Il n'y a guère que les cons et les malfaisants, pour n'avoir aucun sentiment de connerie ni de malfaisance.

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  4. "Ravaler au niveau du sentiment tous les problèmes que peut connaître la société..."
    Je crois que beaucoup le font déjà. Sinon on ne nous parlerait pas de ces femmes violées qui ne portent pas plainte ni, tenez, de ces voyageurs attaqués dans le RER D, dont on nous dit que beaucoup n'ont pas osé le faire.

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  5. On va tous bientôt avoir un sentiment de découvert bancaire aux fins de mois.

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  6. J'allais dire une incongruïté grossière, je me suis retenu au dernier moment. J'édulcore : le sentiment dominant depuis quelque temps c'est d'avoir des gens qui s'activent derrière notre dos. Mais en effet, c'est juste un sentiment.
    Amitiés.

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  7. Moi j'éprouve surtout un sentiment de grande lassitude.

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  8. Nos compatriotes ont voté pour virer la droite qui attise la haine et divise les Français et donner tous pouvoirs aux socialistes parce qu'ils ont le sentiment que les socialistes seront plus à même de résoudre leurs problèmes de sécurité, de dette et de chômage.
    Mais maintenant nos compatriotes versatiles ont le sentiment que peut-être les socialistes ne sont pas à la hauteur et ils font descendre le président dans des abimes d'impopularité.
    c'est rigolo. Moi, je m'ennuie jamais.

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    1. Leur versatilité est affligeante. Qu'attendaient-ils ? Un miracle ?

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    2. Un miracle ? Vu ce qu'ils lui refilent, à la fille (pas farouche, soit dit en passant et entre nous) aînée de l'Église (qui a le dos large, tiens), la Vierge, elle est très bien à Lourdes (quoique...)

      Ou à Medjugorge.

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  9. Et pourquoi pas un miracle, après tout ? Pourquoi s'interdire de rêver au sauveur providentiel quand partout, c'est le bordel ? Chez certains c'est Jésus, chez d'autres Hollande, chez d'autres le chihuahua du voisin...

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