Beaucoup se plaignent de la ville, de la délinquance, du
bruit, de la pollution, de la promiscuité, des prix exorbitants du logement et des
mille et une autres nuisances qu’elle engendre. Eh bien, il existe une solution :
des espaces quasi-vierges sont à leur disposition : on y parle français, l’air
y est pur, on y a de l’espace, les bruits y sont modérés le jour, quasi inexistants
la nuit, le crime n’y fleurit qu’occasionnellement, les prix des maisons et du
terrain bas, bref, où se trouve le remède aux maux de la ville. Et où
se trouvent ces lieux paradisiaques, s’il vous plaît ? Aux Amériques ? En Terre-Adélie ?
Sur quelque île du pacifique ? Que nenni ! C’est juste à côté de chez
vous : ça s’appelle la campagne française. Vous savez, celle que vous apercevez
de l’autoroute quand vous vous rendez de vos villes vers les concentrations
balnéaires ou montagnardes, selon la saison.
La densité moyenne de notre pays est de 112 habitants par
kilomètre carré, ce qui nous laisse disposer de pas loin de 9000 mètres carrés
par tête de pipe. Ce qui est beaucoup. Mais, me direz-vous, ces terrains sont déjà
occupés par l’agriculture, les routes et tout plein de trucs. C’est vrai, mais
en se contentant du dixième de cela, une famille de 5 personnes disposerait
encore d’environ 4500 mètres carrés ce qui est bien plus que les meilleurs des
pères et mères de famille ont envie de tondre ou de labourer le week-end.
Le problème, c’est que, de plus en plus, le Français moderne s’agglutine et que 90 % de
la population vit 10 % du territoire. Ce
qui laisse aux 10 % restant 90 % du territoire.
C’est dire s’il y a de la place pour accueillir de nouveaux arrivants !
Surtout que les candidats ne se bousculent pas. On a beau râler, crier à la fin
de tout et du reste, on s’accroche à la ville comme une bernique à son rocher. On
aimerait bien la changer, y respirer un air pur, y trouver des gens courtois, de l’espace,
etc. Autant chercher une vierge dans un boxon. Et au fond, en a-t-on vraiment
envie ? L’homme est volontiers
grégaire…
Pourtant vivre à la campagne devient de plus en plus
agréable. Grâce à l’Internet (que l’on
peut obtenir par satellite avec un bon débit depuis le plus isolé des recoins),
on peut y télétravailler, faire ses courses, être en contact avec tout plein de
gens largement aussi intéressants qu’un voisin de palier auquel, en général, on
n’adresse pas la parole. Vu qu’on n’y trouve aucune espèce de transports en
commun, on ne risque pas de s’y entasser. Bien sûr, il faut une voiture mais
contrairement au milieu urbain, l’essentiel du carburant n’y est pas dépensé à
faire du sur-place dans les embouteillages. Et puis, en s’organisant un peu on
peut faire de grosses courses tous les quinze jours ou tous les mois ce qui
réduit le bilan carbone. Mais le boulot, pour ceux qui ne peuvent pas télé-travailler ?
Nous bénéficions d’un réseau routier qui
permettrait aux entreprises industrielles de s’installer un peu partout. D’autre
part, la redensification de la population en milieu rural y créerait
automatiquement de nombreux services et partant de nombreux emplois de toutes
sortes.
Quid des facilités « culturelles » ? Soyons
sérieux : la plupart des gens n’en profitent pas ou peu. Si on y tient vraiment, on peut toujours se
déplacer pour en jouir une fois tous les trente-six du mois. Et les bonnes
écoles pour les tits gnenfants ? Une bonne école est celle où l’on apprend
à bien lire, écrire et compter, savoirs de base que nos écoles urbaines ont de
plus en plus de mal à dispenser. Le reste, on l’apprend (ou pas) largement par
soi-même. Combien des membres de nos élites du temps passé ont émergé du fin
fond d’obscurs trous de province ?
On pourra m’objecter des milliers d’arguments en faveur de
la vie citadine. J’en trouverai autant contre. Quoi qu’il en soit, je ne crois
pas que mon idée de coloniser la France campagnarde ait grandes chances de
rencontrer le succès. "Dieu se rit des créatures qui
déplorent les effets dont elles continuent à chérir les causes." :
telle est la sage citation de Bossuet que le Plouc a inscrit en exergue de
son blog. Ignorant ce rire divin, mes contemporains continueront donc de se regrouper
et de pleurer sur les inévitables conséquences de leur regroupement.
J'habite à Orsay et je vis ça comme un exil alors ce n'est pas moi que vous allez convaincre ! en fait je crois que j'aime la foule et le bruit (pas la cohue ni le vacarme)
RépondreSupprimerMais j'aime beaucoup aller en Normandie de temps en temps, trouver une petite église au bout d'une cavée et m'extsasier sur les légumes du marché
je suis persuadé que la plupart des gens sont comme vous et les Parisiens plus que les autres. Bien que né et ayant grandi dans la région parisienne, je n'ai jamais envisagé d'y vivre et m'en suis éloigné au plus tôt. J'ai bien conscience d'appartenir à une minorité.
SupprimerVotre exil prendra peut-être fin un jour... Mais souvenirs d'Orsay remontant à plus de quarante ans, je n'ai pas la moindre idée de l'agrément ou du désagrément de cette ville. La vallée de Chevreuse est cependant proche et pour l'Île de France, c'est un endroit agréable...
Et les filles, quand on n'a pas 25 ans ?
RépondreSupprimerToutes en ville !, désolé.
Les filles ? Ça vous passera avant que ça me reprenne !
SupprimerIl est cependant vrai que femme et campagne ne s'entendent pas très bien.
Je ne pourrais plus vivre en ville alors que je pensais ne jamais pouvoir survivre à la campagne.
RépondreSupprimer@Athena, votre réflexion me fait penser aux provinciaux qui de passage à Paris, disent, moi, je ne pourrais pas vivre à Paris, la foule... Ayant été parisienne, cela me fait rire, j'ai adoré ma vie de quartier, ma vie de parisienne, mais soyons honnête, je cherchais le soleil et la nature dès le printemps et mon niveau de vie était infiniment inférieur à celui que j'ai avec moins de sous à la campagne.
J'ai gagné à la campagne un immense bien être, une merveilleuse maison pour le prix d'un studio (et encore) une sécurité, on laisse les clefs sur les voitures... Et mille autres choses.
@ Anonyme, il y a des jeunes aussi à la campagne, ils sont plus disponibles et moins stressés, plus natures aussi, si vous avez horreur du sport et de la nature, ce n'est pas pour vous. Mais si vous adorez faire de l'équitation, du para pente, du squad, de la voile ou du ski selon la région, c'est possible et pas cher, sans temps passé en transport, chaque week end, le soir au printemps, croyez moi, cela mérite réflexion!
Si j'étais très riche, enfin très, très riche, j'aurais un appart à Paris et ma maison à la campagne, je ne suis pas si riche, donc, j'ai juste ma maison.
@Ladywaterloo je suis née à Paris et j'y ai vécu la plus grande partie de ma vie. Je suis parisienne comme d'autres sont lyonnais ou bellifontains.
SupprimerPersonnellement, si j'avais un appartement à Paris, je le vendrais ! Que ferais-je avec l'argent ? Mystère : je n'ai aucun besoin d'argent !
Supprimer(Je suis l'anonyme de 24 ans du dessus)
SupprimerVos apologies de la vie à la campagne me ravissent et j'ai d'abord aimé ce blog parce que son auteur aime le jardinage.
Des jeunes je me promène deux heures tous les jours et n'en vois jamais. Je n'avais pas d'illusion sur ma génération mais enfin, même les jardins sont vides. Pas de cabane, pas de barrage dans les ruisseaux, pas de vélos, personne. Sauf, oui, parfois, dans les abribus les oisifs que l'on connaît bien en ville.
Alors la boîte de nuit. Pour réaliser qu'un morceau comme Lady de Modjo n'y passera plus, et que de toute façon plus personne n'aime ça.
Les jeunes de la campagne me donnent tous l'impression d'être cassés.
Je vis à la campagne depuis toujours et je ne souhaite pas l'arrivée de citadins
RépondreSupprimerNe vous en faites pas : ils ne viendront pas !
SupprimerOn observe déjà depuis une vingtaine d'années un mouvement (qui va en s'accélérant) de désertion des grands noyaux urbains (par les classes moyennes). Non pas pour s'installer dans les campagnes profondes, mais en périphérie des villes, à une trentaine de km.
RépondreSupprimerDeux facteurs devraient somme toute conditionner les mouvements ville/campagne dans les années, décennies à venir: d'une part la question énergétique (dans une moindre mesure) et surtout d'autre part, l'inévitable partition du territoire (sur critères ethniques et religieux) vers laquelle le pays semble se diriger (on parle déjà de nouvelles organisations territoriales de type féodales).
J'ai vendu ma maison d'Eure-et-Loir, dans un village à 120 km de Paris à des Versaillais. Les visiteurs les plus intéressés étaient des franciliens. Beaucoup s'installent à plus de 100 km de leur travail : ce sont des réfugiés !
SupprimerJe vis à Paris intra-muros depuis Décembre 77 et je n'ai toujours envie de m'installer en Province malgré les jérémiades de mon épouse pour finir notre vie à la campagne(le Centre de la France) mais quand je vais me reposer dans vertes campagnes au bout de 2 jours des envies de meurtres me viennent aux narines.
RépondreSupprimerMais il est vrai que le bruit est peu présent ce qui un jour m'angoissa au plus haut point lors d'une nuit passée à La Souterraine près de Limoges, pas un bruit de voitures, de voisinage que du silence, rien que du silence, MORTEL!
Grandpas, votre description d'une nuit à la Souterraine ressemble un peu au pire des cauchemars (ou du film de zombie, d'ailleurs). Et dire que c'est du vécu !
SupprimerEh oui, le bruit est une drogue comme une autre. La Souterraine est tout de même une petite ville. Vous avez bien fait de ne pas aller vraiment à la campagne : ça vous aurait probablement tué !
SupprimerAttendez que les quotas de logements sociaux soient imposés partout, et vous allez la voir changer, votre campagne. Je vois ça de très près à pourtant 100 bornes au nord de Paris, ce n'est pas brillant.
RépondreSupprimerLe bénéficiaire type de logement social est grégaire et s'installe en troupe(au). Le Cantal restera préservé de votre vivant.
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