L’autre jour j’ai contacté un immigré qui a monté une entreprise de rénovation de bâtiment afin qu’il m’établisse un devis pour l’isolation et la réorganisation de l’étage de ma maison.
A l’heure dite, il arriva au volant de son fourgon. Il fut étonné que je le salue dans sa langue alors qu’il s’attendait plutôt à un simple « Bonjour ». Je lui expliquai mes désirs, nous affinâmes les solutions tout en parlant de tout et de rien.
Je lui demandai depuis combien de temps il vivait en France. Cela faisait dix ans. Mais ses parents étaient arrivés bien avant, dans un village tout près d’ici… Un immigré de la seconde génération, en quelque sorte. Il avait d’abord travaillé aux Etats-Unis, puis était rentré au pays. Il travaillait alors soit en France, soit dans sa mère patrie avant de se décider à s’installer chez nous pour de bon.
Je lui demandai pourquoi il avait pris une telle décision. Il s’expliqua : ce qui importait pour lui, dans la vie, c’était son foyer, ses enfants. Dans son pays, les écoles ne valaient rien, c’était un bazar sans nom, tandis qu’ici régnait la discipline, l’ordre, l’efficacité. Ses enfants allaient à l’école, y apprenaient à lire et à écrire en français, ça marchait bien. Et leur mère, ancienne institutrice au pays, se chargeait de leur apprendre la forme écrite de leur langue maternelle. Je m’enquis de savoir si ces enfants étaient dans le privé ou le public. « Dans le public », me répondit-il « à X… ». Je m’en étonnai car le village de X n’était pas le plus proche de chez lui. Il m’expliqua qu’il ne souhaitait pas qu’ils aillent à l’école de Y pour cette raison qu’il y avait trop d’enfants originaires de son pays, qu’ils avaient tendance à rester entre eux, à parler leur langue et que cela nuisait à leurs progrès scolaires.
Cette conversation se tint dans la langue de l’immigré que les hasards de la vie m’ont amené à parler couramment. Cette volonté d’intégration, cette préférence affichée pour un pays dont il ne parlait que moyennement l’idiome, ce désir de fuir un pays qu’il juge miné par des politiques irresponsables que nous évoquâmes me touchèrent autant qu’elles m’intriguèrent : ils sont quand même un peu originaux, ces anglais !
Billet rigolo. Je connais quelques immigrés de cette race-là aussi. Les adultes ont lourdement tendance à se regrouper et à persévérer dans le non-apprentissage du français. On leur accorde des "accommodements raisonnables", comme celui-ci: Batimat et Point P, quand ils embauchent des vendeurs en matériaux de construction, demandent une "excellente pratique de l'anglais parlé".
RépondreSupprimerReally interesting and curious...
RépondreSupprimerJacques,
RépondreSupprimerC'est malin, j'ai failli avoir une crise cardiaque en lisant le titre.
Il existe des immigrés aimant ce pays à ce point, le texte fini,tout est revenu dans l'ordre des choses.
Mais ces gens là sont aussi à surveiller, ne voudraient ils pas recréer l' Empire Plantagenêt.
Un signe qui aurait pu nous mettre sur la voie : les immigrés - les autres - qui atteignent ce niveau social, scolarisent en général leurs enfants dans le privé.
RépondreSupprimer@ Suzanne : Ici aussi ils bricolent comme des malades. La proportion de voitures anglaises sur les parkings des magasins spécialisés est étonnante.
RépondreSupprimer@ Ygor : pas si curious... Le phénomène est comparable aux "parisiens" qui quittent l'Ile de France pour s'installer au fin fond des départements limitrophes (j'ai vendu ma maison d'Eure-et-Loir à des franciliens lassés). Parmi ceux-ci, on compte des arabes qui préfèrent que leurs enfants ne soient pas élevés dans des ghettos.
@ Grandpas : Je sais d'expérience que certains immigrés plus "divers" raisonnent de la même façon. Quand à l'empire des Plantagenêt, il était plus français qu'anglais, non ?
@ Mildred : Certes. J'ai fini ma carrière dans l'Enseignement Catholique et nous avions un certain nombre d'élèves "divers" (en général enfants de médecins spécialistes).
@ Jacques-Etienne,
RépondreSupprimerLes nobles parlaient le français mais pas les gens du peuple qui eux s'exprimaient dans diverses langues, Occitan, anglo-saxon, etc...
Je ne sais si vous connaissez Pierre Naudin qui a écrit plusieurs romans sur le moyen âge notamment le Cycle d'Ogier d'Argouges qui débute en Normandie et même dans votre département.
On peut même visiter le château du héros mais je ne me souviens plus où exactement.
Quant aux immigrés "divers" raisonnant comme vôtre artisan, je ne dis pas qu'ils n'existent pas mais ils sont bien peu nombreux ou ils se font trop discrets.
Par expérience, je sais qu'ils sont le plus souvent exclus de leurs familles surtout si ces personnes sont des femmes.
@ Grandpas : Les nations homogènes sont de création très récente, résultats de siècles d'efforts. Raison de plus pour défendre cette homogénéité.
RépondreSupprimerNon, je ne connais pas Pierre Naudin. En fait, j'évite le roman historique. Je lui préfère l'histoire.
Par définition, l'assimilation fait disparaître la différence d'où la discrétion...
Quant au rejet, il est probablement mutuel, non ?
@Jacques-Etienne,
RépondreSupprimerLe rejet dans le cas que je cite, non il est à sens unique.
Je veux bien tendre la main mais pas que l'on renvoie dans le g......
On peut s'assimiler sans perdre toutes ces racines.
Pierre Naudin n'abîme pas trop l'histoire.Quant à l'histoire là aussi, il faut choisir les sources et parfois lire la vision de l' autre voir cette citation:
L'histoire est écrite par les vainqueurs.
Les Frères ennemis (1967)
Citations de Robert Brasillach
Il est vrai que ce personnage est sulfureux mais doit on se passer de ses écrits.