..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

jeudi 20 janvier 2022

Sacré Pascal !


Désolé pour les amateurs de paris, mais ce n’est pas du brave Blaise qu’il va s’agir ici, la photo vous aura mis, je pense, sur la voie. C’est d’un autre, tout aussi réjouissant dont il sera question à savoir du variant Praud du Pascal.

J’ai découvert par hasard l’émission qu’il anime sur la seule chaîne dite d’information que je regarde désormais. Ce qui m’a d’abord plu c’est d’entendre s’y exprimer des opinions que l’on ne rencontrerait pas sur le service public ou les chaînes comme il faudrait.

Il faut reconnaître au cher Pascal un talent certain : celui de savoir transformer le moindre débat en total bazar. Ce n’est pas donné à tout le monde. En dehors du regrettable Michel Polak, je crois que nul n’a su le surpasser. Il faut dire que sa manière d’interrompre constamment ses invités et de les contredire est remarquable.

Du point de vue politique, il est difficile et même impossible de le situer avec exactitude. Il peut avoir des sanglots dans la voix pour évoquer le souvenir de de Gaulle comme des son ennemi de toujours l’inénarrable François Mitterrand. Nostalgique du bon vieux temps, il considère comme allant de soi les innovations sociétales récentes qu’il qualifie volontiers de progrès. Il peut trouver bien du mérite à Zemmour, à Marine, comme à Fabien Roussel et saluer le talent de Mélenchon voire celui du président Macron. Seule la pauvre Madame Hidalgo fait l’objet de son constant vilipendage. Prompt à s’émouvoir des plus minimes « scandales » ou « affaires », critiquant avec ardeur la totale incapacité de l’équipe gouvernementale, il lui arrive de vouloir voir tomber des têtes avant de tresser des lauriers à certains ministres. Il trouve tour à tour insupportables certains de ses invités comme, par exemple, MM. Rioufol et Joffrin (qui se détestent cordialement) avant de les noyer sous une avalanche de protestations d’amitié ou de fustiger leur monopolisation de la parole, travers qu’il se réserve. A la fois sévère et caressant, amical et hostile, il part dans tous les sens.

Et c’est ce qui fait son succès. Il est facile à des Français qui ne sont pas férocement gauchistes de s’identifier à lui. S’il fallait absolument lui coller une étiquette, je lui attribuerais celle de populiste si l’on admet que le populisme est un mélange assez paradoxal entre progressisme social, conservatisme sociétal (mais pas en tout domaine), défense des petites gens (son corollaire étant la stigmatisation des élites) et admiration inconditionnelle des footballers multimillionnaires comme de certaines stars, etc.

De plus, il est sympathique en diable : il pousse volontiers la chansonnette, imite avec un certain talent nombre de célébrités, a l’air, au fond, d’un bon gars, avec lequel on pourrait passer une bonne soirée ; pour les plus jeunes, il peut s’assimiler au tonton râleur, mauvaise tête mais bon cœur, avec qui on s’engueule sans que ça porte à conséquences, avec qui on rigole aussi et qui met de l’ambiance dans les repas de famille, pas fier pour un sou mais instruit, quand même !

Ce portrait n’est peut-être pas très flatteur. Cela n’empêche que je lui suis, bien qu’il m’agace, fidèle. Pour la raison qui a fait de la découverte de son émission une heureuse trouvaille : il aborde des sujets et fait intervenir des invités qu’on voit rarement ailleurs.

mercredi 19 janvier 2022

L'affaire Trochon

 



Il ne s’agit pas d’un « scandale ». Trochon n’est pas, que je sache, accusé d’agression sexuelle. Il n’est pas, à ma connaissance, allé passer un week-end de rêve à Aubervilliers avec sa future épouse alors qu’il aurait dû se trouver à Ibiza où son devoir l’appelait. Aucun tribunal n’a condamné Trochon pour provocation à la haine raciale, du moins je n’en ai pas entendu parler. Pour tout dire, je n’ai aucune idée de qui est Trochon, de la vie qu’il mène ou a menée. Et pourtant…

Hier matin, alors que je rédigeais un de ces articles qui devraient, s’il existe une justice en ce bas-monde, m’assurer gloire et respect éternels, la sonnette fit entendre son bruit habituel. Enfin, pas si habituel que ça, vu que je ne reçois que très peu de visites. Intrigué, je me rends à mon huis. Un homme masqué me demande si je suis bien M. Trochon et déclare travailler pour Enedis. Qu’eussiez vous fait à ma place ? Je suppose que vous auriez aimablement répondu à cet intrus qu’il faisait erreur, que vous ne vous appeliez pas Trochon et que ce héros de la distribution électrique en milieu rural, se serait excusé de vous avoir dérangé avant de poursuivre sa quête du Trochon. Ça ne se passa pas comme ça.

Il faut dire que c’était la troisième fois en un an qu’un individu sonnait à ma porte, me demandait de confirmer ma trochonnerie, et me déclarait venir installer un compteur Linky. Délicate autant qu’inutile attention, vu que je m’enorgueillis a juste titre d’être déjà équipé de ce merveilleux appareil censé supprimer les visites des releveurs de compteurs.

Un brin agacé, après avoir nié ma trochonnerie, je lui dis que ça commençait à bien faire et lui exposai les raison de mon léger courroux. Me demandant si le numéro de fixe qu’il avait était le mien, il se vit répondre que, comme bien d’autres jeunes, je n’avais pas de ligne fixe. L’homme était d’un naturel aimable, il me confessa que le nom inscrit sur la boîte aux lettres le poussait à croire en mes dénégations. Restait à déterminer qui était ce Trochon qu’Enedis recherchait avec tant de zèle et d’opiniâtreté.

La piste d’un ancien locataire ou propriétaire fut balayée d’un revers de main : la dernière occupante des lieux était une vieille dame handicapée que son aide ménagère avait découverte morte en prenant son service ; l’ancienne propriétaire qui avait hérité la maison de ses parents n’avait ni pour nom d’épouse ni pour nom de jeune fille celui de l’énigmatique Trochon. J’aurais pu m’enquérir auprès de vieilles voisines si, à un moment ou à un autre, une personne portant ce patronyme avait hanté les lieux. Hélas, sur les trois dames susceptibles de me renseigner, deux étaient décédées et la troisième semblait souffrir de gâtisme avancé…

Comme à Vladimir Illitch Oulianov (que nous continuons tous à chérir au plus profond de nos cœurs sous le sobriquet de Lénine) se posait à moi cette question : Que faire ? En l’occurrence pour que cesse le harcèlement Enedisien auquel j’étais en butte. Le zélé employé, ému par ma détresse, décida d’adresser un rapport imagé (Photos de la maison, de ma boîte aux lettres et du compteur Linky) à qui de droit. Cela permettra-t-il de voir Trochon sortir enfin de ma vie ? L’avenir nous le dira !


mardi 18 janvier 2022

Sodomiseurs de diptères

 

Un criminel comme l’histoire en connut peu

Les bras m’en tombent ! J’allume le poste pour regarder M. Praud et ses acolytes. Et, là, qu’apprends-je ? « la chose la plus étonnante, la plus surprenante,[...] la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable [...] ; enfin une chose dont on ne trouve qu’un exemple dans les siècles passés »* : M. Blanquer, le célèbre ministre, aurait passé le premier de l’an à Ibiza !

Le fantasque Pascal est tout bouleversifié. On sent qu’à ses yeux c’est, comme disait M. Boulay de la Meurthe au sujet de l’assassinat du duc d’Enghien, « pire qu’un crime, une faute » !  Je me dis in petto : « Ça y est, le pauvre garçon a définitivement perdu les pédales ! ». Mais il semblerait qu’il n’ait pas été le seul à connaître cet émoi : l’affaire serait reprise par les media qui en feraient leurs choux gras ! Ce serait l’affaire du siècle, que dis-je, un scandale comme on n’en a pas vu depuis que le monde est monde. J’ai éteint le poste.

Qu’est-ce que j’en ai à foutre de l’endroit où tel ou tel ministre, parlementaire, plombier-zingueur ou charcutière a pu passer le jour de l’an ?  Il paraît que le passer à Ibiza serait choquant, que ce serait, dans cette période de grande covidité, alors que le protocole scolaire a tardé à être signifié aux intéressés, infliger un camouflet au peuple qui souffre ! 

Qu’attend-on d’un ministre ? Qu’il aille célébrer le nouvel an au Formule 1 de Saint-Denis en y mangeant un kebab arrosé d’un Muscador en promo de chez Lidl  ?  Et même, dans ce cas, ne pourrait-on pas lui reprocher d’offenser gravement tous ces braves gens qui dorment sous des tentes ? 

S’imagine-t-on que le ministre, dans une humble chambrette, armé d’un crayon à papier,  écrit lui-même les protocoles sanitaires sur un petit cahier  à  réglure Seyes ? Qu’il fait autre chose que d’en donner les grandes lignes aux fonctionnaires chargés de les rédiger ? Que le fait qu’il soit à Ibiza ou à Aubervilliers ne change rien à ces documents ? 

J’avoue que le désespoir m’étreint quand je vois ce qu’est devenu le débat « politique » dans notre pays. Toutes ces petites phrases, ces faits minuscules que l’on voit ravir, quelques jours durant, sa place à la pandémie (laquelle me gonfle également grave) à la une des journaux me désolent. Ce genre de « politique » ne saurait m’intéresser. Malheureusement, elle semble intéresser mes compatriotes toujours prêts à s’indigner d’un rien.

J’en suis profondément désolé mais les Français n’ont que les media et les hommes et femmes politiques qu’ils méritent. Si au lieu de les écouter, ils boudaient les âneries des journalistes, si au lieu de voter pour des politiciens « crédibles », c’est à dire, comme eux, totalement dépourvus sinon d’idéaux (ne rêvons pas!) du moins de visions d’ensemble, nous n’en serions pas là. Pour moi, pour ne prendre qu’un exemple, M. Macron et sa bande de bras cassés sont des insignifiants qui gardent tant bien que mal la « boutique ». Cela posé, si l’on n’est point gâteux, à quoi bon souligner jour après jour, les aspects variés de leur insignifiance ? Cela empêchera-t-il cet insignifiant d’être réélu ou remplacé par un(e) insignifiant(e) du même tonneau ? J’en doute fortement. Notre galère continuera de voguer. Vers où ? Qui vivra verra...

* Extrait de la lettre, sans grand intérêt en dehors de l’accumulation des superlatifs, de Mme de Sévigné au sujet du mariage du duc de Lauzun avec la Grande Mademoiselle.

jeudi 13 janvier 2022

De la cinquième à la deuxième colonne

 


Le général Emilio Mola fut en compagnie des généraux Franco, Queipo de Llano et Sanjurjo à l’origine du soulèvement nationaliste de 1936 contre la république espagnole. Il connut, comme Sanjurjo, une fin prématurée suite à un accident d’avion. De mauvaises langues insinuèrent que le généralissime Franco n’aurait pas été totalement étranger à ces catastrophes aériennes mais là n’est pas notre propos.


Ce général forgea, lors d’une allocution radiodiffusée en novembre 1936, l’expression de « cinquième colonne ». Quatre colonnes nationalistes devaient converger vers Madrid afin de prendre la capitale. Cette colonne, composée des partisans du soulèvement se trouvant à Madrid, aurait, en aidant les quatre autres, participé à la victoire. La ville ne fut pas prise mais l’expression subsista et servit dés lors à désigner les forces qui, de l’intérieur d’un camp, tendent à favoriser la victoire de son ennemi.


La France ou plutôt son identité culturelle ( géographiquement, son territoire actuel subsistera quoi qu’il arrive) est souvent considérée comme en péril de mort par certains mauvais esprits. Combien de colonnes idéologiques l’assaillent ? Personnellement, j’en discerne deux principales : Celle de l’islamisation et celle de l’américanisation.


La première est redoutée pour des causes démographiques, tendant à terme sinon à un total remplacement des populations autochtones par des populations allogènes important avec elles des mœurs différentes de celles qui découleraient de l’évolution normale de la culture originelle, du moins à une forme d’« annexion » culturelle d’une partie croissante du territoire par ces populations.


La seconde, plus insidieuse, moins immédiatement visible, provient de la colonisation des esprits et n’en est que plus redoutable. L’acceptation progressive de l’ultra-libéralisme, du politiquement correct et de son avatar wokiste, de l’abolition des frontières et de tout souverainisme, du véganisme, du multiculturalisme, du communautarisme, du féminisme rabique, de l’anti-spécisme, de la négation des deux sexes et leur remplacement par une multiplicité des « genres » et autres fantaisies mortifères venues d’Outre-Atlantique conduit à la déconstruction de toute identité culturelle nationale.


Ces deux « colonnes », apparemment incompatibles, l’une autoritaire et l’autre soi-disant démocratique se complètent, la seconde favorisant évidemment dans bien des domaines le renforcement de la première. Il y a certes des points de divergences : je vois mal une « communauté » musulmane croissante s’accommoder du féminisme exacerbé, des théories du genre ou sacrifier carottes et choux-fleurs le jour de l’Aïd al-Adha.


Je crains fort que, si la première colonne venait à dominer le pays, la seconde soit dans une position pour le moins délicate, le sort des idiots utiles, une fois leur rôle joué étant rarement enviable.


Il me semble donc que c’est à cette « deuxième » colonne que tout défenseur de la permanence d’une identité nationale devrait prioritairement s’attaquer.

dimanche 9 janvier 2022

Mon nouvel « ami »

 


Au risque de choquer certains esprits supérieurs (du moins au mien), je suis, depuis novembre 2008 membre de Facebook. Une honte ! Toutefois, il y a à cela des raisons que j’estime bonnes. Ayant, depuis des décennies, pris le maquis en allant, loin de ce que les Anglais appellent « la course des rats », m’installer dans des villages parfois très peu peuplés, mes chances d’y rencontrer des gens partageant mes « convictions », ma forme d’humour, ma conception de la vie en général ou vraiment distrayants y étaient faibles.


Ce réseau social m’a permis ce genre de rencontres. Je m’étais ainsi constitué un groupe d’« amis » dont le nombre alla grandissant . Ayant de moins en moins le goût de la polémique, l’épisode des Gilets Jaunes que j’appréciais au départ mais dont je me désintéressai progressivement à cause du tour violent que prenaient leurs défilés hebdomadaires et des inepties débitées par certains de leurs porte-paroles, occasionna une brouille avec certains « amis »qui persistaient dans leur soutien et se faisaient agressifs face à mes prises de position.


Ma liste, de leur fait ou du mien, rétrécit comme peau de chagrin. Sans eux, FB devint moins amusant. La plupart des statuts qui apparaissaient à l’écran venaient des deux pages consacrés à l’architecture religieuse romane dont je suis membre. A force de voir tant de merveilles romanes, je frisais l’overdose.


Me vint il y a deux jours, l’idée d’étoffer ma liste d’« amis » afin de varier les statuts. Pour cela, la recette fut simple : parmi les personnes dont aimablement M. Facebook me proposait de devenir l’ami, je sélectionnai ceux qui avaient en commun avec moi le plus d'amis réacs. Je fis ainsi quelques dizaines de demandes qui furent dans leur grande majorité acceptées. Seulement, en dehors de ces affinités communes, je ne connaissais pas même le nom de mes nouveaux copains.


Or, ce matin, j’appris que Simon Clochard Céleste acceptait ma demande. Ô joie ineffable ! Cependant je ne me souvenais pas de la demande et ce pseudo kerouaquien m’intrigua. Je me rendis donc sur sa page. J’y regardai les nombreuses photos. Visiblement, ce jeune homme de 23 ans vivait dans un cadre agréable, aimait à s’entourer de jolies jeunes femmes et de célébrités diverses dans ses dîners et faisait des émissions. De quoi ? Radio ? Télé ? En fait, ce Simon Collin (j’avais trouvé son nom) avait une chaîne YouTube : Les Clochards Célestes. J’ai regardé quelques émissions. Il y a du bon, du moins bon, du totalement foutraque comme celle avec Basile de Koch (de Jalons) où le brave Simon, déjà bien éméché au départ, continue à boire du champagne, devient totalement filandreux, avant que Basile ne quitte l’émission. Du genre plus inquiétant, celle de M. Gérard Fauré, dealer des vedettes de tous genres, ex-homme de main de Pasqua et taulard expérimenté qui, si ce qu’il raconte est vrai change votre regard sur bien des personnalités. Plus sympathique, est celle de Nicoletta.


Tout ça pour vous dire que, comme je l’écrivais au début, on croise sur Facebook des gens que l’on aurait peine à rencontrer dans mon village. Ce Clochard Céleste a plus de 2600 « amis », ce qui rassure vu que les chances pour que je devienne à ses yeux autre chose qu’un insignifiant parmi d’autres sont inexistantes, qu’il débarque chez moi beurré comme un p’tit Lu à l’heure de l’apéro l'est également. Il vit à Saint-Germain-des-Prés, semble ambitionner je ne sais quelle gloire pailletée, mène une vie dont je ne saurais rêver. N’empêche qu’il m’a distrait toute une matinée. C’est déjà pas mal ! Un « ami » selon mon cœur, donc.

vendredi 7 janvier 2022

Votons massivement pour Macron !

 

 Il faut à la France un président bien coiffé, propre sur lui, ni trop petit ni trop grand, ni gras ni maigre, qui possède des cravates et des costumes et qui dise n’importe quoi et son contraire.

Soyons sérieux : je ne vois aucune raison de voter pour M. Macron. Ce titre n’est là que pour voir s’il attire la curiosité des lecteurs et leurs éventuelles réactions. On s’amuse comme on peut. Je ne voterai pas pour leur cher président. Je ne l’ai jamais fait, ne le ferai jamais et ne saurais engager quiconque à la faire.

Revenons à nos moutons ou plutôt quittons les. J’ai, chez M. Facebook, trouvé ce court extrait d’un essai de M. Haig, écrivain anglais. Je l’ai traduit pour vous et le fais suivre, pour mes lecteurs anglophones, de la version originale. On me dira que M. Haig enfonce des portes ouvertes. C’est vrai. Mais en une période où une pseudo-culture tend à nier les évidences, je ne pense pas inutile d’en rappeler certaines. Entendons nous bien : loin de m’indigner face à la société de consommation, je lui trouve des avantages à condition de se borner à profiter de la prospérité et des conforts qu’elle offre sans tomber dans l’asservissement consumériste qui engendre plus de frustrations que de satisfactions. 

« Le monde est de plus en plus organisé de façon à nous déprimer. Le bonheur n’est pas très bon pour l’économie, si nous étions heureux avec ce que nous avons, pourquoi aurions-nous besoin de plus ? Comment vend-on une crème anti-age ? On rend les gens inquiets de vieillir. Comment fait-on voter les gens pour un parti ? On les inquiète au sujet de l’immigration*. Comment les fait-on souscrire à  des assurances ? En les rendant inquiets de tout. Comment les pousse-t-on à avoir recours à la chirurgie esthétique ? En soulignant leurs défauts physiques. Comment les incite-t-on à regarder une émission de télé ?  En leur faisant craindre de rater quelque chose. Comment les fait-on acheter un nouveau smartphone ? En leur faisant croire que sinon ils ne seraient plus dans le coup. Être apaisé devient une sorte d’acte révolutionnaire. Se satisfaire d’une existence non-remise à niveau, se sentir à l’aise avec ses imperfections humaines  ne serait pas bon pour les affaires. »

Matt Haig 

* ou de tout autre sujet jugé suffisamment anxiogène (NDT)

“The world is increasingly designed to depress us. Happiness isn’t very good for the economy. If we were happy with what we had, why would we need more? How do you sell an anti-ageing moisturiser? You make someone worry about ageing. How do you get people to vote for a political party? You make them worry about immigration. How do you get them to buy insurance? By making them worry about everything. How do you get them to have plastic surgery? By highlighting their physical flaws. How do you get them to watch a TV show? By making them worry about missing out. How do you get them to buy a new smartphone? By making them feel like they are being left behind. To be calm becomes a kind of revolutionary act. To be happy with your own non-upgraded existence. To be comfortable with our messy, human selves, would not be good for business.”

- Matt Haig, in "Reasons to Stay Alive".


mercredi 5 janvier 2022

L’huître, une compagne exemplaire

 

Sa beauté nacrée, comme celle de bien des humains, est intérieure

Les fêtes de fin d’année sont passées. Il se peut même que vous commenciez à vous remettre des effets de vos bamboches effrénées. Seulement, une fois dissipés les effets secondaires de vos excès, vous vous retrouvez face à vous-mêmes avec votre soif inextinguible de voir une compagnie animale venir compléter votre félicité affective. Il se trouve que la difficulté des temps vous a contraint, un lendemain de réveillon, à sacrifier Robert, votre fidèle homard, sur l’autel de l’amitié. Il était en effet la seule victuaille qu’il vous restait à offrir à votre copain Eusèbe qui suite à un coma éthylique était prudemment resté chez vous.

Vous vous trouvez tout désorienté devant l’aquarium-vivier désespérément vide de votre crustacé chéri. Que faire ? J’ai la réponse : et si vous adoptiez une huître ?

Je sais d’avance ce que vous allez m’objecter. Une huître ? Mais ça n’a aucune conversation, aucun charisme ! Ça ne bouge pas plus que ça ne gazouille ! Sa coquille ne saurait aucunement apporter une touche de couleur à votre intérieur !

Excusez moi, cher ami, mais là vous chipotez ! Votre pessimisme ne vous fait voir que le verre à moitié vide.

Certes, l’huître n’a aucune conversation. Voyez le côté positif des choses ! Elle ne vous soûlera pas comme le fait votre belle-mère avec son perpétuel lamento sur les diverses maladies qui font de sa terne existence un long chemin de croix. Et au fond, est-ce que leur faible, voire quasi-inexistante loquacité empêche leurs propriétaires de discuter longuement avec leurs chats, chiens ou hyènes ? Une chose est certaine : quoi que vous lui disiez, une huître ne vous vous contredira pas plus qu’elle ne perturbera votre soliloque par d’ineptes miaulements, aboiements ou rires sardoniques.

Le charisme de ce mollusque est certes réduit mais il n’est en rien inférieur à celui des bien des politiciens qui nonobstant obtiennent les suffrages de leurs concitoyens.

Sa mobilité pour le moins réduite évite qu’elle ne brise les bibelots qui ornent le dessus de votre buffet. Quant au côté terne de sa coquille, rien ne vous empêche d’y remédier en y ajoutant quelques touches de couleurs vives à l’aide de peintures aqua-résistantes.

Vos objections balayées, passons aux avantages : Avec l’huître nulle obligation de longues promenades, nul achat de coûteuses croquettes ou autres graines, nulle corvée d’élimination de répugnantes déjections, nul conflit de voisinage pour cause de soi-disant vacarmes, nul danger de se voir pincé, mordu ou griffé, nulle longue nuit passée à rechercher à travers les rues un animal fugueur, nul problème en période de rut : hermaphrodite cyclique elle ne nécessite aucun partenaire…

De plus, à l’achat, votre huître ne vous coûtera pas grand-chose. Vu que de nos jours on les vend au poids plutôt qu’à la douzaine, rien ne vous empêche de n’en acheter qu’une. Il se peut même que, sous le prétexte inavoué ou simplement grommelé qu’il a autre chose à faire qu’à perdre son temps à discuter avec des connards, votre poissonnier vous l’offre ! Reste le problème de la nourriture. L’huître se restaure en filtrait l’eau de mer il faudra donc renouveler de temps à autre l’eau de son vivier (ce que vous faisiez déjà avec votre homard, je l’espère).

Pour finir, si par malheur il arrivait que votre animal décédât, vous pourrez, sans faire appel à un taxidermiste, la conserver en l’ouvrant, la vidant et recollant la coquille. Ainsi et sans changement vraiment notable elle continuera indéfiniment à vous offrir sa paisible et enrichissante compagnie.