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mercredi 5 janvier 2022

L’huître, une compagne exemplaire

 

Sa beauté nacrée, comme celle de bien des humains, est intérieure

Les fêtes de fin d’année sont passées. Il se peut même que vous commenciez à vous remettre des effets de vos bamboches effrénées. Seulement, une fois dissipés les effets secondaires de vos excès, vous vous retrouvez face à vous-mêmes avec votre soif inextinguible de voir une compagnie animale venir compléter votre félicité affective. Il se trouve que la difficulté des temps vous a contraint, un lendemain de réveillon, à sacrifier Robert, votre fidèle homard, sur l’autel de l’amitié. Il était en effet la seule victuaille qu’il vous restait à offrir à votre copain Eusèbe qui suite à un coma éthylique était prudemment resté chez vous.

Vous vous trouvez tout désorienté devant l’aquarium-vivier désespérément vide de votre crustacé chéri. Que faire ? J’ai la réponse : et si vous adoptiez une huître ?

Je sais d’avance ce que vous allez m’objecter. Une huître ? Mais ça n’a aucune conversation, aucun charisme ! Ça ne bouge pas plus que ça ne gazouille ! Sa coquille ne saurait aucunement apporter une touche de couleur à votre intérieur !

Excusez moi, cher ami, mais là vous chipotez ! Votre pessimisme ne vous fait voir que le verre à moitié vide.

Certes, l’huître n’a aucune conversation. Voyez le côté positif des choses ! Elle ne vous soûlera pas comme le fait votre belle-mère avec son perpétuel lamento sur les diverses maladies qui font de sa terne existence un long chemin de croix. Et au fond, est-ce que leur faible, voire quasi-inexistante loquacité empêche leurs propriétaires de discuter longuement avec leurs chats, chiens ou hyènes ? Une chose est certaine : quoi que vous lui disiez, une huître ne vous vous contredira pas plus qu’elle ne perturbera votre soliloque par d’ineptes miaulements, aboiements ou rires sardoniques.

Le charisme de ce mollusque est certes réduit mais il n’est en rien inférieur à celui des bien des politiciens qui nonobstant obtiennent les suffrages de leurs concitoyens.

Sa mobilité pour le moins réduite évite qu’elle ne brise les bibelots qui ornent le dessus de votre buffet. Quant au côté terne de sa coquille, rien ne vous empêche d’y remédier en y ajoutant quelques touches de couleurs vives à l’aide de peintures aqua-résistantes.

Vos objections balayées, passons aux avantages : Avec l’huître nulle obligation de longues promenades, nul achat de coûteuses croquettes ou autres graines, nulle corvée d’élimination de répugnantes déjections, nul conflit de voisinage pour cause de soi-disant vacarmes, nul danger de se voir pincé, mordu ou griffé, nulle longue nuit passée à rechercher à travers les rues un animal fugueur, nul problème en période de rut : hermaphrodite cyclique elle ne nécessite aucun partenaire…

De plus, à l’achat, votre huître ne vous coûtera pas grand-chose. Vu que de nos jours on les vend au poids plutôt qu’à la douzaine, rien ne vous empêche de n’en acheter qu’une. Il se peut même que, sous le prétexte inavoué ou simplement grommelé qu’il a autre chose à faire qu’à perdre son temps à discuter avec des connards, votre poissonnier vous l’offre ! Reste le problème de la nourriture. L’huître se restaure en filtrait l’eau de mer il faudra donc renouveler de temps à autre l’eau de son vivier (ce que vous faisiez déjà avec votre homard, je l’espère).

Pour finir, si par malheur il arrivait que votre animal décédât, vous pourrez, sans faire appel à un taxidermiste, la conserver en l’ouvrant, la vidant et recollant la coquille. Ainsi et sans changement vraiment notable elle continuera indéfiniment à vous offrir sa paisible et enrichissante compagnie.


10 commentaires:

  1. L'huître de compagnie me paraît être une bien meilleure idée que la fourmi compagnie que ma soeur, dans son jeune âge, élevait dans une boîte en fer posée sur un bloc de liège au milieu de la baignoire remplie d'eau.

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    1. C'est cruel : tout le monde sait que la fourmi est sujette au mal de baignoire !

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  2. Et le bigorneau ? Vous ne parlez pas du bigorneau !
    C'est un mollusque injustement méprisé.
    Comme vous avez une âme de justicier, faites quelque chose pour le bigorneau qui souffre !

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    1. Personnellement je plébisciterais plutôt l'escargot des broussailles !

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    2. Bien que pourvu de la majorité des avantages de l'huitre, le bigorneau est plus mobile et donc susceptible de fuguer.

      L'escargot, de broussailles ou pas, est un redoutable prédateur. Mes haricots et mes courgettes souffrent chaque année de sa voracité.

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  3. Dialogue avec une femme fatale de JE dans une rue de Flers :
    - Tu viens, chéri ?
    - C'est combien ?
    - 500 euros la passe.
    - Je n'ai que 50 euros en liquide.
    - Je prends aussi les cartes de crédit.
    - J'ai oublié ma carte de crédit chez maman.
    - Tires toi, minable !
    - Bonne soirée, également. Va et ne pèche plus !
    - Je pèche si je veux !
    - Si tu peux, surtout. Tu confonds vouloir et pouvoir ! Tu vieilliras ! Tu voudras encore et tu ne pourras plus, car l'enfer des femmes est la vieillesse.
    - Qui es tu ? Oiseau de mauvaise augure ou prophète de malheur ?
    - Cherches et tu trouveras !

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    1. Cher Rabouilleur, vous me prêtez des aventures inouïes dans une ville où je ne vais que très rarement (seulement pour une injection de temps à autre en raison de la qualité exceptionnelle de ses vaccinateurs). De plus, aller prêcher la vertu aux filles perdues (pas pour tout le monde) n'est pas mon genre pas plus que de me promener avec la somme mirobolante de 50 € sur moi vu qu'à part ma baguette je paye tout par carte.

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    2. "aller prêcher la vertu aux filles perdues..."

      Mais c'est une entreprise parfaitement honorable qui vous conviendrait tout à fait..

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  4. J'espère vous avoir fait sourire avec ce petit Arlequin, mi bon apôtre, mi La Rochefoucault grinçant.
    Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se recycle.

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