..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

vendredi 10 septembre 2021

Miscellanées de début septembre

 

Depuis qu’il est venu mettre un peu d’animation dans nos vies monotones, j’ai pris la charitable habitude de prendre chaque matin des nouvelles de notre ami le Covid. Pour cela, je consulte une carte où apparaissent les contaminations, les hospitalisations, les entrées en réa, les décès et le taux d’incidence de chaque département. Force est de reconnaître qu’il ne va pas fort : dans 96 départements sur 100, il est en régression ! Dans 10, dont le mien, on est tombé en-dessous des 50 cas dépistés pour 100 000 habitants. Le tsunami promis s’est avéré vaguelette. J’avoue être déçu de ne pas voir, comme c’est le cas à la moindre hausse, les professeurs de médecine se ruer sur les plateaux de télé pour commenter ces bonnes nouvelles. Au lieu de nous annoncer l’apocalypse, ils viendraient avec enthousiasme nous annoncer que, parti comme c’est, le Covid ne passerait pas l’hiver et que les gestes barrières pouvaient aller se faire voir chez Plumeau. Mais on ne les voit pas. A croire que leur boule de cristal n’annonce que les catastrophe !

Il faut dire que ces pauvres variants ont de sérieux concurrents : le sort des malheureuses Afghanes leur fait bien du tort : qu’attend-on pour leur permettre à toutes de venir porter leurs burqas dans les rues de nos riantes cités ?

Et puis, effaçant les malheurs afghans, depuis quatre jours maintenant, un deuil est venu frapper les âmes françaises : Jean-Paul Belmondo, notre Bébel national, est décédé. Moi, je l’aimais bien ce gars mais bon, on ne peut pas dire que sa mort soit une surprise totale. Il ne pétait pas la santé, avait 88 ans et la probabilité pour qu’il tourne de nouveaux films où il nous éblouirait par ses cascades et séduirait de jolies filles était infime. En fait, depuis une vingtaine d’années, il survivait à ce qui avait fait son succès. Ainsi va toute vie, dans le meilleur des cas.

Pendant ce temps, la vie continue. Malgré les trois jours passé dans cette ville par notre bon président, les fusillades connaissent toujours le même succès à Marseille. Nos quartiers sensibles continuent d'être animés par une infime minorité de galopins qui dealent et s’attaquent aux forces de l’ordre avec toute la fougue de leur jeunesse tandis que l’immense majorité de leurs voisins et premières victime réprouvent leurs incartades avec vigueur. Même s’il n’est pas interdit de penser qu’il arrive que certains de ces citoyens modèles profitent quand même, directement ou indirectement des retombées financières des trafics divers des bourreaux qu’ils sont censés exécrer.

Nous voici au troisième jour d’un procès qui devrait en compter quatre-vingt-dix. L’un des accusés, un dénommé Salah Abdeslam , ne montre que peu de regrets de sa participation à la boucherie du Bataclan. Quand bien même en montrerait-i que les chances qu’on le pardonne resteraient très faibles. Il est possible que pour certains de ses coaccusés, le procès permette de mieux cerner leur niveau de responsabilité et de moduler la peine qu’ils encourent mais, dans son cas, il me semble que la sentence est prévisible et que les débats ne serviront pas à grand-chose.

Cela dit, le 10 septembre on fête la Sainte Inès. Je souhaite donc une heureuse journée à toutes les Inès qui me lisent en attendant de commémorer demain une journée marquante de notre siècle commençant.

vendredi 3 septembre 2021

Le Loup-phoque

 

Oui, je sais, il ne s'agit que d'un phoque gris. Mais, vue l'absence totale de documents iconographiques concernant le sujet qui nous occupe, c'est toujours mieux que rien.

C’est en vain que, vous promenant sur les côtes bretonnes ou normandes, vous tenteriez d’y apercevoir un loup-phoque. Ce sympathique animal a même tellement disparu que certains vont jusqu’à mettre en doute le fait qu’il ait jamais existé. Nous n’accorderons aucune considération aux divagations de ces complotistes.

Penchons-nous plutôt sur les origines de cette sous-espèce. L’ensemble des évolutionnistes sérieux s’accorde sur le fait que le loup-phoque est un proche cousin du loup gris (canis lupus lupus) qui, du fait de la modification de son habitat et de son régime alimentaire, a vu sa morphologie se transformer. Dans le courant de l’ère quaternaire, une partie des loups gris vivant aux abords des côtes de la Manche, constituée des éléments les plus paresseux de l’espèce, décida, plutôt que de chasser le mouflon ( ovis musimon ), animal rapide et bougrement cornu, avec le reste de la meute, il serait bien moins fatigant et dangereux de se livrer à la pêche à pied à marée basse et ainsi de se nourrir des nombreux crustacés, poissons de roche et mollusques qui infestaient littéralement les côtes à l’époque et, à la belle saison, de passer le reste du temps sur un rocher à prendre le soleil.

Ce changement de régime eut diverses conséquences, comme, par exemple le développement chez certains individus d’une patte droite en forme de crochet leur permettant d’extirper de sous les roches où il se terraient poulpes, homards, crabes dormeurs et autres poissons de roches, faisant d’eux de remarquables pêcheurs. Les femelles ne s’y trompèrent pas : ces loups à patte crochue, capables d’assurer à leurs femelles et à leurs petits une nourriture abondante et variée devinrent des partenaires recherchés. Si on a joute à cela le fait que leur nouveau régime alimentaire leur donnait une haleine de phoque et que les louves grises en étaient dégoûtées comme le sont souvent les femelles d’autres espèces on arriva à une stricte endogamie entre loups-phoques et à l’apparition de cette sous-espèce à patte crochue.

Cette particularité d’un membre rendait leur démarche particulièrement chaloupée et nuisait à leur mobilité comme à leur équilibre. Elle favorisa leur sédentarité. Cela, ajouté à l’abondance de la nourriture, eut pour conséquence qu’ils devinrent gras comme des loches et que l’observateur distrait voyant de loin une meute de ces loups vautrés sur des rochers pouvait les prendre pour des phoques d’où leur nom. A ce propos, La démarche de Robert-Tugdual Le Squirniec (Philosophe Breton)* lorsqu’il sortait du Bar des Amis à Locminé après une longue soirée de débats philosophiques aussi éthérés que bien arrosés avec Jakez ar Cam (charcutier-sabotier de son état) rappelant celle de l’animal dont nous parlons, des moqueur commencèrent à le surnommer « Le Loup-phoque ». L’apprenant, certains philosophes mineurs rongés d’envie, reprirent ce sobriquet pour se répandre en viles attaques contre RTLS qualifiant ses écrits de « ramassis de conneries », prouvant, si nécessaire, que l’absence de talent peut s’allier à la vulgarité. C’est ainsi, que se répandant dans les cercles lettrés de la capitale, ce surnom, après modification orthographique (loufoque) servit à désigner ou à qualifier une personne qui a perdu tout bon sens.

Mais venons-en au triste épilogue de l’aventure de cet inoffensif mammifère. Le développement de l’espèce humaine (homo sapiens sapiens) lui fut fatale. En effet, nos ancêtres, amateurs comme nous de fruits de mer, virent en lui un redoutable concurrent et se mirent en devoir de l’éradiquer. Les derniers spécimens auraient été abattus dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle sur les côtes bas-bretonnes. C’est bien triste !

* Pour en apprendre davantage sur cet immense penseur se reporter à la page Facebook « les Amis de Robert-Tugdual Le Squirniec (Philosophe Breton) » dont votre serviteur fut créateur et administrateur avant de s'en désintéresser. Ça aussi, c'est bien triste !


mercredi 1 septembre 2021

Réformes

 

Rien n’est plus important que les réformes. Tout politicien qui se respecte en a plein sa musette : réforme de la fiscalité (sectorielle ou générale), de la sécurité sociale, de la justice, de la police, des conditions d’entrée sur le territoire, de l’Éducation Nationale, de la Défense, du permis de chasse, des retraites, des compétences des assemblées territoriales, de l’hôpital, de la politique énergétique, etc. En dresser une liste exhaustive serait impossible. Des domaines essentiels aux plus négligeables, un consensus existe dans ce pays de mécontents : rien ne va et tout est à réformer.

Seulement, c’est sur la manière dont il faudrait réformer que les choses se compliquent. Tout gouvernement proposant réforme si infime soit-elle en quelque domaine que ce soit se verra  confronté à une levée de boucliers de son opposition et de certains syndicats dont les adhérents seraient concernés par ladite réformette. Car le changement ne peut se faire que dans le sens d’un accroissement des avantages acquis. Qu’importe que le ledit avantage soit minime ou difficilement justifiable, que le service concerné accuse un déficit abyssal : y toucher serait criminel dans le pire des cas et totalement inutile dans le meilleur. 

C’est indéniablement dans la fonction publique et dans les entreprises publiques que ces conflits éclatent le plus souvent. Si les agents de la SNCF ou de la RATP se mettent en grève ce n’est pas pour tenter de sauvegarder certains avantages acquis, mais pour défendre le salariat dans son ensemble. Ce n’est pas de leur faute, Dieu (ou la Nature) les a dotés d'âmes aussi désintéressées que généreuses. Enfin, surtout les conducteurs, ce qui permet à 10 % de grévistes de paralyser le pays.

Il existe, dans la fonction publique une foultitude de primes dont certaines, faute d’être conséquentes, n’en sont pas moins surprenantes. Ainsi existent dans certaines administrations une indemnité de chaussures et de petit équipement, une pour usage de la bicyclette, une pour l’utilisation d’une (ou plusieurs) langue(s) étrangère(s), et même une de panier qui couvre les frais de nourriture des fonctionnaires titulaires et agents non titulaires territoriaux de la filière culturelle (patrimoine) qui travaillent entre 21 heures et 6 heures pendant au moins 6 heures consécutives. Son montant est de 1,97 euro par nuit.  Voir ici pour plus de détails.


Admettons qu’un ministre audacieux veuille réformer l’indemnité de chaussures et de petit équipement dans son ministère lesquelles se montent à 32,74 € par an chacune et sont cumulables. Elles peuvent être versées aux personnels qui, utilisant leurs propres chaussures et vêtements pour travailler constatent que ceux-ci s’usent anormalement vite. La somme est minime (5,45 € par mois) mais sa suppression provoquerait à n’en pas douter l’indignation de ceux qui en bénéficient. Une approche plus prudente de la question serait de vérifier que le versement de cette indemnité est justifié. On pourrait envisager qu’au moment de prendre son service, l’agent en question se voit équipé d’un podomètre qu’il remettrait à l’accueil lors de la pause déjeuner, reprendrait à son retour et restituerait en fin de journée. Il serait alors possible, dans un souci d’équité, de n’attribuer l’intégrité de la prime qu’à ceux qui effectueraient un nombre de pas annuel fixé par l’administration, que ceux qui le dépasseraient touchent une surprime et que ceux qui ne l’atteindraient pas ne recevraient qu’un prorata de l’indemnité. Pour ce qui est des vêtements ce serait plus délicat voire totalement impossible.  En fait, l’introduction du podomètre soulèverait des protestations : flicage, atteinte aux libertés fondamentale, etc. En fait, un ministre avisé se garderait bien de s’attaquer à une telle réforme.

Ce long préambule pour mettre en évidence la difficulté à se lancer dans la moindre réforme. Malgré cela, tout aspirant ministre de l’Éducation Nationale se doit d’avoir dans sa giberne un projet de réforme susceptible de remettre sur pied notre système éducatif. Il va dégraisser le mammouth, renforcer l’apprentissage des fondamentaux, revoir la formation des maîtres, augmenter les effectifs (et/ou les salaires de ces derniers, faire baisser ceux des classes, bref, il a plus d’un tour dans son sac et on va voir ce que l’on va voir. Les ministres passent, les réformes passent, et, quel que soit son capitaine,  le navire continue inéluctablement de sombrer.  Car pour réformer une telle machine il faudrait  considérer non seulement certains de ses aspects internes mais avoir une approche globale prenant en compte d’autres paramètres de la vie sociale.

J’y reviendrai.

En attendant, pour remercier ceux qui auraient eu la patience et la gentillesse de me lire jusqu’au bout, je leur offre ce bouquet de fleurs de mon jardin :






lundi 30 août 2021

Une fois n'est pas coutume

 


Pour la première fois, je publie ici un texte dont je ne suis pas l’auteur. Je n’ai pas demandé à ce dernier l’autorisation de le faire. Qu’importe, vu qu’étant publié sur le Net, il est loisible à tous d’en prendre connaissance. On me dira que M. Clavé enfonce des portes ouvertes, que tous ne partagent pas sa manière « élitiste » de considérer la langue, que plus que perdre son temps à enseigner les subtilités d’une langue désuète on ferait mieux de la simplifier de manière à ce qu’elle soit directement accessible à tous et toutes sortes d’âneries de cet acabit. 

Le constat qu’il établit me paraît clair et argumenté, c’est pourquoi je vous le propose.

"L’effet de Flynn du nom de son concepteur, a prévalu jusque dans les année 1960. Son principe est que le Quotient Intellectuel (QI) moyen ne cesse d’augmenter dans la population. Or depuis les années 1980, les chercheurs en sciences cognitives semblent partager le constat d’une inversion de l’effet Flynn, et d’une baisse du QI moyen.

La thèse est encore discutée et de nombreuses études sont en cours depuis près de quarante ans sans parvenir à apaiser le débat. Il semble bien que le niveau d’intelligence mesuré par les tests de QI diminue dans les pays les plus développés, et qu’une multitude de facteurs puissent en être la cause.

A cette baisse même contestée du niveau moyen d’intelligence s’ajoute l’appauvrissement du langage. Les études sont nombreuses qui démontrent le rétrécissement du champ lexical et un appauvrissement de la langue. Il ne s’agit pas seulement de la diminution du vocabulaire utilisé, mais aussi des subtilités de la langue qui permettent d’élaborer et de formuler une pensée complexe.

La disparition progressive des temps (subjonctif, passé simple, imparfait, formes composées du futur, participe passé…) donne lieu à une pensée au présent, limitée à l’instant, incapable de projections dans le temps. La généralisation du tutoiement, la disparition des majuscules et de la ponctuation sont autant de coups mortels portés à la subtilité de l’expression. Supprimer le mot «mademoiselle» est non seulement renoncer à l’esthétique d’un mot, mais également promouvoir l’idée qu’entre une petite fille et une femme il n’y a rien.

Moins de mots et moins de verbes conjugués c’est moins de capacités à exprimer les émotions et moins de possibilité d’élaborer une pensée.

Des études ont montré qu’une partie de la violence dans la sphère publique et privée provient directement de l’incapacité à mettre des mots sur les émotions.

Sans mots pour construire un raisonnement la pensée complexe chère à Edgar Morin est entravée, rendue impossible. Plus le langage est pauvre, moins la pensée existe.

L’histoire est riche d’exemples et les écrits sont nombreux de Georges Orwell dans 1984 à Ray Bradbury dans Fahrenheit 451 qui ont relaté comment les dictatures de toutes obédiences entravaient la pensée en réduisant et tordant le nombre et le sens des mots. Il n’y a pas de pensée critique sans pensée. Et il n’y a pas de pensée sans mots. Comment construire une pensée hypothético-déductive sans maîtrise du conditionnel? Comment envisager l’avenir sans conjugaison au futur? Comment appréhender une temporalité, une succession d’éléments dans le temps, qu’ils soient passés ou à venir, ainsi que leur durée relative, sans une langue qui fait la différence entre ce qui aurait pu être, ce qui a été, ce qui est, ce qui pourrait advenir, et ce qui sera après que ce qui pourrait advenir soit advenu? Si un cri de ralliement devait se faire entendre aujourd’hui, ce serait celui, adressé aux parents et aux enseignants: faites parler, lire et écrire vos enfants, vos élèves, vos étudiants.

Enseignez et pratiquez la langue dans ses formes les plus variées, même si elle semble compliquée, surtout si elle est compliquée. Parce que dans cet effort se trouve la liberté. Ceux qui expliquent à longueur de temps qu’il faut simplifier l’orthographe, purger la langue de ses «défauts», abolir les genres, les temps, les nuances, tout ce qui crée de la complexité sont les fossoyeurs de l’esprit humain. Il n’est pas de liberté sans exigences. Il n’est pas de beauté sans la pensée de la beauté."

Christophe Clavé

Professeur de stratégie & management INSEEC SBE

jeudi 26 août 2021

Un chef-d’œuvre inégalable ?

Hier soir, j’ai, pour la énième fois, regardé un de mes films préférés. Peut-être le meilleur de tous. Rien n’y manque : une réalisation d’une rigueur impeccable, des acteurs incarnant avec talent et profondeur des personnages magistralement campés, une virtuosité musicale venant à merveille souligner les passages les plus dramatiques d’une action mêlant avec brio la cruauté des drames et les moments de tendresse, une scène de danse, à rétrograder Fred Astaire et Gene Kelly au rang de bateleurs de foire, une cruelle satire des mondanités cinématographiques, des clins d’œils appuyés à la gastronomie française et une manière originale d’exprimer le contentement.


Ce film, comme tous les grands moments du septième art, est bien entendu français. Le public, lors de sa sortie il y a vingt-sept ans déjà (comme le temps passe!), a immédiatement été conquis : près de deux millions trois cent mille spectateurs se sont rués aux guichets des salles obscures de l’Hexagone. Ce film, plus hilarant que les meilleurs opus d’Ingmar Bergman, plus poignant que le plus émouvant sketch de Benny Hill, je ne vous tairai pas plus longtemps son titre, espérant toutefois que nombre d’entre vous, fidèles lecteurs, l’auront deviné (surtout que l’image illustrant cet article aura mis sur la piste les plus attentifs d’entre eux) c’est bien entendu le film sans pareil de les nuls : LA CITÉ DE LA PEUR



Certains, et comment leur en vouloir, m’accuseront de futilité. Les grands films ne sont pas drôles, tout le monde sait ça ! Si on regarde la liste des meilleurs films de tous les temps qu’établit de temps à autre tel ou tel media, force est de constater que si les comédies y tiennent peu de place elles pullulent littéralement de films yankees que je n’ai généralement jamais eu la curiosité de regarder. Quand j’y vois apparaître des films de science-fiction, des films de Tarentino (ceux que j’ai vus m’ont ôté toute envie d’en voir d’autres), bref, des films soit violents, soit ineptes, ça me conforte dans l’idée que mes goûts différent de ceux de la majorité sans que j’en retire la moindre amertume. Loin de moi l’idée de dénier tout mérite à nos amis d’Outre-Atlantique à qui nous devons la liberté, les McDo, la culture woke, les zones commerciales et bien d’autres éléments de notre épanouissement culturel. Pour ce qui est de produire des images qui bougent, y’ a pas à dire : ils savent faire. Il y en a même qui bougent tellement bien que je n’y comprends rien (Matrix, que ma fille m’avait jadis entraîné à voir en sa compagnie en est le meilleur exemple à ce jour).


Disons que ce que j’attends d’un film c’est qu’il me distraie. Le drame, c’est bon pour la vie de certains. Personnellement, plus j’avance en âge et plus j’en perds le goût et ne m’en porte que mieux. Balzac a regroupé son œuvre sous le titre « La Comédie humaine ». Bien que ce soit en vain que l’on y rechercherait des passages hilarants, utiliser le terme de « comédie » peut être interprété (à tort puisque ce faisant l’auteur se référait plutôt à Dante, écrivain auquel les qualificatifs de « tordant » ou « bidonnant » sont rarement attribués) comme le constat que l’étude qu’il mena de l’humaine condition en son temps prêtait plus à rire qu’à pleurer.

A tort ou à raison, c’est la leçon que je tire d’une vie dont j’ai, selon toute vraisemblance, vécu l’essentiel de la durée. Ce qui m’avait, sur le moment, paru des drames, avec le recul ne me semblent que des épisodes anecdotiques de ma petite existence. Je les considère avec plus d’amusement que de tristesse, comme autant d’étapes d’un long chemin d’apprentissage menant à une sérénité plutôt joyeuse.

Que voulez-vous, je préfère le « juste un doigt » de Chantal Lauby et la réplique de Darmon qui suit, la supplication des clapiottes, la publicité pour « une voiture qu’elle est bien pour la conduire », la difficulté d’Émile à citer le président Lincoln, le restaurant où l’on sert « les meilleures gencives de porc ce la Côte », le rythme envoûtant de « la Carioca » qui fait qu’ « il faut dire aux autres danses au revoir », les passages répétés sur les marches du palais du festival de la sous-préfète et de son jeune amant, Chabat étalant Chantal Lauby d’un direct suite à une soirée bien arrosée et je ne sais combien d’autres scènes hilarantes aux plus profondes méditations sur le côté tragique de l’existence. Je n’y peux rien.


mardi 24 août 2021

États des lieux

 


Ma fille et son mari devant déménager suite à la mutation de ce dernier, ils se trouvent confrontés à la rude épreuve dite de « l’état des lieux ». Comme la plupart d’entre vous l’ont vécue, inutile de souligner les affres par lesquels elle vous fait passer surtout quand la personne à qui on le confie se montre particulièrement tatillonne. J’en ai vu qui comptaient les petits trous qui pouvaient être dus à l’accrochage de sous-verres ou autres tableaux et gravures et les comparer au nombre constaté lors de l’entrée ! Sachant que ces trous d’un demi millimètre de diamètre étaient quasi-invisibles ce constat prit du temps…


Loin d’être un saccageur de logement, j’ai toujours eu tendance à améliorer un peu les choses et ma caution me fut toujours restituée dans son intégralité. Curieusement, si la moindre détérioration est dûment facturée, il ne vient à l’idée d’aucun propriétaire d’offrir à son locataire une somme en compensation des améliorations effectuées quelle que soit la valeur de celles-ci. Il est même possible, si celles-ci ne sont pas à son goût que le locataire se voie condamner à remettre le logement dans son état original à ses frais. Pour être indemnisé, le locataire devra prouver que les modifications effectuées apportent une plus-value au bien et encore sous certaines conditions, ce qui n’est pas toujours évident.

Tout ça est bien triste mais ainsi va la vie…

Ce sombre constat m’a donné une idée : et si on appliquait le principe de l’état des lieux aux locataires de l’Élysée et des différents ministères ? Bien entendu, il ne s’agirait pas de limiter ce constat au seul logement de fonction occupé par le président ou les ministres concernés mais au domaine dont ils ont été chargés. A leur entrée en fonction, on établirait un état des lieux et un autre lorsqu’ ils quitteraient leur poste.

S’ils laissaient leur domaine de compétence dans un état égal ou meilleur qu’à leur arrivée on considérerait qu’ils n’ont fait que leur boulot tant il est rare qu’un politicien ait pour programme la dégradation du domaine qu’il souhaite prendre en charge.

Dans le cas contraire, il devrait indemniser l’État des tristes résultats de son impéritie. Il est évident que le calcul du montant de ces indemnités ne serait pas chose facile mais on peut, vues leurs infinies capacités, espérer que nos bons technocrates de Bercy y parviendraient. Il faudrait, bien entendu, tenir compte de la conjoncture internationale. Aussi, en cas de crise économique, sanitaire ou sociale généralisée, le président et ses ministres ne pourraient être évalués que par rapport aux résultats obtenus par des pays comparables. Si, par rapport à la moyenne de ces derniers, ils n’ont pas fait pire, on leur donnerait quitus.

Dans le cas contraire, selon un barème à fixer, ils devraient réparer. On peut penser que dans certains domaines la note pourrait se monter à des sommes faramineuses. Mais, comme c’est le cas pour les autres particuliers, on leur laisserait, leurs biens une fois confisqués, l’équivalent du RSA : on saurait se montrer humain !

Il va sans dire que ce système aurait pour conséquence une raréfaction des candidats aux hautes fonctions voire leur totale disparition et que les chances de le voir jamais appliqué sont inexistantes. Si j’ai envisagé cette mesure démagogique, c’est simplement pour souligner une évidence : ceux qui se proclament « responsables politiques » sont en fait totalement irresponsables. On me dira que le vote les sanctionne, chose qui reste à prouver vu qu’on peut très bien être réélu par un peuple mécontent malgré un bilan catastrophique, faute de mieux et/ou par crainte d’autre chose. Et quand bien même seraient-ils battu aux élections, du moment que ça n’affecte pas leur confort matériel, ils s’en tirent bien.

mercredi 18 août 2021

Pour la disparition des micro-trottoirs


S’il vous arrive comme moi de regarder « Venez bavasser avec nous, si ça fait pas de bien, ça fait pas de mal » sur Télé Blabla, vous aurez noté qu’afin de mettre un peu de « vraie vie » entre deux chamailleries, on interrompt les débats pour soi-disant savoir ce que pensent les Français sur telle ou telle question. Vu qu’un sondage ça coûte des sous, on a recours au micro-trottoir, c’est à dire qu’au « hasard des rues » on demande leur avis à quelques clampins censés représenter les Français. Leurs opinions divergent, histoire de représenter les divers courants de pensée qui parcourent l’opinion, de faire plus vrai et de permettre à une majorité de chers-téléspectateurs de s’y reconnaître. On apprend ainsi que sur le passe sanitaire il y en a qui sont pour, d’autres contre ou d’autres encore qui y trouvent du bon et du moins bon. On a bien progressé et on peut donc recommencer à se bouffer le nez en toute hostilité.

Seulement, la valeur de ces opinions est très discutable pour plusieurs raisons. Pour avoir une réelle vision de ce que celui (ou celle) qu’on appelait jadis« l’homme (ou la femme) de la rue »* pensent vraiment, il faudrait que ces prises d’opinion soient faites en direct et sans filtrage faute de quoi elles n’ont aucune valeur et ne reflètent que ce que la rédaction considère comme des opinions acceptables.

Le direct apporterait probablement un total renouveau à l’exercice. Par exemple, on s’apercevrait que bien des gens refuseraient de répondre parce qu’ils n’ont pas le temps, pas envie de répondre aux questions des crypto-fachos de Télé Blabla, ou aucune opinion sur le sujet. Parmi ceux qui accepteraient de répondre, il y aurait forcément des gens qui pour cause de surdité ou atteints de malcomprenite aiguë répondraient complètement à côté de la question. Il y en aurait qui se lanceraient dans des discours aussi échevelés qu’interminables que la courtoisie et le désir de vérité interdiraient d’interrompre. D’autres encore, pleins de bonne volonté mais dépourvus d’un minimum de connaissance de notre langue se lanceraient dans des logorrhées incompréhensibles. Cela finirait par renvoyer aux chers-téléspectateurs une bien piètre image d’eux-mêmes !

On comprend donc que Télé Blabla préfère nous donner une version totalement bidonnée de ce que sont censés penser les Français et ne nous montrer que des passants triés sur le volet qui ne représentent qu’eux-mêmes.

Une autre pratique médiatique consiste, dans des contrées exotiques, à n’interroger, faute d’interprète, sur des questions parfois très complexes que les rares personnes parlant plus ou moins bien notre langue et à les faire passer pour les porte-parole d’un peuple entier. C’est alors une sorte de micro-trottoir linguistiquement sélectif, tout aussi inutile et trompeur que sa version courante.

Ne serait-il donc pas sage de mettre fin à cette pratique et de laisser la parole à des gens capables ou supposés tels afin que le vulgum pecus puisse se forger une opinion ? Bien sûr ça irait à rebours de la mode actuelle qui veut que l’on donne la parole à tous et à chacun mais le silence n’est-il pas préférable à l’audition de perroquets qui ne font généralement que répéter ce que leur dictent les media ?

*Pratique qui, enfant, me paraissait un peu curieuse car, suite à ma mauvaise interprétation de l’expression, je ne voyais pas pourquoi on n’interrogeait que des clochards sur les questions politiques. De même, les fréquentes interventions du « garde d’Esso » que je prenais pour un pompiste me surprenaient : pourquoi n’interrogeait-on jamais de gardes-champêtres ou de gardes-barrières ? Contrairement aux enfants d’aujourd’hui, j’étais un peu niais.