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mercredi 18 août 2021

Pour la disparition des micro-trottoirs


S’il vous arrive comme moi de regarder « Venez bavasser avec nous, si ça fait pas de bien, ça fait pas de mal » sur Télé Blabla, vous aurez noté qu’afin de mettre un peu de « vraie vie » entre deux chamailleries, on interrompt les débats pour soi-disant savoir ce que pensent les Français sur telle ou telle question. Vu qu’un sondage ça coûte des sous, on a recours au micro-trottoir, c’est à dire qu’au « hasard des rues » on demande leur avis à quelques clampins censés représenter les Français. Leurs opinions divergent, histoire de représenter les divers courants de pensée qui parcourent l’opinion, de faire plus vrai et de permettre à une majorité de chers-téléspectateurs de s’y reconnaître. On apprend ainsi que sur le passe sanitaire il y en a qui sont pour, d’autres contre ou d’autres encore qui y trouvent du bon et du moins bon. On a bien progressé et on peut donc recommencer à se bouffer le nez en toute hostilité.

Seulement, la valeur de ces opinions est très discutable pour plusieurs raisons. Pour avoir une réelle vision de ce que celui (ou celle) qu’on appelait jadis« l’homme (ou la femme) de la rue »* pensent vraiment, il faudrait que ces prises d’opinion soient faites en direct et sans filtrage faute de quoi elles n’ont aucune valeur et ne reflètent que ce que la rédaction considère comme des opinions acceptables.

Le direct apporterait probablement un total renouveau à l’exercice. Par exemple, on s’apercevrait que bien des gens refuseraient de répondre parce qu’ils n’ont pas le temps, pas envie de répondre aux questions des crypto-fachos de Télé Blabla, ou aucune opinion sur le sujet. Parmi ceux qui accepteraient de répondre, il y aurait forcément des gens qui pour cause de surdité ou atteints de malcomprenite aiguë répondraient complètement à côté de la question. Il y en aurait qui se lanceraient dans des discours aussi échevelés qu’interminables que la courtoisie et le désir de vérité interdiraient d’interrompre. D’autres encore, pleins de bonne volonté mais dépourvus d’un minimum de connaissance de notre langue se lanceraient dans des logorrhées incompréhensibles. Cela finirait par renvoyer aux chers-téléspectateurs une bien piètre image d’eux-mêmes !

On comprend donc que Télé Blabla préfère nous donner une version totalement bidonnée de ce que sont censés penser les Français et ne nous montrer que des passants triés sur le volet qui ne représentent qu’eux-mêmes.

Une autre pratique médiatique consiste, dans des contrées exotiques, à n’interroger, faute d’interprète, sur des questions parfois très complexes que les rares personnes parlant plus ou moins bien notre langue et à les faire passer pour les porte-parole d’un peuple entier. C’est alors une sorte de micro-trottoir linguistiquement sélectif, tout aussi inutile et trompeur que sa version courante.

Ne serait-il donc pas sage de mettre fin à cette pratique et de laisser la parole à des gens capables ou supposés tels afin que le vulgum pecus puisse se forger une opinion ? Bien sûr ça irait à rebours de la mode actuelle qui veut que l’on donne la parole à tous et à chacun mais le silence n’est-il pas préférable à l’audition de perroquets qui ne font généralement que répéter ce que leur dictent les media ?

*Pratique qui, enfant, me paraissait un peu curieuse car, suite à ma mauvaise interprétation de l’expression, je ne voyais pas pourquoi on n’interrogeait que des clochards sur les questions politiques. De même, les fréquentes interventions du « garde d’Esso » que je prenais pour un pompiste me surprenaient : pourquoi n’interrogeait-on jamais de gardes-champêtres ou de gardes-barrières ? Contrairement aux enfants d’aujourd’hui, j’étais un peu niais. 

16 commentaires:

  1. Sans compter que cet odieux privilège dévolu au garde d'Esso devait indigner le gardien de Shell et la sentinelle de BP !

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  2. D'autre part, si vous supprimez les micro-trottoirs, où donc vont pouvoir œuvrer les micro-putes ?

    Vous ne pensez vraiment à rien…

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  3. Ce que je trouve bizarre c'est que j'ai passé un vie entière à arpenter les trottoirs d'un nombre considérable de villes et que JAMAIS je n'ai été interrogée dans le cadre d'un micro-trottoir, ne serait-ce qu'une seule fois. Mon opinion est don faite cette pratique est totalement bidonnée comme vous dites.

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    1. On ne m'a jamais non plus tendu un micro. Je ne le regrette pas, vu que sur la plupart des questions posées je n'ai pas grand chose à dire.

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  4. Et aujourd'hui souvenons nous de :
    "A Édith Gassion, chanteuse de son plus en état" du 11 octobre 2013

    http://vudescollines.blogspot.com/2013/10/a-edith-gassion-chanteuse-de-son-plus.html#comment-form

    La palme du meilleur commentaire revient à NOURATIN :

    "Oui c'est tout à fait cela, je suis bien d'accord. Un miracle qui n'arrive qu'une seule fois, la voix, le talent et un je ne sais quoi, en plus, qui fait toute la différence. L'invention de l'enregistrement sonore a engendré l'immortalité, dans des cas comme celui-là c'est une bénédiction."

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    1. J'ai moi-même relu avec plaisir cet article. J'ai aussi constaté avec une certaine tristesse la disparition de bien des commentateurs. Ce qui me confirme dans l'idée que les blogs ont leurs beaux jours derrière eux.

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  5. Je vous donne une idée pour une de vos prochaines fictions :
    un micro-trottoir à Kiev, capitale de l'Ukraine.

    Madame Timoschenko, bonjour !
    Les Yankees viennent de laisser tomber les Afghans.
    Croyez-vous que les Yankees puissent aussi lâcher les Ukrainiens ?
    Réponse :
    C'est impossible !
    Les USA sont le pays de la démocratie, de la libre entreprise, de la gay pride et de Disneyland.
    Ils ne laisseront JAMAIS tomber l'Ukraine devant le méchant Vladimir Vladimirovitch.
    Commentaire du journaliste :
    Un beau message d'espoir de Madame Timoschenko, A vous les studios !

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    1. Ne connaissant rien à la situation ukrainienne, je me garderais bien d'en parler.

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  6. Je vous soumets un article en Anglais qui peut alimenter votre réflexion :
    https://www.takimag.com/article/if-its-all-the-same-to-you/

    Cela rejoint ma réflexion sur le role destructeur de l’Instruction publique sur les cultures régionales.
    Idem pour le role destructeur de l'industrie sur l'artisanat populaire.
    Idem pour le role destructeur de Big Pharma sur la pharmacopée traditionnelle.

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    1. Il y a pas mal de points dans cet article sur lesquels je ne suis pas d'accord. Il est possible que je consacre un jour un article au conformisme et à la standardisation des modes de vie en Occident (généraliser cela au monde entier serait abusif :on ne s'habille pas de la même manière à Kaboul que sur nos plages).

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  7. En tant que "femme de la rue", ni pute ni clocharde cependant, j'avoue que je ne sais que penser des micro-trottoirs?
    Je suis à la rue sur le sujet...

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  8. C'est vrai que beaucoup de trottoirs sont étroits mais de là à les appeler micro-trottoirs, je trouve que vous allez trop loin.

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    1. Un trottoir digne de ce nom devrait permettre à au moins trois trottinettes de rouler de front sans nécessairement renverser de piétons.

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  9. Si je vais trop loin, je fais pas exprès... je mets parfois les pieds dans le plat, c'est mon côté vilaine vieille fille un peu revêche et lunatique...

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