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mercredi 15 septembre 2021

Sacrés jeunes !

 


Tout en pédalant avec entrain sur mon vélo d’appartement, j’écoutais ce matin d’une oreille distraite l’émission du paradoxal M. Praud quand je l’entendis, médusé, faire mention d’un sondage effectué auprès de dix mille jeunes de dix pays du Nord comme du Sud (Australie, Brésil, France, Finlande, Inde, Nigeria, Philippines, Portugal, Royaume-uni, États-Unis). Il portait sur l’éco-anxiété et ses résultats n’étaient pas piqués des hannetons.

Curieux d’en apprendre un peu plus, je fis appel à M. Google et découvris quelques articles au sondage consacrés. Celui du Monde étant réservé aux abonnés, je me rabattis, avec l’angoisse que provoque toute incursion en territoire inconnu et réputé hostile sur celui de Libération. Ce que j’y appris ne fit que confirmer les propos inquiétants du bon Pascal (pas le Blaise, le Praud). Intitulé « Tristes, effrayés, abandonnés… De nombreux jeunes en détresse face à la crise climatique » ledit article nous apprenait entre autres joyeusetés que presque 60 % des jeunes interrogés se déclarent très ou extrêmement préoccupés par le changement climatique, que plus de 50 % « se sent triste, anxieuse, en colère, impuissante et coupable », que, dans 45 % des cas, cela nuit à leur vie quotidienne, que 75 % d’entre eux trouvent l’avenir effrayant, que plus de 50 % pensent que l’humanité va disparaître et enfin que 39 % « hésitent à faire des enfants » (chose qui, vu leur jeune âge, est plus prudent qu’étonnant).

« Eh bien, me dis-je in petto, voilà une génération à qui on a su transmettre optimisme et joie de vivre !» En même temps (macronisme oblige), je ne pus m’empêcher de penser au fait que bien des jeunes, au plus fort des vagues du Covid, s’adonnaient volontiers, malgré les mises en garde de leurs aînés, à de joyeuses fêtes. Tentaient-ils ainsi d’exorciser leur éco-anxiété ? D’autre part, comment ne pas s’étonner, lorsqu’ils sont en groupes, de les voir plus bruyants et joyeux que prostrés ? A moins, bien entendu, que seule une minorité d’inconscients ose encore sortir, tandis que les autres se cloîtrent afin de mieux ruminer leurs terribles angoisses ?

Mais remontons dans le temps. Du milieu des années quarante à celui des années soixante eut lieu ce qu’on appelle le baby boom. Il faut dire que ses responsables avaient toutes les raisons d’être confiants en l’avenir de l’humanité. Une guerre atroce, ses massacres inouïs, le feu nucléaire d’Hiroshima et de Nagasaki et, lui succédant, une guerre froide porteuse d’une possible apocalypse nucléaire avaient dopé leur optimisme ! En tant que boomer, je dois dire qu’entre seize et vingt-cinq ans et malgré la menace des champignons atomiques qui risquaient de détruire la planète, j’étais plus intéressé par les filles et la bringue que par la vitrification de la planète. On en parlait beaucoup. En Suisse, on rendait les abris obligatoires (ils le sont toujours mais leur utilité est, de temps à autre, remise en cause) et la population est protégée à 100 % (le taux de protection de la France, lui, avoisine les 0 %). Mais il faut bien le reconnaître, depuis bien longtemps, la menace nucléaire, tout le monde s’en tamponne. On a trouvé autre chose.

Doit-on conclure que les générations nouvelles sont constituées d’un ramassis de trouillards dépressifs ? Je crois que pour moduler les conclusions de cette enquête, il faut tenir compte de deux facteurs. D’abord la sinistrose est à la mode. Ensuite, lorsqu’on lui pose une question, la tendance majoritaire du sondé est de tenter de ne pas trop passer pour un con. Il fait donc son possible pour donner la réponse qu’il juge la plus raisonnable. Questionné sur la menace climatique, répondre qu’on s’en fout comme de l’an quarante est inadmissible. Plus on s’en montrera inquiet, voire terrorisé, plus on paraîtra intelligent et responsable.

Cela dit et sur le fond, je pense que, face au problème climatique, comme face à tout problème, les générations montantes feront comme les précédentes : elles se démerderont.


7 commentaires:

  1. Une chose m'étonne : tout le monde sait que la présence de l'Homme nuit à la planète, alors pourquoi ne pas accepter de bonne grâce la disparition de l'humanité pour sauver la planète ? Après tout, les dinosaures ont disparu depuis longtemps et cela ne dérange personne !

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    1. C'est la solution qui s'impose. Seulement, une fois l'humanité disparue, qui sera là pour convertir les tigres au véganisme ? J'ai entendu Aymeric Caron, homme de grand talent, dire que cette conversion était envisageable.

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  2. @Fredi M.
    Raté, ce n'est pas "Mouarf" du tout, du tout. :-(

    @Mildred
    Pas d'inquiétude, on y a déjà pensé, et c'est encore mieux que le "Great Reset"...

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  3. J'aime bien votre conclusion :
    les générations montantes feront comme les précédentes : elles se démerderont.

    Mais vous oubliez au passage un phénomène fondamental :
    La capitalisation des connaissances.
    Nous sommes des nains perchés sur des épaules de géant.

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    1. Je crois que cette capitalisation se poursuivra car il subsiste des gens qui ne se laissent pas emporter par le vent de folie ambiant. Il n'est pas nécessaire que culture et science soient portées par tous : une élite, même réduite suffit.

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  4. Capitalisation des connaissances et génétique.
    La fée Viviane dit à Merlin :
    Tu as de grandes connaissances et un bon patrimoine génétique.
    Grace à mes ovules, je pourrais te fabriquer un héritier dans un bon moment de plaisir partagé.
    Ensuite tu pourrais transmettre à notre héritier ton savoir, en joignant l'utile à l'agréable.
    Réponse de Merlin :
    C'est pas idiot !

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