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dimanche 29 mars 2020

Du bonheur d’être un plouc

Troisième et (hélas) dernier bouquet de jonquilles cueilli hier dans mon jardin. Vous avez ça en ville ?


Depuis mon retour de Londres soit plus de 26 ans, en dehors de deux brefs séjours dans la charmante petite ville de Châteaudun, je n’ai vécu que dans de petits villages peuplés d’entre 200 et 3000 âmes. Auparavant, j’avais déjà expérimenté les joies de la campagne qui sont nombreuses.

Je ne parle pas du calme car quoi qu’en puisse penser certains citadins, les sources de boucan y sont nombreuses et même en ces temps de confinement. Par exemple, un énorme tracteur attelé à une non moins conséquente tonne à lisier vient de passer sous mes fenêtres dans un fracas d’enfer.

Et puis il y a les cloches qui sonnent heures, quarts, et demies quand elles ne se mettent pas en branle pour l’angélus du matin du midi et du soir ou pour quelque messe, enterrement, mariage ou baptême. Si on ajoute à ça les raffut des tondeuses (à la belle saison), des tronçonneuses, des scies, et autre machines agricoles, les épouvantables chants des coqs, le caquètement des poules et le criaillement des pintades, les « chants » pas toujours harmonieux des oiseaux (celui qui trouve jolis les appels des corbeaux, corneilles, geais des chênes et autres pies a des goûts pour le moins spéciaux). En rase campagne on bénéficie de surcroît du meuglement des vaches, du bêlement des agneaux quand ce n’est pas un âne qui vient polluer les airs de son sinistre braiment. Un capharnaüm sonore ! Pas étonnant qu’excédé le citadin néo-rural y intente tant de procès à ses voisins faute de pouvoir traîner directement poules, canards, grenouilles, chevaux, ânes, coqs, cochons, couvées, cloches, etc. devant les tribunaux.

Et si les nuisances n’étaient que sonores ! Mais que dire des mouches qui en nos terres d’élevage envahissent les maisons l’été venu ? Et puis il y a toutes sortes de sales insectes qui piquent de manière parfois franchement désagréable.

Enfer plus que paradis ? Non, parce que ces bruits sont naturels ou le fruit du travail des hommes et qu’ils me dérangent beaucoup moins que les clameurs des villes et leur agitation fébriles. Ici on est serein. Les gens peu bruyants, limite réservés. Et puis il y a tant d’autres avantages ! Plutôt que de vivre dans un logement exigu, je bénéficie pour un coût dérisoire de plus de 100m2 d’espace et aucun voisin du dessus ou du dessous. Mon petit jardin m’offre l’occasion de prendre l’air et de l’exercice en le cultivant. J’y cueille des fleurs, y récolte fruits et légumes à la saison. Bien sûr, au niveau cinéma, théâtre, expositions etc. C’est inexistant. Mais vu ce qu’on y projette, joue ou montre, franchement, je ne saurais m’en plaindre. Et si ça me manquait, je pourrais toujours aller en ville mais je n’en ai aucune envie.

La période exceptionnelle que nous vivons prive le citadin de ses avantages (dont je n’ai rien à faire) mais lui laisse et amplifie ses inconvénients : promiscuité, espace réduit et même difficultés voire pénurie d’approvisionnement rendent sa vie difficile. Je ne le plains que s’il ne vit en ville que parce que les circonstances l’y contraignent. S’il s’enorgueillit néanmoins de sa situation et des possibilités qu’elle lui offre, je m’en félicite car un exode massif des villes vers les campagnes nuirait grandement à la sérénité du plouc que je suis et de ceux qui m’entourent.

15 commentaires:

  1. Sur l'ancienne "petite ceinture" je suppose. Je parlais de chez vous, dans votre jardin. Ici, n'ayant pas de gitans, on en est réduit à les cueillir soi-même mais c'est gratuit.

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  2. C'est pour ça qu'Alphonse Allais avait recommandé de construire les villes à la campagne.

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    1. Pour les raisons que j'exprimais dans mon dernier paragraphe, cette idée ne me semble pas bonne.

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  3. Ils ont le droit de sortir de leurs roulottes, les gitans ?
    :-(

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  4. Finalement, ce bon Emmanuel avait raison : la terre, elle, ne ment pas !

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    1. Monsieur des Collines :
      Il s'agit d'Emmanuel Berl qui inventa le slogan "la terre, elle, ne ment pas" pour Pétain. Emmanuel Berl était issu de la haute bourgeoisie juive et, EN MêME TEMPS, écrivait les discours de Pétain...
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Berl

      Les Emmanuel que j'ai croisés dans ma vie avaient souvent une "double face", une façon souple et naturelle d'être tout et son contraire...

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    2. Vous m'apprenez quelque chose d'intéressant ! J'avoue que l'histoire de Berl, de sa cousine, marquise de Brinon, et de sa charmante épouse, Mireille, pourrait désorienter certains quant à leur vision manichéiste de nos heures les plus sombres. Je m'abstiendrai cependant de tout commentaire plus avancé.

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    3. Il faut préciser tout de même que Berl n'a écrit que les tout premiers discours de Pétain. Leur "collaboration" n'a guère duré plus de quelques semaines.

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  5. La dame aux camélias29 mars 2020 à 18:17

    Moi, si cela peut intéresser quelqu'un, ce sont des camélias que je cueille, de manière illicite, dans le cimetière déserté où repose mon papa, lorsque j'emmène, de manière illégale en raison du confinement, ma vieille maman se recueillir sur sa tombe.
    Cela fait d'élégants bouquets au charme suranné et un peu triste...

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    1. Qui aurait pu croire qu'en 2020,l'audace consistat à se rendre en plein jour dans un cimetière... sans son ausweis...

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    2. Il est vrai qu'en nos temps "inédits" l'héroïsme prend des formes nouvelles.

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  6. Les gitans, j'en ai côtoyés lorsque je faisais les marchés, tiennent généralement une distance prudente vis à vis des lois et des règlements. C'est eux qui me l'ont dit...

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  7. La dame aux camélias bis30 mars 2020 à 15:10

    Euh...C'était de l'H U M O U R !!!
    Cependant, tout est vrai:le cimetière, le bouquet de camélias, ma vieille mère, la sortie clandestine sans ausweis...
    Mon pseudo (un brin too much) aurait dû vous mettre la puce à l'oreille...

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