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lundi 8 avril 2019

Catastrophismes

On se demande comment les Français peuvent encore dormir de temps en temps avec les catastrophes qui les menacent dans de nombreux domaines. Les Philippulus foisonnent mais à la différence de leur modèle, ils ne courent pas les rues d'une blanche robe vêtus et munis d'un gong en annonçant la fin du monde, ce qui tendrait à les faire passer pour un peu étranges, même au temps des Gay Prides et autres fantaisies. A la voie publique, ils préfèrent les media et parfois même sont vêtus correctement. Ils ne vocifèrent pas toujours. Certains parlent posément des cataclysmes qui nous pendent au nez comme un sifflet de deux ronds et étaient leurs discours de données scientifiques apparemment irréfutables que nul n'ira vérifier. L'origine de nos malheurs est diverse mais leurs conséquences, dramatiques voire fatales, sont généralement inéluctables. Parmi les prophètes de malheur, certains optimistes laissent entrevoir la possibilité d'un sursaut de dernière minute qui pourrait, s'il se produisait dans un avenir très proche, éviter que ne se produise les cataclysmes prévus.

Mais les catastrophes, comme toutes choses, connaissent leurs heures de gloire puis passent de mode. Les plus anciens se souviendront de la peur qu'occasionna il y a quelques décennies un éventuel conflit nucléaire. Des gens aisés se firent même, à grand frais construire des abris où ils entassèrent vivres et fournitures diverses. Personnellement, dès cet époque, je ne voyais pas très bien l'intérêt de ces coûteuses précautions, vu qu'un jour il faudrait bien sortir de l'abri et qu'on se retrouverait dans un monde à la Mad Max ou à la Cormac McCarthy où subsister serait pour le moins difficile voire carrément désagréable. Bizarrement, cette crainte semble avoir beaucoup perdu de sa prégnance. Heureusement, d'autres sont venues la remplacer ! En faire la liste complète serait laborieux. Je me contenterai donc d'en évoquer quelques unes parmi les plus populaires.

Le péril alimentaire en est une : suite aux errances de l'agriculture intensive, notre nourriture nous empoisonne. De grandes sociétés, avides de profits, imposent leurs produits dans le meilleur des cas hautement cancérigènes et qui entre autres effets secondaires présentent le léger inconvénient de détruire les sols ce qui, à terme, les rendra totalement infertiles et provoquera des disettes qui ravaleront la peste noire au rang de négligeable incident. Monsanto, puisqu'il faut l'appeler par son nom, va détruire l'humanité. Ce qui n'est pas très malin de sa part, vu qu'avec elle disparaîtront ses clients...

La submersion migratoire menace gravement notre société. Des millions et des millions de réfugiés économiques ou climatiques viendront s'installer chez nous pour y vivre à nos crochets, détruisant au passage la civilisation telle que nous l'avons connue. Je suis loin de sous-estimer cette menace. Seulement, l'économie, l'État providence comme les capacités de production de notre agriculture ont leurs limites. Viendrait un jour où plus rien ne justifierait un long voyage : si c'est pour y crever de faim ou de froid dans les ruines d'une Europe jadis florissante, autant rester mourir chez soi.

La prophétie la plus intéressante par sa globalité qui, au passage, rendrait toutes les autres caduques est celle de la « destruction de la planète ». Si nous n'agissons pas fortement et immédiatement, la planète est, selon certains, foutue. J'entends des voix dire que nous n'avons que quelques années pour redresser la barre. Si c'est vraiment le cas, à mon avis, notre sort est scellé car du train où vont les choses, un proche et salutaire rebond est pour le moins improbable.

Le problème du catastrophisme est son côté généralement inéluctable. Si rien ne peut être fait pour éviter l'extinction de notre civilisation, de l'humanité et de la planète, à quoi bon s'en inquiéter ? Autant s'indigner de notre mort individuelle qui, comme chacun sait, est, elle aussi, inévitable.

Plutôt que de prévoir de fatals cataclysme que ne sauraient éviter que d'immédiats et radicaux changement hautement improbables, ne vaudrait-il pas mieux envisager des solutions rationnelles et durables ? Je crois qu'au cours de son histoire l'humanité a toujours trouvé des solutions (plus ou moins heureuses) à ses problèmes. A une époque où la science et les techniques nous permettent de mieux maîtriser les choses, je ne vois pas pourquoi elle aurait perdu cette capacité. Je regarde donc son avenir de manière plutôt apaisée et porte sur les prophètes de malheur le même regard amusé que sur Philippulus.

16 commentaires:

  1. Capybara :
    excellent pour le Scrabble, 24 points avant lettre ou mot comptant double et/ou triple + les 50 points de bonus du Scrabble !...

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    1. Bien pour le scrabble, en effet. Seulement les chances d'avoir cette cobinaison de lettres me paraît faible.

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  2. La fin du monde n'est pas inéluctable: grâce à une taxe exceptionnelle sur des produits encore à définir, on doit pouvoir la repousser de 2 326 748 années 8 mois et 17 jours (chiffre approximatif avancé par Cédric Villani et à confirmer à l'issue de l'analyse des résultats du Grand Débat). Je suis rassuré...

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  3. Il semble que les Suisses - qui sont un peuple pragmatique s'il en est - n'aient rien changé à leur politique devant le risque de conflit nucléaire, bien au contraire, puisque Wiki nous apprend :

    "En Suisse, selon la loi fédérale sur la protection de la population et sur la protection civile : « Chaque habitant doit disposer d'une place protégée dans un abri situé à proximité de son lieu d'habitation et atteignable dans un délai raisonnable » (article 45) et « Lors de la construction de maisons d'habitation, de homes et d'hôpitaux, les propriétaires d'immeubles doivent réaliser des abris, les équiper et, par la suite, les entretenir » (article 46)61. On trouve de tels abris dans la plupart des bâtiments construits dès les années 1960 et encore aujourd'hui 61.
    La construction obligatoire d'abris antiatomiques depuis la Guerre froide a été encouragée par les pressions menées par l’industrie du ciment sur les parlementaires suisses62.
    En 2006, la Suisse comptait 300 000 abris dans des habitations, institutions et hôpitaux ainsi que 5 100 abris de protection civile publics61. Cela correspond à 8,6 millions de places pour une population de 7,5 millions d'habitants, c'est-à-dire un degré de couverture de 114 % sur l'ensemble du pays61, bien que dans les faits, ce taux soit inégalement réparti ; certaines communes étant en deçà de 100 %. Au début des années 2010, la loi a donc été modifiée ; la construction d'abris est désormais obligatoire uniquement dans les zones déficitaires et l'accent est mis sur des abris plus grands, plutôt que sur les abris individuels"

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    1. Que feraient les Suisses s'ils survivaient et que les clients de leurs banques avaient disparu ?

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    2. Le dernier représentant officiel de l'Axe au sein de la con-fédération, spécialisé dans l'intervention sur les blogs, ne devrait pas être très loin et saura répondre à votre judicieuse question puisqu'il a, comme chacun sait, réponse à tout !

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    3. Je ne saisis pas bien de qui vous voulez parler.

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  4. J'admire, voire j'envie votre ataraxie, cher Jacques. Au delà de Philippulus, s'il est vrai que contrairement aux craintes de nos ancêtres les Gaulois, le ciel ne nous est toujours pas tombé sur la tête, les Pompéiens -ou plus proches les Hiroshimiens- (enfin, ce qu'il en reste) ne peuvent pas en dire autant. Et je ne vous parle même pas de la pluie de sauterelles.

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    1. J'ataraxe comme une bête ! Sérieusement, s'en faire par rapport aux catastrophes prévues est inutile : soit elles ne se produiront pas, soit elles sont inéluctables et dans ce cas on les subira quoi qu'on fasse...

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    2. Vous êtes un pessimiste, Fredi. Si l'humanité n'a pas disparu d'ici là, elle sera en mesure, grâce aux progrès de la science, de créer un autre soleil ou quelque chose le remplaçant d'une manière ou d'une autre.

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  5. " qui nous pendent au nez comme un sifflet de deux ronds"Nostalgie,mon père utilisait souvent cette expression que je n'avais jamais entendue ailleurs que dans sa bouche...

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    1. On la trouve sur le net. Je la tiens moi aussi de mon père. Je pense qu'il est utile de conserver les expressions populaires. C'est un patrimoine que le gloubi-boulga franglais ne saurait remplacer.

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  6. A priori, mes commentaires, pourtant innocents et loin de toute polémique ne sont pas validés...
    tant pis pour moi, tant mieux pour vous qui semblez avoir retrouvé votre nombre optimal de lecteurs: "...vu le peu de succès qu'a rencontré mon article d'hier, je vais continuer... etc..."
    Bonne journée à ceux qui me liront

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    1. Votre commentaire n'a nullement été supprimé, seulement une maladresse de ma part a fait que j'ai oublié de le valider. Ma faute est réparée. Il ne me reste plus, après vous avoir présenté mes excuses, qu'à implorer votre pardon.

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    2. Je...
      (accepte les excuses et accorde mon pardon)

      C'est vrai que la fin du monde dans 5 milliards d'années (moins deux jours) est au moins aussi important que mon commentaire; faut relativiser !

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