La
mise en lien par le bon Pangloss de Molly Malone (yes, the very one who
cried cockles and mussels, rolling her wheelbarrow through the roads (broad and
narrow) of Dublin (Fair city where the girls are so pretty))chantée par The
Dubliners m’a ramené bien des années en
arrière...
En l’an de grâce mil neuf cent soixante-treize je partis pour
Londres en quête de nouvelles aventures. J’ai déjà raconté ici
et là
à quel point il m’y fut difficile d’y trouver logement. Toutefois, de septembre
à décembre j’y partageai une collocation avec deux jeunes collègues. L’un
d’eux, John Davis était Gallois et,
comme moi à l’époque, grand amateur de musique celtique. C’est grâce à lui que
je découvris, sur Balls Pond Road à Hackney un endroit propre à étancher nos soifs de Guiness et de musique
irlandaise : The Duke of Wellington. L’endroit était fréquenté par de
robustes travailleurs ayant quitté la verte Erin pour la grisaille londonienne
probablement poussés par des motivations économiques. Ils y buvaient moult
pintes de leur stout nationale en écoutant, et reprenant en chœur les airs
chantés par des groupes de musique irlandaise traditionnelle qui s’y
produisaient le week-end. L’ambiance y était amicale, chaude. On y quêtait bien
un peu pour le Sinn Féin alors que les
bombes de l’IRA ravageaient la ville, mais quel endroit est parfait ? Nous
en sortions bien joyeux en chantant et
regagnions notre logis. Il arriva même que John, qui avait meilleur cœur
qu’oreille, s’arrangea pour que je monte sur scène afin d’y chanter une chanson
bretonne (je chante dans la langue qu’on veut au dessus d’un certains taux
d’alcoolémie). Je connus ce soir-là un succès d’estime.
En résumé je gardai de ces soirées un souvenir bien
agréable. C’est pourquoi, dix-sept ans plus tard, vivant de nouveau à Londres,
j’eus l’idée de faire découvrir ce lieu de délices à ma jeune conquête. Las, tout change. La faune
s’était renouvelée. Plus de solides gaillards du bâtiment une pinte à la main ! Plus de musique irlandaise. La salle où se
produisaient les groupes était « Women only » (réservée aux femmes). On
n’y baragouinait plus en Gaélique. En fait, l’endroit était devenu le point de
ralliement des homosexuelles du secteur (si j’avais le goût mauvais, j’aurais
parlé de « bar à gouines » ce qui eût maintenu une certaine
continuité…). Nous y rencontrâmes même une collègue avec sa copine. Je rentrai
attristé de cette décevante expédition : tout foutait le camp…
L’écoute de Molly Malone me fit me souvenir que The Duke
avait, dans ma jeunesse, vu se produire en ses murs The Dubliners et autres
Wolfe Tones. Je lançai une recherche Google, histoire de voir si l’endroit
existait toujours. C’était le cas. Le vieux pub était fidèle au poste et
continuait d’abreuver. Mais les temps avaient encore changé. Le quartier
s’étant embourgeoisé, il avait suivi. Entièrement remis à neuf, il visait une
clientèle de yuppies…
Tou ça pour dire que lorsque, comme disent les Anglais, on
descend la rue de la mémoire (When you go down memory lane), on n’y retrouve
que rarement ce que l’on cherchait. C’est tout juste si en cherchant bien on y
peut déceler des fantômes de souvenirs…
Mais, parfois, si on est en forme, on peut en tirer À la recherche du temps perdu…
RépondreSupprimerCertes, mais le pire n'est jamais garanti...
RépondreSupprimerIl y a des chansons qui valent les madeleines.
RépondreSupprimerEn bien moins indigeste !
SupprimerVous aurez bien le temps de pleurnicher quand les djihadistes auront déboulé.
RépondreSupprimerChaque chose ne son temps, Mildred, chaque chose en son temps !
SupprimerJe ne retourne jamais sur les lieux où je me suis laissé aller à mes vices les plus nobles, la peur d' être déçu.
RépondreSupprimerVous faites ainsi preuve de grande sagesse.
SupprimerJe ne retourne jamais aux bars dont je fus un pilier, des fois que dans le laiton de la pompe à bière je voie grimacer la fantôme d'un autre, emporté par les statistiques !
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