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jeudi 12 juin 2014

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme…

La mise en lien par le bon Pangloss de Molly Malone (yes, the very one who cried cockles and mussels, rolling her wheelbarrow through the roads (broad and narrow) of Dublin (Fair city where the girls are so pretty))chantée par The Dubliners m’a  ramené bien des années en arrière...

En l’an de grâce mil neuf cent soixante-treize je partis pour Londres en quête de nouvelles aventures. J’ai déjà raconté ici et à quel point il m’y fut difficile d’y trouver logement. Toutefois, de septembre à décembre j’y partageai une collocation avec deux jeunes collègues. L’un d’eux,  John Davis était Gallois et, comme moi à l’époque, grand amateur de musique celtique. C’est grâce à lui que je découvris, sur Balls Pond Road à Hackney un endroit propre à étancher  nos soifs de Guiness et de musique irlandaise : The Duke of Wellington. L’endroit était fréquenté par de robustes travailleurs ayant quitté la verte Erin pour la grisaille londonienne probablement poussés par des motivations économiques. Ils y buvaient moult pintes de leur stout nationale en écoutant, et reprenant en chœur les airs chantés par des groupes de musique irlandaise traditionnelle qui s’y produisaient le week-end. L’ambiance y était amicale, chaude. On y quêtait bien un peu pour le Sinn Féin  alors que les bombes de l’IRA ravageaient la ville, mais quel endroit est parfait ? Nous en sortions bien joyeux en chantant  et regagnions notre logis. Il arriva même que John, qui avait meilleur cœur qu’oreille, s’arrangea pour que je monte sur scène afin d’y chanter une chanson bretonne (je chante dans la langue qu’on veut au dessus d’un certains taux d’alcoolémie). Je connus ce soir-là un succès d’estime.

En résumé je gardai de ces soirées un souvenir bien agréable. C’est pourquoi, dix-sept ans plus tard, vivant de nouveau à Londres, j’eus l’idée de faire découvrir ce lieu de délices à ma  jeune conquête. Las, tout change. La faune s’était renouvelée. Plus de solides gaillards du bâtiment  une pinte à la main !  Plus de musique irlandaise. La salle où se produisaient les groupes était « Women only » (réservée aux femmes). On n’y baragouinait plus en Gaélique. En fait, l’endroit était devenu le point de ralliement des homosexuelles du secteur (si j’avais le goût mauvais, j’aurais parlé de « bar à gouines » ce qui eût maintenu une certaine continuité…). Nous y rencontrâmes même une collègue avec sa copine. Je rentrai attristé de cette décevante expédition : tout foutait le camp…

L’écoute de Molly Malone me fit me souvenir que The Duke avait, dans ma jeunesse, vu se produire en ses murs The Dubliners et autres Wolfe Tones. Je lançai une recherche Google, histoire de voir si l’endroit existait toujours. C’était le cas. Le vieux pub était fidèle au poste et continuait d’abreuver. Mais les temps avaient encore changé. Le quartier s’étant embourgeoisé, il avait suivi. Entièrement remis à neuf, il visait une clientèle de yuppies…

Tou ça pour dire que lorsque, comme disent les Anglais, on descend la rue de la mémoire (When you go down memory lane), on n’y retrouve que rarement ce que l’on cherchait. C’est tout juste si en cherchant bien on y peut déceler des fantômes de souvenirs…

9 commentaires:

  1. Mais, parfois, si on est en forme, on peut en tirer À la recherche du temps perdu

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  2. Certes, mais le pire n'est jamais garanti...

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  3. Il y a des chansons qui valent les madeleines.

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  4. Vous aurez bien le temps de pleurnicher quand les djihadistes auront déboulé.

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    1. Chaque chose ne son temps, Mildred, chaque chose en son temps !

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  5. Je ne retourne jamais sur les lieux où je me suis laissé aller à mes vices les plus nobles, la peur d' être déçu.

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    1. Vous faites ainsi preuve de grande sagesse.

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    2. Je ne retourne jamais aux bars dont je fus un pilier, des fois que dans le laiton de la pompe à bière je voie grimacer la fantôme d'un autre, emporté par les statistiques !

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