Hier nous fûmes en la belle province du Perche. Nous
quittâmes le Mortainais sous un ciel gris mais sans que la moindre goutte
tombât des nuages qui l’obscurcissaient. Arrivés à destination, après un petit
tour de jardin, nos charmants hôtes proposèrent que nous prissions l’apéritif
dehors. C’est alors que les premières gouttes commencèrent à tomber. Le subséquent
déluge ne cessa de tout l’après midi et du début de soirée. Lorsque nous
reprîmes la route, il pleuviottait toujours. Un peu après Argentan ça se corsa.
Des cataractes vinrent rendre la conduite malaisée. Plus loin, la
pluie se calma jusqu’à disparaître et nous pûmes constater, en approchant de la
maison qu’au cours de notre absence AUCUNE goutte n’était venue abreuver nos
sillons. Toutefois, une fois arrivés, nous constatâmes que quelques gouttes commençaient
à tomber. Il plut durant la nuit et, au matin, se déchaîna l’orage.
Tous les voyages que nous entreprîmes avec la Daimler s’avérèrent
copieusement arrosés. Qu’elle nous menât à Troyes, dans le Perche ou dans les
Landes, à chaque fois les trombes d’eau furent au rendez-vous. Comment tout
esprit rationnel n’en viendrait-il pas à conclure à l’existence d’une
corrélation entre les déplacements de cette automobile et les précipitations ?
Ces douloureuses expériences m’amènent à penser qu’il existe
une malédiction de la Daimler. Quelque maligne divinité s’acharne donc à
gâcher, au niveau météorologique, toute excursion à son volant gâchant
partiellement l’agrément de la conduite sans pour autant nuire à celui des
rencontres.
Cet irrécusable constat pourrait paraître décourageant.
Seulement, si toute médaille a son revers, on peut en inférer que tout revers a
sa médaille. Et si cette apparente malédiction s’avérait une bénédiction ?
Pensons à toutes ces régions arides où l’on prie pour que tombe la pluie !
Sahara, Sahel, Gobi, pour n’en citer que les plus vastes. Que n’y donnerait-on
pas pour que ces désolantes étendues de pierre ou de sable se transforment en
luxuriantes prairies où brouterait un nombreux et gras bétail ? Pour qu’on puisse s'y livrer à de rémunératrices cultures ? Quand on pense qu’un passage
de Daimler de temps à autre transformerait ces rêves insensés en enrichissantes
réalités, on ne peut s’empêcher d’envisager les profits financiers qu’on
pourrait en tirer…
Seulement, vu que je répugne à quitter mes pénates et qu’aucun
désir d’enrichissement ne m’habite, je crains de ne jamais exploiter ce filon.
Toutefois, si quelque jeune (ou moins jeune) aventurier (ère), ambitionnant une
rapide fortune, avait envie d’en tirer profit, mon amour du genre humain me
dicterait de lui céder cette voiture miraculeuse pour un nombre de millions d’Euros
qui reste à déterminer. Ce serait un
crève-cœur, bien sûr, mais un cœur généreux et une âme élevée me dicteraient de
m’y résoudre.
Irréfutable démonstration.
RépondreSupprimerCes douloureuses expériences m’amènent à penser qu’il existe une malédiction de la Daimler.
RépondreSupprimer...que celle-ci.
Ben oui, on pratique la logique ici.
SupprimerCette histoire, Dieu sait pourquoi, me fait penser à tous ces enfants qu'on a rendus obèses, à force de leur dire de manger en pensant à tous ces petits Africains, Chinois ou autres (suivant les époques) qui mouraient de faim.
RépondreSupprimerJe ne vois pas très bien le rapport moi non plus. N'empêche que quand ma mère me tenait ce genre de propos, je lui conseillais de leur envoyer nos restes par la poste.
SupprimerVoilà ce qui arrive quand on roule dans une voiture anglaise, la météo s'adapte.
RépondreSupprimerPossible... Dans ce cas, pourquoi n'offrirait-on pas des Bentley aux Sahéliens pour résoudre leurs problèmes de sécheresse ?
SupprimerC'est en effet une grande merveille qu'une auto qui fait tomber la pluie.
RépondreSupprimerLe fait qu'il s'agit d'une Anglaise y est sans doute pour quelque chose
mais il ne faut jamais regarder les miracles de trop près, la déception
risque de se révéler terrible.
Amitiés.
Avec de tels propos, on a vite fait de désenchanter un rêve qui venait d'être réenchanté à grands frais...
Supprimer"... proposèrent que nous prissions..."
RépondreSupprimerEn effet. Je rectifie au plus vite !
SupprimerVoiture merveilleuse, j'aurais dû vous inviter votre daimler et vous, outre le plaisir de vous rencontrer cela m'aurait épargner les deux-trois heures quotidiennes d'arrosage! Mais là c'est plus la peine, hier, une voiture jumelle s'est probablement baladée près chez nous, un déluge durant des heures, le bassin est plein, la fontaine donne plus, le spectre de la sécheresse s'est éloigné.
RépondreSupprimerJ'en suis heureux pour vous. Ici aussi, le spectre de la sécheresse s'est dissipé en quelques heures. Si par malheur, il venait à réapparaître, n'hésitez pas à faire appel à mes services !
SupprimerMon cher Jacques, j'ai toujours pensé que cette voiture ne vous vaudrait que des malheurs. Mais fort heureusement pour vous je suis spécialiste du désenvoutement automobile. Voilà comment ça marche : vous me confiez la voiture et, lorsque je vous la rend, elle est débarrassée du mauvais oeil. Bien entendu cela peut prendre un certain temps,mais de toute façon une voiture maudite ne vous est d'aucune utilité. Donc n'hésitez surtout pas. Et en plus le prix est modique !
RépondreSupprimerMerci pour vos offres de services, M. Aristide ! Il y a cependant un problème : je suis arrivé à la conclusion que, sous vos dehors d'honnête et profond universitaire, vous n'êtes rien moins,que M. Bibi, faux marabout et escroc notoire. Bas les masques, soi-disant Aristide !
SupprimerChanger la couleur de votre automobile, il me semble que cette dernière soit rouge alors qu'une Daimler doit être verte, il le pleut pas, le ciel pleure de honte.
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