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mardi 29 janvier 2013

Même pas mal !



Ça y est ! Après une journée en grande partie passée à la belle clinique, me voici débarrassé de mon carcinome.  Du moins  je le pense car je n’ai pas encore pu vérifier vu qu’en ses lieu et place mon front arbore un gros pansement  taché de sang séché. Ainsi, j’ai la noble apparence de qui s’est affronté à la porte des chiottes en un combat douteux.

La chose s’est passée sans douleur notable ni pendant ni après. Ils m’ont mis dans le coaltar si bien que le déroulement des opérations m’a totalement échappé.  La clinique, c’est comme l’armée : on n’y fait pas grand-chose mais on le fait tôt.  La dame des ambulances est venue me chercher à sept heures moins le quart comme prévu.  Nous sommes arrivés avant sept heures et demie comme il m’était demandé. Et puis ensuite, dûment dévêtu d’une sorte de blouse en intissé bleu, de jolis chaussons et d’un slip du même métal, après qu’on m’eût pris température et tension, je suis resté à attendre jusqu’à dix heures passées. J’ai fini par passer au bloc. Ensuite j’ai eu droit à un petit casse-croûte puis suivirent plus de deux heures à attendre Dieu sait quoi. Après une nouvelle prise de tension et de température, on décida que j’étais libérable  et je pus commencer à attendre l’ambulance…

On peut dire qu’on est cocooné ! Tour ça me pose question.  J’en suis à me demander qui toutes ces précautions dont on entoure le moindre acte médical sont censées protéger. On peut se dire qu’il s’agit évidemment du patient. J’ai plutôt l’impression que ce sont les praticiens qui se cachent derrière un mur de précautions généralement inutiles. Jeûne, douches à la Betadine, multiples signatures attestant l’information reçue ou l’acceptation de l’intervention*, la nécessité d’être accompagné la nuit qui suit sont-ils vraiment indispensables ?  Ne s’agit-il pas de se prémunir contre de très improbables complications génératrices d'éventuelles et couteuses poursuites ?  Ne s’agit-il pas d’une forme supplémentaire sacro-saint principe de précaution qui mène dans bien des domaines à la paralysie ?

J’ai eu  au cours de mon parcours à la clinique la confirmation de ce que je pensais depuis longtemps : mes coronaires ont été constatées totalement normales suite à une coronarographie. Cela n’empêche que depuis des années  je sois pris en charge à 100% pour des problèmes cardiaques que je n’ai pas. Seulement, aucun praticien  ne prendra le risque de cesser les traitements, de peur que je ne fasse ensuite un infarctus qui pourrait être imputé à sa négligence. On est ans le préventif…

La véritable dérive sécuritaire de notre société  ne serait-elle pas davantage  à chercher dans cette lutte contre des périls fantasmés que dans la volonté de combattre une criminalité dont la progression, elle, n’est pas imaginaire ?

*S’imaginerait-on que des chirurgiens en maraude kidnapperaient la nuit venue d’imprudents passants afin de leur faire subir contre leur gré des ablations de l’appendice, de la vésicule biliaire ou de quelconques tumeurs ? Est-il envisageable qu’un patient suive un parcours médical (généraliste, spécialiste) et que suite à leur consultation il se rende au jour et à l’heure convenue dans un établissement de santé pour y subir une intervention sans accepter cette dernière ?  D’autre part, est-il toujours suffisamment compétent pour comprendre les explications qu’on lui donne ?

15 commentaires:

  1. "ces précautions sont censés protéger. On peut ce dire"
    Bon, ouf, tout s'est bien passé, sauf qu'on vous a enlevé du cerveau la zone de l'orthographe.

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  2. Eh beh, vous vous êtes donné le mot avec Corto, vous causez santé ?

    Faut les comprendre, les médecins (je ne les aime pas du tout, mais j'essaie de leur rendre justice) : oui, il y a des patients qui refusent l'intervention à la dernière minute, oui, il y en a qui vont se retourner vers le gus en blouse blanche pour ne pas avoir su sortir sa boule de cristal... alors, ils se couvrent, parce que le "au cas où", ça peut leur faire très mal.

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  3. C'est terrible comme les documents qu'on doit lire et signer avant l'intervention sont effrayants. Toutes les complications, même les plus atroces et rarissimes, sont évoquées. Il y a de quoi remettre en vitesse ses chaussettes et se tirer pour mourir tout seul dans son coin si vous allez, par exemple, vous faire ôter une écharde malencontreusement fichée dans votre oeil. Non seulement vous pouvez perdre la vue (vous acquiescez, vous avez peur et vous avez mal, qu'on vous enlève cette écharde, vite, c'est le plus urgent) mais aussi l'oeil, ensuite l'infection peut vous envahir la tête et se compliquer de thromboses veineuses et d'explosion pulmonaire, pourquoi pas.
    Il n'y a pas de case à cocher "je fais confiance à l'équipe médicale et sauf en cas de faute majeure (style le chirurgien était bourré et l'anesthésiste claviotait sur facebook pendant qu'on était supposé me faire une greffe de tympan)je suis conscient que toute intervention suppose un risque d'aggravation de mon état ou de complications pour lesquelles je ne pourrirai pas la vie du personnel soignant."
    Moyennant quoi, on vous rassurerait gentiment avant, en vous assurant que tout va bien se passer et que vous êtes entre des mains de pros.

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  4. Toutes les précautions que prennent les médecins, n'ont qu'une cause : la judiciarisation de la médecine.
    Dit en langage populaire, ça s'appelle "ouvrir le parapluie !"

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  5. Une histoire à se taper la tête contre les murs, 'accord je sors.

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  6. Et les notices des médicaments ?
    J'ai connu autrefois un imprimeur exclusivement spécialisé dans les notices pharmaceutiques pliées comme des draps de lit dans les petites boîtes portant vignette et tout et tout. C'était un job que tout le monde ne sait pas faire dans sa profession : micro caractères sur papier bible format parfois timbre poste. C'était autrefois... Surtout, lisez "tout" aujourd'hui, les contre-indications, toussa... En revanche, les "indications" sont souvent plus éllyptiques...

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    1. J'avoue que lire ces notices est du plus haut comique : un anti-dépresseur peut éventuellement provoquer des crises de dépression, un hypnotique rendre insomniaque, etc. En fait, en incorporant à la liste des effets indésirables TOUS les malaises, crises, affections possibles et imaginables, le fabricant serait certain de ne rien se voir reprocher. Toutefois,sa notice ferait plusieurs tomes et les illettrés pourraient toujours l'attaquer...

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  7. @ Blandine et Marianne : Je suis bien d'accord avec vous mais cette tendance est préoccupante en ce qu'elle reflète l'incapacité de nos contemporains à accepter les conséquences de leurs décisions lesquelles ne sont pas forcément positives.

    @ Suzanne : Tout à fait d'accord avec vous. Seulement, la formulation "faute majeure" est vague. Quand y a-t-il faute avérée ? Quand une faute devient-elle majeure ? Où commence l'impondérable ?

    @ Grandpas : Ah, c'est malin ! Tous ceux que je croise me demandent si je suis tombé, si je me suis cogné... J'ai beau leur dire que c'est la mode à Paris, je crains qu'ils ne me croient pas.

    @

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    1. Il semblerait que la connexion erratique sur vos collines voit ait coupé la parole dans votre réponse à Plouc.

      Me trompé-je ? Dommage, car je trouve son commentaire pertinent et révélateur. Il n'y avait pas inscrit "achat immobilier compulsif" sur la notice des cachetons prescrits par mon (bon) Docteur Maboule. Et pourtant... (heureusement, Money Penny m'a suivi sur ce coup)

      7 ans plus tard, je paye encore. Vous croyez que je peux me retourner contre le laboratoire ?

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    2. A mon avis, oui. Un gars a bien poursuivi un laboratoire pharmaceutique sous prétexte que suite à la prise de son médoc il s'était mis au jeu...

      Je me demande quelle substance ont pu absorber ceux qui ont voté Hollande !

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  8. Ah oui mais Jacques, si vous allez par là... vouloir décider et assumer ses actes n'est plus du tout recommandé dans notre petite civilisation actuelle...

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  9. Vous savez, dans une société qui entend marier les bonshommes entre eux, il ne faut plus s'étonner de grand chose. L'Occident est émasculé.
    Amitiés.

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    1. Plus rien ne m'étonne. Certaines choses me désolent encore.

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