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dimanche 4 décembre 2016

Un sommet de la littérature brute !


Comme chaque année à pareille époque, j'ai reçu hier la visite d'un homme dont la tenue laissait présager son appartenance au glorieux corps des sapeurs-pompiers du canton. Impression confirmée par le magnifique calendrier qu'il tenait en sa main calleuse. Le soldat du feu m'annonça que j'étais le dernier de sa tournée vu que j'étais absent lors d'un précédent passage. On n'échappe pas au calendrier comme ça !

Ce matin, ne sachant trop que faire je feuilletai ce magnifique opuscule et y découvris un petit bijou littéraire dont il serait coupable de ne pas vous faire profiter. L'auteur en est le maire d'un village que j'appellerai Mont-Saint-Frusquin. Ce brave homme, que je prénommerai Marcel, cédant à l'amicale pression des pompiers du cru, avait entrepris de brosser un rapide historique de son village. On peut supposer que de longues heures d'efforts intenses furent nécessaires pour que s'érigeât ce monument de littérature brute.

Marcel attaque fort. «  Mont-Saint-Frusquin, point culminant du canton de Saint-bidule, village attachant par son histoire très marquée, sa richesse patrimoniale, sa diversité bocagère, sa vie culturelle et festive dynamisée par 8 associations... Une commune qui vaut le détour et voit défiler, chaque année, pas loin de 50 000 visiteurs. »

Comment expliquer une telle fréquentation ? C'est bien simple : « Notre commune est attractive grâce à ses sites des plus renommés tels que le Cimetière Américain invitant les touristes à s'abandonner à la plénitude dans un silence religieux ». Et ce n'est pas tout : « A proximité de l'église, la table d'orientation offrant une imprenable vue panoramique où les passagers sont béants d'admiration devant les courbes lointaines du Mont-Saint-Michel perceptibles par temps clair ». Par temps couvert, j'espère qu'on a quand même quelque chose sur quoi béer d'admiration !

Et ce n'est qu'un début : « On peut aussi se recueillir en passant près du carré Marocain où reposent des soldats de la 2e division blindée du Général Leclerc mort pour la France » (A ne pas confondre avec un autre Général Leclerc mort sans motivation précise à moins que, malgré l'absence de « s » ce soient des Marocains qu'on parle.).

Une simple mention de la chapelle restaurée et nous en venons au clou de la fête touristique : « Le Manoir du bois Léon, , seule ferme à cour carrée du canton de Saint-Bidule vieille de … Ans (Là l'érudition de Marcel cale un peu et l'imprimeur ne sait la palier) où se dresse l'entrée austère d'une propriété privée cachant derrière elle des aménagements rapiécés fidèlement à la trame de l'ancien bâti encerclé d'une douve aux douelles empierrées où les graines ont trouvé refuge pour laisser se ramifier toutes sortes de plantes herbacées à tissu végétal verdoyant et vivace, du coriace qui s'accroche au passé solidifiant les vestiges tout en dévoilant d'autres perspectives jusqu'à susciter l'émerveillement ! ». Visiblement, après un tour de chauffe, la verve poétique de Marcel vient de passer la surmultipliée !

Tout ça donne soif : « Enfin, dernière halte au Bar du Paradis pour siroter un rafraîchissement en échangeant des impressions ou tout simplement en se laissant bercer par le flux de nouveaux touristes arrivant ». Après avoir connu les ineffables joies de la plénitude, de la béance, de l'admiration et de l'émerveillement, voilà qu'on berce le touriste ! Il est gâté-pourri à Mont-Saint-Frusquin !

Mince, on allait oublier un truc important : « Mont-Saint-Frusquin, ce bourg fleuri, quasi exempt de réminiscences guerrières (si on excepte le Cimetière Américain et le Carré Marocain) malgré la charge de son histoire, est un bourg accueillant qui aspire à la tranquillité (dommage que tant de touristes viennent la perturber!). En plein cœur, l'habit du château d'eau érigé vers le ciel sera prochainement revêtu d'une fresque pour égayer notre village."Est-ce vraiment nécessaire ?

Et puisqu'il faut conclure : « Les touristes, au gré de leurs parcours itinérants où cohabitent généreusement fleurs et douceur de vivre, partiront de ce pays Montais, nostalgiques, avec une seule envie : celle d'y revenir... » (Comme on les comprend!).

13 commentaires:

  1. Substances illicites ? je ne ne vois que ça.

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    1. Je crains que ce ne soit pas même pas le cas.

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    2. On ne le dira jamais zassé : "La drogue c'est d'la merde !".

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  2. Plaignez-vous : voilà un Marcel qui vous offre l'opportunité d'écrire un bon billet, pour pas un rond !
    Quant à à moi, j'ai beau expliquer aux pompiers qui me font visite que je serais beaucoup plus généreuse s'ils figuraient dans le plus simple appareil sur leur calendrier, ils continuent à faire la sourde oreille, alors que d'autres, il est vrai plus humanitaires, ont une vision plus pragmatique de leur intérêt !

    http://www.demotivateur.fr/article/calendrier-pompiers-sans-frontieres-2017-fred-goudon-photographie-6999

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    1. Moi qui vous pensais sérieuse (sans être austère) !

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    2. Parce que, selon vous, une dame sérieuse ne devrait pas avoir le droit de souhaiter voir d'agréables spectacles ?

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    3. Peut-être mon cût" vieille France... Ou vieux schnock...

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  3. Les bulletins municipaux, aussi, sont souvent de vraies mines d'or pur…

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    1. un temps durant, sévit à Chartres dans divers journaux locaux puis dans le magazine du Conseil Général, un gars qui écrivait des phrases aussi ampoulées que totalement dépourvues de sens. Je pense que, soit ses employeurs ne lisaient pas ses articles, soit, n'y comprenant, à juste titre, rien ils le trouvaient génial. Toujours est-il qu'il parvint ainsi à atteindre une retraite méritée. S'il l'a mise à profit pour rédiger ses mémoires on aura là un monument propre à édifier notre belle jeunesse(à condition qu'il trouve un éditeur).

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    2. Et je me souviens, moi, de l'époque pas si lointaine où, en tant que directeur de la rédaction de Télé 7 Jours, un nommé Patrick Mahé pondait chaque semaine un éditorial qui semblait traduit directement traduit du coréen par un logiciel pas fini. Dès que le magazine nouveau arrivait au rewriting de FD, j'étais sommé par les autres d'en prendre connaissance, puis de leur en faire une lecture commentée : on a passé de grands moments.

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    3. On se demande comment des gens comme ça parviennent à subsister, voire à prospérer. Certains mystères nous échappent.

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    4. Sacré Marcel, encore un petit effort et le voilà prêt pour l'Académie!
      Pour peu qu'il ajoute un peu de musique ça pourrait presque faire le Nobel!
      Amitiés.

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