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mardi 17 juin 2014

Questions à la con



Des centaines de milliers de jeunes se sont vu poser hier quelques questions particulièrement indiscrètes dans le cadre de l’épreuve de philosophie du baccalauréat. Il leur était alloué quatre heures pour y répondre. Quatre heures pour écrire un tissu d’âneries en réponse à des questions qu’ils ne se sont jamais posées et dont en plus ils n’ont généralement rien à battre. Thèse, antithèse, synthèse, et dans le bon ordre s’il vous plaît !  Il y avait également pour chacune des séries un texte à commenter. Bavarder autour d’un texte ! Voilà une idée qu’elle est bonne ! L’idée de discuter tel ou tel point de la pensée de Descartes, d’Hannah Arendt ou de Karl Popper (je me demande au passage s’il est prudent de faire de la pub à un gars qui porte un nom de stupéfiant) quoi de plus fascinant ? Ça prépare efficacement à cette activité primordiale dans nos sociétés postmodernes qui consiste à sodomiser d’innocents diptères dont le niveau de consentement et l’âge sont difficilement évaluables.

Plus j’avance en âge moins je me sens enclin à répondre sérieusement à certaines questions. Désavantage largement compensé par la possibilité que j’ai de donner un avis éclairé sur d’autres. Par exemple, si je me fous complètement de savoir si l’existence précède l’essence (ou si c’est tout le contraire), je peux vous donner des réponses assez claires concernant par exemple la préparation du lapin au chou, la culture de la patate, l’installation d’un va-et-vient ou d’une cloison en Placoplatre.

Je bénis le ciel de ne plus avoir à passer le moindre examen. J’en suis même à me demander comment j’ai pu en passer tant durant mes six années d’études supérieures et en plus les réussir aisément. Je mets ça sur le compte de la jeunesse et de sa malléabilité. Si c’était à refaire, je craindrais de mourir d’ennui lors du premier partiel…

Toutefois, comme je vous sens avide de connaître mes réponses aux graves questions posées cette année, je ne déroberai pas mais le ferai de manière succincte.

"L'artiste est-il maître de son œuvre?" 
Ben oui.
"Vivons-nous pour être heureux?"
Tant qu’à faire et si possible, oui.
"Les œuvres éduquent-elles notre perception?" 
Alors là je ne saurais dire. La plupart des percepteurs (trices) que j’ai rencontré(e)s m’ont paru avoir une bonne éducation, maintenant si c’était dû aux œuvres… Quelles œuvres d’abord ? La Croix Rouge ? Emmaüs ? Le Secours Populaire ? La question me parait imprécise.
"Doit-on tout faire pour être heureux?"
Non, les tâches ménagères par exemple, doivent être partagées. Et parfois même, on a beau tout faire, on se fait quand même engueuler par son conjoint.
"Suffit-il d'avoir le choix pour être libre?"
Non. Difficile de se sentir libre quand on a le choix entre les galères et le bagne. 
"Pourquoi chercher à se connaître soi-même?" 
Pour ne pas se demander qui est cette personne chaque fois qu’on croise un miroir.

27 commentaires:

  1. Monsieur Des Collines,
    Vous êtes un Everest de bon sens dans un monde qui n'a plus beaucoup de bon sens ! J'ai éclaté de rire à vos réponses (surtout à ""Suffit-il d'avoir le choix pour être libre?"
    Non. Difficile de se sentir libre quand on a le choix entre les galères et le bagne. ")

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  2. Vous faites mentir le proverbe "A question idiote, réponse idiote".

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  3. Bravo!
    Vos réponses sont nécessaires et suffisantes, en dire plus serait ce vain verbiage (qui nourrit tant de parasites...) nommé "philosophie".

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    1. Très drôle : la France croule sous le poids des philosophes, c'est bien connu. Il paraît qu'il y en a même plus que des intermittents du spectacle, c'est dire.

      Refuser de philosopher, c'est encore philosopher, a dit à peu près ce parasite de Pascal. Je vous mets au défi de lui prouver le contraire.

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    2. Robert Marchenoir17 juin 2014 à 11:29

      Hahaha, c'est trop drôle. LE type qui aurait dû se faire discret suite à ce billet, celui qui aurait dû passer devant en sifflotant et en faisant semblant de rien voir, LE "professeur" de "philosophie" qui semble s'être juré de démontrer, par ses interventions sur le Web, la futilité et l'outrecuidance de la philosophie, le cuistre en chef capable de réduire à zéro, par ses commentaires, la crédibilité de millénaires de philosophie, se croit missionné pour ramener sa fraise et mettre en évidence, par l'absurde, le bien-fondé de ce billet.

      Parfois, la sagesse consiste à fermer sa gueule.

      Mais après avoir consacré sa vie à ingurgiter des bouquins de philosophie, Marco Polo n'a toujours pas compris cette vérité élémentaire, connue par d'innombrables paysannes illettrées.

      Faut-il une meilleure preuve que delenda est fonction publique ?

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    3. Vous êtes énervé, Robert, comme le prouve le décalage de ton entre mon intervention et la vôtre.
      L'humiliation récente que je vous ai infligée, bien à contrecœur, sachez-le, y est peut-être pour quelque chose.

      Savoir garder ses nerfs n'est visiblement pas à la portée de tout le monde.

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    4. @ Michel : Auriez vous cessé d'être fan de Heidegger ?
      @ Marco et Robert : auriez-vous perdu le goût de la bagarre ?

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  4. Je suis tellement peu philosophe qu' à cette question: " Les œuvres éduquent-elles notre perception?" ; j'ai pensé aux œuvres d'art, tout faux, j'aurais eu!

    "Pourquoi chercher à se connaître soi-même?" ; là j'éviterais, je serais certainement déçu.

    Sur le fait d'être heureux, il faudrait être complètement stupide pour avoir envie de vivre dans la mouise.

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    1. Vous auriez fait une grossière erreur en effet.
      Pour le reste je suis d'accord.

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  5. Sans vouloir vous flatter, cher Jacques Etienne, je crois que Jegoun aurait pu signer ce billet.

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    1. @ Marco:
      - Réponse humoristique : Va chier, connard, trou du cul etc.
      - Réponse sérieuse : J'ai perdu tout goût pour les spéculations intellectuelles. Le philosophe se veut une sorte de guide vers la sagesse mais son langage est si souvent abscons et ses préoccupations si éloignées de la vie quotidienne qu'il ne saurait l'être, dans le meilleur des cas, que pour d'autres philosophes. Et celui qui vous dit ça s'intéresse à l'étymologie et à la phonétique historique, toutes choses également susceptibles de déclencher l'engouement populaire... C'est la prétention des philosophes à influencer le monde qui m'ennuie.

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    2. Vous avez raison, bien des philosophes (d'aujourd'hui surtout) sont exagérément abscons, à commencer d'ailleurs par Heidegger, qui justifiait sans vergogne son obscurité.
      Mais les Anciens, tout de même !

      Et parmi les modernes, même dans les plus médiatiques, sans être nuls, je citerais Ferry, Comte-Sponville, parmi d'autres, tout à fait clairs (Onfray me semble un peu trop simple). Plus profond et pourtant très clair : Marcel Conche.

      Alors oui, la philosophie telle qu'elle se pratique aujourd'hui est souvent lamentable. Mais ce n'est pas LA philosophie.

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  6. Grandpas a l'air d'être aussi doué que moi.
    Toute honte bue, je dois avouer qu'au bac j'avais eu droit à la double correction, la première note : 1,5. "Grotesque, puéril", qu'il avait écrit le correcteur". La deuxième note : 3 "Faible", avait seulement écrit le gentil correcteur qui avait doublé la note de son collègue.
    Je n'en suis pas fière, mais j'ai des excuses. A dix-sept ans je faisais la fête les samedi et les dimanche et les quatre heures de philo c'était le lundi matin de 8 heures à midi. Et c'était justement le temps dont j'avais besoin pour récupérer des week-ends. Je dormais donc en cours derrière des lunettes noires.

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    1. Aujourd'hui, on met la moyenne à tout le monde, ça évite les contestations...
      Personnellement, la philosophie m'avait beaucoup intéressé jusqu'à ce que je réalise que 24 siècles après Platon le monde ne me semblait pas très différent de ce qu'il aurait pu être s'il n'avait jamais existé...

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  7. Je n'ai pas le bac. Que vais-je devenir ? Est-il trop tard pour moi ? Que de questions !

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    1. Si le sujet avait été : "Peut-on vivre sans le bac ?" vous auriez pu répondre "OUI, et je le prouve !"
      Maintenant, si vous avez du temps libre, pourquoi ne pas vous y mettre ? Faire ça ou peigner la girafe...

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  8. Un obstacle est-il mieux circonvenu par la temporalité, ou par la clarté de l'explication rationnelle ?

    Réponse: La première.

    Une porte automatique à horloge est plus sûre et les poules rentrent à l'heure.
    Alors que le détecteur de lumière est bête comme choux et confond crépuscule, aube ou gros nuage.
    Comme dit l'Toine.

    Amike

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  9. Moi, je vous collerais au moins vingt et un sur vingt, note assez courante de nos jours certes
    mais néanmoins excellente, vous en conviendrez. En tout cas vous le valez bien comme on dit
    chez Loréal spécialiste du bac (à couleurs).
    Amitiés.

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    1. 21 sur 20 ? Et encore en cotant vache comme disait si bien Jean, le majordome joué par Robert Dalban, dans "Les Tontons flingueurs.

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  10. En un mot, j'adore!

    J'aimerais que votre bon sens soit plus partagé, j'ai beaucoup ri, mois à qui bafoue si on demande sans préavis combien font 2+2.... J'avoue, j'ai des doutes, est ce si sur? En toutes circonstances? Je ne sais pas, je ne sais plus...

    D'ailleurs, lorsque je pense à la première rédac d'un de mes fils, qui a rendu copie blanche, en 6ème, car le sujet était trop perso

    "Racontez vos vacances!"

    J'avoue que j'ai beaucoup rigolé et aussi me suis beaucoup inquiétée, à raison, mais cet enfant a réussi, déjouant les pièges tendus, il est toujours aussi discret^^

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    1. Qu'avait-il donc fait de si répréhensible durant ses vacances ?

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  11. tout ça c'est bien joli, mais moi, le bac, je l'ai jamais passé ! je me suis arrêté au certif qui, à l'époque, valait largement le bac du jour et en apprentissage, les coups de pieds au cul que l'on prenait nous donnait une idée assez vague de la philosophie, quoique nous apprenions assez vite le sens de la vie et du bonheur qui consistait surtout à échapper aux dits coups de pieds généreusement distribués, en même temps quand j'entends BHL je me dit que j'ai pas perdu grand chose

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    1. " nous apprenions assez vite le sens de la vie et du bonheur qui consistait surtout à échapper aux dits coups de pieds généreusement distribués"
      Ça, c'est de la philosophie pratique : éviter les coups de pieds au cul au sens propre comme au sens figuré.

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