La nouvelle ne m’a ni atterré ni surpris. Comme plus de
quatre millions de personnes, j’ « aime » sa page Facebook. Avant-hier, un lien vers un article
de presse nous apprenait que son état de santé était « stable mais très
fragile ». Quelques jours
auparavant, alors qu’à l’hôpital il avait appris par la presse qu’une foule de
journalistes assiégeait l’établissement, il leur avait adressé ce message :
« Vous êtes tous fous ! Que faites-vous là ? Retournez au travail, allez faire quelque
chose d’utile ! »
Le dernier livre du grand auteur colombien, Memoria de mis putas tristes était paru en 2004 et sa traduction française
l’année suivante. Ma fille me l’offrit alors pour mon anniversaire. Depuis, rien : il avait sombré dans la
démence sénile.
C’est dans les années soixante-dix que j’avais découvert son
Cent ans de solitude, roman
labyrinthique où la longévité de certains personnages et les homonymies font qu’on
se perd. J’en ai gardé le souvenir d’un choc. Je l’ai lu, relu, prêté et on ne
me l’a pas rendu. J’ai ensuite lu avec un plaisir certain à peu près tout ce qu’il
a écrit. L’Amour au temps du choléra
et Le Général dans son labyrinthe furent d’excellents moments de lecture, ce
qui ne veut pas dire que ses autres romans ou nouvelles furent sans
intérêt. Toute excursion dans l’univers
magico-réaliste de GGM dépayse comme elle éblouit.
Selon Gérard de
Cortanze dans son article
du Figaro, ses œillères politiques l’auraient empêché de produire une œuvre
digne de lui et il n’aurait été que l’auteur d’un seul livre (à savoir Cent ans de solitude). Rien n’est
plus faux. Il est certain que comparé à un diamant de la taille et de l’éclat
de son chef-d’œuvre, ses autres romans semblent ternes et petits mais en
eux-mêmes restent des joyaux.
Le grand reproche qu’on lui adressa fut son indéfectible
amitié pour Fidel Castro et sa foi socialiste. Affections que je ne partage pas
vraiment. Mais si c’était le diable en
personne qui allumait les feux du crépuscule, je continuerais d’être frappé par
la beauté d’un lever ou d’un coucher de soleil…
Je vais relire Gabo. Qu’il repose en paix au paradis des
socialistes, s’il en existe un.
Tout comme vous -et tant d'autres!- sur "Cent ans de solitude".
RépondreSupprimerIgnare que je suis, je me permets de vous demander:"Mais si c’était le diable en personne qui allumait les feux du crépuscule...", c'est de vous? C'est très beau.
Ça m'est venu ce matin. Maintenant, il peut s'agir d'une réminiscence...
SupprimerJe suis encore plus inculte, je ne connaissais pas ce monsieur.
RépondreSupprimerIl n'est jamais trop tard pour bien faire !
SupprimerLe "paradis des socialistes", s'il existe (j'adore), doit un peu ressembler à l'idée que je me fais de l'enfer. Sinon, très bel hommage à GGM, dont les Cent ans de solitude prennent sagement la poussière avant d'être lues -Girard est également dans cet "entre-deux", ces limbes des livres que je me suis fixé de lire
RépondreSupprimerJe ne crois pas qu'il soit nécessaire de relire Cent ans de solitude, roman fort inférieur à sa réputation, n'en déplaise à Maître Jacques. Je vous dis cela parce que c'est une expérience que j'ai tentée il y a environ 20 ans. Et ce livre que j'avais adoré à 19 ou 20 ans m'est alors apparu pour ce qu'il était, avec ses grosses ficelles "poétiques" et sa fausse profondeur pour lycéens en mal d'exotisme. Je l'ai abandonné à la moitié à peu près.
SupprimerMais bon…
Vous avez probablement raison et je ne tenterais pas de relire ce roman par peur d'être déçu. Mais son final est époustouflant. Rien que par l'émotion qu'il suscite, c'est un grand livre! Je viens de rouvrir mon exemplaire et j'ai retrouvé l'arbre généalogique des José Arcadio et des Auréliano que j'avais hâtivement griffonné juste après avoir fini! Ma bibliothèque (la vôtre aussi, vous en parlez régulièrement sur votre blog) est pleine de livres dont il ne me reste à peu près rien (rien de l'intrigue, rien des personnages, rien du style). Ne débinons pas ceux qui nous ont fait un tel choc pour reprendre le terme du maître des lieux.
SupprimerOh, mais je ne débine pas ! Je me souviens simplement qu'après ma seconde lecture avortée, j'ai regretté de m'y être risqué car j'aurais préféré, à tout prendre, rester sur mon éblouissement premier.
SupprimerCela étant, même à vingt ans je m'étais aperçu qu'il y avait des écrivains sud-américains bien supérieurs à Màrquez et encore quasiment inconnus, alors, dans l'Europe aux anciens parapets.
L'Automne du patriarche fournissait le stéréotype du dictateur total, quoique inquiet. Une fois lu, le souvenir de ce roman décode tous les dictateurs de rencontre, de Ceaucescu à Assad. Assez "performant" comme romancier.
RépondreSupprimerJe suppose que, plutôt que de stéréotype, vous vouliez parler d'archétype ? Si c'est bien le cas, lorsque Màrquez a écrit L'Automne du patriarche, cet archétype existait déjà depuis un demi siècle, depuis que l'Espagnol Valle-Inclàn avait écrit son roman intitulé Tirano Banderas, que je vous encourage à lire.
SupprimerWiki dit : En sciences humaines, un stéréotype est l'image d'un sujet dans un cadre de référence donné, telle qu'elle y est habituellement admise et véhiculée.
SupprimerBon d'accord, archétype si ça vous plaît mieux.
Valle-Inclàn connais pas, désolé. Faut travailler aussi :)
Rien de plus démoralisant que de constater qu'on est encore passé à côté d'un truc dans lequel les autres sont tombés à pieds joints, et tant pis si c'est pour les piétiner un petit peu comme le fait Didier.
RépondreSupprimerJe vois que M. Goux n'aime pas Gabo. Si les Sud-Américains ont une foultitude d'écrivains qui lui sont supérieurs, ils sont, selon moi (mais qui suis-je pour en juger ?), des petits vernis car je ne vois personne en France qui lui arrive à la cheville.
RépondreSupprimerA ma grande honte, j'avoue n'avoir jamais lu une ligne de ce mec là. Une prévention à l'encontre des copains
RépondreSupprimerde Fidel...comme on disait aux temps bénis d'Astra, c'est un préjugé ridicule qui me coûte cher!