Le Crédit Agricole, ma banque chérie depuis bientôt vingt
ans, fait en ce moment une campagne de publicité qui m’a bien inquiété. De quoi
s’agit-il ?
Des clients posent la question : « Que faites-vous
avec l’argent qu’on vous confie ? » Le Monsieur de la banque tente de gagner du temps en
déclarant qu’il est rare qu’on lui pose cette question. Les clients se font
inquisiteurs : « Vous prenez des risques avec ? », « Vous
spéculez sur les marchés étrangers ? » Ce qui serait très mal, je
suppose, parce que si pour le banquier ce n’est que de l’argent, pour les clients
c’est tous leurs projets… Ne se laissant pas démonter, M. Crédit Agricole leur
assure que leur argent reste dans la région. Les clients paraissent rassurés et
déclarent qu’ils ne le savaient pas. L’intéressant
dialogue se termine là : un contre-zoom vertical partant de la place où ces braves gens
discutaient le bout de gras nous amène à voir l’ensemble de la région tandis
que, prenant le relais, une voix féminine (Mme Crédit Agricole ?) explique
que l’argent sert à financer des projets locaux : écoles, logements,
entreprises. OUF !
Heureusement qu’elle
est arrivée la dame, parce que moi je ne m’étais jamais posé la question de
savoir ce que le Crédit faisait avec mes sous. Dès qu’elle fut formulée, me
vinrent des idées. Contrairement aux clients du clip, et leurs craintes de
spéculations, je m’imaginais les gens du CA dépenser follement mes sous en
boissons capiteuses, filles faciles,
riches mets pour les hommes, fanfreluches, bijoux, belles toilettes pour
les femmes (ou le contraire, ne soyons pas sexiste) . Je les voyais rouler carrosse avec l’argent
de tous mes projets ! Qu’il reste
ou non dans la région m’était complètement égal. La certitude qu’ils menaient
la grande vie localement n’avait rien de
vraiment rassurant.
L’intervention de la dame mit fin à mes craintes. Mon argent
n’était pas dilapidé comme je l’avais craint un instant mais investi localement
dans des projets utiles. Je revenais de loin !
Ça c’est de la bonne pub : créer l’angoisse pour terminer sur un message de
confiance est habile. On sort de cette douche écossaise rasséréné et bien
décidé à continuer d’embellir son âme en leur confiant nos trois sous puisqu’ils
en font si bon usage.
La pub m'a surpris aussi. J'ai mis ça sur le dos d'une déformation professionnelle (bossant moi-même pour une banque et ayant beaucoup travaillé pour le CA...). Le Crédit Agricole a complètement foiré sa communication avec cette histoire de grosse perte (la boîte qui sombre n'est qu'une filiale des Caisses Régionales).
RépondreSupprimerles caisses régionales sont peut-être rentables (c'est du moins ce que m'a dit mon banquier en me refilant des parts sociales) mais n'auront-elles pas à renflouer leur filiale ?
SupprimerCette pub est parfaite, la cliente, à laquelle on peut s'identifier, vraiment rassurée joue super bien, moi, si je ne savais pas, je croirai en la sincérité du banquier et de la cliente!
RépondreSupprimerBen, ni l'un ni l'autre ne disent de choses définitives...
SupprimerJe vous trouve bien naïf.
RépondreSupprimervous auriez dû regarder Arte hier au soir :
http://videos.arte.tv/fr/videos/quand-l-europe-sauve-ses-banques-qui-paye--7340782.html
La naïveté est une composante importante de mon charme...
SupprimerLa pub commence à Montpellier quartier de la place de l'Europe (immeubles , tramway....)et lors du zoom ascendant part on ne sais ou (mais pas à Mtp)....
RépondreSupprimerUn peu comme le pognon que je dépose au guichet, il s'envole mais je sais pas ou , c'est sans doute la seule vérité que je trouve au message .
Bon apres un examen comparatif avec google maps la pub est bien tournée en entier à Montpellier, quartier du Millenaire
RépondreSupprimerIl m'avait bien semblé reconnaître la côte languedocienne...
SupprimerMoi, cette pub m'a alertée sur un autre détail : le banquier reçoit ses clients dehors, dans un parc... sympa la confidentialité.
RépondreSupprimerIl ont une gestion rigoureuse : à quoi bon des bureaux ?
SupprimerVous voulez dire que si j'étais au CA, mon argent irait par exemple financer ou une arlésienne comme l'aréoport de Notre Dame des Landes ? Je me demande si ce serait bien rassurant. Et sinon, qu'entend-on par "local" (ou régional) ? Parce que si ça se trouve, vous le payez, VOUS, l'Ayreauport ! Cr crr -)
RépondreSupprimerIl manque "un puis sans fond", avant ou une arlésienne !
SupprimerC'est bien possible, plus rien ne m'étonne...
SupprimerOn peut dire ce qu'on veut, mais les "pubards" ont su trouver les mots justes. Ils savent à qui ils s'adressent.
RépondreSupprimer« Vous prenez des risques avec ? »
Ben non ma p'tite dame, nous vivons dans LE pays qui a inscrit le principe de précaution dans sa constitution. Le risque ce n'est pas français.
« Vous spéculez sur les marchés étrangers ? »
Non, encore une fois. Spéculer c'est mal, même si c'est le fondement de l'activité boursière. Quant aux marchés, à part celui de Brive-la-Gaillarde où quelques douzaines de gaillardes se crêpent le chignon, nous n'y mettons pas les pieds. Notre ennemi à nous aussi c'est la finance.
Rassurez-vous braves gens, nous ne ferons rien qui puisse contribuer à faire fructifier votre petit pécule. Il sera utilisé de manière citoyenne pour construire du logement social qui vous permettra de jouir des bienfaits de la mixité sociale et à terme de déménager dans l'espoir de trouver un quartier vivable. Il se peut même que nous nous lancions dans le financement d'implantations d'éoliennes, ces merveilleuses machines a priori écologiques qui bousillent les paysages et produisent une électricité nettement plus chère que la nucléaire.
Vous voyez, nous sommes citoyens, éco-responsables, socialement engagés. Grâce à nos placements votre pouvoir d'achat fondra comme neige au soleil. Quant à votre environnement social et naturel...
Vous voyez le mal partout. La dame ne vous a pas convaincu ?
SupprimerAh ben dites donc, voilà qui est bien rassurant. Moi qui croyais qu'ils investissaient dans la dette grecque et
RépondreSupprimerl'italienne, aussi, ça me fait bien plaisir qu'ils gardent vos sous en Normandie.
Quel soulagement!
Amitiés.