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samedi 31 décembre 2011

America ? No, thanks !



Hier soir, j'ai encore fait une crise : alors que Didier Goux dédiait un billet au bon président  Chavez qui accuse plus ou moins les Américains d'inoculer le cancer aux dirigeants de la partie sud du nouveau monde, ça m'a repris.

En fait, il y a bien quarante ans que ça ne m'a pas vraiment quitté. Il y a eu des périodes d'apparente rémission, certes. J'ai étudié à l'université dans le cadre de ma maîtrise d'anglais (consacrée à Erskine Caldwell) les fondements idéologiques de cette société. Un temps fut, j'ai beaucoup lu de littérature Etats-Unienne : Caldwell, Faulkner, Dos Passos, Hemingway, Miller (les deux)....  J'ai même failli aller vivre aux Etats-Unis!

Et pourtant, je dois le confesser : mon anti-américanisme est primaire, profond et incurable. Au point qu'il me suffit de savoir qu'un film est américain pour ne pas le regarder.

La raison de ce rejet total est simple : pour moi tout ce qui est socialement mauvais nous vient d'outre-atlantique : melting-pot, politiquement correct, théorie du genre, approche puritaine du politique, consommation effrénée, "humanisme" dégoulinant, etc.

Ces poisons sociétaux, ils ne nous sont pas imposés par la force, à la totalitariste, non. C'est plus habile, plus insidieux. Ça se fait au charme. Il n'est de pire bourreau que celui qui obtient le consentement de sa victime. Comme le charmeur de rats du conte amenait les enfants, séduits par sa musique, à la noyade, les américains nous mènent à notre perte en nous faisant rêver. Le rêve américain ! Une nation qui a inscrit le droit à la poursuite du bonheur dans sa constitution ! Qui dit mieux ?  Personne apparemment. 

Et cet "americain way of dreaming" nous est inculqué par ces images qui bougent dont ils inondent le monde entier. Y'a pas à dire, pour ce qui est de faire bouger les images, ils ont le coup : le rythme avant tout. Pas de temps mort. Efficace. On jurerait des films ! Mais ce qui compte, c'est le subliminal, le message implicite qu'ils colportent et qui s'insinue au profond des esprits jusqu'à paraître l'unique manière de penser...

Américanoïaque*, direz-vous. Peut-être. Je l'assume.

* Pour reprendre un terme de  Rezvani.

23 commentaires:

  1. C'est bien parce que "tout ce qui est socialement mauvais nous vient d'outre-atlantique" que vous DEVRIEZ, justement, regarder des films américains. Oh, pas tous, mais enfin ceux de Scorsese, Ferrara, De Palma, Fincher, Kubrick, Welles, et j'en passe et j'en passe. Le cinéma américain est d'évidence le plus grand au monde, à tel point que les Européens en ont fait (Lang, Hitchcock ...).

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  2. Le bras m'en tombent : faut que je réfléchisse.

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  3. L'art est contre la société qui le produit, très souvent.

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  4. De la liste de M. Labeuche, j'enlèverais volontiers De Palma, Scorsese, Ferrara et Fincher, qui me semblent être au mieux surestimés (Scorsese) au pis de francs guignols (De Palma).

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  5. Anticorps judicieusement réactivée pour masquer les métastases de l'islamophilie, l'américanophobie mondaine serait-elle un des signes cliniques des progrès de l'anthropophobie, stade suprême ?

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  6. "Les américains ont colonisé notre inconscient… (Régis Debray)
    La libération du joug allemand n'était pas gratuite (ça c'est moi qui le dit…)

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  7. Vous m'attristez monsieur Goux : moi qui étais si joyeux de voir chez vous une apologie du plus grand de tous les cinéastes, à savoir Bergman (bon j'exagère un peu, mais quand même).
    Ferrara a fait Bad Lieutenant (je ne parle donc pas de celui de Herzog que je n'ai point vu), et rien que pour ça, quand bien même il n'aurait fait que ça, il mérite sa place dans mon panthéon. Et puis The Funerals, Black Out, et même le film de série B Body Snatchers qui se révèle être un vrai film poilitique (si si), c'est quelque chose, comme on dit.
    Fincher a fait Zodiac, qui est peut-être le meilleur film que j'ai vu (en tout cas un des meilleurs) ces dix dernières années. Panic Room et Zodiac sont des films mineurs revigorants. The social Network m'a considérablement déçu (cf. mon blog).
    Scorses surestimé ? Allons bon ! A peu près tout de lui, de Mean Streets à Casino, est excellent. Après, depuis, ça bat de l'aile, je vous l'accorde, avec des merdes rococo comme Kundun ou A tombeaux ouverts par exemple. Mais l'oeuvre scorsesienne est une des plus importantes du septième art.
    De Palma un guignol ? Enfin, monsieur Goux, et L'impasse ? Et ses "relectures" de Hitchcock comme Body Double ou Pulsions ? Et ses films de "contrebandier" comme dit Scorsese (en parlant d'autres cinéastes dans Histoire du cinéma américain), de commande si vous préférez (en leur imposant son style pour faire vite) comme le culotté Mission to Mars (à la fin ridicule mais tant pis) ou bien encore le somptueux et casse-gueule Mission : impossible ?

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  8. J'ajouterai que le cinéma américain c'est depuis quelques années, aussi, quelques séries, dont Lost, que je ne crains pas de qualifier de chef-d'oeuvre.

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  9. Je pense un peu comme Jacques Étienne, mais je pense que la littérature américaine contemporaine (au sens large) est très au-dessus de tout ce qui peut se produire en France. Question de force, de caractère, de vécu.

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  10. Tout à fait d'accord avec Yanka concernant la littérature. Quand on pense qu'on est obligé de porter aux nues un type comme Houellebecq, qui n'aurait pas été grand-chose il y 80 ans ...

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  11. @ Pascal : N'étant pas cinéphile et connaissant peu (et pour cause) les personnes que vous mentionnez, je ne saurais participer au débat qui vous oppose à Didier.

    Que l'art critique la société qui le produit, c'est possible mais tout dépend d'à partir de quel point de vue se fait cette critique.

    @ Mildred : Récupérez vite vos bras et faites-moi part de vos réflexions.

    @ Plouc : Mon américanophobie ne saurait masquer chez moi une quelconque islamophilie. Il me semble plutôt qu'elle soit un remède à l'anthropophobie....

    @ TG : D'accord avec M. Debray ainsi qu'avec votre addition.

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  12. Alors, comme ça, dès que je tourne le dos, on rajoute des commentaires ?

    @ Ygor et Pascal : J'ai également beaucoup de mal avec la littérature américaine. Malgré tout le bien qu'on m'en a souvent dit (littérature de l'espace, de l'action, que sais-je encore ?)j'ai été généralement déçu par les auteurs américains contemporains. Ma dernière tentative fut "La Route" de C. Mc Carthy. Mouais... A part Faulkner, peu surnagent. Et Faulkner, ça ne date pas d'hier.

    Maintenant, que dire de ce qui s'écrit ou plutôt de ce qui se publie en France ? Pas grand chose. Ayant réussi à lire les précédents, j'ai lamentablement calé au début de "La Possibilité d'une île". Le dernier auteur francophone que j'aie lu avec plaisir fut Nancy Huston.

    Je lis surtout des anglais, dans le texte et pour l'humour.

    Je n'exclus cependant pas la possibilité, en tout domaine, d'avoir un goût de chiotte...

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  13. Au fait, tant que j'y suis : en matière de cinéma, j'aime Leconte, Chabrol, Lelouch, Mocky, et quelques italiens et anglais (encore? oui, je suis anglophile !).

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  14. Ouh là là, Leconte et Lelouch, ouh là là... Eux, je les méprise. Chabrol, oui, c'est un de mes préférés.

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  15. Oui, enfin vous oubliez un détail : les Américains sont des Européens.

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  16. @Jacques Etienne : qu'elle est cette idée (manie) si répandue qui veut que l'art soit la critique (le reflet) de la société?
    C'est bien une vision de moderne ça … (non mais!)
    qui comme toute les visions des modernœuds (comme dirait m. Goux) est un peu (beaucoup) réductrice…
    mais qui explique bien la médiocrité actuelle.

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  17. "Au point qu'il me suffit de savoir qu'un film est américain pour ne pas le regarder."
    Vous ma semblez développer ce que notre modernité appelle une "phobie". Il n'y a pas longtemps encore, on aurait osé appeler ça, une absurdité.
    Devra-t-on se résigner à ce que tous ceux qui essayent de penser, dans ce pays, aient la phobie de quelque chose ?
    Ainsi, moi-même à qui il arrive pourtant d'arracher des "Aïe !", à mon entourage dès que je prononce les mots : "J'ai pensé...", je dois avouer que j'ai la phobie des phobiques.

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  18. @ Pascal : Tant pis pour vous !

    @ Robert Marchenoir : Des européens, oui, théoriquement au départ. Mais des européens qui ont fui l'Europe : les puritains d'abord rejetés de partout et qui ont marqué profondément l'idéologie nationale, des déportés ensuite, des esclaves aussi puis toute sortes de gens qui, faute de pouvoir se faire une situation au vieux pays sont partis tenter leur chance là-bas. En fait, une nation de déracinés, avec des valeurs de déracinés...

    @ TG : Moi, je n'ai rien dit, je répondais simplement à M. Labeuche que c'était une possibilité...

    @ Mildred : La phobie des phobiques n'est-elle pas la pire des phobies ?

    Sérieusement, je ne sais pas si mon rejet de l'Amérique relève de la phobie ou simplement du désintérêt total.

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  19. Votre "désintérêt total" pour l'Amérique, je n'y crois pas une seule seconde !
    Car sinon quelle aberration pourrait expliquer que vous ayez cru devoir écrire ce billet ?

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  20. @ Mildred : Je parle d'indifférence dans la mesure où mon américano"phobie" n'est pas obsessionnelle. Je ne me réveille pas en y pensant, la défendre n'est pas le but de ma vie. Il se trouve simplement qu'elle me revient épisodiquement quand les hasards d'un échange m'y amènent. Le reste du temps, je m'occupe de mes choux, des piérides, des rats et de toutes ces minuscules choses qui rendent ma vie globalement acceptable et n'y laissent aucune place pour des haines soutenues.

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  21. L'idée que l'art est un reflet de la société est une idée théorise de Lenine qu'il développe dans son ouvrage " Materialisme et Empiriocriticisme".... Geargies.

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  22. Jacques-Etienne est vraiment très légère.

    Pour moi, il ya bien longtemps que je ne regarde plus des films français ou des séries de même provenance pourtant à l' époque de l' ORTF, cette dernière nous gratifiais de perles absolument merveilleuses comme le "Voyageur des siècles" ou "La poupée sanglante"; depuis il s' agit de de mauvais copiés-collés de séries américaines.

    Pour la littérature, je me suis souvent contenté de romans noirs, il est vrai que les européens se sont bien rattrapés ces dernières années surtout les nordiques.

    Pour le cinéma, nous avons perdu nos plus grands dialoguistes, maintenant c'est le grand vide et ce n'est pas les plus gros succès du box-office français qui nous ôterons ce doute.

    Maintenant, tout américanophile que je suis, je déteste tous les travers de la société américaine comme le "political-correct" et bien d' autres que j'oublie de citer.

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  23. @ Grandpas : Comme quoi on peut diverger sur certains points et rester d'accord sur l'essentiel...

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